Parcours majeurs

Un livre sur les parcours de mineurs migrants entre l'Afrique et la France

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03/10/2019
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Parcours majeurs

<p>A Toulouse, depuis mi-octobre 2017, de jeunes migrants mineurs isol&eacute;s, la plupart en provenance d&#39;Afrique de l&#39;Ouest et &agrave; 95 % des gar&ccedil;ons, squattent un ancien h&ocirc;tel de passe, en attente d&#39;un statut ou d&#39;un accueil p&eacute;renne, accompagn&eacute;s dans leurs d&eacute;marches par un collectif compos&eacute; de pr&egrave;s de 80 b&eacute;n&eacute;voles, AutonoMIE.</p> <div class="k-ResponsiveIframeContainer"><iframe allow="autoplay; fullscreen" allowfullscreen="true" frameborder="0" height="281" scrolling="no" src="https://cdn.embedly.com/widgets/media.html?src=https%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fembed%2FTbg140PT2Hk%3Ffeature%3Doembed&amp;url=http%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3DTbg140PT2Hk&amp;image=https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FTbg140PT2Hk%2Fhqdefault.jpg&amp;key=8b7d8dd6504d41af9a77662672aabc2a&amp;type=text%2Fhtml&amp;schema=youtube" width="500"></iframe></div> <p>Journaliste pour la presse &eacute;crite (Le Monde, Reporterre, revue Far Ouest...), j&#39;observe et &eacute;cris des articles, depuis le mois de d&eacute;cembre 2017, accompagn&eacute; du photographe Ulrich Lebeuf (agence MYOP), sur l&#39;&eacute;volution de la vie dans ce lieu, mais aussi dans d&#39;autres d&eacute;partements : l&#39;organisation quotidienne, le travail des b&eacute;n&eacute;voles, comment s&#39;y nourrir, comment r&eacute;partir les chambres en tenant compte d&#39;un turn-over important. J&#39;y ai recueilli les t&eacute;moignages de nombreux de ces jeunes, sur leurs parcours respectifs (parfois longs de trois ans !), sur leurs gal&egrave;res, leurs espoirs. Pourquoi sont-ils partis de leur pays, dans quel but, dans quelles conditions ?<br /> &nbsp;</p> <p><strong>Reportages d&eacute;j&agrave; parus :</strong></p> <ul> <li><a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2017/11/30/l-etoile-de-tunis-squat-precaire-pour-les-mineurs-isoles-etrangers-a-toulouse_5222619_3224.html" target="_blank">L&rsquo;Etoile de Tunis, squat pr&eacute;caire pour les mineurs isol&eacute;s &eacute;trangers &agrave; Toulouse. Le Monde du 30 novembre 2017</a></li> <li><a href="https://reporterre.net/L-Atlantique-engloutit-Saint-Louis-du-Senegal-et-ses-quartiers-de-pecheurs" target="_blank">L&rsquo;Atlantique engloutit Saint-Louis du S&eacute;n&eacute;gal et ses&nbsp;quartiers de&nbsp;p&ecirc;cheurs. Site Reporterre du 29 novembre 2018</a></li> </ul> <p>L&#39;id&eacute;e est de d&eacute;crire cette situation, nourrie de nombreux t&eacute;moignages, et de suivre ensuite leurs trajets respectifs. Vont-ils obtenir des papiers, &ecirc;tre scolaris&eacute;s, accueillis en foyer, ou bien rejet&eacute;s &agrave; la rue...