Edition critique de la Correspondance de Léon Plantié à sa femme (1914-1917) by cecileplantie

<p style="margin-bottom: 9px; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 1.3em; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); background-color: rgb(255, 255, 255);"> En cette veille de commémoration de l'armistice, il est heureux de pouvoir annoncer que la somme minimale est atteinte! <p style="margin-bottom: 9px; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 1.3em; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); background-color: rgb(255, 255, 255);"> L'argent éventuellement supplémentaire servira à assurer une partie des coûts d'impression, mais passons ces considérations pécuniaires. <p style="margin-bottom: 9px; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 1.3em; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); background-color: rgb(255, 255, 255);">   <p style="margin-bottom: 9px; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 1.3em; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); background-color: rgb(255, 255, 255);"> Oui, demain, nous célébrerons la fin de la Première Guerre mondiale. La publication de ces lettres sera l'occasion d'ajouter une pierre à l'édifice du pacifisme et selon l'expression, certes éculée mais toujours pleine de sens, d'apporter un éclairage pertinent sur notre époque. Car Léon était bel et bien un pacifiste! Alors, parfois à tort et à travers, selon son état de fatigue, son moral, la difficulté de la situation que son régiment occupait, il accusait ceux qui menaient la guerre, ceux qui trouvaient de l'intérêt à la guerre. Mais surtout, il reconnaissait leur qualité d'êtres humains à ceux contre qui il se battait, et plus que tout, il voyait entre eux, une communauté d'intérêt: celles des petits qui n'ont comme seule envie le retour au foyer.  <p style="margin-bottom: 9px; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 1.3em; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); background-color: rgb(255, 255, 255);">   <p style="margin-bottom: 9px; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 1.3em; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); background-color: rgb(255, 255, 255);"> Voici ce qu'il disait dès le 17 décembre 1914: <p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 24px; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); text-indent: 1.5cm; background-color: rgb(255, 255, 255);"> "Ah, tu me parle que je défends la Patrie, et bien, crois-moi, Chère Amie, l’entousiasme que nous avions au départ de Marmande c’est bien éteint, et le le (sic) moral des hommes est bien fatigué. Oui, j’aime ma Patrie, car ma patrie, c’est vous, vous deux que j’aime plus que tout au monde, vous êtes ma petite patrie, mais la grande Patrie, n’en parlons plus, elle devrait être la même pour tout le monde, il devrait y en avoir qu’une, comme il n’y à qu’un genre humain, enfin crois-tu que les Allemands, comme les Russes, les Anglais et tous enfin, veulent la guerre, non, les hommes, les soldats, ne la veulent pas, car ils aiment eux aussi et sont aimés par leurs familles, alors ils veulent vivre, Ceux qui la veulent et qui la font sont à l’abrit et commande, s’ils veulent la guerre et s’ils la font, c’est pour apaiser leur ambition leur orgueil, Aussi, ces hommes là devrait être tous fusillés, ils devraient tous mourir ; Dis Madeleine, tu crois que si Guillaume tombait entre les mains des femmes françaises et autres aussi, même des Allemandes, crois-tu qu’elles ne lui feraient pas un mauvais parti, moi je crois qu’il passerait un mauvais quart d’heure, Mais vous autres femmes vous n’y pouvez rien n’y nous n’on plus. Alors résignons-nous à souffrir tous ensembles, mais aimons-nous quant même." <p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 24px; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); text-indent: 1.5cm; background-color: rgb(255, 255, 255);">   <p style="margin-bottom: 9px; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 1.3em; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); background-color: rgb(255, 255, 255);">   <p style="margin-bottom: 9px; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 1.3em; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); background-color: rgb(255, 255, 255);"> le 31 août 1915: <p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 24px; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); text-indent: 1.5cm; background-color: rgb(255, 255, 255);"> "Nous sommes tous partis avec des sentiments réellement patriotiques, nous allions défendre nôtre pays, et nous y allions de bon c&oelig;ur, quoique la guerre est toujours triste car entraine Hélas ! de trop graves malheurs ! Mais nous avons été bien désabusés, en voyant que la guerre n’est pour certains qu’un but d’exploitation et que beaucoup en espère des profits scandaleux, tandis que d’autres souffrent dans la misère. Aussi en avons nous tous assez et serions contents de voir arriver la fin au plus vite. Et dire que c’est ceux là, les favorisés, ceux qui s’enrichissent qui crée la guerre à outrance ; Ah s’ils souffrait comme moi et comme tant d’autres, ils changeraient bien vite d’idée, Mais pour la plus part de ceux là, ils ne sont pas éprouvés, ils n’ont personne au front où tout au moins ils ne sont pas au danger. Et voilà ce qu’est le monde, chaquun pense pour soi, sans aucun souci que les autres souffrent, ils n’ont qu’un but, contenter ses idées et ses désirs, pour mieux dire c’est l’égoïsme en plein – et nous les petits nous sommes rien, et comme tu dis – pauvre mouton tu seras souvent tondus" <p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 24px; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); text-indent: 1.5cm; background-color: rgb(255, 255, 255);"> Trois semaines plus tard aura lieu l'attaque sanglante et surtout vaine de Champagne du 25 septembre 1915 de laquelle Léon réchappera notamment grâce à son statut de territorial. <p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 24px; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); text-indent: 1.5cm; background-color: rgb(255, 255, 255);">   <p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 24px; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); text-indent: 1.5cm; background-color: rgb(255, 255, 255);"> Et enfin en décembre 1915 puis à de nombreuses reprises sont évoqués les épisodes des fraternisations dans les tranchées entre soldats français et allemands. L'Etat français, à cette période, procède à une levée de fond pour soutenir l'effort de guerre à laquelle sont fortement opposés les soldats. Pourtant l'emprunt national est une réussite.  <p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 24px; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); text-indent: 1.5cm; background-color: rgb(255, 255, 255);"> le 13 décembre 1915: <p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 24px; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); text-indent: 1.5cm; background-color: rgb(255, 255, 255);"> "Et dire que derrière, ces messieurs, nos amis devenus nos ennemis, pour question d’intérêts où autre chose, nos assassins sans mentir, versent de l’or et de plus, font une propagande ignoble pour le faire verser ; Oui, assassins, et plusieurs fois assassins, au momments où nos soldats esquintés de fatigues de misères et de souffrances morales, ne veulent plus se battre, au momment où d’accord avec les Boches, ils se tendent la main et se disent franchement qu’ils n’en veulent plus, et continuent chaque matin et chaque jour à fraterniser ensemble malgré la défense qui leur à étée faire par nos officiers généraux qui au besoin pour les faire entrer dans leur tranchées et éviter ces relations, n’ont pas hésité à leur faire tirer dessus par l’artillerie qui à déjà fait des victimes" <p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 24px; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); text-indent: 1.5cm; background-color: rgb(255, 255, 255);"> Rappelons qu'à cette époque et dès septembre 1915 la censure était officielle et de tels propos aurait pu l'amener au conseil de guerre... <p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 24px; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); text-indent: 1.5cm; background-color: rgb(255, 255, 255);"> N'oublions pas Madeleine qui elle aussi, n'était pas avare récriminations envers les officiers, qui répond le 17 décembre 1915: <p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; padding: 0px; border: 0px; font-size: 16px; line-height: 24px; font-family: 'Helvetica Neue', Helvetica, Arial, 'Lucida Grande', sans-serif; word-wrap: break-word; color: rgb(68, 68, 68); text-indent: 1.5cm; background-color: rgb(255, 255, 255);"> "Il ma dit lui aussi se que tu me disait sur ta lettre, que les Boches fraterniser avec vous autres, et que l’artillerie vous tirer dessus, pour vous en empêcher. Ah ! tu as bien raison de dire que se sont des assassins et des grand oui, car il ne savent comment faire pour vous détruire a tous. C’est honteux, et bien malheureux mais vous n’y pouvait rien faire, que soufrir pour récompenses."

