Ecrits d'exil

Aidez à financer une contribution à l'Histoire de la période 1939-1945. Le point de vue d'un acteur et témoin direct, autre qu'un vainqueur.

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<p> Aujourd&#39;hui, je constate une premi&egrave;re pause dans la progression du projet. J&#39;attends avec impatience l&#39;aide de ceux qui, en dehors d&#39;amis et relations, sont avant tout sensibles &agrave; voir publier un t&eacute;moignage de l&#39;Histoire &eacute;manant du c&ocirc;t&eacute; des &quot;vaincus&quot;.</p> <p> &nbsp;</p> <p> Je continue &agrave; montrer des extraits du livre. Celui-ci concerne un passage consacr&eacute; &agrave; la Cour supr&ecirc;me de justice, celle qui aurait d&ucirc; juger Daladier, Blum et Gamelin.</p> <p> &nbsp;</p> <p> <u><strong>ECRITS D&rsquo;EXIL (Extrait n&deg;4)</strong></u></p> <p> &nbsp;</p> <p> Pour la r&eacute;&eacute;dition des &laquo;&nbsp;Ecrits d&rsquo;exil&nbsp;&raquo;, rendez-vous sur&nbsp;:</p> <p> &nbsp;</p> <p> <a href="http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/ecrits-d-exil" target="_blank">http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/ecrits-d-exil</a></p> <p> &nbsp;</p> <p> &nbsp;</p> <p> L&rsquo;extrait suivant des &laquo;&nbsp;Ecrits d&rsquo;exil&nbsp;&raquo; concerne un des aspects de la mise en place de la Cour Supr&ecirc;me de Justice, la juridiction d&rsquo;exception cr&eacute;&eacute;e pour juger les &laquo;&nbsp;responsables de la d&eacute;faite militaire&nbsp;&raquo;, en l&rsquo;occurrence MM.&nbsp;Daladier, Blum, La Chambre, Jacomet et Gamelin<a href="#_edn1" name="_ednref1" title="">[i]</a>&nbsp;:</p> <p> &nbsp;</p> <p> &hellip; Les accusateurs publics furent &eacute;galement choisis dans le corps judiciaire&nbsp;; ceci n&rsquo;&eacute;tait pas une innovation, puisque c&rsquo;&eacute;taient des magistrats qui remplissaient ce r&ocirc;le devant la Haute Cour de la III<sup>&egrave;me</sup> R&eacute;publique. Le chef du Parquet fut l&rsquo;Avocat g&eacute;n&eacute;ral Cassagnau<a href="#_edn2" name="_ednref2" title="">[ii]</a>, un B&eacute;arnais de belle prestance, subtil et intelligent, &eacute;loquent et diplomate, que l&rsquo;exp&eacute;rience des milieux politiques, qu&rsquo;il avait acquise comme &laquo;&nbsp;metteur en sc&egrave;ne&nbsp;&raquo; de la c&eacute;l&egrave;bre affaire Stavisky<a href="#_edn3" name="_ednref3" title="">[iii]</a>, avait rendu circonspect et un tantinet sceptique. On pouvait &ecirc;tre assur&eacute; qu&rsquo;il ne se laisserait jamais emporter par la passion et conserverait &agrave; l&rsquo;accusation le caract&egrave;re de mesure et de dignit&eacute; qui fait sa force. Le choix dont il avait fait l&rsquo;objet t&eacute;moigne du souci d&rsquo;impartialit&eacute; dont firent preuve les dirigeants de l&rsquo;&eacute;poque et explique, sans doute, pourquoi on &eacute;carta les sollicitations de l&rsquo;Avocat g&eacute;n&eacute;ral Mornet&nbsp;qui s&rsquo;&eacute;tait offert &agrave; jouer les Fouquier Tinville. Il est vrai que ce &laquo;&nbsp;Procureur des feux de file&nbsp;&raquo;<a href="#_edn4" name="_ednref4" title="">[iv]</a> a depuis pris sa revanche et obtenu toute licence de d&eacute;penser sa tumultueuse &eacute;loquence qu&rsquo;il tenait en r&eacute;serve et n&rsquo;avait pu d&eacute;verser sur MM.