CARNET DE VOYAGE / EN HAÏTI
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/614576/PLANCHE_2_KISSKISSBANKBANK-1567697679.png" width="100%" /></p>
<p>Christian Bertin et Patrick Ganthier, dit Killy, sont deux artistes plasticiens qui vivent et travaillent réciproquement en Martinique et en Haïti. Au mois de novembre et décembre 2019, ils participeront à la 6ème Biennale du Ghetto qui se tiendra à Port-au-Prince, consacrée cette année à la Révolution haïtienne. C'est en tant que réalisatrice que j'accompagnerai les deux artistes dans cette expérience pour réaliser un film documentaire de 52 minutes. Ce film aura la forme d'un carnet de voyage. Il suivra tout le processus de création de l'oeuvre intitulée <em>Diab'-la,</em> conçue en Haïti par les deux plasticiens, spécialement pour la Biennale du Ghetto. </p>
<p><a href="http://ghettobiennale.org/6th-ghetto-biennale-2019/artist-list/#Christian%20Bertin" target="_blank">http://ghettobiennale.org/6th-ghetto-biennale-2019/artist-list/#Christian%20Bertin</a></p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/614579/PLANCHE_3_KISSKISSBANKBANK-1567698554.png" width="100%" />Depuis plusieurs années, je filme le travail de Christian Bertin au sein même de son atelier, mais aussi lors de manifestations extérieures. Ma folie douce, peu soucieuse des superstitions, m'a amené à suivre le plasticien dans son exploration des zones reculées de son propre inconscient et de l'inconscient collectif martiniquais.</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/614583/PLANCHE_1_KISSKISSBANKBANK-1567698986.png" width="100%" /></p>
<p>En 2010, nous réalisons un premier film <em>Prêcheur, c'est prêcher</em>, dans la commune du Prêcheur en Martinique. Dans ce film, Christian Bertin déambule muni de sa sculpture mobile <em>Diab'-la</em> dans l'espace où a eu lieu l'un des événements fondateurs de la Martinique. La révolte des esclaves du 22 mai 1848 qui a conduit à l'abolition de l'esclavage. Dans les rues vides de la commune du Nord Caraïbe, le corps de Christian Bertin devient le medium de son Art éphémère, captif des moindres signes qui pourraient le reconnecter à l'Histoire du lieu. Un lieu illuminé chaque année, dans la nuit du 22 mai, par les flambeaux du convoi de la réparation.</p>
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<p>Ce film expérimental, Christian Bertin l'a présenté au sein d'une installation exposée au Conseil régional de la Martinique en 2011 lors d'un Symposium consacré à l'Art contemporain de la Caraïbe. Présente en Martinique à cette occasion, j'ai filmé l'ensemble de l'événement, du montage de l'exposition au vernissage. J'ai suivi Christian Bertin et Patrick Ganthier (Killy) dans la préparation d'une première performance qu'ils ont réalisée, munis de deux sculptures mobiles <em>Diab-la</em>.</p>
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<div>Vidéo plus longue à voir via ce lien :</div>
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<p>La performance que les deux artistes présenteront à la Biennale du Ghetto reprendra ce travail réalisé en 2011 en Martinique. Ce sera une oeuvre collective, hybride, composée de matériaux de récupération ramassés à la Croix-des-Bossales, l'ancien marché aux esclaves de Port-au-Prince.</p>
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<p>« À chaque fois que je me retrouve à Croix-des-Bossales, je suis possédé par la magie des lieux. Au spectacle de tous ces gens qui crient, s’agitent, dansent, au milieu d’étalages multicolores agencés avec un art et une imagination propres à capter l’attention de clients qui, eux, n’arrêtent pas de marchander. »</p>
<p>KILLY, à propos de son exposition Croix-de-Bossales, 2013</p>
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<p>Le travail qu'effecturont les deux plasticiens en Haïti tentera de réveiller le souvenir du mythe fondateur de la République d'Haïti : la cérémonie du Boïs Caïman.</p>