</p> <p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/605415/27971712_10156134205919116_3187984895706084810_n-1562143004.jpg" width="100%" /></p> <p>J&#39;ai rencontr&eacute; des jeunes originaires de villages africains (notamment au S&eacute;n&eacute;gal), dans lesquels je me suis rendu aux mois d&#39;octobre et novembre 2018 pour y d&eacute;crire le quotidien, la structure familiale et ses &eacute;volutions, la mis&egrave;re, l&#39;&eacute;ducation, le climat, la guerre dans les pays voisins parfois : tenter de cerner les raisons de ces exils en r&eacute;alit&eacute;. Mais aussi partir &agrave; la rencontre de leurs familles, de leurs parents pour les faire t&eacute;moigner.</p> <p>Ces jeunes en provenance de C&ocirc;te d&#39;Ivoire, S&eacute;n&eacute;gal, Mali, Guin&eacute;e-Conakry ou Cameroun se retrouvent &agrave; la rue par manque de structures d&#39;accueil. Cela r&eacute;v&egrave;le la difficult&eacute; pour les collectivit&eacute;s et l&#39;Etat de trouver des solutions, et des budgets, pour les accueillir, sans statut officiel.</p> <p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/605416/27972528_10156134205924116_1964622855856735296_n-1562143019.jpg" width="100%" /></p> <p>&nbsp;A ce jour, l&#39;Aide Sociale &agrave; l&#39;Enfance (ASE) est assur&eacute;e par les d&eacute;partements et concerne les mineurs fran&ccedil;ais mais aussi &eacute;trangers.&nbsp;</p> <p>Ce sont tous des enfants polytraumatis&eacute;s, esseul&eacute;s, qui ont du&nbsp;quitter leurs familles, voyager gr&acirc;ce aux passeurs pay&eacute;s grassement, ont travers&eacute; le d&eacute;sert ou la M&eacute;diterran&eacute;e, dans des conditions parfois dantesques.</p> <p>Sous la forme d&#39;un reportage-r&eacute;cit, m&ecirc;lant entretiens, ambiances et chiffres-cl&eacute;s sur cette probl&eacute;matique, je me propose de raconter l&#39;une des probl&eacute;matiques majeure de ces temps : comment accueillir, aussi dignement que possible, le raz-de-mar&eacute;e annonc&eacute; d&#39;une jeunesse africaine qui r&ecirc;ve toujours d&#39;Europe.<br /> Dans ce sens, l&#39;id&eacute;e de se rendre &agrave; nouveau en 2019 dans au moins un pays concern&eacute;, me semble primordiale pour aborder les d&eacute;sirs crois&eacute;s, les liens entretenus, les raisons invoqu&eacute;es pour entreprendre de tels voyages. Plusieurs &eacute;diteurs sont en cous de contact dont Actes Sud qui s&#39;est montr&eacute; tr&egrave;s int&eacute;ress&eacute;.</p> <p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/605417/27972050_10156134205979116_4489091869147420882_n-1562143038.jpg" width="100%" /></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:center"><strong>EXTRAIT&nbsp; DU LIVRE</strong></p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>1/ Un vol d&rsquo;&eacute;tourneaux</strong></p> <blockquote> <p>Ils sont arriv&eacute;s comme un vol d&rsquo;&eacute;tourneaux dissip&eacute;s mais unis, venus picorer le lunch &eacute;tal&eacute; sous les lumi&egrave;res verd&acirc;tres du petit h&ocirc;tel-restaurant. Une demi-heure plus tard, ils disparaissaient, dans le silence. Laurent, vieux copain journaliste dans le d&eacute;partement, m&rsquo;avait invit&eacute; ce soir-l&agrave; au restaurant. Coinc&eacute; entre un rond-point banal et une zone commerciale anarchique, aux portes de Rodez, Aveyron. Une invit&rsquo; au mois de novembre dans un Campanile, c&rsquo;est pour le moins inhabituel. Il y avait anguille sous roche. &laquo;&nbsp;<em>Viens, on va bouffer l&agrave;-bas ce soir, je veux te montrer un truc&hellip;on va s&ucirc;rement &laquo;&nbsp;les&nbsp;&raquo; rencontrer, mais c&rsquo;est toi qui cause, hein&nbsp;!!