&nbsp;Daladier, Blum&nbsp;et Gamelin. L&rsquo;on ne devait gu&egrave;re avoir l&rsquo;embarras du choix en 1945, puisqu&rsquo;on dut, quand on accepta ses services, passer l&rsquo;&eacute;ponge sur sa collaboration &agrave; la Commission charg&eacute;e de retirer la nationalit&eacute; fran&ccedil;aise &agrave; des Juifs durant l&rsquo;occupation allemande.<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a></p> <p> &nbsp;</p> <p> M.&nbsp;Cassagnau&nbsp;fut assist&eacute; de deux Avocats g&eacute;n&eacute;raux, M.&nbsp;Gabolde<a href="#_edn5" name="_ednref5" title="">[v]</a>, Procureur g&eacute;n&eacute;ral pr&egrave;s la Cour d&rsquo;appel de Chamb&eacute;ry et M.&nbsp;Bruzin<a href="#_edn6" name="_ednref6" title="">[vi]</a>, Avocat g&eacute;n&eacute;ral &agrave; la Cour de Paris. Ce dernier &eacute;tait l&rsquo;un des repr&eacute;sentants du Minist&egrave;re public les plus appr&eacute;ci&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;poque. Juriste de la plus grande valeur, travailleur acharn&eacute;, organisateur remarquable, il avait v&eacute;ritablement cr&eacute;&eacute; un organisme de premier plan, v&eacute;ritable cl&eacute; de vo&ucirc;te du Parquet de la Seine, dans les derni&egrave;res ann&eacute;es de la III<sup>&egrave;me</sup> R&eacute;publique si fertiles en scandales financiers, la Section Financi&egrave;re, dont l&rsquo;activit&eacute; fut si f&eacute;conde et dont le champ d&rsquo;action s&rsquo;&eacute;tendit sur tout le pays.</p> <p> Le service du Secr&eacute;tariat de la Pr&eacute;sidence de la Cour supr&ecirc;me fut confi&eacute; &agrave; un jeune magistrat qui comptait d&eacute;j&agrave; de brillants ant&eacute;c&eacute;dents, car il avait &eacute;t&eacute; charg&eacute; de diriger l&rsquo;instruction de l&rsquo;affaire de &laquo;&nbsp;La Cagoule&nbsp;&raquo;<a href="#_edn7" name="_ednref7" title="">[vii]</a>, le dernier retentissant proc&egrave;s politique de la III<sup>&egrave;me</sup> R&eacute;publique&nbsp;; il s&rsquo;acquitta de bonne gr&acirc;ce de fonctions qui &eacute;taient inf&eacute;rieures &agrave; ses m&eacute;rites professionnels, en recherchant dans les &laquo;&nbsp;D&eacute;bats parlementaires&nbsp;&raquo; du Journal officiel les documents qui serviraient &agrave; la confection du r&eacute;quisitoire du Parquet. Sa d&eacute;signation avait surpris, car les liens qui avaient uni le nouveau Garde des Sceaux &agrave; la Cagoule n&rsquo;&eacute;taient un secret pour personne&nbsp;; sa d&eacute;signation et son acceptation marquaient de la part des deux int&eacute;ress&eacute;s un effort de bonne volont&eacute; et une tr&ecirc;ve dans la liquidation du pass&eacute;. M.&nbsp;B&eacute;teille<a href="#_edn8" name="_ednref8" title="">[viii]</a> fut, &agrave; la suite de ce passage &agrave; Riom, promu au grand choix par le Gouvernement du Mar&eacute;chal &nbsp;au poste de Conseiller &agrave; la Cour de Paris et la IV<sup>&egrave;me</sup> R&eacute;publique lui a t&eacute;moign&eacute; sa confiance en le chargeant de l&rsquo;instruction du proc&egrave;s dirig&eacute; contre l&rsquo;ancien chef de l&rsquo;&Eacute;tat et contre le Pr&eacute;sident Laval. Il se serait, au t&eacute;moignage de M<sup>e</sup> Naud<a href="#_edn9" name="_ednref9" title="">[ix]</a>, avocat de ce dernier, comport&eacute;, dans l&rsquo;accomplissement