Plastique, Eau, Fantástico

Le plastique, c'était "fantastique"...nous le voulions pour des raisons économiques, nous nous en éloignerons pour des raisons écologiques.

Project visual Plastique, Eau, Fantástico
Successful
8
Contributions
07/10/2018
End date
€273
Out of €222
122 %

The publications

<p><em>"Retroceder nunca, rendirse jamás"</em><em> Anónimo</em></p> <p> </p> <p>Cette dernière mise à jour aura été la plus longue et la plus difficile à écrire et à publier, je l'avoue, c'est bien plus ardu d'être constructif que destructeur. Mais mieux vaut tard que jamais. Les mois se sont enchaînés depuis l'été, les couleurs automnales estompées (sauf peut-être le jaune fluo? ;). Et maintenant que le lointain laisse place au quotidien, j'aurais bien du mal à retranscrire cette atmosphère si lointaine et si particulière du littoral péruvien : ses couleurs, ses déserts, ses dunes, ses eaux froides, ses embruns, ses pélicans, ses otaries, ses pêcheurs, son vent du sud, ses nuits étoilées. </p> <p>Depuis la rentrée, j'ai été très heureux de revoir un certain nombre d'entre vous, parfois après plusieurs décennies, et de tenter de vous raconter le pourquoi du comment. Il me reste encore quelques souvenirs à partager. Je vous dois aussi une dernière actualité. Car, après tout, il fallait bien redonner un peu d'optimisme à ce voyageur, abandonné précédemment au bord de la route Panaméricaine...</p> <p> </p> <p><img alt="Guerilla_plastico-1536450954" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/540554/Guerilla_Plastico-1536450954.JPG"></p> <p> </p> <p>Alors pour ma dernière escapade en août, je suis allé me perdre bien loin des ondes hertziennes, au sud de la Péninsule de Paracas. Parti en début d'après-midi depuis le village d'<em>El Chaco</em>, au nord de la presqu'île, il m'a fallu environ cinq heures de vélo-tracteur pour atteindre la baie de <em>Playón</em>, belle plage de sable immense au milieu du désert. A chaque coup de pédale, la piste se rétrécit, et je croise quelques camionettes tout-terrains qui ramènent des pêcheurs ou des équipes de travailleurs revenant des <em>Salinas de Otuma</em>; je n'ai pas eu de crainte particulière à laisser s'éloigner derrière moi les restaurants touristiques, les novices du quad et les excursions guidées mal traduites, dans un fin nuage de poussière. A vrai dire, j'aurais accepté le moindre abris, la moindre cahute, le moindre taudis, pourvu qu'il soit authentique, qu'on ne m'y attende pas, et qu'il échappe à AirBnB ou au guide du routard. Je voulais me plonger dans la réalité de ces pêcheurs, accepter leur pain quotidien, sentir leurs courbatures et partager leurs colères. "On est riche aussi de ses misères" nous disait cet aviateur, au début d'un <em>Vol de Nuit</em>. Ils m'auraient accepté, et offert l'hospitalité à la nuit tombante, avec mes provisions, mes cadeaux, mon attirail cycle et nautisme, ma vieille combinaison rafistolée, mon baratin écolo, et mon improbable argot <em>norteño</em>.</p> <p> </p> <p><img alt="Before_paraca-1534888283" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/536873/Before_Paraca-1534888283.jpg"></p> <p> </p> <p>Contentons-nous d'une relecture du journal de bord : ma solution de remorque artisanale, soudée dans les bas-fonds de <em>La Victoria</em>, se porte à merveille sur les chemins sableux. Le vent de face et la tôle ondulée me compliquent un peu la tâche mais pas de vrai moment de doute comme c'est souvent le cas en vélo, support sur lequel les avaries ne manquent pas.</p> <p> </p> <p><img alt="Paracas_biking-1536450506" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/540553/Paracas_Biking-1536450506.jpg"></p> <p> </p> <p>La région de Paracas est connue pour ses espaces désertiques, ses plages sauvages battues par les vents du sud, son étrange civilisation pré-inca adepte des trépanations de crânes, ainsi que pour une autre attraction touristique incontournable : les îles Ballestas, où jusqu'au 19ème siècle on y exploitait le <em>guano</em>. Si vous ne savez pas ce qu'est le <em>guano</em> alors Dupond et Dupont, au début du <em>Temple du Soleil</em> d'Hergé, vous expliqueront!