<p>Le 14 août 1791, au lieu dit "bwa kayiman" de l'habitation Lenormand de Mézy au Morne Rouge, le prêtre Dutty Boukman et la mambo Cécile Fatiman orchestrent une cérémonie vaudou. Durant cette cérémonie secrète, les esclaves marrons auraient imploré le dieu Ogun Ferray (dieu du feu, du fer et de la guerre) et prêté serment de combattre jusqu'à l'éclatement des chaînes qui entravaient leur liberté. Un cochon noir aurait été sacrifié et les esclaves auraient bu le sang de l'animal, scellant ainsi un pacte. C'est le début de douze années de lutte, le début de la Révolution haïtienne et de la guerre pour l'indépendance. Terrorisés, les colons répandirent alors la rumeur que les esclaves auraient signé, cette nuit-là, un pacte avec le diable. Mais que s'est-il "réellement" passé cette nuit-là au Bois Caïman ?</p>
<p>Munis de leurs sculptures mobiles <em>Diab'-la</em>, Christian Bertin et Killy tenteront de réveiller le souvenir de cette cérémonie mythique dans deux espaces. Nous irons sur les lieux même où se sont déroulés les événements historiques pour explorer, déambuler, capter les signes invisibles. Je filmerai au plus près ce processus de création. Puis nous retournerons à Port-au-Prince présenter ce travail dans l'espace de la Biennale du Ghetto. Un espace situé aux marges de l'Art contemporain.</p>
<p>Les deux artistes y présenteront une nouvelle performance basée sur l'idée bien connue : le Dieu du vaincu devient le diable du vainqueur. Les deux sculptures que traîneront derrière eux les deux plasticiens, comme une malédiction qui pèse depuis des temps anciens sur le peuple Noir, feront directement référence, par leurs ornements, à l'Histoire d'Haïti, mais également aux masques portés lors des cérémonies d'initiation en Afrique. Ces masques, symbole de la connaissance et de la richesse spirituelle, qui permettent d'accéder au Sacré, ont, au fil des siècles, traversé l'Atlantique. Ils se sont métamorphosés. Nous les retrouvons chaque année, en Martinique à l'occasion du Carnaval, portés par les rois du Mardi Gras.</p>
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<p>Christian Bertin travaille depuis plus de 30 ans sur la Blesse. La Blesse, c'est la blessure historique dont souffrent les descendants d'esclaves. La blessure sacrée dont parlait Aimé Césaire. Blessure symbolique, diagnostiquée du temps de l'esclavage, elle se manifestait par de fortes douleurs au niveau du thorax et se soignait, loin des regards curieux, par les guérisseurs, quimboiseurs ou séanciers, sorciers, docteurs-feuilles ou chamans... lors de cérémonies qui mettaient en scène des rituels secrets. La blesse continue de se transmettre, malgré nous même de génération en génération. On la retrouve en Haïti sous le nom de "bisquette tombée". Notre voyage et le film qui en résultera exploreront les liens entre la Martinique et Haïti, les liens que l'Histoire à écorcher. Il s'agira de rechercher en Haïti des éléments qui pourraient nous apporter des clés supplémentaires pour mieux comprendre les traditions martiniquaises et notre histoire.</p>
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<p><em>"Ce qui a donné au peuple haïtien la force de supporter, d'abord, puis de secouer tous les jougs, ce qui a été l'âme de la résistance, c'est le patrimoine africain qu'il a réussi à transplanter ici, et à faire fructifier malgré les chaînes." </em>André Breton (Extrait de la conférence prononcée à l'Institut français d'Haïti, Port-au-Prince, décembre 1945)</p>
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<h2>LES ARTISTES</h2>
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<h3>CHRISTIAN BERTIN / MARTINIQUE</h3>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/614312/17017117_10210139455775746_7409144244001882934_o_1_-1567614025.jpg" width="100%" /></p>
