Musée du Sous-Vêtement 1
Collecter, conserver, valoriser, grâce au musée, le patrimoine de l'artisanat et de l'entreprise de bonnèterie corsèterie lingerie.
Musée du Sous-Vêtement 1
avant propos
À l'exacte opposé des symboles sexistes ou réducteurs
fréquemment associés aux sous-vêtements,
l'association démontre, depuis 15 ans,
qu'ils sont de remarquables témoins
de l'histoire des femmes...
Ce qui est donc en jeu, dans ce musée,
c'est de mettre dans l'espace public
le destin de plus de la moitié des êtres humains,
les femmes !
et de réfléchir à la construction de la féminité.
il s'agit donc d'un chemin, non pas pour Compostelle,
mais pour un lieu qui fasse enfin des femmes un sujet culturel.
Bonjour !
La présentation ci-dessous témoigne d'une
activité associative débutée en 1995.
Elle est dense, sur un sujet méconnu, voir tabou !
bien que l'objet soit commun au plus grand nombre.
Je suis animé par une nécessité impérieuse,
un contrat moral, vis à vis des commerçantes
et des entreprises qui nous ont confié leur patrimoine
et puis aussi, par une certaine idée de l'humain,
semblable à celle qui m'a amené au théâtre de rue.
À contrario des pratiques usuelles sur Internet,
je vous propose donc de traîner, de vous attarder,
voir de revenir sur vos pas, ou plus tard !
afin de vous approprier l'histoire,
tout comme dans un musée...
JP Rigaut.
...des sous-vêtements de confort du docteur Rasurel
aux "Boléro", "Scandale", "Aubade"...
depuis 1997,
l' Association de Préfiguration du Musée du Sous-Vêtement
collecte, conserve et valorise, grâce à des expositions et défilés,
le patrimoine, les savoir-faire des artisanes, des entreprises
de bonnèterie corsèterie lingerie.
Son objectif : créer le musée européen
des Arts et Métiers du Sous-Vêtement
200 entreprises disparaissent dans la tourmente des années 1970
Comment a commencé cette histoire:
En 1995, à la recherche d'éléments de décors pour un Opéra,
(compagnie de théâtre de rue "Collectif Organum" à Lille)
j'entre en possession de quelques dessous gracieusement fournis
par des artisanes corsetières de la région Nord.
Boutique Lesaffre Lille, en 1956, don Madeleine Lesaffre.
En 2001, nous "fêtions", Madeleine et moi,
la fermeture de la boutique, créée en 1914...
le commerce traditionnel, origine du patrimoine
sauvegardé par l'APMSV,disparaît des centres-villes...
Pourquoi un musée?
En 1997, grâce à la future Cité de la dentelle de Calais,
les corsets collectés acquièrent le statut
Mon métier de théâtreux m'emmène ensuite à Paris, près d'une année...
après les cours au CFPTS de Bagnolet, de nombreuses rencontres
avec des artisanes du secteur bonnèterie corsèterie lingerie
font naître plusieurs observations et une idée :
les dessous sont vraiment des objets singuliers :
ils inspirent une sorte de tendresse aux artisanes indépendantes,
...autant qu'à la plupart des femmes entre 14 et 82 ans
interviewées pour "Intimités" à Fourmies en 2005...
alors qu'ils font sourire, voir intimident les hommes, jusqu’au tabou !
d’autre part, patrimoines, savoir-faire, mémoire
des entreprises du secteur, n'ont fait alors l'objet
d’aucun travail raisonné de sauvegarde et de collecte alors
qu’une érosion rapide précipite leur disparition.
...des pans entiers de la création française en lingerie
s’effacent, des décennies de stylisme, de modélisme,
des milliers de croquis, de documents d’archives
se perdent à jamais, alors que la France est le
berceau de la mode, des dessous…
les cours et les travaux de l'élève Madeleine Lesaffre ,
CAP de corsetière à Paris en 1954.
une cause désespérée, autour d’un objet secret,
assez de raisons pour une nouvelle croisade !
Une des premières affiches, une des premières expositions,
dans une galerie de Lille. Pour ceux qui ont laissé tomber le latin,
"Sursum Corda" signifie "Haut les Coeurs" et est dit à la préface
de la messe, pour faire appel à la générosité.
Jeu de mot et quête simultanée.
corselet "Scandale-Oraho" 1930 coll APMSV
...donc, je suis "entré en religion", une religion sans beaucoup de Dieux,
....mais pour les Déesses !