</p> <p> </p> <p><img alt="Bahia_luz-1536452036" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/540556/Bahia_Luz-1536452036.JPG"></p> <p> </p> <p>18:00 : la lune se lève, je suis seul dans le désert, quelque peu à bout de force et un peu inquiet sur cette dernière montée. Il est temps de se dépêcher de trouver un endroit où dormir. Arrivé au sommet de la dune, la mer est entr'aperçue et la photo prise, mon attirail vélo-remorque dévale maintenant la pente en direction d'un campement de pêcheurs à peine visible au crépuscule. <em>Playón, aquí me tienes..</em></p> <p> </p> <p><img alt="Luna_duna-1534888796" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/536875/Luna_Duna-1534888796.JPG"></p> <p> </p> <p>J'arrive tout essouflé aux abords du campement, à la nuit tombée. Le plus affable des pêcheurs sur place vient m'accueillir pour me dire que c'est bon, qu'ils m'offrent l'hospitalité, que je peux rester dormir avec eux, dans leur abri au pied de la dune. Ils sont quatre, il y a le père, le fils et leurs deux acolytes. Ils s'apprêtent à dormir. Ils auraient pu s'appeler <em>Santiago</em> et <em>Manolín</em>, être passionés de <em>baseball</em>, mais ils se nomment <em>Aldo, Nicolás, Pepe et Aldair</em> et ils parlent de <em>foot</em> à longueur de soirée. Les présentations faites, nous débattons longuement pour savoir qui de MBappé ou d'Advíncula est le joueur le plus rapide sur un terrain. Nous contemplons les étoiles qui se lèvent au dessus du désert avant de nous emmitoufler dans nos duvets, le temps de faire un vœu devant un magnifique <em>lucero</em>, illuminant le ciel au pied du Centaure. Ils espèrent des conditions favorables pour la pêche, je prie pour que le vent du sud se lève enfin, sans en imaginer les conséquences au lendemain.</p> <p> .. </p> <p><img alt="Pick_up-1536451959" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/540555/Pick_Up-1536451959.JPG"></p> <p> </p> <p>Le lendemain est jour de ravitaillement, le pick-up Toyota est garé devant le campement, tout est clair, et c'est mauvais signe me disent les pêcheurs "<em>típico día de Paraca, no chambeamos hoy</em>", la tempête de sable est en route, je prends la direction de la mer pour me débarbouiller avant de revenir gréer ma 5.3m2. Je naviguerai toute la matinée dans un vent forcissant, les vagues s'invitant à mare haute. Ne pouvant aller travailler, les pêcheurs me regardent amusés, en train de silloner leur grande baie d'habitude si déserte. Je demande au plus jeune pêcheur Aldair de prendre quelques photos. Quelques bons clichés amateurs en ressortent et seront plus tard officialisés sur les réseaux sociaux </p> <p> </p> <p>Les jours qui suivent sont une succession de ramassages de déchets plastiques dès les premières lueurs de l'aube jusqu'en début d'après-midi, heure à laquelle le soleil et le vent se lèvent. Les pêcheurs rentrent pour déjeuner. Nous partageons le repas mal assis sur des vieux fauteuils de plage déglingués. Du crabe, du maigre, de la sole, du poisson de roche comme le <em>tramboyo</em>. Tout ceci fraîchement sorti de l'eau, je n'ai jamais autant apprécié le poisson frais! Nous apprenons à nous connaître, je leur parle de mon projet, de ma famille, de mes études à Lima. Ils me racontent leur anciennes vies en mer sur leurs <em>boliches</em>, me parlent de la réserve nationale de Paracas, des autorisations de pêche obligatoires dans la zone protégée, des périodes de reproduction pour les poissons à respecter, de la pêche en apnée, des coins à crabe et à sargasses, de la pêche des appâts, du manque de combinaisons néoprènes, du processus de séchage et de collecte des sargasses au nord de la baie et des exportations de dérivés cosmétiques qui en découlent. Tout ceci avant de finir par la collecte et la gestion des déchets plastiques, autrefois subventionnées par un organisme officiel et prises en charge par les pêcheurs eux-mêmes, mais désormais sous-traitées à des mains-d'oeuvre fantoches pour des raisons de rentabilité évidentes. "<em>Nous ne voyons plus personne ramasser depuis que nous ne le faisons plus. Et pourtant tous ces détritus s'accumulent à chaque marée, à chaque coup de vent au nord de la baie. Sous les falaises que tu vois là-bas, il y en a des tonnes. Une vie entière ne suffirait pas pour en venir à bout, surtout qu'après il faut les acheminer vers un site adéquat. Nous n'avons honnêtement pas assez de bras, pas assez de temps et pas assez de courage pour ramasser tout cela, en plus de notre travail déjà peu rémunéré et peu reposant, tu comprends?