&nbsp;&raquo;. </em>Plumitif tr&egrave;s habile, mais r&eacute;serv&eacute; comme une tortue des Gal&aacute;pagos, Laurent avait pouss&eacute; le retrait du monde jusqu&rsquo;&agrave; habiter dans un village perch&eacute; sous un rocher qui faisait office de cul-de-sac, surplombant une de ces vertes vall&eacute;es qui vous font aimer la campagne, au moins en &eacute;t&eacute;. Un bled de quarante habitants, mais le plus beau trou-du-cul du monde. En hiver, sa route &eacute;tait tout le temps coup&eacute;e par la neige. Au moins, on ne le d&eacute;rangeait pas. Pendant le repas, donc, alors que Laurent &eacute;tait quand m&ecirc;me parvenu &agrave; entamer la discussion avec quelqu&rsquo;un, en l&rsquo;occurrence la jolie serveuse du Campanile, j&rsquo;avais observ&eacute; le ballet &eacute;trange de ces dr&ocirc;les d&rsquo;&eacute;tourneaux. On n&rsquo;avait m&ecirc;me pas eu le temps de les accoster, d&rsquo;aller leur parler. Tout juste avais-je pu remarquer qu&rsquo;ils ne mangeaient pas de viande, pillant uniquement les grands plats de salades, carottes et l&eacute;gumes. Align&eacute;s autour d&rsquo;une grande table, j&rsquo;arrivais &agrave; distinguer un accent, une langue, des silhouettes d&rsquo;ados. Des &laquo;&nbsp;<em>Blacks</em>&nbsp;&raquo;, des gamins. Ils semblaient avoir leurs habitudes, leurs marques dans le lieu. Ils se d&eacute;pla&ccedil;aient en groupe, sans chamailleries, ni cris s&rsquo;&eacute;levant d&rsquo;une r&eacute;cr&eacute;ation de cours d&rsquo;&eacute;cole dissip&eacute;e. Une &eacute;quipe de foot africaine en stage&nbsp;? Une colo venue des Tropiques&nbsp;? En allant fumer une clope &agrave; la fin du repas, j&rsquo;ai pu remarquer que certains d&rsquo;entre eux remontaient dans des coursives juste en face. D&rsquo;autres tra&icirc;naient encore un peu sous les lumi&egrave;res blafardes, en petites grappes, bien planqu&eacute;s. Je voyais le blanc de leurs yeux r&eacute;pondre aux sourires de grandes dents, sujets de tant de mauvaises blagues. Et puis ces peaux noires d&rsquo;&eacute;b&egrave;ne d&eacute;passant de t-shirts l&eacute;gers. Pas de gros manteaux ni de parkas, certains d&rsquo;entre eux portaient m&ecirc;me des tongs. Pour qui connait le climat aveyronnais en novembre, il fallait avoir la peau bien accroch&eacute;e. Laurent savait que j&rsquo;&eacute;tais parti en Afrique, il y a bien longtemps. Que j&rsquo;en avais ramen&eacute; des sensations inoubliables, des histoires &agrave; dormir debout, des rencontres &agrave; jamais grav&eacute;es. C&rsquo;est comme si j&rsquo;avais pos&eacute; un gros livre connu sur ma table de chevet, dormant chaque soir &agrave; ses c&ocirc;t&eacute;s, sans jamais le rouvrir pour s&rsquo;y replonger. Ce n&rsquo;est pas l&rsquo;envie qui me manquait, mais rouvrir ce livre, c&rsquo;&eacute;tait repartir et s&rsquo;immerger &agrave; nouveau dans ces pays fous, ou le sourire des gens et le poids du soleil vous marquent d&rsquo;un fer rouge incandescent. Pour longtemps. Laurent avait donc cru, ce soir-l&agrave;, que j&rsquo;avais toujours ce feeling particulier avec les <em>&laquo;&nbsp;Blacks&nbsp;&raquo;</em>. Mais c&rsquo;&eacute;tait comme essayer de se rapprocher d&rsquo;un groupe, aussi sauvage et difficile &agrave; aborder qu&rsquo;un gamin de seize ans qui a travers&eacute; les d&eacute;serts et la mer. Patatras, le groupe s&rsquo;est donc envol&eacute; et j&rsquo;ai du payer l&rsquo;addition, Laurent ayant eu le temps de r&eacute;cup&eacute;rer pour sa part le <em>06</em> de la serveuse.