de ces missions difficiles, avec une parfaite correction, ce qui fait le plus grand honneur &agrave; sa conception du devoir du magistrat. Il me souvient d&rsquo;un propos tenu devant moi, &agrave; Sigmaringen, en Janvier 1945, par Darnand<a href="#_edn10" name="_ednref10" title="">[x]</a> qui fondait de grandes esp&eacute;rances sur son impartialit&eacute;, et souhaitait qu&rsquo;il fut charg&eacute; de l&rsquo;instruction de son proc&egrave;s, mais je manque d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments pour mesurer la part d&rsquo;illusions ou de fondement qu&rsquo;il y avait dans cette croyance, dans l&rsquo;impossibilit&eacute; de contr&ocirc;ler les motifs qu&rsquo;il invoquait.</p> <p> &nbsp;</p> <p> Aucun des magistrats qui compos&egrave;rent la Cour supr&ecirc;me n&rsquo;avait sollicit&eacute; sa d&eacute;signation. Le Pr&eacute;sident et le Procureur g&eacute;n&eacute;ral choisirent leurs collaborateurs, tous absents de Vichy&nbsp;lors de leur nomination. Pour ma part, je re&ccedil;us &agrave; Chamb&eacute;ry un avis t&eacute;l&eacute;phonique de M.&nbsp;Cassagnau&nbsp;qui me surprit fort. Il m&rsquo;annon&ccedil;ait ma nomination et me priait de me rendre imm&eacute;diatement &agrave; Vichy&nbsp;; le soir m&ecirc;me la Radio confirmait ce message. Les trains ne fonctionnaient encore pas, en raison des destructions op&eacute;r&eacute;es en Savoie et en Dauphin&eacute; dans les derniers jours de la guerre, et je dus &agrave; l&rsquo;obligeance de l&rsquo;autorit&eacute; militaire, qui mit &agrave; ma disposition une automobile pilot&eacute;e par un soldat, de pouvoir rejoindre mon destin. M.&nbsp;le Vice-pr&eacute;sident Lagarde, r&eacute;fugi&eacute; dans sa propri&eacute;t&eacute; d&rsquo;Hendaye, en zone occup&eacute;e par l&rsquo;arm&eacute;e allemande, fut inform&eacute; lui aussi par la Radio. Ce fut &eacute;galement le cas de M.&nbsp;Lesueur, mobilis&eacute; dans un tribunal maritime en Bretagne et qui avait &eacute;t&eacute; sur le point d&rsquo;&ecirc;tre fait prisonnier. MM.&nbsp;Tanon&nbsp;et Baraveau&nbsp;se trouvaient &agrave; Lyon o&ugrave; avait &eacute;chou&eacute; la Cour de cassation et o&ugrave; ils apprirent, avec quelque stupeur, l&rsquo;honneur redoutable qui leur &eacute;tait fait. Dans le trajet entre Lyon et Vichy, que je fis en compagnie de M.&nbsp;Tanon, ce parfait honn&ecirc;te homme, scrupuleux comme toutes les natures d&rsquo;&eacute;lite, manifestait ses appr&eacute;hensions devant une t&acirc;che si peu en harmonie avec sa pr&eacute;paration de &laquo;&nbsp;civiliste&nbsp;&raquo;.</p> <p> &nbsp;</p> <p> Autre particularit&eacute;&nbsp;: aucun de nous n&rsquo;avait franchi les &eacute;chelons de la hi&eacute;rarchie judiciaire apr&egrave;s un passage dans les cabinets minist&eacute;riels et ne devait sa carri&egrave;re &agrave; la reconnaissance d&rsquo;un Garde des Sceaux. Le Gouvernement de la IV<sup>&egrave;me</sup> R&eacute;publique, par contre, a, dans les proc&egrave;s dirig&eacute;s contre le Mar&eacute;chal et ses collaborateurs, fix&eacute; son choix sur des magistrats, Pr&eacute;sident et assesseurs, anciens Directeurs ou chefs de Cabinet de Gardes des Sceaux. M.