</em>".</p> <p>J'ai bien compris les mots d'Aldo, sage capitaine, respecté et respectueux, qui veille sur son équipage épuisé après 25 jours de campagne dans ce désert côtier aride. Equipage malmené, mal équipé, mal preparé, mal reposé et dormant sur le sable, sous un abri de fortune. Et tout ceci...pour quelques centaines de <em>soles</em> vite dépensés par des familles au besoin <em>nouvelle génération</em> qui les attendent affectueusement à Pisco ou à Chincha.</p> <p>"<em>Aldair veut étudier les télécoms, tu l'aideras?</em></p> <p>Malgré tout, ces quatre amis m'ont apporté leur aide à chaque ramassage, m'ont donné à boire, à manger, à rire et à pleurer, et chose la plus importante à mes yeux, m'ont accueilli comme un des leurs. Pour ce qui est du ramassage, j'ai été déjà bien occupé sur les premiers kilomètres de plage exposés, et je n'ai hélas même pas eu le temps de m'aventurer au pied des falaises, au nord de la baie, pour constater l'étendue des dégats à l'endroit indiqué. J'ai néanmoins passé de longues heures et même de longues journées à ratisser des bouteilles plastiques sur cette vaste étendue de sable au bord d'un ocean qui en recèle encore plus. M'énervant tout seul à vider ces bouteilles de leur sable, l'astuce consistant à les accrocher minutieusement sur des filaments de sargasses sèches, pour pouvoir ensuite les traîner comme des guirlandes, à même le sable, jusqu'au campement. Les pêcheurs ont ainsi pu apprécier la réalisation d'un imposant tas de plastique, de fabrication artisanale française, jour après jour, ramassage après ramassage et jusqu'à mon départ. J'aurai effectivement tenu parole même si le résultat paraît bien dérisoire face aux heures de travail nécessaires à cet ouvrage éphémère. </p> <p> .. </p> <p><img alt="Basura_play_n-1536443897" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/540547/Basura_Play_n-1536443897.JPG"></p> <p> </p> <p>J'espère, en revanche, que vous avez bien aimé les contreparties qui ont maintenant toutes été distribuées. Je tiens à vous dire que je suis éternellement reconnaissant pour votre soutien à ce projet, qui a été un formidable élan dans mes initatives et mes convictions personnelles et qui vont durer bien plus qu'un KissKiss et qu'un BankBank. Vous l'aurez compris, je repars cet été, je pense aider Aldair, et j'ai aussi d'autres idées en tête...Mais je ne manquerai pas de partager de nouvelles aventures avec vous! </p> <p>Bonne année 2019 à tous! A bientôt!</p>
<p><em>« Dice la gente, que es tan cruel y despiadada» Eva Ayllón.</em></p> <p>A l'heure où je retourne à mon quotidien francilien "par le corps et par l'esprit", je tenais à partager une mise en abîme sans doute un peu moins optimiste, cette fois. </p> <p> </p> <p><strong>Un matin d'août 2017, Caleta San Pablo, département de Piura, nord du Pérou :</strong></p> <p> </p> <p>Le baptême de ma fille m'avait amené à me rendre dans le nord du Pérou à Chiclayo, département de Lambayeque, l'été dernier. Après avoir passé du temps avec des membres de ma famille <em>chiclayana</em> et libéré de mes obligations paternelles pour quelques jours, j'avais poussé la route en bus jusqu'à l'extrême-nord, sur le littoral le plus tropical et occidental du pays, dans le département de Piura. Arrivé sur place la veille, tard dans la soirée au lieu-dit <em>La Caleta</em>, on m'avait offert l'hospitalité dans la chambre temporairement inoccupée du fils d'un pêcheur du village. Réveillé tôt par le chant du coq, le vent et les feuilles qui s'engouffrent dans les interstices de la tôle ondulée au-dessus de mon lit d'appoint, j'enfile ma veste et mes chaussures, et m’extrais en silence de ma cabane d’accueil. Une fois passé sous le caroubier, je