NTARABANA

<p> <strong>Synopsis</strong></p> <p>  </p> <p> Entre le 6 avril et le 4 juillet 1994, <strong>le génocide des Tutsis </strong>et les massacres des Hutus modérés fit environ un million de morts au Rwanda. Alors que dans tout le pays, des massacres étaient perpétrés à grande échelle, à <strong>Ntarabana au nord du Rwanda</strong>, <strong>Rugwiza Froduald et Mukankundiye Anne-Marie cachaient et protégeaient des Tutsis au péril de leur vie</strong>.</p> <p> Peu après la fin du génocide, Murekaze Anastasie, rescapée du génocide, a su trouver la force de pardonner et de se réconcilier avec ceux qui avaient assassinés son mari et ses enfants.</p> <p> <img alt="Mwulire_46-1473920623" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349911/Mwulire_46-1473920623.JPG"></p> <p> <em>Mwilire site Mémorial - Juillet 2006</em></p> <p>  </p> <p> <strong>L'histoire</strong></p> <p> Au Rwanda comme dans la plupart des sociétés post-conflit, une politique de réconciliation a été mis en œuvre articulée sur le fameux: "Plus jamais ça!"</p> <p> Pour un très grand nombre de personnes à l’extérieur du Rwanda et même pour de nombreux rwandais, <strong>l’humanisme et la réconciliation</strong> sont au pire des <strong>slogans utilisés par la classe politique</strong>, au mieux des idées nobles et généreuses mais néanmoins abstraites.</p> <p> Et pourtant pendant le génocide et les massacres de 1994, et dans la période trouble qui a suivie, <strong>des rwandais « ordinaires » par leurs actes, ont incarné de façon extraordinaire ces idées</strong></p> <p>    <iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="304" src="//cdn.embedly.com/widgets/media.html?src=https%3A%2F%2Fplayer.vimeo.com%2Fvideo%2F183014880&amp;wmode=opaque&amp;url=https%3A%2F%2Fvimeo.com%2F183014880&amp;image=https%3A%2F%2Fi.vimeocdn.com%2Fvideo%2F592162360_1280.jpg&amp;key=ff2702755d9749cda571c6d6c2f3eb46&amp;type=text%2Fhtml&amp;schema=vimeo" width="540"></iframe></p> <p> <strong>Le film donne la parole à ces hommes et femmes qui ont fait le choix difficile et courageux de sauver des vies pendant les massacres ou de pardonner et de recommencer une nouvelle vie d’harmonie et de paix.</strong></p> <p> Autant ces choix étaient à l'époque extrêmement dangereux (nombreux sont ceux qui ont perdu la vie), autant dans la période qui a suivi et encore aujourd'hui cette indépendance d'esprit, cette croyance en l'humanité de tout être pose problème et leur place dans la société est à la limite de la marginalité.</p> <p>  </p> <p> <img alt="Dsc_1087-1473920980" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349912/DSC_1087-1473920980.JPG"></p> <p> <em>Tournage à Ntarabana - Juillet 2015</em></p> <p>  </p> <p> Nous sommes absolument convaincu que <strong>ces</strong> <strong>rwandais qui ont su faire preuve d'un courage exceptionnel, d'intégrité et d'impartialité peuvent et doivent servir sinon de modèle du moins de référent positifs </strong>dans un cadre de réconciliation et de renforcement des principes démocratiques.</p> <p> Ils ont droit à une simple reconnaissance symbolique et ce de façon épisodique, le sujet étant presque tabou. Le potentiel d'exemplarité des Justes reste très largement sous-exploité surtout au regard du contexte socio-politique de certains pays (Côte d'Ivoire, République Centrafricaine, Burundi, Sud Soudan...)</p> <p> <strong>Les Justes sont l'exemple vivant qu'un choix était et reste possible.</strong> <strong>Ils nous disent que ce dont il est question c'est de responsabilité individuelle.</strong></p> <p>  </p> <p> <img alt="Image_de_rep_rages-1473926860" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349928/Image_de_Rep_rages-1473926860.JPG"></p> <p> <em>Repérages - Avril 2015</em></p> <p>  </p> <p> <strong>Valoriser les actes des Justes, donner une résonance internationale à leur parole est aussi une façon de combattre les idéologies génocidaires et de haine</strong> <strong>de l'autre</strong> en mettant l'accent sur :</p> <p> 1)      la force des idées humanistes qui les ont guidés;</p> <p> 2)      l'individualité de leur choix qui invalide de façon définitive les thèses de responsabilité collective (de l'État, des colons, des Hutus, etc.) qui exonèrent les génocidaires de leur responsabilité individuelle.