Bonjour à tous, chers Kissbankers!

Je m'excuse de ne pas avoir donné beaucoup de nouvelles cette année, ne croyez pas que je vous laisse tomber une fois l'argent empoché, ça n'est vraiment pas l'idée...Non, je n'ai pas beaucoup donné de nouvelles car...ça y'est, je me suis installé apiculteur professionnel cette année, le 9 avril exactement, donc me voici un apiculteur heureux, à mon compte. En plus cette année aura été pour moi une bonne année, donc doublement heureux!!

Petit retour sur cette année charnière :

l'hiver 2017-2018 est abordé avec la mise en hivernage de 215 colonies, ruches et ruchettes constituées par mes soins au cours de l'année, traitées et nourries comme il faut pour leur donner les meilleurs conditions d'hivernage possibles. Je passe une fois par mois surveiller que tout va bien, pas d'arbre tombé une ruche, pas de sanglier indélicat renverseur de ruche, pas de surconsommation des provisions.

l'hiver dure un peu plus que l'an passé, j'ouvre les ruches à la 1ère semaine de mars pour faire un point sur les provisions, vérifier la mortalité et le niveau de population afin de classer les colonies en 3 catégories de population : les fortes, les moyennes et les faibles. Il fait froid, il n'y pas de pollen, il n'y a quasiment pas de ponte ou bien seulement quelques oeufs. 3 semaine plus tard, la reprise de ponte est très timide, les colonies ont fondu car les abeilles d'hiver meurent progressivement mais peu de jeunes abeilles arrivent, c'est chaud. La vraie visite de printemps n'interviendra qu'au 15 avril pour faire le bilan des mortalités hivernales, renouveler des cadres en mettant des cires gauffrées, tout s'enchaine en même temps!!! La nature semble se réveiller en trombe et les fleurs de cornouillers (1ers vrais pollens) sont nombreuses, les colonies réagissent bien et rattrappent vite leur retard. Faut suivre !

Bilan, 12 mortes sur 215, dont 6 mortes et 6 bourdonneuses, niveau de perte normal.

En parallèle, pour l'installation, j'ai racheté 94 ruches de production à mon ancien patron que j'ai ramené de Sens le 5 avril. Une moitié a hiverné sur Sens et est très en avance, l'autre a hiverné dans l'Aube et est au même niveau de développement que mes ruches. Me voici donc installé avec 300 colonies, soient 200 ruches de production et 100 ruchettes uniquement dévolues à la production d'essaims artificiels

Ensuite tout s'emballe, il faut poser les hausses, les 1ères cellules de reines sont vues au 25 avril, donc à partir de là faire des essaims artificiels et passer détruire les cellules de reines tout les 5 à 7 jours sur l'ensemble de ce petit monde, et découvrir un peu le fonctionnement de mon environnement avec des zones plus précoces que d'autres, des floraisons différentes alors que toutes les ruches sont dans un rayon de 30km.

La miellée de colza ne sera pas fameuse, ils n'ont pas apprécié le froid et de nombreuses cultures sont des hybrides, qui semblent moins mellifères. Par contre l'aubépine qui prend tout de suite le relais fleuri comme jamais et offre une belle récolte de printemps. Je récolte en 2 temps pour éviter la cristallisation du colza dans les hausses et surtout pour ne pas trouver de miel de printemps dans la récolte d'acacia à venir. Je trie donc mes hausses et en repose des "sèches" pas encore utilisées. il faut ramasser le miel de colza et le stocker en miellerie, commencer l'extraction et déjà récolter l'aubépine car l'acacia arrive en floraison rapidement, boosté par une météo clémente. Ce sont les pire 15 jours de la saison, la pression est à son comble et ça commence à tirer sur le corde. on est passé du calme à la tempête, tout est à faire en même temps avec en plus, continuer les visites sur chaque ruche pour limiter l'essaimage, diviser les ruchettes, prélever des essaims, poser des hausses...c'est le rush !!! Bilan de la miellée de printemps 3,5 tonnes, ce qui est convenable vu que la floraison du colza a duré seulement 3 semaines, contre 5 en 2017, l'aubépine sauve la mise. L'acacia ne bénéficie pas de la même météo clémente, alors que la floraison est exceptionnelle, le temps reste froid et venteux sur les 10 premiers jours de floraison ce qui est très limitant, de plus de fortes averses lessivent les fleurs régulièrement, les rentrées de nectar stagnent, faut pas être cardiaque !!! La dernière semaine de floraison sera belle et permettra de sortir également 3,6 tonnes de miel, c'est gagné, la saison est réussie car les ruches sont lancées et le miel est là.

Mais on ne se relâche pas pour autant car l'extraction de l'acacia en cours ou à peine terminée, il faut mener 100 ruches dans le Morvan car le trèfle est en pleine fleur et la ronce qui devrait démarrer pour le 20 juin semble en avance, donc du 11 au 15 juin je passe mes nuits sur la route, à charger et décharger les ruches pour les amener dans ces secteurs sauvages du Morvan, verdoyants de prairies et de forêts. Bon au final la floraison de la ronce démarrera seulement au 20 juin comme tous les ans, la météo et le vent d'est décideront de ne pas faire de 2018 une année aussi exceptionnelle pour cette miellée. la sécheresse s'amorce et stoppera définitivement les rentrées de nectar au 12 juillet, contre le 10 août suivant les secteurs l'an passé ! Cruel non?

Par contre, je ne misais pas trop d'espoir sur les ruches restées sur place pour la miellée d'été, classiquement peu abondante chez nous du fait de solssuperficiels secs, j'ai été bien surpris ! J'aurais pu faire beaucoup plus de miel même, si j'avais mieux suivi ces ruches et apporté plus de hausses, promis on ne m'y reprendra plus...2,7 tonnes de miels d'été confondus, pas si mal quand même !

Donc pour une année d'installation, la nature aura été généreuse avec une récolte très correcte pour 200 ruches mises en production. Par contre, au niveau des point d'amélioration ils sont bien sûr nombreux, avec notamment un suivi des essaims un peu insuffisant, un atelier élevage de reine délaissée et donc peu de reines de sélection disponible pour introduire dans les essaims ou en remplacement dans les ruches de production, un matériel pas près à temps et notamment les hausses pas traitées ...etc ! Mais en étant tout seul et vu l'emballement de la nature en ce printemps, j'ai du choisir de privilégier la récolte de miel pour cette 1ère année et limiter l'extension du cheptel. Egalement, j'aurais pu réaliser une autre transhumance après la récolte du miel d'été, par exemple dans le jura en Montagne ou bien dans l'Aube sur la luzerne, afin de faire une autre récolte et surtout mettre à disposition des colonies des rentrées de nectar et de pollen plus abondantes pour la période critique de juillet-août, ce sera peut être pour l'an prochain, je ne dispose pas aujourd'hui des emplacements.

Au final je termine la saison avec environ 390 colonies qui devraient arriver sans encombre à l'hivernage, une récolte approchant les 10 tonnes de miels réparties en 5 variétés dans des proportions intéressantes : Crémeux (colza aubépine), fleurs de printemps, Acacia, Fleurs sauvages d'été (fleurs naturelles sans tournesol), Fleurs du Morvan (trèfle ronce).

Place maintenant à quelques vacances, la mise en pot et la vente du miel, et toujours le soins des ruches avec les traitements varroa, la surveillance des provisions, l'entretien des ruchers et du matériel...et pleins de projets pour 2019 !!!!

Le Rucher des 3 Rivières

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