traverse la basse-cour donnant sur la plage, avant de croiser un de mes hôtes, sur le départ, rame et filet de pêche déjà prêts à prendre le large en silence :</p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_caroubier-1533763032" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535102/Caleta_caroubier-1533763032.jpg"></p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_bateaux-1533763442" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535103/Caleta_bateaux-1533763442.jpg"></p> <p> </p> <p>Il est 6:30 et la Caleta s’éveille, le vent souffle de terre. Les embarcations sont encore à sec sur le sable, bien calés sur des rondins. Les pêcheurs sont regroupés au bord de l'eau, ils préparent leurs équipements : ils discutent, se réchauffent, s'agitent, vérifient leurs embarcations, mangent un dernier morceau avant de mettre à l‘eau. Mon œil encore abruti par les heures de bus de la veille, se focalise sur une implémentation harmonieuse et récurrente du système D. Je remarque les sacs de riz en guise de voiles, les cordes recyclées qui font office de haubans, la sandale coincée entre deux bouts de bois servant de pied de mât, un bout de polystyrène arrimé à la poupe et enveloppé d’un filet servant d’appui à la rame, pour faciliter le mouvement de godille et permettre de rester mobile sur le plan d’eau, à la force des bras.</p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_bonifacio-1533763657" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535104/Caleta_Bonifacio-1533763657.jpg"></p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_poupe_godille-1533763761" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535106/Caleta_Poupe_Godille-1533763761.jpg"></p> <p> </p> <p>Les pêcheurs me parlent, sourient, s'interrogent sur ma présence <em>¿Qué haces tú por acá, pues, franchute? ¿Te gusta la mar a tí cierto?</em> Je leur réponds que oui, que j'avais même travaillé sur un bateau il y a longtemps, mais reste sans bouger, à regarder naïvement ces embarcations de fortune recyclées, sur lesquelles ils s’aventurent loin derrière la pointe du phare. Mal habillés avec des lambeaux de néoprène dans une eau à 16°, ils atteignent le large à la godille, poussés par le vent de terre légèrement latéral, jusqu'à la zone de pêche qui n'est autre qu’une zone de déferlement très étendue sur un banc de sable. Une fois au large et après la pêche, plus tard dans la matinée, le vent forcissant, ils déploieront leur sac de riz cousus main pour un retour à la voile dans les brisants.</p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_godille-1533764563" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535110/Caleta_Godille-1533764563.jpg"></p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_oleaje-1533764607" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535111/Caleta_Oleaje-1533764607.jpg"></p> <p> </p> <p>Encore au stade de voyageur contemplatif, et bien qu'ayant noué des liens en aidant à la mise à l'eau, je retourne au village, arpentant les ruelles, tentant de trouver quelque chose à manger. Je fais connaissance avec les habitants de la Caleta, sa place, sa chapelle, ses bateaux, ses chiens, ses quelques boutiques. Les gamins partent à l'école, direction Negritos, en moto-taxi. La matinée avance, le soleil se lève et le vent du sud s'établit, ceux qui ne sont pas partis pêcher réparent leurs filets dans la rue. Tout semble paisible.</p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_filets-1533765847" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535112/Caleta_Filets-1533765847.jpg"></p> <p> </p> <p>Passent alors quelques jours et quelques nuits, je grée ma voile et mets à l'eau chaque jour en début d'après-midi quand le vent du sud est au plus fort, sillonnant seul la baie jusqu'au banc de sable. Je me cramponne à mon vieux <em>wish</em> à chaque bord de saut, cap sous les rochers du phare afin d'attaquer les vagues grand largue, sous l'œil amusé des quelques pêcheurs encore sur l'eau et de mes nouveaux amis, les pélicans. Quelques otaries viennent chasser dans l'écume à la pointe. Elles aiment visiblement à me surprendre