Ecrits d'exil

Aidez à financer une contribution à l'Histoire de la période 1939-1945. Le point de vue d'un acteur et témoin direct, autre qu'un vainqueur.

0 abonné

<p> <em><u><strong>O</strong></u>n avance. On avance. La Bretagne vient de rejoindre l&#39;&eacute;quipe.</em></p> <p> <em>Petit &agrave; petit l&#39;oiseau fait son nid. </em></p> <p> <em>Ou plut&ocirc;t, <strong>les petits ruisseaux font les grandes rivi&egrave;res</strong>. </em></p> <p> <em>Car l&#39;oiseau - moi en l&#39;occurrence - ne fait plus grand chose, si ce n&#39;est attendre.&nbsp;</em></p> <p> &nbsp;</p> <p> <em>Pour ceux qui s&#39;int&eacute;ressent au contenu de ces &eacute;crits, je continue &agrave; choisir, un peu au hasard, quelques passages qui peuvent se comprendre en dehors de leur contexte:</em></p> <p> &nbsp;</p> <p> <em><u><strong>ECRITS D&rsquo;EXIL (Extrait n&deg;8)</strong></u></em></p> <p> &nbsp;</p> <p> <em>Pour la r&eacute;&eacute;dition des &laquo;&nbsp;Ecrits d&rsquo;exil&nbsp;&raquo;, rendez-vous sur&nbsp;:</em></p> <p> &nbsp;</p> <p> <a href="http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/ecrits-d-exil" target="_blank">http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/ecrits-d-exil</a></p> <p> &nbsp;</p> <p> &nbsp;</p> <p> <em>L&rsquo;extrait suivant des &laquo;&nbsp;Ecrits d&rsquo;exil&nbsp;&raquo; concerne quelques aspects des relations de Maurice Gabolde avec les autorit&eacute;s d&rsquo;occupation &agrave; propos d&#39;affaires judiciaires en cours:</em></p> <p> &nbsp;</p> <p> &hellip;.Le mouvement franciste que dirigeait Bucard &eacute;tait num&eacute;riquement le moins important des partis fant&ocirc;mes que soutenaient les occupants en zone Nord. Il devait son existence &agrave; l&rsquo;appui que lui donnait l&rsquo;ambassadeur Abetz, li&eacute; d&rsquo;amiti&eacute; avec son chef. Celui-ci &eacute;tait fort d&eacute;cri&eacute; ; on lui pr&ecirc;tait - &agrave; tort ou &agrave; raison - des m&oelig;urs sp&eacute;ciales. Il faisait parfois d&eacute;filer dans la capitale quelques jeunes gens et quelques jeunes filles v&ecirc;tus d&rsquo;un uniforme bleu et la police devait, sans grand enthousiasme, les prot&eacute;ger contre des incidents de la rue. Son z&egrave;le &eacute;tait, bien entendu, mis en doute par Bucard et le pr&eacute;fet de police avait d&ucirc; d&eacute;fendre ses subordonn&eacute;s contre l&rsquo;accusation de Gaullisme qui venait naturellement &agrave; la bouche des chefs des partis collaborationnistes, quand les services publics ne leur donnaient pas satisfaction. Par voie de cons&eacute;quence, la police se montrait &laquo; tr&egrave;s service &raquo; quand un franciste &eacute;tait impliqu&eacute; dans une affaire motivant son intervention. Elle agissait de m&ecirc;me &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des Doriotistes, des D&eacute;atistes turbulents ou d&eacute;linquants. J&rsquo;avais toujours soutenu la Police &agrave; qui incombait la t&acirc;che de maintenir l&rsquo;ordre et des poursuites &eacute;taient normalement exerc&eacute;es contre tous ceux qui le troublaient, &agrave; quelque formation politique qu&rsquo;ils appartiennent. Il en avait &eacute;t&eacute; ainsi notamment &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de jeunes &eacute;nergum&egrave;nes qui provoquaient des d&eacute;sordres en brisant les bustes de la R&eacute;publique dans les Mairies dont aucune loi n&rsquo;avait jamais prescrit l&rsquo;enl&egrave;vement.