&nbsp;Mongibeaux<a href="#_edn11" name="_ednref11" title="">[xi]</a> avait rempli ces fonctions aupr&egrave;s de Raoul P&eacute;ret<a href="#_edn12" name="_ednref12" title="">[xii]</a>&nbsp;; les Conseillers &agrave; la Cour de cassation qui l&rsquo;assistaient &eacute;taient dans la m&ecirc;me situation. Il est vrai qu&rsquo;ils n&rsquo;avaient pas &agrave; juger et qu&rsquo;ils se bornaient &agrave; diriger les d&eacute;bats, puisque le soin de d&eacute;cider avait &eacute;t&eacute; remis &agrave; des adversaires politiques. C&rsquo;est &agrave; l&rsquo;Histoire qu&rsquo;il appartiendra de se prononcer en dernier ressort sur cette conception de la justice.</p> <p> &nbsp;</p> <p> La Cour inaugura ses travaux par une s&eacute;ance spectaculaire d&rsquo;installation d&eacute;di&eacute;e aux reporters, et aux photographes. Le Pr&eacute;sident Caous&nbsp;n&rsquo;&eacute;tait pas ennemi d&rsquo;une certaine publicit&eacute;&nbsp;; les questions de c&eacute;r&eacute;monial lui tenaient fort &agrave; c&oelig;ur et, par la suite, il transforma la salle aust&egrave;re de la Cour d&rsquo;assises du Puy-de-D&ocirc;me en une sorte de salon de conf&eacute;rences mondaines, avec des lustres de verroterie et des tentures rose tendre, peu en harmonie avec la nature des d&eacute;bats auxquels elle servait de cadre. Il faut reconna&icirc;tre que ce grand seigneur avait fort grand air, drap&eacute; dans l&rsquo;hermine et la pourpre de son costume que l&rsquo;&eacute;l&eacute;gance de ses attitudes mettait en valeur.</p> <p> &nbsp;</p> <p> Avant l&rsquo;audience, les magistrats s&rsquo;entretinrent, dans la Chambre du Conseil, avec le Garde des Sceaux. Un buste en marbre du Pr&eacute;sident Bonjean<a href="#_edn13" name="_ednref13" title="">[xiii]</a>, victime de la haine des Communards de 1871 contre les d&eacute;fenseurs de la soci&eacute;t&eacute; bourgeoise d&eacute;corait la salle&nbsp;; un superstitieux comme Laval&nbsp;y aurait vu un funeste pr&eacute;sage. Je prenais contact pour la premi&egrave;re fois avec M.&nbsp;Alibert&nbsp;; le masque du visage &eacute;tait dur et volontaire&nbsp;; il s&rsquo;exprimait avec chaleur, autorit&eacute; et une certaine v&eacute;h&eacute;mence&nbsp;; son visage et son cr&acirc;ne se coloraient fortement au fur et &agrave; mesure qu&rsquo;il d&eacute;veloppait son allocution&nbsp;; il paraissait s&ucirc;r de lui et d&eacute;cid&eacute; &agrave; profiter de la &laquo;&nbsp;divine surprise&nbsp;&raquo; qui l&rsquo;avait port&eacute; au pouvoir. Il ne cachait pas que la Cour supr&ecirc;me &eacute;tait son &oelig;uvre et qu&rsquo;il serait son &laquo;&nbsp;Mentor&nbsp;&raquo; dans les jours &agrave; venir. Il avait appartenu au Conseil d&rsquo;&Eacute;tat, s&rsquo;en &eacute;tait s&eacute;par&eacute; pour se consacrer &agrave; la d&eacute;fense des int&eacute;r&ecirc;ts de la grande industrie&nbsp;; il &eacute;tait l&rsquo;auteur d&rsquo;un plan de la r&eacute;forme de l&rsquo;&Eacute;tat dans un sens autoritaire et technique qui l&rsquo;apparentait aux doctrinaires synarchiques&nbsp;; il avait une v&eacute;ritable &acirc;me de partisan, &eacute;tait anti-parlementaire et nettement Maurassien&nbsp;; il donnait l&rsquo;impression du th&eacute;oricien qui voit sonner l&rsquo;heure d&rsquo;appliquer ses doctrines et ignore l&rsquo;art de m&eacute;nager les transitions. Il se r&eacute;v&eacute;la peu perspicace et tr&egrave;s cr&eacute;dule &agrave; en juger par les singuliers t&eacute;moins (Loustanau-Lacau<a href="#_edn14" name="_ednref14" title="">[xiv]</a>, Devinat<a href="#_edn15" name="_ednref15" title="">[xv]</a>, etc.) qu&rsquo;il nous fit entendre et aux fantaisies desquels il avait donn&eacute; cr&eacute;dit<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>. Il &eacute;tait accompagn&eacute; de son &eacute;minence grise, M.