En s’appuyant notamment sur l’histoire et les valeurs véhiculées par ce patrimoine, le projet Cap phares 2050 a pour ambition de dégager des pistes de réflexion et de susciter les échanges sur l’avenir des phares en lien avec les enjeux du développement durable. Guy Prigent, spécialiste des patrimoines littoraux, nous éclaire sur l’intérêt historique d’un tel monument.

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Au milieu du XVIIIe siècle, les côtes françaises restent dans l’obscurité. Seule une dizaine de phares “modernes“ existent, au sens d’édifices constitués d’une tour en pierre et d’un foyer principal lumineux. Parmi ces précurseurs, on trouve le phare du Cap Fréhel (Côtes d’Armor), dressé dès 1702 par l’ingénieur Garengeau sous la direction de Vauban. Aujourd’hui encore, ce phare est le plus ancien phare à terre de Bretagne. « C’est l’une des rares tours à feu existante en bon état », indique Guy Prigent, ethnologue de formation, écrivain, chargé de mission pendant dix ans à l’inventaire du patrimoine littoral, aujourd’hui chargé de mission Mer et citoyenneté au Conseil général des Côtes d’Armor. Guy Prigent évoque l’histoire des phares du Cap Fréhel comme s’il parlait d’un proche.

Actuellement, il y a donc toujours deux phares au Cap Fréhel. A côté de l’imposant phare servant pour la signalétique maritime, reconstruit après guerre par l’architecte malouin Yves Hémar, subsiste la tour Garengeau. Haut d’une quinzaine de mètres seulement, ce phare est un témoin vivant de l’histoire des hommes et de la mer. « Le premier phare à Fréhel a vu le jour du fait des armateurs malouins qui défendaient leur commerce », raconte Guy Prigent. Avant d’être utile aux marins, les phares avaient donc d’abord une vocation de surveillance maritime, au sens militaire. Ainsi s’est constitué au fil des siècles une sorte de « frontière lumineuse » le long des côtes françaises.

Des conditions de travail très dures en haut des tours à feu

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A l’origine, le fonctionnement des phares était très rudimentaire. « Ces tours à feu étaient alimentées par du charbon, avant qu’elles ne le soient avec de l’huile de baleine, puis avec du pétrole », explique Guy Prigent. Et d’ajouter : « Nous avons retrouvé des correspondances des premiers gardiens qui se plaignaient auprès des armateurs malouins de leurs conditions de travail très dures. D’où l’aménagement par la suite des phares avec un abri. C’est pour cette raison que les tours à feu sont devenues des maisons-phares ».

L’histoire des phares du Cap Fréhel, c’est aussi celle du progrès technique. Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’apparition des becs de réverbères et des réflecteurs facilitera le travail des gardiens de phare. Mais l’efficacité lumineuse laisse à désirer. Les phares fonctionnent alors toujours à l’huile. En 1821, l’utilisation de lampes à courant d’air, dites lampes d‘Argand, munies de réflecteurs paraboliques, et associées à un mouvement d’horlogerie produisent les éclats lumineux que l’on connaît aujourd’hui. Il faudra attendre 1847 pour voir installés des feux à éclipses et les appareils lenticulaires de Fresnel, système toujours en vigueur de nos jours.

Une multitude de métiers à valoriser à travers l’histoire des phares

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« Derrière l’histoire des phares se dégage une épopée de toutes sortes de métiers : le travail de l’ingénieur et de l’architecte, celui du tailleur de pierre avec l’histoire des carrières locales, celui des océanographes et des hydrographes, et bien sûr l’évolution technologique liée à l’optique, domaine dans lequel la France était très performante », observe Guy Prigent. Pour mettre en valeur tout ce patrimoine, l’historien se plaît à imaginer un jalonnement culturel le long des côtes à partir des phares à terre. Et si les phares du Cap Fréhel en constituaient le point de départ ?

Olivier Fermé, journaliste et © Pauline Alioua et © Fanny Pommé photographes

Production : © EffloreSens | Donnons du Sens à notre Avenir

Plus d’informations sur l’histoire des phares du cap Fréhel :
- Archives départementales des Côtes d’Armor | www.sallevirtuelle.cotesdarmor.fr
- “Phares & balises“, sous la direction de Guy Prigent, éditions Apogée (2002). Tarif : 17 e | www.editions-apogee.com/phares-et-balises

Cap phares 2050 | Plein phare sur le Cap Fréhel