&nbsp;</p> <p> Il est n&eacute;cessaire, pour comprendre l&rsquo;affaire Bucard, de se replacer dans le climat qui vient d&rsquo;&ecirc;tre rappel&eacute;.&nbsp;</p> <p> Bucard avait obtenu du Commissariat des Affaires Juives la mise &agrave; la disposition d&rsquo;un de ses collaborateurs, qui avait &eacute;t&eacute; victime d&rsquo;un attentat dans sa villa de banlieue, d&rsquo;un appartement vide d&rsquo;Isra&eacute;lite dans le quartier St-Georges, Rue de Maubeuge, je crois. Il s&rsquo;&eacute;tait rendu chez cet ami pour y d&eacute;jeuner. Un avis t&eacute;l&eacute;phonique, &eacute;manant d&rsquo;un inconnu, informa la Police que des &laquo; francistes &raquo; &eacute;taient en train de piller le domicile d&rsquo;un Juif et pr&eacute;cisait la rue et le num&eacute;ro de l&rsquo;immeuble. Un car de Police Secours fut envoy&eacute; sur les lieux. Tout &eacute;tait calme et la concierge donna des explications qui remettaient les choses au point. Le brigadier de police eut un entretien avec les occupants de l&rsquo;appartement et se retira, n&rsquo;ayant plus de motif d&rsquo;intervention. Tout paraissait termin&eacute;, mais le car continua &agrave; stationner devant l&rsquo;immeuble et quand, au d&eacute;but de l&rsquo;apr&egrave;s-midi, Bucard, son chauffeur (un cr&eacute;ole) et deux francistes repartirent dans leur auto, la voiture de police suivit. Celle des francistes acc&eacute;l&eacute;ra bient&ocirc;t son allure ; le car fit de m&ecirc;me. Comme l&rsquo;auto de Bucard s&rsquo;engageait sur les Boulevards, les policiers du car siffl&egrave;rent pour la faire arr&ecirc;ter. Elle redoubla de vitesse. Les poursuivants tir&egrave;rent alors quelques coups de feu &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re du v&eacute;hicule, en direction des pneumatiques. Les occupants de la voiture ripost&egrave;rent &agrave; coups de revolver ou de mitraillette. Deux agents furent tu&eacute;s, d&rsquo;autres bless&eacute;s, Bucard et ses deux passagers furent arr&ecirc;t&eacute;s ; le chauffeur, bless&eacute;, avait disparu.&nbsp;</p> <p> Sur les ordres que donna le Pr&eacute;sident Laval au Pr&eacute;fet Bussi&egrave;res, le chef du Francisme et ses compagnons furent mis &agrave; la disposition de la Justice ; d&eacute;f&eacute;r&eacute;s au Parquet, ils furent &eacute;crou&eacute;s et inculp&eacute;s de meurtre et de tentative de meurtre.&nbsp;</p> <p> L&rsquo;affaire fut port&eacute;e aussit&ocirc;t &agrave; ma connaissance par le Procureur Rousseau et je fis prescrire une information rapide et compl&egrave;te pour fixer les responsabilit&eacute;s encourues. La police devait conserver le sentiment qu&rsquo;elle &eacute;tait prot&eacute;g&eacute;e et que les particuliers devaient ob&eacute;ir &agrave; ses injonctions. Il est &agrave; noter que, quelques jours auparavant, presque au m&ecirc;me endroit, une fusillade avait eu lieu entre la police et les occupants d&rsquo;une automobile, appartenant cette fois &agrave; un tout autre secteur des activit&eacute;s politiques ; il s&rsquo;agissait d&rsquo;individus ayant pris part &agrave; l&rsquo;assassinat du Ministre Philippe Henriot, dont l&rsquo;un se r&eacute;fugia dans l&rsquo;&eacute;tablissement du Cr&eacute;dit Lyonnais. Ce pr&eacute;c&eacute;dent r&eacute;cent avait, sans doute, incit&eacute; les agents &agrave; faire usage d&rsquo;armes &agrave; feu, mais il pouvait aussi &ecirc;tre invoqu&eacute; par Bucard qui se croyait poursuivi par des R&eacute;sistants.