&nbsp;de Font-R&eacute;aulx, qui dissimulait, dit-on, un esprit original sous une enveloppe physique grotesque, d&eacute;pourvue de tout syst&egrave;me pileux et agr&eacute;ment&eacute;e d&rsquo;une voix de fausset. Il &eacute;tait, murmurait-on, fort intrigant, ennemi d&eacute;clar&eacute; de la R&eacute;publique, &laquo;&nbsp;la Gueuse&nbsp;&raquo; suivant son expression favorite. Il avait &eacute;t&eacute; un des conseillers du Mar&eacute;chal &agrave; Bordeaux et, si l&rsquo;on en juge par l&rsquo;incident Mandel, avait alors manqu&eacute; de sang-froid et de pond&eacute;ration. Dou&eacute; d&rsquo;une forte puissance de travail, il &eacute;tait, avec le nouveau Secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral Dayras<a href="#_edn16" name="_ednref16" title="">[xvi]</a>, la cheville ouvri&egrave;re du Minist&egrave;re. M.&nbsp;Alibert &eacute;tait enfin assist&eacute; de son fils, grand jeune homme d&rsquo;aspect lymphatique que je retrouvai plus tard Secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral de la Pr&eacute;fecture de la Savoie.</p> <p> &nbsp;</p> <p> Dans la cohue des officiels entass&eacute;e dans la salle, le hasard me pla&ccedil;a aux c&ocirc;t&eacute;s d&rsquo;un G&eacute;n&eacute;ral au k&eacute;pi tout bossel&eacute; et port&eacute; d&rsquo;une fa&ccedil;on d&eacute;sinvolte. Il se nomma et me fit une ardente profession de foi Mar&eacute;chaliste et tr&egrave;s R&eacute;volution nationale. C&rsquo;&eacute;tait le G&eacute;n&eacute;ral de Lattre de Tassigny<a href="#_edn17" name="_ednref17" title="">[xvii]</a>, venu expr&egrave;s de Clermont-Ferrand o&ugrave; il commandait la r&eacute;gion pour manifester son enthousiasme &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la haute juridiction politique du nouveau r&eacute;gime. Il devait, en 1943, me cr&eacute;er, par son &eacute;vasion de la maison d&rsquo;arr&ecirc;t de Riom, de s&eacute;rieuses difficult&eacute;s et servir de pr&eacute;texte &agrave; la main mise de la Milice sur l&rsquo;administration p&eacute;nitentiaire&hellip;</p> <p> &nbsp;</p> <p> &hellip;(<strong>&agrave; suivre </strong>si et lorsque les &laquo;&nbsp;Ecrits d&rsquo;exil&nbsp;&raquo; seront r&eacute;&eacute;dit&eacute;s)&hellip;</p> <p> &nbsp;</p> <p> <strong>Pour participer</strong> &agrave; la r&eacute;&eacute;dition des &laquo;&nbsp;Ecrits d&rsquo;exil&nbsp;&raquo;, rendez-vous sur&nbsp;:</p> <p> &nbsp;</p> <p> <a href="http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/ecrits-d-exil" target="_blank">http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/ecrits-d-exil</a></p> <p> &nbsp;</p> <p> &nbsp;</p> <div> <br clear="all" /> <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p> <a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a> Dans la r&eacute;alit&eacute;, on avait, en effet, pressenti M.