en sortant brusquement la tête de l’eau, après chaque plongée, exposant leur pelage noir et luisant au soleil, comme une cagoule en caoutchouc. De retour à terre, je dévore littéralement mon <em>cebiche</em> de mérou et son jus de <em>maracuyá</em> à chaque déjeuner. Les gens m'interpellent dans la rue, s'amusent de cet européen qui leur paraît si familier, si <em>criollo</em>. Je quitterai ainsi <em>La Caleta</em> après plusieurs jours ici, soleil couchant. Tout ému, je fais don de mon unique combinaison néoprène, d'une montre étanche, et de quelques bricoles à ce père de famille, lui aussi pêcheur, qui m’avait gracieusement offert l’hospitalité dans sa cahute sans me connaître. Me faisant cette promesse de revenir un jour, mieux préparé et plus apte à soutenir la cause légitime de ces travailleurs de la mer. Mais le concept déjà classique et sur-visité du <em>surf lodge</em>, capable d'accueillir d'autres voyageurs étrangers en mal de vent, de vagues et de douceur tropicale pourra attendre longtemps, seul sur le sable...</p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_phare-1533766805" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535114/Caleta_Phare-1533766805.jpg"></p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_vent_sud-1533766865" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535116/Caleta_Vent_Sud-1533766865.jpg"></p> <p> </p> <p><strong>Et pourtant...quelque part sur le trajet retour, route Panaméricaine Nord :</strong></p> <p> </p> <p>Plages jonchées d’immondices et de plastique, absence de réseau d’assainissement et de plan d’urbanisation. Peu ou pas de volonté de recycler, les quelques déchets que je me suis efforcé de ramasser durant mon séjour ont été "balancés" dans les dunes, en toute innocence. Absence de normes et de comptage des espèces de poissons. La plupart de ces pêcheurs ne sont d’ailleurs pas titulaires des terrains qu’ils occupent et se sont appropriés ces bouts de plage en toute illégalité. Certaines embarcations de pêche, aux équipages plus nombreux, n’hésitent pas à massacrer des otaries, devant lesquelles je m’émerveillais plus haut, mais qui sont finalement des concurrents nuisibles pour le poisson. Cette belle plage déjà si loin dans ma mémoire, est donc régulièrement, et volontairement souillée par des carcasses de mammifères marins laissés à l’abandon et picorés par les vautours. Toute aussi répugnante est l’agglomération la plus proche, à quelques encablures. Ville-poubelle développée autour d’une activité d’extraction pétrolière à bas coût, industrie bâclée aux odeurs de cambouis. Promesse de suffisance énergétique qui a bien fait éclore les pustules d’une industrie lourde en bord de mer : plateformes de forage, raffineries, port industriel en eaux troubles, cuves de stockage cimentées, oléoducs, gazoducs. Du combustible fossile en quantité à peine rentable mais si nécessaire au bien-être de nos chères petites têtes d'allumage, et des produits dérivés plastiques jetables, si attachants, disponibles gratuitement dans les meilleurs centres commerciaux. Et j'étais moi aussi dans ce même bateau, sans jamais toucher terre. Un rêve américain inachevé qui pour nous, européens aux élans transitionnels et moralisateurs, paraîtrait presque ironiquement dépassé. Eux sur la pente florissante d'une croissance linéaire, nous dans la spirale descendante d'une économie circulaire (et oui j'ai bien appris mon MOOC). Nous aurions pourtant bien envie de les attirer avec nous dans cette logique de décroissance en manque de comburant, malgré son enjeu. Alors que le bus file sournoisement sur la route panaméricaine au crépuscule, les <em>Tristes Tropiques</em> sont là tout suffocants et blêmes quand sonne l'heure: bidonvilles aux allures post-apocalyptiques, décharges à ciel ouvert, absence d’infrastructures basiques, pollution à tout heure, circulation chaotique où se mêlent des taxis aussi rafistolés qu'enfumés et des mototaxis aussi peinturlurés qu’imprévisibles. Ce bric-à-brac absurde aux odeurs de caoutchouc brûlé, fruit d'une économie parallèle omniprésente où presque tout est truqué, me ferait bien vite oublier cette belle comptine de pêcheurs au bord du Pacifique...</p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_front_de_mer-1533769384" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535120/Caleta_Front_De_Mer-1533769384.jpg"></p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_decharge-1533769414" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535121/Caleta_Decharge-1533769414.jpg"></p> <p> </p> <p><img alt="Caleta_oil_and_gas-1533769438" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/535122/Caleta_Oil_and_Gas-1533769438.jpg"></p> <p> </p>