</p> </blockquote> <blockquote> <p>Que faisaient ces gamins, livr&eacute;s &agrave; eux-m&ecirc;mes, sans aucun adulte avec eux, dans cet h&ocirc;tel &agrave; bas prix&nbsp;? Comment avaient-ils atterri ici, dans ce coin vert de la France, plus connu pour ses fromages, sa charcutaille et sa m&eacute;fiance plus que marqu&eacute;e envers les &eacute;trangers, m&ecirc;me du d&eacute;partement voisin&nbsp;? La r&eacute;ponse a surgi tard dans la soir&eacute;e. Apr&egrave;s trois Whisky et deux bi&egrave;res, Laurent m&rsquo;a dit qu&rsquo;il pr&eacute;parait un article sur ces &laquo;&nbsp;<em>mineurs</em>&nbsp;&raquo;, venus d&rsquo;Afrique, log&eacute;s l&agrave; depuis des mois. &laquo;&nbsp; <em>J&rsquo;ai une copine qui bosse au conseil d&eacute;partemental, elle est charg&eacute;e de les suivre et de les accompagner. Il parait qu&rsquo;il y en a des dizaines, souvent &agrave; la rue, dans son service c&rsquo;est la panique, ils ne savent plus comment faire. C&rsquo;est pour &ccedil;a qu&rsquo;ils sont log&eacute;s dans cet h&ocirc;tel, certains depuis plus de six mois. Appelle-l&agrave;, elle va t expliquer.&nbsp;</em>&raquo; J&rsquo;ai appel&eacute; la copine d&egrave;s le lendemain. Une conversation digne d&rsquo;un film d&rsquo;espionnage. &laquo;&nbsp;<em>Je veux bien te parler, mais je te pr&eacute;viens, tu cites pas mon nom, j&rsquo;ai pas du tout envie que mes responsables me reconnaissent, </em>me dit-elle<em>. C&rsquo;est chaud cette situation. On est d&eacute;bord&eacute;s. Il y a des foyers, mais ils sont tous pleins. Loger ces jeunes &agrave; l&rsquo;h&ocirc;tel, ce n&rsquo;est pas non plus une solution, ils ne sont pas accompagn&eacute;s et totalement livr&eacute;s &agrave; eux-m&ecirc;mes. Faut alerter sur cette situation. Je suis charg&eacute;e de r&eacute;colter leurs t&eacute;moignages, c&rsquo;est compl&egrave;tement fou, j&rsquo;en ai re&ccedil;u qui sont partis il y a quatre ou cinq ans de chez eux en Afrique, qui sont pass&eacute;s par le d&eacute;sert, la Syrie, la Libye, certains me disent avoir &eacute;t&eacute; emprisonn&eacute;s ou m&ecirc;me trait&eacute;s comme des esclaves...&nbsp;&raquo;.</em><br /> A la m&ecirc;me p&eacute;riode tournait en boucle &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision l&rsquo;image de Aylan, cette gamine syrienne de trois ans &eacute;chou&eacute;e sur une plage. C&rsquo;&eacute;tait la guerre en Libye, le chaos en Syrie et les zodiacs de r&eacute;fugi&eacute;s, exil&eacute;s, migrants, appelons-les comme l&rsquo;on veut, d&eacute;filaient elles aussi comme un film catastrophe en continu. Mon puzzle africain &eacute;tait en train de se reconstituer. Il ne restait plus qu&rsquo;&agrave; tomber sur un &eacute;l&eacute;ment d&eacute;clencheur pour tenter de r&eacute;soudre ces &eacute;nigmes. D&rsquo;autant que, hasard des hasards, dans le village cul-de-sac de trente &acirc;mes, habitait aussi Pascale, une ancienne inspectrice acad&eacute;mique qui revenait l&agrave; lors des vacances scolaires, de son nouveau poste depuis un an &agrave; &hellip; Dakar. L&agrave;-bas, partie