Benjamin de Roubaix
@ Paris, France
Je suis né le 6 mai 1975 à Paris dans le 16e arrondissement, d’une mère danseuse péruvienne, Rosario Luna, et d’un père musicien français, François de Roubaix. Quand je suis né, mon père avait déjà composé la musique de nombreux films français, comme Les Grandes Gueules, Les Aventuriers, Le Samouraï, La Scoumoune ou encore Le Vieux Fusil, premier César de la meilleure... Voir la suite
Biographie
Je suis né le 6 mai 1975 à Paris dans le 16e arrondissement, d’une mère danseuse péruvienne, Rosario Luna, et d’un père musicien français, François de Roubaix. Quand je suis né, mon père avait déjà composé la musique de nombreux films français, comme Les Grandes Gueules, Les Aventuriers, Le Samouraï, La Scoumoune ou encore Le Vieux Fusil, premier César de la meilleure musique originale. Il allait très certainement en écrire d’autres, mais malheureusement un accident de plongée aux Canaries l’en a empêché. François de Roubaix est mort dans l’eau et dans le sable le 21 novembre 1975, laissant derrière lui de nombreux projets avortés, de nombreux parents et amis endeuillés, ainsi que deux orphelins de père, ma demi-sœur Patricia et moi. J’étais avec ma mère sur le bateau de plongée ce jour-là. Je n’avais que six mois et demi, je ne m’en souviens donc pas, mais j’imagine parfois la baie de Tenerife, la mer d’huile, le soleil de fin de journée et le capitaine du bateau disant à ma mère : « Il n’y a plus d’air dans les bouteilles, ils auraient dû remonter… ». Les secours arrivèrent le soir même et ne repêchèrent les deux corps que le lendemain matin. On ne vit pas sans air. Mon père est enterré dans le cimetière d’Arona, sur une petite île espagnole au milieu de l’Atlantique. Mais la vie reprend son cours et ses droits. Après mon deuxième anniversaire, ma mère et son nouveau compagnon décident de partir vivre dans le Sud, à Cannes d’abord, où ils se marièrent, puis à Mougins, dans une maison à côté de celle des Picasso, et enfin à Nice. C’est dans ce Sud-là que je grandis, c’est à Nice que je soufflerai mes premiers airs au trombone, vers l’âge de 11 ans. Ce trombone sur lequel j’ai commencé, et sur lequel je joue encore aujourd’hui, est celui dont j’ai hérité de François. Un Bach, Stradivarius model 16, idéal pour le jazz et l’improvisation. Mon beau-père Pancho, lui-même musicien, m’encourage à en jouer mais j’abandonne très vite, préférant le foot à cet instrument qui me fait tourner la tête. Je reprends cependant la musique avec la basse électrique à l’âge de 14 ans et je commence à jouer en public avec un groupe de rap niçois. Pancho Blumencweig, enseignant et multi-instrumentiste argentin (trombone, contrebasse, piano) a commencé la musique à Buenos Aires avec Lalo Schifrin et Gato Barbieri. Il joua un vrai rôle de père pour moi et fut mon premier tuteur musical en me faisant jouer des blues et des standards de jazz avec ses élèves. En 1992, nous quittons la Côte d’Azur pour Madrid. J’y ferai mes deux dernières années de lycée et y monterai un groupe de funk en tant que bassiste. Après le baccalauréat, je m’installe à Paris pour étudier la psychologie. J’habite pendant une année chez mes grands-parents paternels, les parents de François : Mima et Paul de Roubaix. C’est une année qui me permet de faire plus ample connaissance avec mon histoire et ma famille paternelle. Mais vers dix-neuf ans, après une année de faculté pas très convaincante, je me rends à l’évidence : je veux devenir musicien. Je pars ainsi vers le Sud-Ouest de la France, bien décidé à apprendre le trombone. J’y resterai quatre ans et y trouverai un maître en la personne de Jean-Pierre Albouy, professeur dans le Tarn et membre des fameux