</p> <p>  </p> <p> <img alt="Dsc_0949-1473922200" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349917/DSC_0949-1473922200.JPG"></p> <p> <em>Tournage à Ntarabana - Juillet 2015</em></p> <p>  </p> <p> <strong>Genèse du projet</strong></p> <p>  </p> <p> <strong>Le film  <strong><em>Ntarabana</em></strong> s’inscrit dans la continuité du travail que je développe au Rwanda depuis 1998</strong> et qui a débuter avec le long métrage documentaire <em>Nous ne sommes plus morts !</em></p> <p> J’avais déjà évoqué le génocide et ses conséquences dans <em><strong>Asientos</strong></em><em><strong> </strong></em><a href="https://www.youtube.com/watch?v=oNU2l1stXjU" target="_blank">https://www.youtube.com/watch?v=oNU2l1stXjU</a>  tourné en 1994 et sortie en 1995. C’est un film sur la mémoire, le deuil et le recueillement.</p> <p> <strong><em>Nous ne sommes plus morts!</em></strong> se situait déjà résolument dans l’après. Nous étions quatre ans après le génocide et la vie avait repris, le pays et ses habitants avaient entamé le long processus de reconstruction.</p> <p>  </p> <p> <img alt="Epoh_t_moin_rwamagana_01-1473922342" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349918/EPOH_T_moin_Rwamagana_01-1473922342.jpg"></p> <p> <em>Témoignage d'un rescapé - Rwamagana 2002</em></p> <p>  </p> <p> De 2002 à 2004  j'ai conçu et coordonné le projet <em><strong>EPOH (l'Avenir)</strong></em> dont l'objectif global était d'une part <strong>soutenir le processus de réconciliation nationale au Rwanda</strong>, d'autre part, participer à la restauration de <strong>la culture de la paix et du respect des droits fondamentaux</strong>.</p> <p> Plus de 100 témoignages de rescapés, de génocidaires et de leur famille ont été filmés pour constituer une archive documentaire audio-visuel sur la mémoire du génocide de 1994. Une partie de ces témoignages à servi à un <strong>travail de sensibilisation et d'éducation à la paix dans les communautés à travers le pays</strong>.</p> <p>  </p> <p> <img alt="Diffusion_2-1473919286" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349903/Diffusion_2-1473919286.jpg"></p> <p> <em>Séance de sensibilisation à Kinyinya en 2003</em></p> <p>  </p> <p> En 2006, alors que je vivais et travaillais dans le pays depuis six ans, je réalisais le film <strong><em>Icyizere (l’espoir)</em></strong> sur le projet du même nom.</p> <p> Le sujet du film était <strong>l’histoire des résistances au génocide de 1994</strong> (les rescapés-résistants et les Justes). Il s’agissait toujours d’aborder les questions liées au génocide sous un angle différent : <strong>Proposer une vision positive de l’avenir à travers des exemples tirés de l’histoire des résistances au génocide de 1994.</strong></p> <p>  </p> <p> <strong><em>Ntarabana</em> </strong> vient donc ainsi clôturer ce triptyque sur le Rwanda post 1994 :</p> <p> 1998 : <em>Nous ne sommes plus morts !</em></p> <p> 2006 : <em>Icyizere (l’espoir) ;</em></p> <p> 2014 : <em>Ntarabana.</em></p> <p>  </p> <p> <img alt="Icyizere_-_bisesero_le_monument-1473919436" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349904/Icyizere_-_Bisesero_le_Monument-1473919436.JPG"></p> <p> <em>Monument National de la Résistance</em></p> <p>  </p> <p> <strong>Les Personnages</strong></p> <p>  </p> <p> <strong>RUGWIZA Froduald, </strong>49 ans. <strong>Juste de Ntarabana</strong>.</p> <p> <img alt="Froduald-1473919655" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349905/FRODUALD-1473919655.JPG"></p> <p> «<em><strong>Les miliciens me soupçonnaient et me disaient:</strong></em> <em><strong>Saches que toi aussi tu es visé à cause des Tutsis que tu caches chez toi. Nous nous occuperons de toi</strong></em><strong>.»</strong></p> <p>  </p> <p> Avant le génocide, Froduald est membre de la Garde Présidentielle, mais est exclu de l'armée en 1994 car soupçonné d’être un espion du FPR (la rébellion).</p> <p> <strong>Son retour dans le village coïncide avec le début du génocide. Il a connaissance de listes de personnes devant être tuées. Sur ces listes figurent les noms de certains de ses amis. Il va les chercher et les cache chez lui pendant une semaine.</strong></p> <p> Plus tard, après avoir mené ses amis en lieu sûr et alors que la guerre fait rage, il s’enfuit vers le Congo. Sur le chemin de l’exil, il rencontre Anastasie et certains membres de sa famille. Par deux fois, son intervention permettra de leur sauver la vie.</p> <p>  </p> <p> <strong>MUREKAZE Anastasia, </strong>55 ans. <strong>Rescapée du génocide</strong>.