&nbsp;</p> <p> L&rsquo;ambassadeur Abetz, que je ne connaissais pas encore personnellement, me t&eacute;l&eacute;phona &agrave; mon domicile pour me faire part de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qu&rsquo;il portait &agrave; Bucard qu&rsquo;il croyait incapable d&rsquo;avoir, en connaissance de cause, tir&eacute; sur des agents de la force publique. Je lui dis qu&rsquo;une information &eacute;tait ouverte, qu&rsquo;elle serait conduite avec diligence et impartialit&eacute; et que les magistrats &eacute;taient les seuls appr&eacute;ciateurs de la demande de mise en libert&eacute; provisoire &agrave; laquelle il souhaitait voir donner une r&eacute;ponse favorable. Il n&rsquo;insista pas davantage et me demanda l&rsquo;autorisation d&rsquo;envoyer, d&rsquo;ici une huitaine de jours, un de ses collaborateurs pour obtenir de nouveaux renseignements. La d&eacute;marche avait donc &eacute;t&eacute; parfaitement correcte. Je fis savoir au Procureur Rousseau qu&rsquo;aucune pression ne serait exerc&eacute;e sur les magistrats, qu&rsquo;ils &eacute;taient ma&icirc;tres de leur d&eacute;cision, mais qu&rsquo;ils devaient agir avec c&eacute;l&eacute;rit&eacute;. L&rsquo;ambassadeur m&rsquo;avait &eacute;galement demand&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre autoris&eacute; &agrave; voir Bucard &agrave; la Sant&eacute; ; je l&rsquo;avais inform&eacute; que l&rsquo;administration p&eacute;nitentiaire relevait de Darnand et que cette permission devait lui &ecirc;tre demand&eacute;e.&nbsp;</p> <p> Me Jean Charles Legrand, avocat de Bucard, formula ensuite une demande de mise en libert&eacute; provisoire ; le Procureur me dit que le juge d&rsquo;instruction et lui-m&ecirc;me d&eacute;cidaient d&rsquo;y faire droit ; en l&rsquo;&eacute;tat de la proc&eacute;dure, il n&rsquo;&eacute;tait, en effet, pas &eacute;tabli que Bucard, atteint de surdit&eacute;, ait entendu les coups de sifflet de la police et surtout qu&rsquo;il ait donn&eacute; &agrave; son chauffeur l&rsquo;ordre de tirer. Il quitta donc la Sant&eacute; o&ugrave; il s&rsquo;&eacute;tait trouv&eacute; durant une &eacute;meute au cours de laquelle il s&rsquo;&eacute;tait r&eacute;fugi&eacute; dans la cellule de co-d&eacute;tenus politiques, qui - malgr&eacute; l&rsquo;ab&icirc;me cr&eacute;&eacute; par leurs divergences d&rsquo;opinion - l&rsquo;avaient prot&eacute;g&eacute;.&nbsp;</p> <p> L&rsquo;ambassadeur chargea son conseiller, M. Hoffmann (dont je fis ainsi la connaissance et qui v&eacute;cut avec nous en Allemagne) de me remercier. Je profitai de cette occasion pour souligner combien tendancieuses &eacute;taient les imputations formul&eacute;es Rue de Lille par les partis contre l&rsquo;action de la Police et de la Justice qui accomplissaient leur mission difficile, avec s&eacute;r&eacute;nit&eacute; et impartialit&eacute;. M. Hoffmann partageait mon sentiment ; nos relations ult&eacute;rieures ont confirm&eacute; l&rsquo;impression de droiture de caract&egrave;re qu&rsquo;il me donna en cette circonstance.&nbsp;</p> <p> La seconde intervention de l&rsquo;ambassade allemande se manifesta &agrave; l&rsquo;occasion de la d&eacute;signation des membres de la Commission Internationale compos&eacute;e de repr&eacute;sentants des Instituts europ&eacute;ens de M&eacute;decine L&eacute;gale et de Criminologie qui devaient se rendre dans la r&eacute;gion de Smolensk en Russie pour rechercher la date et la cause des assassinats d&rsquo;officiers polonais dans la For&ecirc;t de Katyn, afin d&rsquo;&eacute;tablir de fa&ccedil;on indiscutable la responsabilit&eacute; du Gouvernement des Soviets dans cet horrible et gigantesque holocauste de militaires prisonniers de guerre.