alors qu&rsquo;elle n&rsquo;avait jamais mis les pieds en Afrique, elle g&eacute;rait toutes les &eacute;coles fran&ccedil;aises d&rsquo;Afrique de l&rsquo;Ouest, voyageant de Dakar &agrave; Cotonou, Bamako, Conakry ou Saint-Louis. On en a pass&eacute; des heures &agrave; discutailler de ces dr&ocirc;les de pays, on semblait bien se comprendre. Expliquer ce que l&rsquo;on ressent en Afrique, c&rsquo;est comme apprendre les r&egrave;gles du rugby &agrave; un indien du Dakota du Sud. &laquo;&nbsp;<em>Tu viens quand tu veux &agrave; Dakar</em>&nbsp;&raquo; m&rsquo;a-t-elle dit un soir. &laquo;&nbsp; <em>Ouais, ouais, ok, mon trip en ce moment, ce sont les palombes. L&rsquo;Afrique tu sais, c&rsquo;est un vieux souvenir pour moi</em>, ai-je r&eacute;pondu. <em>Mais tout de m&ecirc;me, ces gamins qui d&eacute;barquent ici, ces images &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision&hellip;.</em>&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <blockquote> <p>Le soir suivant, la lune &eacute;tait bien pleine, bien lumineuse, l&eacute;g&egrave;rement voil&eacute;e. Les lumi&egrave;res de novembre flottaient pesamment et le froid figeait les peaux. Le ciel, d&eacute;sesp&eacute;r&eacute;ment vide, laissait filer la lente descente de la grosse boule jaune. En &eacute;quilibre pr&eacute;caire sur les cr&ecirc;tes rocheuses, il y avait bien longtemps que sa surface vierge n&#39;&eacute;tait plus stri&eacute;e, &agrave; cette &eacute;poque de l&rsquo;ann&eacute;e, par les vols de l&rsquo;oiseau bleu voyageur, les palombes. Les volatiles, en la traversant comme des ombres chinoises, laissaient comme des traces griffonn&eacute;es sur un carnet de voyage. Petit, j&rsquo;adorais contempler ce spectacle en compagnie de mon p&egrave;re. Je les regardais passer par millions, t&ocirc;t le matin, dans ces vols d&eacute;sordonn&eacute;s mais opini&acirc;tres : objectif le Sud, les pays chauds. Pour nous, c&#39;&eacute;tait l&#39;annonce de l&#39;hiver, des pluies r&eacute;guli&egrave;res, du froid. Bient&ocirc;t, la neige viendrait recouvrir ces for&ecirc;ts qui leurs servaient de balise dans leur long parcours. Qu&#39;est-ce qui motivait les migrations de cet &laquo; <em>oiseau bleu</em> &raquo; ? Pourquoi passaient-elles exactement &agrave; cette &eacute;poque, toujours &agrave; la m&ecirc;me heure du matin ? Comment s&#39;organisaient ces voyages group&eacute;s, vers quel pays, quelle r&eacute;gion, quelles temp&eacute;ratures ? Qui donnait le top d&eacute;part, le tempo, le plan de vol en quelque sorte ? Encore aujourd&#39;hui, m&ecirc;me si elle n&#39;emprunte quasiment plus le couloir au dessus de l&#39;Aveyron, la fi&egrave;vre bleue traverse tout le sud-ouest de la France, d&egrave;s la mi-octobre. <em>Columba palumbus</em> compte parmi les oiseaux les plus r&eacute;pandus et abondants en Europe. Elles seraient entre cinq et dix millions d&rsquo;hivernantes en France, dont trois &agrave; six millions en provenance de l&#39;&eacute;tranger. &laquo; <em>Gr&acirc;ce aux balises Argos, on sait d&eacute;sormais que ces grandes voyageuses n&rsquo;ont pas de comportement syst&eacute;matique en migration, mais qu&rsquo;elles partent plus tard. Nous avons pu observer que le d&eacute;part en migration pr&eacute;nuptiale s&rsquo;&eacute;talait de fin f&eacute;vrier &agrave; fin mars &raquo; </em>signalait, en 2016, le journal Sud-Ouest.