extrait de lettre du 14 mars 1915: "Je n’ai jamais pensé chère amie, à te demander ce que tu fais de mes lettres, je me suis mis dans l’idée que tu les gardes toute, et sans doute que tu le fais, en effet, plus tard, il me semble que je serais content de repasser ses longues lettres où je te disais toutes les horreurs de la guerre, toutes mes inquiétudes et tout ce que je souffrais de cette longue séparation, et Étienne crois-tu qu’il ne sera pas content lui aussi de les lire ; petit, il les lira pour ses distraire, mais une fois homme il les lira alors pour se faire une idée de ce que c’est que la guerre, de ce qu’un père souffre loin de sa femme et de son enfant et peut-être il apprendra aussi à me connaître et il verra comme je l’aime."   <div class="text_exposed_show"> Sans le savoir, en découvrant ces lettres et en décidant de les rendre publiques, je participais à un voeu déjà énoncé au sein du processus d'écriture: une volonté de conservation, un désir de raconter la souffrance de la séparation. Je dois l'avouer, le travail que je mène, solitaire la plupart du temps, est difficile, par certain moment pénible: j'ai parfois la sensation d'être environnée par les fantômes de l'histoire. Je me promène et vois les stigmates de la guerre partout, repense aux endroits où mes aïeux sont passés. Face au froid, à la faim la plus anodine, à l'endurance physique, j'évoque certains extraits de lettres, ces descriptions ou ces sensations racontés dans l'intimité de la correspondance se rappellent à moi-même et je peine à m'en séparer pour reprendre le cours actuel de ma vie. L'historienne qui travaille avec moi connait les mêmes émotions que moi et savoir qu'une vingtaine de personnes nous soutiennent, sont prêtes à nous apporter un peu d'aide est une vraie chance, cela nous permet de nous sentir moins seules. Je vous remercie donc un peu en avance et espère que ces derniers 300 euros manquants vont arriver et nous permettre d'achever la collecte. </div>