&nbsp;</p> <p> Le m&eacute;decin l&eacute;giste fran&ccedil;ais le plus connu &agrave; l&rsquo;&eacute;poque &eacute;tait le Docteur Paul qui, depuis de longues ann&eacute;es, pr&ecirc;tait ses services au Parquet de la Seine et &agrave; ses juges d&rsquo;instruction. Il jouissait en Allemagne de beaucoup de consid&eacute;ration dans les milieux scientifiques et politiques, &agrave; la fois pour sa valeur professionnelle et comme partisan du rapprochement franco-allemand. &Agrave; l&rsquo;occasion de l&rsquo;autopsie d&rsquo;un fonctionnaire de l&rsquo;ambassade du Reich assassin&eacute; avant la guerre de 1940, &agrave; Paris, il avait re&ccedil;u une d&eacute;coration ou un t&eacute;moignage officiel (je ne me souviens plus exactement) de la Wilhelmstrasse. Mais, en Avril 1943, la carte de la guerre lui avait conseill&eacute; prudence et circonspection et, quand il avait &eacute;t&eacute; sollicit&eacute; par les services de l&rsquo;ambassade de la Rue de Lille de contribuer par sa pr&eacute;sence &agrave; l&rsquo;autorit&eacute; de la Commission de Katyn, il invoqua son &acirc;ge, son &eacute;tat de sant&eacute;, ses multiples occupations et l&rsquo;impossibilit&eacute; o&ugrave; il se trouvait de s&rsquo;&eacute;loigner de Paris o&ugrave; il devait &ecirc;tre en permanence &agrave; la disposition des magistrats.&nbsp;</p> <p> Ce fut dans ces conditions que l&rsquo;ambassadeur Schleier (qui rempla&ccedil;ait Abetz) insista vivement aupr&egrave;s de moi pour obtenir que le Docteur Paul rev&icirc;nt sur son refus. Je le convoquai &agrave; mon domicile pour que notre entrevue f&ucirc;t discr&egrave;te, car l&rsquo;on commentait de fa&ccedil;on diff&eacute;rente au Palais de Justice et &agrave; la Chancellerie l&rsquo;offre dont il faisait l&rsquo;objet. Je lui exposai la mission dont j&rsquo;&eacute;tais charg&eacute;, en indiquant que je n&rsquo;avais pas qualit&eacute; pour exercer sur lui une quelconque pression et qu&rsquo;il &eacute;tait ma&icirc;tre de sa d&eacute;cision. Il me parut fort pr&eacute;occup&eacute; des cons&eacute;quences de son refus, qu&rsquo;il me pria d&rsquo;expliquer de la mani&egrave;re la plus favorable pour sa s&eacute;curit&eacute; ; j&rsquo;eus l&rsquo;impression qu&rsquo;il faisait un sacrifice, car il aimait la publicit&eacute;, mais l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &eacute;go&iuml;ste l&rsquo;emporta. Il n&rsquo;y eut pas d&rsquo;incident et mon coll&egrave;gue, le G&eacute;n&eacute;ral Bridoux, Ministre de la Guerre d&eacute;signa le M&eacute;decin G&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;Arm&eacute;e, Docteur Costedoat, qui, respectueux de la discipline, repr&eacute;senta la M&eacute;decine l&eacute;gale fran&ccedil;aise dans l&rsquo;exploration des cimeti&egrave;res du bois de Katyn....</p> <p> &nbsp;</p> <p> &nbsp;</p> <p> &hellip;(<strong>&agrave; suivre </strong>si - et lorsque - les &laquo;&nbsp;Ecrits d&rsquo;exil&nbsp;&raquo; seront r&eacute;&eacute;dit&eacute;s)&hellip;</p> <p> &nbsp;</p> <p> <strong>Pour participer</strong> &agrave; la r&eacute;&eacute;dition des &laquo;&nbsp;Ecrits d&rsquo;exil&nbsp;&raquo;, rendez-vous sur&nbsp;:</p> <p> <a href="http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/ecrits-d-exil" target="_blank">http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/ecrits-d-exil</a></p>