&nbsp;Mornet&nbsp;qui s&rsquo;&eacute;tait empress&eacute; d&rsquo;accepter. Mais sa candidature fut &eacute;cart&eacute;e &agrave; la demande de Laval&nbsp;qui le trouva trop vieux pour des fonctions aussi actives. Ceci explique, sans doute, l&rsquo;acharnement dont, en 1945, il fit preuve &agrave; son &eacute;gard.</p> <p> &nbsp;</p> </div> <div id="ftn2"> <p> <a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a> Le Mar&eacute;chal dit un jour devant moi qu&rsquo;il avait commis une erreur en nommant M.&nbsp;Alibert&nbsp;Ministre de la Justice&nbsp;; il le qualifia d&rsquo;exalt&eacute;, &agrave; la fois na&iuml;f et v&eacute;h&eacute;ment, avec une pointe de folie. J&rsquo;ai lu depuis dans le livre d&rsquo;Isorni, &laquo;&nbsp;Souffrances et mort du Mar&eacute;chal&nbsp;&raquo;, qu&rsquo;il n&rsquo;avait pas chang&eacute; d&rsquo;opinion.</p> </div> </div> <div> <br clear="all" /> <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="edn1"> <p> <a href="#_ednref1" name="_edn1" title="">[i]</a> Maurice<strong> Gamelin</strong>&nbsp;(20 septembre 1872 - 18 avril 1958) &eacute;tait le G&eacute;n&eacute;ral fran&ccedil;ais qui commanda l&rsquo;arm&eacute;e fran&ccedil;aise pendant la &laquo;&nbsp;Dr&ocirc;le de guerre&nbsp;&raquo; de 1939 - 1940. Il a &eacute;t&eacute; remplac&eacute; par le G&eacute;n&eacute;ral Weygand&nbsp;le 19 mai 1940. Pendant le r&eacute;gime de Vichy, le G&eacute;n&eacute;ral Gamelin fut intern&eacute; au fort du Pourtalet. Le 5 avril 1943, il fut d&eacute;port&eacute; en Allemagne.</p> </div> <div id="edn2"> <p> <a href="#_ednref2" name="_edn2" title="">[ii]</a> Gaston <strong>Cassagnau</strong>&nbsp;(29 novembre 1881, Saint Saens -&nbsp;?) Avocat g&eacute;n&eacute;ral &agrave; la Cour de cassation depuis 1938, chef du Parquet aupr&egrave;s de la Cour supr&ecirc;me de Justice de Riom.</p> </div> <div id="edn3"> <p> <a href="#_ednref3" name="_edn3" title="">[iii]</a> Alexandre Serge <strong>Stavisky</strong>&nbsp;(20 novembre 1886, en Ukraine - 8 janvier 1934, Chamonix), naturalis&eacute; fran&ccedil;ais en 1910, escroc bien connu des ann&eacute;es 30 (affaire des bons de Bayonne), recherch&eacute; par la police, il se suicide pr&egrave;s de Chamonix.</p> </div> <div id="edn4"> <p> <a href="#_ednref4" name="_edn4" title="">[iv]</a> Le <strong>&laquo;&nbsp;feu de file&nbsp;&raquo;</strong> est le tir d&rsquo;un peloton positionn&eacute; sur deux rangs, en l&rsquo;esp&egrave;ce un peloton d&rsquo;ex&eacute;cution.</p> </div> <div id="edn5"> <p> <a href="#_ednref5" name="_edn5" title="">[v]</a> Maurice<strong> Gabolde</strong>&nbsp;(27 ao&ucirc;t 1891, Castres - 15 janvier 1972, Barcelone), l&rsquo;auteur de ces &laquo;&nbsp;Ecrits d&rsquo;Exil&nbsp;&raquo;, amput&eacute; d&rsquo;une jambe pendant la Premi&egrave;re Guerre mondiale, Procureur g&eacute;n&eacute;ral &agrave; Chamb&eacute;ry depuis 1938, est mut&eacute; en juillet 1940 &agrave; la Cour supr&ecirc;me de Justice de Riom, o&ugrave; il fait partie du Parquet.</p> </div> <div id="edn6"> <p> <a href="#_ednref6" name="_edn6" title="">[vi]</a> Andr&eacute; <strong>Bruzin</strong>&nbsp;(15 juin 1891, Bordeaux - 25 septembre 1953, Creuse), Magistrat &agrave; la Section financi&egrave;re de la Cour d&rsquo;appel de Paris en 1935-1937, Avocat g&eacute;n&eacute;ral &agrave; la Cour de cassation depuis 1938, d&eacute;sign&eacute; en ao&ucirc;t 1940 comme membre du Parquet aupr&egrave;s de la Cour supr&ecirc;me de Justice de Riom, redevient en octobre 1943 Avocat g&eacute;n&eacute;ral, mis a pied &agrave; la lib&eacute;ration, revint 4 ans plus tard comme Conseiller &agrave; la Cour de cassation.