</p> <p> <img alt="Anastasie_03-1473919726" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349906/ANASTASIE_03-1473919726.jpg"></p> <p> <strong>«<em>Les gens ne s’évitent plus. Avant nous redoutions le pire. Celui qui avait détruit ma maison évitait de passer par ici à sa sortie de prison. À cause de ce qu’il avait fait. Finalement il s’est dénoncé via un intermédiaire. Il m’a suppliée de lui pardonner... J'ai réduit sa dette de moitié, il a refait la toiture et il est parti en paix. C’était la fin de la peur.»</em></strong></p> <p>  </p> <p> <strong>Anastasie a perdu presque toute sa famille pendant le génocide de 1994</strong> notamment son mari et son fils aîné. Alors qu’elle s’enfuit vers le Congo avec le reste de sa famille, par deux fois ils sont sauvés de la mort par Froduald. </p> <p> Après le génocide, à son retour d'exil, elle reprend son métier d'enseignante.</p> <p> <strong>Elle a pardonné à ceux qui ont tué les siens, détruit sa maison et pillé ses biens dont Gaspard l’un des assassins de son fils</strong>.</p> <p>  </p> <p> <strong>MUKANKUNDIYE Anne-Marie, </strong>73 ans. <strong>Juste de Ntarabana</strong>.</p> <p> <img alt="Anne-marie_3-1473919773" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349907/ANNE-MARIE_3-1473919773.jpg"></p> <p> <strong>«<em>Aujourd’hui, certains me félicitent et d’autres disent : "Qu’as-tu fait de si important? Quelle récompense en as-tu tiré ?" Mais moi je l'ai fait par conviction.</em>»</strong></p> <p>  </p> <p> <strong>Pendant le génocide, Anne-Marie et son mari cachent leurs voisines</strong>: Marcianne, sa fille Agathe dont Claver le mari vient d’être tué et sa petite fille de 5 ans.</p> <p> Alors que la menace se fait plus forte car les miliciens fouillent les maisons à la recherche des rescapées de la famille, Marcianne et Agathe doivent quitter la cachette pour chercher refuge ailleurs. Comme il est difficile de courir avec l’enfant, Anne-Marie se propose de la garder. <strong>Elle jure que nul ne touchera à un seul cheveu de la petite à moins de tuer ses propres enfants aussi.</strong></p> <p> A l’arrivée des soldats qui recherchent les rescapés de la famille, elle prétend que la petite fille est sa nièce venue de Kigali. Les soldats repartent en lui promettant la mort si elle leur a menti.</p> <p> Marcianne, Agathe et la petite Fillette ont toutes survécues.</p> <p>  </p> <p> <strong>MUKANYANGEZI Marcianne, </strong>72 ans, <strong>Rescapée du génocide</strong>.</p> <p> <img alt="Marcianne-1473920057" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349908/MARCIANNE-1473920057.JPG"></p> <p> «<em><strong>Malgré tout il y avait parmi eux des gens biens qui cherchaient où nous passions la nuit et nous apportaient à manger. Nous n’aurions pas survécus sans ces personnes au grand cœur.</strong>» </em></p> <p>  </p> <p> <strong>Pendant le génocide, Marcianne est cachée par ses voisins (Anne-Marie et Fidel)</strong> en même temps que sa fille Agathe et Fillette sa petite fille de 5 ans.</p> <p> <strong>Elle a perdu 8 enfants</strong> et de nombreux membres de sa famille dont son fils André et son beau-fils Claver tués en même temps que Gatsinzi le mari d’Anastasie.</p> <p>  </p> <p> <strong>NKUNDIYE Gaspard</strong>, 39 ans. <strong>Ancien milicien</strong>.</p> <p> <img alt="Gaspard_01-1473920508" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349910/GASPARD_01-1473920508.jpg"></p> <p>   «<em><strong>Je suis responsable d’avoir prêté main forte aux tueurs. </strong></em><em><strong>J’étais toujours prêt à les aider à tuer les Tutsis au lieu de les combattre</strong></em><strong>.»</strong></p> <p>  </p> <p> <strong>Gaspard a été l’élève d’Anastasie à l’école primaire</strong>. Elle a également pris soin de lui notamment en l'aidant financièrement pendant son enfance.</p> <p> En 1994, pendant le génocide il a 17 ans<strong>. Malgré l'opposition de des parents, il rejoint les miliciens et participe aux tueries. Il fait partie du groupe qui a tué le fils d’Anastasie</strong>.</p> <p> Arrêté en novembre 1994, il passe 13 ans en prison. À sa sortie, il demande et obtient le pardon de ceux à qui il avait causé du tort dont Anastasie qui s'est réconciliée avec lui.</p> <p>  </p> <p> <img alt="Dsc_1128-1473921292" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/349914/DSC_1128-1473921292.JPG"></p> <p> <em>Tournage à Ntarabana - Juillet 2015</em></p> <p>  </p>