Tajamul est un ancien mineur isolé étranger. Il est arrivé en France à 14 ans après avoir fui l’Afghanistan. Son périple a duré presque 14 mois...

Vidéo: Rencontre avec les éducatrices du Foyer Educatif Picard.

Tajamul et moi nous sommes rencontrés il y a 7 ans. Depuis, nous nous sommes adoptés, je suis devenu son père, il est devenu mon fils.

Taj m’a souvent demandé de faire un film avec lui, sur la réalité de ce qu’il a vécu comme tant d’autres, et dont il veut porter la parole. Il souhaitait qu’on sorte du traitement journalistique pour prendre le temps de parler, de dire une vérité du trajet, de sa brutalité, de son inhumanité.

J’ai longtemps résisté car je ne pensais pas être capable de porter cette parole-là. Et finalement je me suis laissé convaincre. Avec Tajamul et Henri Desaunay, le chef opérateur, nous sommes partis de France pour traverser la Suisse, l’Autriche, la Hongrie, la Serbie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie, l’Iran et finalement "retourner" en Afghanistan.

Vidéo: Dans le Parc Victoria à Athènes.

Dans le film Taj raconte, explique, montre. Le film suit son trajet, suit ses traces, on ne le quitte pas d’un pas. Il déroule, avec ses mots, et aussi à travers de nombreuses rencontres, le fil de ce qu’il a vécu : l’espoir fou qui l’a porté, mais aussi la peur, la tristesse, la violence; les kidnappings, la prison, les naufrages, les coups, les camions, la clandestinité, la faim, la solitude, la mort…

Mais Taj n’est pas triste. Il ne se plaint pas. Comme il le dit: « moi, je suis arrivé quelque part.» Alors s’il est en colère, s’il est politique, c’est pour dénoncer ce qui se passe maintenant.

Vidéo: Le "quartier" afghan à Téhéran.

Il estime qu’il est de son devoir de prendre la parole, pour celles et ceux qui n’en ont plus, pour celles et ceux à qui on n’accorde même pas le droit d’être des humains et de s’exprimer.

Aujourd’hui Taj a 21 ans, il aime les fringues, la fête, il chante des chansons d’Ahmad Zahir, de Black M, et de Bertrand Belin; il aime Simone Veil, le Commandant Massoud, les belles voitures, la démocratie, Bollywood et la liberté.

Le film est aussi le portrait d’un jeune homme d’aujourd’hui, qui porte en lui quelque chose du chaos du monde.

Bio: Suite à des études à l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (IDHEC), Dominique Choisy a fait quelques courts métrages, puis a écrit et réalisé trois longs métrages de fiction: Confort Moderne (2001), Les Fraises des Bois (2011) et Ma Vie avec James Dean, sorti le 23 janvier 2019. Le Film de Tajamul est son premier documentaire de long-métrage, soutenu par le CNC, par Les Images de la Diversité, et par la SCAM-Brouillon d'un rêve. Dominique est également en cours d'écriture de son prochain long-métrage de fiction, Les Mains d'Eddy, qui a obtenu la bourse Beaumarchais SACD, ainsi que l'aide à l'écriture Pictanovo de la région Hauts de France.

Le Film de Tajamul / Tajamul's Movie

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