</p> </div> <div id="edn7"> <p> <a href="#_ednref7" name="_edn7" title="">[vii]</a> Voir le chapitre XIII, consacr&eacute; &agrave; cette affaire, page 215.</p> </div> <div id="edn8"> <p> <a href="#_ednref8" name="_edn8" title="">[viii]</a> Pierre <strong>B&eacute;teille</strong><strong>, </strong>Secr&eacute;taire de la Pr&eacute;sidence de la Cour supr&ecirc;me de Justice de Riom, est l&rsquo;auteur, avec Christiane Rimbaud, du &laquo;&nbsp;Proc&egrave;s de Riom&nbsp;&raquo;, Paris, Plon, 1973.</p> </div> <div id="edn9"> <p> <a href="#_ednref9" name="_edn9" title="">[ix]</a> M<sup>e</sup> Albert <strong>Naud</strong>&nbsp;(1904 - 1977), avocat de Pierre Laval.</p> </div> <div id="edn10"> <p> <a href="#_ednref10" name="_edn10" title="">[x]</a> Aim&eacute;-Joseph<strong> Darnand</strong>&nbsp;(19 mars 1897, Coligny - mort fusill&eacute; le 10 octobre 1945, Ch&acirc;tillon), petit entrepreneur de Nice, ancien combattant et homme politique fran&ccedil;ais.</p> </div> <div id="edn11"> <p> <a href="#_ednref11" name="_edn11" title="">[xi]</a> Paul <strong>Mongibeaux</strong>, Premier Pr&eacute;sident de la Cour de cassation (1945 - 1950), Pr&eacute;sident de la Haute Cour de Justice cr&eacute;&eacute;e par une ordonnance du 18 novembre 1944.</p> </div> <div id="edn12"> <p> <a href="#_ednref12" name="_edn12" title="">[xii]</a> Raoul <strong>P&eacute;ret</strong>&nbsp;(1870 - 1942), Parlementaire, plusieurs fois Ministre et deux fois Pr&eacute;sident de l&rsquo;Assembl&eacute;e nationale.</p> </div> <div id="edn13"> <p> <a href="#_ednref13" name="_edn13" title="">[xiii]</a> Louis Bernard <strong>Bonjean</strong>&nbsp;(4 d&eacute;cembre 1804, Valence (Dr&ocirc;me) - 24 mai 1871, Paris), Pr&eacute;sident de la Chambre des requ&ecirc;tes &agrave; la Cour de cassation, faisant fonction de Premier Pr&eacute;sident, il est pris en otage par les communards et fusill&eacute; le 24 mai 1871.</p> </div> <div id="edn14"> <p> <a href="#_ednref14" name="_edn14" title="">[xiv]</a> Georges<strong> Loustanau-Lacau</strong>&nbsp;(17 avril 1894, Pau - 11 f&eacute;vrier 1955, Paris), militaire de carri&egrave;re, homme politique et R&eacute;sistant.</p> </div> <div id="edn15"> <p> <a href="#_ednref15" name="_edn15" title="">[xv]</a> Paul<strong> Devinat</strong>&nbsp;(2 janvier 1890, M&acirc;con - 1<sup>er</sup> mai 1980, Paris), haut fonctionnaire sous la III<sup>&egrave;me</sup> R&eacute;publique, R&eacute;sistant, puis homme politique apr&egrave;s guerre.</p> </div> <div id="edn16"> <p> <a href="#_ednref16" name="_edn16" title="">[xvi]</a> Georges<strong> Dayras</strong>&nbsp;(11 janvier 1894 - 26 juin 1968), membre du Conseil d&rsquo;&Eacute;tat, Secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral du Minist&egrave;re de la Justice.</p> </div> <div id="edn17"> <p> <a href="#_ednref17" name="_edn17" title="">[xvii]</a> Jean-Marie<strong> de Lattre de Tassigny</strong>&nbsp;(2 f&eacute;vrier 1889, Mouilleron-en-Pareds en Vend&eacute;e - 11 janvier 1952, Paris), sera plus tard Mar&eacute;chal de France.</p> </div> </div> <p> &nbsp;</p>