Léon est dans la territoriale, dans les tranchées depuis plus de deux mois à travailler de nuit en première ligne pour la consolidation et l'entretien des "boyaux". Il regrette l'injustice qui règne dans cette guerre dont les décisions sont prises par des personnes qui y ont des intérêts et surtout qui sont toujours hors du danger.   <img alt="24-12-1914_a-1414177360" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/131329/24-12-1914_a-1414177360.jpg" /> <img alt="24-12-1914_b-1414177375" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/131330/24-12-1914_b-1414177375.jpg" />   Les deux époux s'écrivent chaque jour et c'est l'occasion pour Léon de donner de précieux conseils agricoles à Madeleine. L'homme est au front mais l'esprit est auprès des siens toujours inquiets des intempéries, des travaux des champs mais surtout de la santé et du moral de sa "chère petite famille". <img alt="24-12-1914_c-1414177383" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/131331/24-12-1914_c-1414177383.jpg" />

C'est un petit accomplissement de voir qu'aujourd'hui un tiers de la collecte a été réalisé. C'est vrai qu'il ne s'agit pas, à priori, du projet le plus fédérateur qui soit! Des centaines de familles ont en leur possession des documents historiques et patrimoniaux qui dorment au fond de leur tiroir. Bien des livres de correspondances ou de témoignages sont parus, ont été exhumés par des historiens, quelquefois, lus par des passionnés. Et pourtant, évidemment non, le travail sur la guerre 14-18 n'est pas fini! Ce que je propose ici est certes un travail historique mais la valeur que je donne à ces documents dépasse bien cette seule portée. On découvre dans ces 1500 lettres, un pan de l'histoire de l'Europe par la petite lucarne: la vie quotidienne à l'arrière, dans les travaux des champs mais surtout sur le front, dans l'armée territoriale. Chaque lettre est un moyen de mieux saisir cette réalité perdue, les spécificités de la vie rurale Lot-et-Garonnaise comme la situation particulière des hommes de l'ombre que sont les "vieux territoriaux". Ces documents nous donnent accès à des modalités de correspondance originales grâce aux nombreuses lettres "doubles" sur lesquelles les deux membres du couple se répondent sur le même document. Ainsi, les lettres de Madeleine constituent une des nombreuses originalités de cette correspondance.   Mais surtout, ces documents sont l'occasion de découvrir un couple, leur amour, la tendresse qu'il se porte, leur vie quotidienne. Ces lettres attestent de la présence, de l'existence de ces vies minuscules, du passage des hommes sur la terre, de ces vies de peu qui ont été traversées par la guerre.   Léon Pierre Plantié, comme tant d'autres hommes, n'était pas un héros, il faisait son devoir et plus le temps avançait, plus il exécrait son devoir. A la guerre, il a haï son pays, il en a voulu aux hommes qui le gouvernaient, il reconnaissait aux Allemands leur qualité d'être humain. Plus que tout, il souhaitait que la guerre s'arrête. Alors, comme tant d'autres avec lui, il s'est mis à écrire. Dans ce réconfort que constitue la lettre, il a trouvé une échappatoire, quelque chose à quoi se raccrocher.   Grâce à ces lettres, j'ai l'occasion, cent ans après, de rencontrer un homme, quelqu'un qui, tout simplement, a quelque chose à dire. C'est avec douceur que je recueille ces paroles qui me viennent de si loin. Mon travail est désormais de faire vivre cette mémoire et de faire entendre cette parole. Votre aide me permet de le réaliser, c'est pour cela que je me devais dores et déjà de vous remercier !

Edition critique de la Correspondance de Léon Plantié à sa femme (1914-1917)

The publications