Mercredi soir, à la tombée de la nuit, équipés de notre camionnette de location, nous sommes allées, avec mon amie Corinne, chercher le reste du matériel et les ruches dans l'Oise. L'apiculteur nous a prodigué mille conseils utiles. Les ruches étaient bien lourdes, ce qui en l’occurrence est plutôt prometteur d'essaims bien développés.

Les abeilles se transportent de nuit, tard le soir ou très tôt le matin.

Le soir, une fois que toutes les butineuses sont rentrées dans leur ruche, l'apiculteur la ferme, en laissant assez d'air, pour permettre un transport en toute sécurité. Ces ruchettes provisoires sont en polystyrène solide, équipées de grilles d'aération sur le dessus et sur le dessous.

Malgré nos manipulations, pas toujours habiles, et les 90 km de transport, les ouvrières sont restées très tranquilles. Avec juste un bourdonnement rassurant et une bonne odeur de levain ou de pain...

Le temps de rentrer et de tout décharger, il était minuit passé... Bien trop tard pour se lancer dans l'ascension du toit...

Elles ont donc passé la nuit dans le jardin... J'avoue que j'ai eu du mal à trouver le sommeil. Je me suis réveillée plusieurs fois au milieu de la nuit, me demandant si elles allaient bien, si je n'avais pas fait d'erreur en les installant là provisoirement, si elles n'étaient pas à la merci d'un prédateur...

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Bref, après un peu plus de deux heures de sommeil, je me suis levée pour de bon et j'ai commencé à rassembler mes esprits et tout le matériel nécessaire...

Allais-je être à la hauteur sur ce toit ?

Comment m'y prendre seule, moi qui ai toujours été si bien encadrée ?

Il faut dire que l'accès au toit est encore provisoire, par la large lucarne de toit, que l'on franchit grâce à une échelle sur le palier... J'ai donc prévu des sangles pour emballer les ruchettes, tels des paquets cadeaux, et pouvoir les saisir d'une main, pendant que de l'autre je m'accrochais à l'échelle. Il me fallait aussi des supports provisoires pour ne pas poser les ruchettes directement sur le sol gravillonné.

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Finalement, dès que le jour s'est pointé, vers 6h30, tout le matériel était prêt et moi aussi.

Une par une, j'ai monté les ruches sur le toit, le plus doucement possible pour ne pas les effrayer.

Ensuite, je les ai installées à leur emplacement quasi définitif et j'ai attendu encore une petite demi-heure avant de les délivrer.

Il faut aussi prévoir une source d'eau. L'adduction en eau du toit ayant pris du retard, je n'ai pas pu encore installer la fontaine prévue. J'ai donc improvisé une solution provisoire. En coupant des bouchons de bouteille en deux, ils se transforment en pontons sur lequelles les butineuses peuvent se percher pour boire sans se noyer...

J'ai quand même choisi de bon crus pour leur montrer l'exemple ;-)

Après avoir ouvert les ruches, il ne restait plus qu'à attendre et observer. La température encore froide était plutôt dissuasive. Mais sur la première ruche, quelques abeilles se sont risquées sur l'extérieur de la ruche et puis sont vite retournées au chaud en attendant le soleil.

L'apiculteur m'avait fortement conseiller de la transvaser dans leur habitat définitif d'ici Dimanche. Cela me laissait 3 jours pour terminer de peindre les 2 dernières ruches récupérées en même temps que les essaims...

J'avais choisi le rouge pour la première ruche. Bien que les abeilles ne distinguent pas cette couleur, il s'agit surtout de peindre les ruches de couleurs bien distinctes et de ne pas orienter les ruches exactement alignées. Ainsi elles se retrouvent plus facilement en rentrant de butinage.

La peinture doit être parfaitement inoffensive pour les abeilles. Après avoir étudié la recette de la peinture suédoise pour les ruches et réfléchi à l'utilisation des pigments naturels (pas tous aussi inoffensifs que prévu) j'avais finalement choisi une boutique rue de l'Orillon à Paris 11e : Altavic Bio où j'ai trouvé tout mon bonheur et un accueil chaleureux

Et voilà le résultat en action :

Rouge

ou bleu

Dimanche les prévisions météo étaient pluvieuses, j'ai profité du beau temps de samedi pour installer les 2 premières colonies dans leur maison définitive. La 3e ruche, n'était pas encore sèche...

J'ai monté les éléments sur le toit un par un.

Et c'est colonie D71 qui a emménagé la première, dans la ruche rouge.

Les 6 cadres étaient très pleins. Et en effet, il était temps de les transvaser dans un habitat plus adapté.

En raison des températures encore fraîches et pour ne pas les perdre dans un trop grand espace plus difficile à chauffer, j'ai installé seulement 2 cadres de chaque côté et des partitions à l'extérieur. Dans une dizaine de jours, en fonction de l'avancée de la construction des 2 cadres (et donc de la météo) , j'en rajouterai 2 autres.

Le lendemain matin, profitant d'une éclaircie, j'ai installé la dernière colonie dans la ruche jaune enfin sèche.

Voilà le résultat !

Et du terrain de jeu en face voilà une autre vue :

On dirait que la nature ici attendait leur arrivée impatiemment. De nombreux arbres sont en fleurs et les plantations aux alentours se préparent déjà à prendre la relève.... De notre côté nous avons planté diverses espèces de mellifères : arbres et fleurs. Les marronniers, groseilliers et cerisiers terminent leur floraison tandis que fraisiers, framboisiers, kiwis commencent juste à éclore en attendant la sortie des nombreux acacias, phacélies, coquelicot, cosmos, zinnia, bourrache puis des tilleuls et autres bleuets sauvages...

Il me reste encore à préparer les hausses, à filer les cadres, les cirer, et ensuite à bien ranger tout le matériel à l'abri des nuisibles...

Et puis je serai vraiment heureuse et fière de vous accueillir dès qu'il fera un peu meilleur et dès que, la météo aidant, il sera possible d'ajouter une hausse et de la récolter....

Merci encore mille fois d'avoir permis à ce projet de devenir une réalité, d'avoir aussi contribué à favoriser la vie des pollinisateurs dont nous avons tous besoin...

Qui miel me suive