<p>Christian Bertin est né en Martinique le 18 septembre 1952. Originaire du quartier populaire Trénelle-Citron à Fort-de-France, il est diplômé des Beaux-Arts de Mâcon, en France, et de l’école des arts décoratifs de Genève. Sa pratique artistique est basée sur le principe de la récupération d’objets manufacturés et de matériaux pauvres, porteurs de mémoires, qu’il détourne de leur usage premier pour témoigner de l’Histoire de la Martinique, d’évènements historiques fondateurs telles que les révoltes d’esclaves, ou tragiques comme l’éruption volcanique du 8 mai 1902. Les matériaux qu’il utilise sont principalement les fûts métalliques appelés « bomb dlo » en créole, les planches en tôle, les sacs de jutes, les ustensiles ménagers, les vestes, les chaises, les coutelas. Il intègre aussi dans ses oeuvres, les matériaux organiques : feuilles médicinales, les graines de ricin, le bois sculpté par la corrosion ou les termites. Sa thématique de travail est la Blesse. La Blesse est la blessure de l’Histoire, de la déportation, de l’esclavage. Blessure symbolique ou sacrée, diagnostiquée en Martinique du temps de l’esclavage, elle se soigne loin des regards curieux par les quimboiseurs ou les séanciers, docteurs-feuilles ou chamans, lors de cérémonies mettant en scène des rituels secrets. Christian Bertin a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives en Martinique et à Paris. Il a également exposé à la Biennale de Liverpool et en Côte d’Ivoire. Du 26 avril au 19 juin 2019, deux de ses pièces étaient présentées à la Fondation Clément au sein de l’exposition collective <em>Pictural</em>. Les 21 et 22 septembre 2019, il présentera l’installation <em>Manman Dlo</em> dans la commune du Lorrain en Martinique pour les Journées européennes du Patrimoine. Du 9 au 29 octobre 2019, il présentera l'exposition <em>Transcendance</em> à l'Espace Oberkampf, 140 rue Oberkampf 75011 Paris.</p>
<h3>PATRICK GANTHIER dit KILLY / HAÏTI</h3>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/614592/PLANCHE_4_KISSKISSBANKBANK-1567701101.png" width="100%" /></p>
<p>"Patrick Ganthier, connu sous le nom de Killy, est né le 24 octobre 1966 à Girardeau dans la banlieue de Pétion Ville, Haïti. D’abord artisan de fanaux de Noël (petites lanternes de papier et de carton de couleur très populaires en Haïti), il commence en solitaire, en 1986, l’expérience de la sculpture de récupération en puisant ses matériaux dans les décharges de son quartier d’origine. De 1987 à 1990, il fait l’apprentissage du dessin au Centre d’Art de Port-au-Prince sous la direction du peintre réaliste Franck Louissaint. En 1997, il présente pour la première fois sa sculpture de recyclage au Concours Texaco Haïti « <em>Artisanat de récupération</em>. » À la même époque, Killy fréquente l’atelier Kay Tiga où sous la conduite du fondateur du mouvement Saint-Soleil, Jean Claude Garoute, il fait l’expérience de la rotation artistique (simultanéité dans la pratique des arts).</p>
<p>En 2004, Killy émigre à Montréal où il produit, à partir de la mousse synthétique et de vieilles planches récupérées dans les décharges de Rivière-des-Prairies, une imagerie baroque fortement expressive. Des pièces d’une rare puissance qui tiennent de l’Art brut et du Funk Art. Membre actif de l’Atelier circulaire de Montréal, centre de production et de diffusion des arts imprimés, Killy y poursuit une formation en gravure et lithographie jusqu’en octobre 2005, date à laquelle un grave accident de travail lui réduit l’usage de la main droite. Son pouvoir créatif ne s’en retrouve pourtant pas affecté. L’exposition <em>Grandir et Mourir</em>, installations et monotypes, février 2008 est sa première exposition importante à Montréal. Cette exposition a reçu l’aval de la critique montréalaise.<br />
Sa participation en juin 2011 au Pavillon National Haïtien de la 54e Biennale de Venise a été très remarquée par la presse internationale et lui a valu l'illustration du reportage du journal l'Express."</p>
<p>Biographie publiée sur le site des Ateliers Jérôme</p>
<p><a href="http://www.lesateliersjerome.com/patrick-ganthier-killy/" target="_blank">http://www.lesateliersjerome.com/patrick-ganthier-killy/</a></p>
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