<em> </em>Grosso modo, elles empruntent inlassablement trois axes de migrations principaux : un couloir nordique, un couloir m&eacute;diterran&eacute;en, et un couloir central, avec une pr&eacute;dilection pour ce dernier, clairement orient&eacute; sud-ouest/nord-est. Pour se mette au chaud donc, et avant sa p&eacute;riode de reproduction. Dans son ouvrage &laquo; <em>Les oies des neiges</em> &raquo;, l&#39;&eacute;crivain am&eacute;ricain William Fiennes, qui a parcouru les cinq mille kilom&egrave;tres des couloirs de migrations entre l&#39;oc&eacute;an Arctique et le Golfe du Mexique, a analys&eacute; une quantit&eacute; de comportements de plusieurs esp&egrave;ces, qui les poussent aux grands vols. Il explique que deux fois par an, les oiseaux traversent une p&eacute;riode d&rsquo;alimentation forcen&eacute;e appel&eacute;e hyperphagie, durant laquelle en accumulant de la graisse, ils font &eacute;galement le plein de carburant et d&rsquo;&eacute;nergie pour leur voyage vers l&rsquo;&eacute;quateur, zone de stabilit&eacute; saisonni&egrave;re. Sans GPS, les millions de volatiles utilisent donc plusieurs techniques pour se rep&eacute;rer et atteindre les aires de reproduction. Les changements dans leur comportement sont dus &agrave; une horloge interne rattach&eacute;e &agrave; deux rythmes fondamentaux&nbsp;: les rythmes circadiens correspondent au cycle de vingt-quatre heures de rotation de la terre sur son axe et contr&ocirc;lent les changements m&eacute;taboliques, la temp&eacute;rature du corps et la vigilance. Les rythmes &nbsp;circannuels correspondent quant &agrave; eux au cycle de l&rsquo;orbite de la terre autour du soleil et annoncent les migrations, la p&eacute;riode de reproduction. Quand il faut y aller, il faut y aller donc. Ce calendrier interne donne le top d&eacute;part d&rsquo;un programme pour l&rsquo;hyperphagie, l&rsquo;accouplement, le d&eacute;part et la mue. Ensuite, explique l&rsquo;&eacute;crivain, les oiseaux poss&egrave;dent non seulement une sorte d&rsquo;horloge interne, mais une boussole. Elle serait solaire, suivant et mesurant donc la baisse de luminosit&eacute; en hiver, mais cela ne suffirait &eacute;videmment pas, par temps nuageux ou pluvieux. L&rsquo;hypoth&egrave;se la plus cr&eacute;dible est celle d&rsquo;un processus complexe de relation avec les champs magn&eacute;tiques. Sans entrer dans les d&eacute;tails, les oiseaux seraient extr&ecirc;mement familiers, apr&egrave;s des si&egrave;cles de maraudes terrestres, aux p&ocirc;les magn&eacute;tiques et &agrave; la carte stellaire. Des ordinateurs de bord que nous, humains, ne ma&icirc;trisons m&ecirc;me pas.<br /> Lors des vols des palombes, j&#39;&eacute;tais intrigu&eacute;, empli de questionnements, &eacute;merveill&eacute; aussi. Je faisais un bout de chemin avec elles. Les plumes grises, bleut&eacute;es et blanches des palombes ont certainement &eacute;crit mon premier r&eacute;cit de voyage, tout au moins imaginaire. Avant, pour certaines d&#39;entre-elles, de finir &eacute;pluch&eacute;es et allong&eacute;es dans mon assiette, tomb&eacute;es sous les plombs d&#39;un p&egrave;re chasseur. Un voyageur immobile qui marchait dans les traces de ses chiens f&eacute;tiche, les Pointer ou Braque allemand, et