Dualité céramique, par Manon

On dit souvent que c'est à travers les épreuves difficiles de la vie que l'on se découvre... Je dois bien avouer que ce n'est pas totalement faux ! Dès mes premiers contacts avec la terre, il s'est passé quelque chose. Vous savez, ce petit quelque chose que l'on ressent au fond de soi, excitant et terrifiant à la fois ? Il y a quelques mois, j'ai pris un cours particulier de céramique. Depuis, je m’y suis mise de manière intensive et ce petit quelque chose n'a cessé de grandir. Aujourd'hui, j'ai l'envie d'être autonome dans ma pratique et de pouvoir m'adonner pleinement à cette passion nouvelle, de pouvoir créer, d'essayer, de me planter, de réussir et de laisser aller mes envies et ma créativité. Eh oui, je sens que quelque chose bouillonne en moi mais pour cela, j'ai besoin de vous. La dualité, entre complémentarité et équilibre. Pour la céramique au tour de potier, il y a une règle de base : les mains doivent toujours se toucher afin de trouver l’équilibre. Elles travaillent ensemble, jamais l’une contre l’autre. Il faut arriver à doser la force mise dans chaque main et ce, jusqu'au bout des doigts. Le fait de penser avec ses mains prend alors tout son sens. Cette quête permanente d’équilibre est essentielle pour créer des pièces harmonieuses en céramique. Mais la dualité, c’est bien plus qu'une simple technique de travail : c’est aussi une symbolique forte de complémentarité. La vie est faite d'équilibres à trouver, de dualités et parfois d’extrêmes à concilier. Comme le Yin et le Yang, dans lequel la force et le calme ne font qu’un. En choisissant ce nom pour mon atelier, j'ai voulu rendre hommage à cette philosophie de la dualité, qui fait partie de moi et de ce que je suis. J’aimerais que chaque pièce que je crée en soit le reflet et unique. Me fixer des objectifs à moyen et long terme Ce n'est pas évident pour moi de mettre par écrit mes objectifs à moyens et longs termes par crainte de ne pas les atteindre. Cependant, c'est un exercice qui me sort de ma zone de confort, dont j'ai envie et besoin. Au fond, qu'est-ce que je risque ? Au pire, rien, au mieux, que cela fonctionne et cela restera quoiqu’il arrive une belle aventure humaine. Objectif 1.0 : Je veux pouvoir profiter pleinement d'un matériel de qualité pour poursuivre ma formation et créer des objets du quotidien ( tasses, mugs, bols, assiettes, pots de fleurs,...) de manière sereine et apaisée. J’ai à cœur de me lancer dans ce projet de manière consciencieuse et rigoureuse et surtout, de prendre le temps. Dès lors, cette étape est importante car mieux vaut tarder à se lancer que tarder après s’être lancée. Une fois installée dans mon atelier qui se situera dans la province de Liège et le matériel apprivoisé, je souhaite passer à la vente de mes pièces à travers un concept que je garde secret pour le moment (il faut bien teaser l'audience un minimum !). Néanmoins, je peux déjà vous dire que les notions de plaisir, d’éco-responsabilité, du « less is more » et du partage seront au cœur de ma pratique. Je suis bien consciente de la difficulté de vivre de la céramique et je veux que dans un premier temps, il s’agisse d'une activité complémentaire qui reste un plaisir avant tout, en mettant à distance toute forme de pression et d’obligation. Partir d’une boule de terre pour aboutir à une pièce finie représente pour moi un moment d’apaisement, un moment suspendu et un réel retour à l’essentiel que je souhaite partager. Objectif 2.0 : Bon, on s'emballe un peu ? Le rêve ultime à long terme : poursuivre mon activité de vente de mes pièces à travers mon concept et créer une ASBL. L'idée serait d'offrir un espace accueillant et bienveillant avec comme fil rouge l'inclusion. Ainsi, je proposerai des moments de partage en toute sérénité et confiance autour de la céramique en permettant aux personnes en situation de précarité et aux minorités de genre qui en ressentent le besoin d'avoir un moment à soi pour créer ou non quelque chose. La céramique, le partage, l’écologie et le circuit court Ces trois piliers se déclinent de la manière suivante dans ma pratique : - Achat du matériel : je privilégie au maximum l’achat du matériel sur place, en Belgique avec la priorité d’acheter auprès de fabriquant belge ; - Création de mon atelier : J’aime bricoler en récupérant des matières premières qui ne sont plus vendables ou encore de détourner des objets du quotidien chinés dans les magasins de seconde main. Mon objectif est de créer mon atelier en récupérant, bricolant et en étant inventive ; - Packaging et emballage : il est vrai que c’est toujours agréable lorsque l’on reçoit une pièce ou lorsque l’on souhaite offrir un objet d’avoir un joli emballage. Cependant, je pense qu’il est facile de limiter son impact écologique à ce niveau. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas investir mais plutôt de recycler ce qui existe déjà ; - Consommation d’énergie : Le tour de potier ainsi que le four sont énergivores, c’est indéniable. C’est pourquoi, ils seront alimentés grâce à des panneaux solaires ; - Recycler la terre : La création d’une pièce engendre des chutes de terre assez importantes. Avoir de la rigueur et une bonne organisation permet de recycler au maximum sa matière première. A cet égard, je me formerai en ce sens pour limiter au maximum mes déchets ; - La vente en direct : je veux privilégier la vente en direct à travers des ventes privées, soirées à domicile, événements, marchés, restaurateurs,... En effet, je veux éviter tant que se peut l’envoie de colis par la poste et j’ai à coeur de maintenir le lien, favoriser l’échange afin de garder une approche humaniste de ma pratique - Le partage : Une fois installée, j’ouvrirai mon atelier à d’autres céramistes en herbe, qui savent travailler de manière autonome afin de faire profiter la communauté d’un matériel de qualité, de pouvoir échanger sur nos pratiques, avec une approche basée sur l’entraide et le respect.