Les balcons de Prométhée

De l'Anatolie au Karakorum, raconter le quotidien de l'Asie centrale via des reportages et un blog

Visuel du projet Les balcons de Prométhée
Réussi
49
Contributions
30/01/2014
Date de fin
5 036 €
Sur 5 000 €
101 %

Les publications

<div> Chers ami-e-s,&nbsp;</div> <div> &nbsp;</div> <div> Quelques nouvelles depuis le Caucase. Ces nouvelles sont un peu particuli&egrave;res car, comme vous l&#39;avez surement remarqu&eacute;, mon blog ne se remplit gu&egrave;re et je veux vous expliquer pourquoi.&nbsp;</div> <div> &nbsp;</div> <div> Je suis en Arm&eacute;nie depuis 2 mois et demi. Me retrouver bloqu&eacute; m&rsquo;a amen&eacute;, au fur et &agrave; mesure que la dynamique du voyage s&#39;est logiquement effrit&eacute;e, &agrave; me poser un certain nombre de questions quant &agrave; notre projet et au journalisme que je veux pratiquer. Ces questions devenant de plus en plus importantes, je suis rest&eacute; plus longtemps pour y voir plus clair. Et c&rsquo;est pour &ccedil;a que mon travail a &eacute;t&eacute; laborieux et que mon blog ne s&#39;est gu&egrave;re &eacute;toff&eacute;. J&rsquo;aimerais vous faire part de ces r&eacute;flexions personnelles car elles vont modifier la suite du projet. Et comme vous y avez grandement contribu&eacute;, je veux &ecirc;tre tout &agrave; fait sinc&egrave;re avec vous.&nbsp;</div> <div> &nbsp;</div> <div> Je me suis rendu compte ces derni&egrave;res semaines que le fait d&rsquo;&eacute;crire des reportages sur des sujets comme les syriaques du Kurdistan turc ou sur un groupe couchsurfing &agrave; Istanbul est certes int&eacute;ressant pour moi (et je l&rsquo;esp&egrave;re pour vous aussi) mais manque de profondeur. Ce voyage &agrave; travers l&rsquo;Asie centrale a pour but de faire d&eacute;couvrir cette r&eacute;gion et certaines des probl&eacute;matiques majeures qui la touche, notamment le rapport des habitants &agrave; l&#39;&eacute;tranger proche, &agrave; l&#39;alt&eacute;rit&eacute;. Comme vous le savez, mon objectif &agrave; l&rsquo;issue de ce voyage &eacute;tait de m&rsquo;installer au Kirghizistan, &agrave; Bishkek, et de tenter de piger pour des journaux francophones. On a douch&eacute; mes espoirs ces deux derni&egrave;res semaines. Pour faire court : les journaux fran&ccedil;ais ne sont int&eacute;ress&eacute;s dans cette r&eacute;gion que par les d&eacute;m&ecirc;l&eacute;s de Gulnara Karimov avec la justice suisse ou par l&rsquo;implantation des entreprises fran&ccedil;aises au Kazakhstan.</div> <div> &nbsp;</div> <div> Mes interlocuteurs au Monde (j&rsquo;ai aussi contact&eacute; le Figaro, le Temps et Lib&eacute;) ont tous montr&eacute; une curiosit&eacute; intellectuelle pour des questions comme les relations entre Kirghizes et Ouzb&egrave;kes &agrave; Och (pogroms 2010) ou sur l&rsquo;irr&eacute;dentisme pamiri, mais ils m&rsquo;ont tous assur&eacute; que leurs journaux n&rsquo;ont pas les moyens d&rsquo;acheter des piges sur cette r&eacute;gion et que finalement &ccedil;a ne les int&eacute;resse pas tant que &ccedil;a parce que l&#39;Europe n&#39;a pas d&#39;int&eacute;r&ecirc;t direct l&agrave;-bas. De plus j&#39;ai contact&eacute; quelques blogueurs/journalistes ind&eacute;pendants qui ont tent&eacute; de s&#39;installer en Asie centrale et de piger. Aucun n&#39;a r&eacute;ussi &agrave; en vivre, et tous ont du d&eacute;m&eacute;nager apr&egrave;s quelques temps.