Sacqueboutiers de Toulouse. Jouer sur des instruments anciens, déchiffrer de vieilles partitions, accompagner des chanteurs baroques dans des églises glacées, tout cela aura été une vraie formation pour moi. Le devoir m’appelant, je n’ai plus le choix que de faire mon service militaire, surtout quand on me propose de le faire dans une fanfare et, qui plus est, à Tahiti ! J’y passe une année incroyable bien que militaire et y fais d’importants progrès au trombone, puisque j’y obtiendrai mon diplôme de fin d’études. Le retour à Paris est difficile et le souvenir d’une année dans les îles me décide à y repartir. Cette fois, je resterai six mois dans l’île de Cuba grâce à mon pécule militaire. J’y étudierai la percussion, le chant, la guitare et le tres, en bref : la musique populaire cubaine. Nouveau retour à Paris avec la ferme intention d’y monter un groupe de salsa. Salsafran verra le jour, avec de nombreux concerts et un single phare qui me permet de rentrer à la SACEM comme compositeur : "Quelle mouche ?", dont l’auteur n’est autre que mon demi-frère Fabrice Toledano, est un coup de cœur de Radio Latina, qui le diffuse fréquemment. La mort de mes grands-parents Mima et Paul sera, avec son lot de tristesse, un nouveau catalyseur pour voyager et étudier. Étant déjà inscrit à l’American School of Modern Music de Paris, je décide de partir étudier au célèbre Berklee College of Music de Boston, car les deux écoles sont en lien étroit. C’est dans ce temple de l’enseignement musical que je décide très naturellement d’étudier la composition et la musique de film. J’ai choisi cette direction - je m’en rends compte aujourd’hui - davantage pour comprendre ce à quoi était confronté mon père François de Roubaix que par vocation. En effet, aux Etats-Unis (comme en France, d’ailleurs), il s’agit d’un milieu très compétitif avec une pression très forte pour le musicien sur qui repose l’habillage d’un film. Après avoir obtenu mon diplôme à Boston, je pars travailler à Los Angeles, à la fois comme enseignant dans les quartiers sensibles et comme assistant compositeur. De retour à Paris, je serai ponctuellement orchestrateur pour Armand Amar et assistant musical d’Eric Serra. J’ai rencontré le pianiste Alexandre Saada en 2008, lors d’une master class de musique de film dirigée par Jean-Claude Vannier au festival d’Auxerre. Alexandre et moi y avons rapidement sympathisé et nous sommes revus ensuite pour jouer plusieurs fois avec Jean-Daniel Botta et Laurent Sériès. Nous avons notamment joué au Café Central de Bruxelles lors d’une fête autour de la publication d’un album vinyle de François de Roubaix, L’Antarctique, par le label belge WéMè Records. Nous avons également joué lors de soirées privées et pour des vernissage de différents peintres. C’est ainsi qu’est née l’idée d’enregistrer un album autour de reprises de François de Roubaix et de mes propres compositions. L'album L'homme des sables fut ainsi le fruit de cette rencontre entre Alexandre, Jean-Daniel, Laurent et moi, mais aussi une aventure musicale liée au cinéma et, bien sûr, un hommage à mon père François, homme que j’ai si peu connu et à qui le musicien et la personne que je suis doivent tellement. Je me lance aujourd'hui, à quarante ans, dans un projet de disque de chansons. De fait, j'ai commencé la chanson assez tôt, vers 20 ans, et elle m'a toujours accompagné, mais jamais je ne m'étais investi dedans autant que pendant l'année 2015. Cet album verra le jour en 2016 et sera pour moi l'aboutissement d'un long processus qui m'a guidé depuis le rap et le funk, en passant par le jazz et la salsa puis la musique de film, pour enfin aboutir à ma façon à cet "art mineur", pour citer Serge Gainsbourg.