ne tuait pas beaucoup de gibier<em>. &laquo;&nbsp;L&rsquo;important, c&#39;est de se balader et de faire courir le chien</em> &raquo; disait-il. Ma m&egrave;re cuisinait cependant, et avec maestria, beaucoup plus de b&eacute;casses - cet autre oiseau migrateur mythique &ndash; que de palombes. Faire courir le chien, oui pas mal, mais d&eacute;guster une b&eacute;casse sur canap&eacute;, encore mieux...Mais c&#39;est une autre histoire. Entre &eacute;tourneaux noirs et palombes donc, j&rsquo;en avais pris plein les yeux. Ces histoires de migrations commen&ccedil;aient &agrave; me hanter. Le puzzle allait se mettre en place quelques jours plus tard, &agrave; Toulouse, lors d&rsquo;un reportage qui tombait &agrave; pic.</p> </blockquote> <p style="text-align:center">&nbsp;</p> <p style="text-align:center"><strong>OUVRAGES PRECEDENTS</strong></p> <p>- 2016 - &laquo; R&eacute;inventer la ville &raquo; : Les &reg;&eacute;volutions de Darwin &agrave; Bordeaux &raquo; &eacute;ditions Ateliers<br /> Henry Dougier<br /> - 2015 - &laquo; R&eacute;silience &eacute;cologique : Loos-en-Gohelle, ville durable &raquo; &eacute;ditions Ateliers Henry Dougier<br /> - 2010 - Mook Croix Rouge Editions Autrement<br /> - 2007 - &laquo; Eole, architecture du vent &raquo; Editions Au fil du temps<br /> - 2008 &ndash; &laquo; Forge de Laguiole, voyage au centre d&rsquo;une l&eacute;gende &raquo; Editions Au fil du temps<br /> - 2006 - &laquo; Les 16-25 ans et la vie active : le r&ocirc;le des missions locales &raquo; Editions Autrement</p> <p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/605668/loos-1562240557.jpeg" width="100%" /></p> <p style="text-align:center"><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/605669/Capture_d__cran_2016-06-02___18.25.52-3-1562240580.png" width="100%" /></p> <p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/605670/Les-16-25-ans-et-la-vie-active-1562240674.jpg" width="100%" /></p>

Allocation of funds

<p>La collecte servira &agrave; financer un nouveau&nbsp;voyage, d&#39;au moins un mois, pr&eacute;vu pour octobre 2019. Billets d&#39;avion, h&eacute;bergements, ainsi que les tirages des photographies.</p> <ul> <li>Si le montant de 5000 euros est d&eacute;pass&eacute;, les sommes r&eacute;colt&eacute;es serviront au&nbsp;d&eacute;marrage et la cr&eacute;ation d&#39;une association appel&eacute;e&nbsp;&quot;ici-l&agrave;-bas&quot; qui sera le support pour intervenir dans des coll&egrave;ges ou lyc&eacute;es, lors de formations ou conf&eacute;rences&nbsp;&nbsp;s&#39;appuyant sur le projet global et la sortie du livre.&nbsp;</li> <li>Elle permettra aussi de nouer un partenariat avec<a href="https://www.facebook.com/groups/1464247440532743/" target="_blank"> l&#39;&eacute;cole de Dialaw</a> (enseignement Montessori) au sud de Dakar.</li> </ul> <p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/605449/40461170_550105625422909_4185239703450025984_o-1562147071.jpg" width="100%" /></p> <p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/605322/42189799_10205209597875212_1496453566129242112_n-1562079043.jpg" width="100%" /></p>

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Réalisées au Sénégal, les photographies ont accompagné les reportages dans plusieurs publications.

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