<p><em>"Yo volveré por mis pasos andados", Eva Ayllón.</em></p> <p>Si vous recevez ce message, sachez qu'il est désormais trop tard pour se désabonner des mises à jour aléatoires sur cette page.</p> <p>Je suis actuellement sur la côte péruvienne depuis une dizaine de jours, après un passage obligé par Lima. Content de retrouver ces visages andins ou métissés, et ces combi-vans peinturlurés...Revoir les amis de Pacasmayo qui travaillent désormais presque tous à Lima. Temps bien vite écoulé...Il paraît même que le vieux <em>muelle</em> n'est plus!</p> <p> </p> <p><img alt="Gente_pacas-1532458966" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533360/Gente_Pacas-1532458966.jpg"></p> <p><img alt="Pacas_enero_2004-1532458674" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533359/Pacas_Enero_2004-1532458674.jpg"></p> <p> </p> <p>Deux trois jours dans la capitale m´ont donné l'occasion de bricoler un peu, afin de ne pas perdre de vue les 3R. J'ai trouvé des artisans coopératifs pour m'aider à souder une remorque artisanale à l'angle des avenues <em>México </em>et <em>Canadá</em>. J'ai redécouvert ce quartier entier dédié au rechapage de pneus et à la réparation et vente de pièces auto, sans doute parfois fraîchement tombées du camion. Avec prudence, si un jour vous vous y aventurez, quand même : vous pensez bien que l'endroit n'est pas toujours très bien fréquenté...</p> <p> </p> <p><img alt="Avcanada-1532458268" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533358/AvCanada-1532458268.jpg"></p> <p>Quelques coups de clefs à molette plus loin, j'ai tout fourgué dans un bus direction Ica, avantage d'une conception de remorque pliable.</p> <p> </p> <p><img alt="Remorquepliable-1532459299" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533362/RemorquePliable-1532459299.JPG"></p> <p><img alt="Cimg2875-1532459591" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533363/CIMG2875-1532459591.JPG"></p> <p> </p> <p>Le paysage iquénien alterne entre oasis verdoyantes, vignobles, cotonniers, datiers puis étendues désertiques bordées de dunes qui finissent souvent en falaises sur le Pacifique. Parmi les incontournables : l'oasis de Huacachina, pour les nostalgiques de la dune du Pyla, et les amateurs de<em> Pisco</em>. Ma famille franco-péruvienne ci-dessous, sous les feux de la presse traditionnelle.</p> <p> </p> <p><img alt="Cimg2870-1532459877" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533364/CIMG2870-1532459877.JPG"></p> <p><img alt="Vieilledune-1532466019" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533389/VieilleDune-1532466019.JPG"></p> <p><img alt="Souslesfeuxdelapresse-1532460037" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533365/SousLesFeuxDeLaPresse-1532460037.jpg"></p> <p> </p> <p>Un peu de transpiration est nécessaire dans cette quête d'exotisme. Pas vraiment prévu initialement, femme et enfants ont finalement décidé de me rejoindre en 4x4 en bout de vallée (Coyungo) afin de m'escorter pour partir à l'assaut du "Pan de Azúcar", dernière portion de désert montagneux à franchir avant de rejoindre la mer.