&nbsp;</div> <div> &nbsp;</div> <div> Je me suis donc demand&eacute; si je ne pourrais pas trouver un travail en Asie centrale, &agrave; l&rsquo;issue du voyage, et garder du temps pour suivre des sujets qui me tiennent &agrave; c&oelig;ur, quitte &agrave; ce qu&rsquo;ils terminent simplement sur un blog. Pour &ecirc;tre parfaitement franc : &ccedil;a ne m&rsquo;enchante pas. Je n&rsquo;ai pas encore envie d&rsquo;abandonner l&rsquo;espoir de pouvoir vivre du journalisme. Et surtout, je me rends compte que partager une passion pour une r&eacute;gion est bien beau mais il manque une dimension citoyenne/&quot;militante&quot; &agrave; cette ambition.</div> <div> &nbsp;</div> <div> Enfin et surtout, j&rsquo;ai pris conscience que le format de ces reportages ne me correspond pas. Je ne me sens pas &agrave; l&rsquo;aise dans un papier de 5000/7000 signes. J&rsquo;ai envie d&rsquo;approfondir d&rsquo;avantage les sujets, tant dans le fond que dans le temps. &nbsp;Et je voudrais travailler sur des th&egrave;mes plus sensibles et porteurs d&rsquo;enjeux plus complexes que le retour des syriaques au Kurdistan turc. Par exemple: &nbsp;industrie mini&egrave;re, corruption, responsabilit&eacute; des corporations dans des d&eacute;gradations environnementales, transparence des m&eacute;canismes politiques etc. En bref, je veux me diriger vers du journalisme d&rsquo;investigation. Je veux donner d&rsquo;avantage de sens politique et humain &agrave; mon travail et laisser les nomades Kirghizes &agrave; ceux qui auront un int&eacute;r&ecirc;t visc&eacute;ral pour eux. Je voudrais participer &agrave; ma modeste &eacute;chelle &agrave; la surveillance de tout ce qui menace la construction de soci&eacute;t&eacute;s d&eacute;mocratiques, transparentes et respectueuses des individualit&eacute;s.&nbsp;</div> <div> &nbsp;</div> <div> Reste que je dois faire mes preuves. Si le journalisme est d&eacute;j&agrave; un milieu ferm&eacute;, le journalisme d&rsquo;investigation l&rsquo;est encore d&rsquo;avantage. J&rsquo;aurai &agrave; partir du mois d&#39;ao&ucirc;t la possibilit&eacute; de le faire dans le cadre d&rsquo;un projet en Arm&eacute;nie. Ce projet, sur lequel je commence &agrave; travailler avec un ami journaliste et une Arm&eacute;nienne environnementaliste, a pour objectif de r&eacute;aliser un documentaire de 52 minutes sur l&#39;industrie mini&egrave;re en Arm&eacute;nie. Le projet se concr&eacute;tisera par un documentaire et un site web contenant l&#39;ensemble de l&#39;enqu&ecirc;te (documents publics ou devant &ecirc;tre rendus publics pour l&#39;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral, interviews, datas, etc).&nbsp;</div> <div> &nbsp;</div> <div> En attendant ao&ucirc;t, parce que je n&#39;aime pas laisser les choses inachev&eacute;es, je vais bient&ocirc;t repartir pour l&rsquo;Asie centrale. Je dois d&rsquo;abord d&eacute;blayer la documentation pour le projet en Arm&eacute;nie. En Asie centrale, je ne sortirai pas une liste astronomique de sujets. Je vais me concentrer sur deux sujets principaux. L&rsquo;un d&rsquo;entre eux sera la mine de Kumtor. Cette mine est situ&eacute;e &agrave; 4000m d&rsquo;altitude &agrave; quelques encablures de la fronti&egrave;re chinoise. Les habitants des environs d&eacute;clarent r&eacute;guli&egrave;rement avoir des probl&egrave;mes de sant&eacute; ; les eaux sont effectivement pollu&eacute;es. Kumtor concentre en elle-m&ecirc;me plusieurs enjeux : corruption des &eacute;lites kirghizes, d&eacute;gradation environnementale, pillage des ressources naturelles, transfert pricing etc.