</p> <p> </p> <p> <img alt="Bici-1532463538" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533385/Bici-1532463538.jpg"></p> <p> </p> <p>C'est gräce à des pêcheurs assurant un ravitaillement en 4x4 que nous avons réussi à rallier, à la nuit tombante, la cabane des frères <em>Chorri</em>, dont nous avons fait l'heureuse connaissance. Ces deux pêcheurs artisanaux sexagénaires originaires de Chorrillos à Lima s´occupent de surveiller le nord de la zone protégée de San Fernando. Les techniques de pêche à la senne ("chinchorro") et au chalut ("cón bolichera") sont désormais interdites dans cette zone. Les sargasses en revanche, se rammassent à la pelle et vont approvisionner l'industrie cosmétique par camions sur la panaméricaine. Ces prélèvements de biomasse réguliers ne sont pas sans conséquence sur l'écosystème marin. Ils restent difficiles à réguler néanmoins, car c'est aussi pour beaucoup, une ressource économique locale.</p> <p>Ma plus grosse déception? Même dans cet espace protégé au bord du pacifique à plus de deux heures de 4x4 de la première route goudronnée, mes enfants et moi avons fait le triste constat d'une bouteille plastique tous les deux mètres. </p> <p> </p> <p><img alt="Img_20180719_070648-1532465585" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533388/IMG_20180719_070648-1532465585.jpg"></p> <p> </p> <p>La vie dans la cabane des<em> Chorri</em> est assez minimaliste même si on mange du poisson délicieux tous les jours. Le plus jeune des deux frères est un ancien cuisinier de Marine. Je me disais tout de même que faire accepter à sa femme et à ses enfants de séjourner plusieurs jour ici, à la place d'une semaine dans un hôtel tout confort avec piscine, c'était sûrement franchir un certain cap dans son autorité de chef de famille ;) La vue sur l'océan est magnifique en revanche. La nuit le ciel brille de mille étoiles et nous avons enfin pu observer les nuages de Magellan sous la croix du Sud.</p> <p> </p> <p><img alt="Choza-1532463023" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533381/Choza-1532463023.jpg"></p> <p><img alt="Img_20180719_070634-1532466198" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533390/IMG_20180719_070634-1532466198.jpg"></p> <p> </p> <p>Nous avons donc entrepris plusieurs ramassages durant nos quatre jours sur place. Avec mes histoires de "plastoc", j´ai tout de même trouvé une oreille conciliante chez ces deux frères, qui s'efforceront de faciliter le plus possible les vendanges du plastique en grappe désormais. L'enjeu étant de pouvoir regrouper et intégrer le transport des déchets ramassés pendant les ravitaillements. </p> <p> </p> <p><img alt="Plasticochorri-1532464348" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533387/PlasticoChorri-1532464348.jpg"></p> <p> </p> <p>L'occasion aussi pour moi de léguer une de mes combinaisons néoprène ramenées de France, qui sera plus utile ici, pour aller chercher des appâts, que dans un grenier poussiéreux d'Ile-de-France.</p> <p> </p> <p><img alt="Neopreno-1532461272" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533377/Neopreno-1532461272.jpg"></p> <p> </p> <p>Il est temps pour moi de faire une pause, comme en navigation, je retourne à mes affaires mais reviendrai prochainement. A bientôt!</p> <p> </p> <p> <img src="https://www.dropbox.com/temp_thumb_from_token/s/f8i9mivrccey7pp?preserve_transparency=False&amp;size=1200x1200&amp;size_mode=4"></p> <p> </p> <p><a href="https://www.dropbox.com/s/f8i9mivrccey7pp/VID_20180722_130200.mp4?dl=0">VID_20180722_130200.mp4</a></p>
<p>Bonjour!! Et bien il semble que nous ayons (déjà!) atteint l'objectif! A l'heure où je tente de déléguer désespérément tout ce travail en retard à mes collègues (un mois...c'est long...), je souhaiterais vous remercier pour votre intérêt et pour votre soutien.</p><p>"Nil magnum nisi bonum", parole de latin.</p><p>Je vous connais (presque!) tous, et vous apprécie. La remise de vos contreparties n'en sera que facilitée, mais n'oubliez pas de me confirmer votre <u>adresse postale svp</u>, afin de pouvoir établir une liaison courrier depuis le Sud des Amériques (en effet j'ai un peu trop lu "Vol de Nuit" quand j'étais gamin, pardon...).</p><p>Je ne pars pas en terre inconnue, vous l'aurez compris. Néanmoins les dernières données concernant la dérive de grandes quantités de plastique au large des côtes sud-américaines ne laissent pas présager que du bon pour ce qui est de l'état des lieux.</p><p>En attendant je vous dis merci, encore une fois, et à très bientôt pour une première mise à jour!</p><p>Pierre.</p><p>  </p><p> </p>