&nbsp;</div> <div> &nbsp;</div> <div> L&rsquo;autre sujet n&rsquo;est pas encore compl&egrave;tement d&eacute;termin&eacute;. Je devrais &eacute;galement passer en Ouzb&eacute;kistan, ayant promis &agrave; ma marraine du Monde (Florence Beaug&eacute;) de lui &eacute;crire un papier sur Samarcande, demi centre du monde. Et &eacute;galement au Tadjikistan.&nbsp;</div> <div> &nbsp;</div> <div> Je vous ai &eacute;crit ce long mail parce je voulais vous expliquer mes questionnements de ces deux derniers mois. Je tiens &agrave; &ecirc;tre sinc&egrave;re avec vous. A travers ce projet je cherchais la forme de journalisme qui me corresponde. En voulant travailler sur le rapport &agrave; l&#39;alt&eacute;rit&eacute; en Asie centrale, je pensais que je trouverais mon chemin journalistique. Il s&#39;av&egrave;re que je me suis tromp&eacute; : trop bancale, trop &quot;gentil&quot;.&nbsp;</div> <div> &nbsp;</div> <div> Je suppose qu&rsquo;il y aura surement des r&eacute;actions parmi vous. Quelles soient ulc&eacute;r&eacute;es ou enthousiastes, faites m&#39;en part, s&#39;il vous plait!&nbsp;</div> <div> &nbsp;</div> <div> Mes amiti&eacute;s,&nbsp;</div>
<p> Le Monde a publi&eacute; aujourd&#39;hui un article sur son site web sur la &quot;tradition&quot; de lib&eacute;ration de prisonniers politiques en Ouzb&eacute;kistan :&nbsp;<a href="http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/12/12/l-ouzbekistan-amnistie-des-milliers-de-prisonniers_4333570_3216.html">http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/12/12/l-ouzbekistan-amnistie-des-milliers-de-prisonniers_4333570_3216.html</a>.</p> <p> Ma surprise a &eacute;t&eacute; de taille lorsque j&#39;ai d&eacute;couvert la maigreur de cette reprise de d&eacute;p&ecirc;che AFP. Un fait banal, brute. Aucune enqu&ecirc;te de fond, aucune r&eacute;flexion, interrogation sur ces prisonniers politiques... &Eacute;tonnant par exemple qu&#39;on ne s&#39;interroge pas sur les raisons de cette amnistie : les prisons sont elles pleines? Comment se fait il que chaque ann&eacute;e des milliers de prisonniers politiques soient lib&eacute;r&eacute;s : y en a t&#39;il autant que &ccedil;a qui croupissent dans les ge&ocirc;le de Karimov?&nbsp;</p> <p> Qui sont ces prisonniers politiques? Quelle mention de la r&eacute;pression f&eacute;roce qui touche tous les opposants au r&eacute;gime, des d&eacute;mocrates aux islamistes, faisant le jeu de ces derniers?&nbsp;</p> <p> Sait on par exemple, que sur quelques 8 000 prisonniers politiques (selon Human Rights Watch), ils seraient 5 000 &agrave; &ecirc;tre membre du parti islamiste Hizb ut Tahrir? comment se fait il que ce parti attire autant de personnes, et fasse les frais d&#39;une telle r&eacute;pression?</p> <p> Autant de questions qui m&eacute;riteraient d&#39;&ecirc;tre creus&eacute;es? La vie en Ouzb&eacute;kistan est tr&egrave;s loin des milles et unes nuits, de Marco Polo et des magnifiques mosa&iuml;ques de Boukhara, que nous vantent les voyagistes! Une raison de plus pour m&#39;aider &agrave; financer des reportages dans ces pays ! Nous en sommes presque &agrave; 20%, faites circuler les ami-e-s !</p>