L'association dont j'ai la charge aujourd'hui :
l'Association de Préfiguration du Musée du Sous-Vêtement, APMSV
a, après plus de 15 années de travail, rassemblé une collection d'environ
20.000 objets et 80.000 documents d'archives, machines, outils,
mannequins et patrimoines immatériels...
Ces collections ont été diffusées, bien sûr, dès 2000, dans des musées,
des mairies, des bibliothèques, des salons, des boutiques indépendantes...
à l'exact opposé des images souvent associées à l'objet lingerie,
l'association démontre, toujours avec courtoisie,
que l'évolution des sous-vêtements est indissociable
de l'évolution de la condition des femmes...
raconter l'histoire des dessous,
c'est raconter l'histoire des femmes
garçonne à vélo, en 1930
la silhouette est droite, la poitrine effacée
"La Garçonne" de Victor Margueritte,
les Années folles, le début du féminisme...
corselet Scandale 1930, photo C. Mathieu
Depuis lors, une trentaine d'expositions et autant de défilés
de lingeries anciennes ont été réalisés par APMSV
en France et en Belgique, notamment :
Musée du Jacquard de Roubaix en 2003 et 2005
Écomusée du Textile de Fourmies en 2005
Centre d'Histoire Locale de Tourcoing en 2006 2007
Écomusée du Bommelaers Wall 2008
Musée d'Ethnologie Régionale de Béthune 2008
en Belgique : Malines, Renaix, Quevaucamps...
"Suffragettes ! 1916 les femmes investissent des rôles et
des métiers nouveaux, ouvrières d'usines d'armement,
conductrices de tramways. Les Américaines débarquent,
et elles fument ! Les 28000 tonnes d'acier
des baleines des corsets abandonnés permettraient
de construire deux cuirassés" Béatrice Fontanel.
corset satin de soie 1920, Musée du Jacquard 2003, photo C Mathieu
APMSV est également associée à de prestigieux événements :
Musée des Beaux-arts de Dijon: Vêtements du Secret 2007
Musée des Beaux-arts de Vire: Le corset ou l'élégance contrainte 2010
et le dernier en date:
photo Patricia Canino
qui s'est tenu de Juillet à Novembre 2013 aux Arts Décoratifs à Paris
les collections prêtées par APMSV
représentaient environ 30% des pièces du 20e siècle
guêpière Lejaby "Irrésistible" 1954 coll. APMSV,
don Françoise Camusat, photo Patricia Canino
....et côtoyaient les créations de JP Gaultier , Hubert Barrère, Dior...
l'exposition a reçut plus de 1000 visiteurs par jour !
quelques unes des pièces de l'APMSV sont visibles
à la fin de cette "brève" TF1 :
un corselet-gorge "La Sirène" 1920 en satin de soie rose et
une brassière et un corset satin de soie vert nil 1930
....le salon d'essayage est également un vrai succès
copies de "faux culs", "tournures", "queue d'écrevisse" et autres
"amplificateurs virils" sont à disposition du public...
... rires, sourires, étonnements...
"Le constat est sans équivoque, il n'y a pas de corps naturel,
mais un corps culturel. Le corps est le reflet de la société
qui a présidé à sa création"
Denis Bruna, Conservateur aux Arts Décoratifs
Waar dient de collecte voor
Un des rites fondateurs du musée, l'inventaire détaillé de la collection,
n'est pas réalisé à ce jour.
Avec des locaux adaptés, des financements, de la logistique,
il va être possible de l'engager, maintenant...
pour les amateurs de belles mécaniques et les gens de la profession,
nous avons une scie à matelasser comme celle-ci avec
un bras de 3,40m, de 1200kgs qui dort dans les locaux
....des Services Techniques de la ville de Tourcoing....
...et un banc de 21 machines à coudre
dans des locaux de l'Opéra de Lille...
Considérant la masse d'archives, le volume des pièces, des mannequins,
des machines rassemblées, ce premier budget de 10.000€
nous permettra, enfin, de trouver un local de150/200m2
où nous allons pouvoir inventorier les collections...
Pour info, 3 ans de travail pour 3 DESS patrimoine industriel
de Lille ou d' Arras pour l'inventaire des seules collections textiles...
80.000 documents : presse professionnelle, grand public, affiches, archives
coll APMSV
Répartition budgétaire:
.
3000€ pour du matériel de bureau, notamment des étagères et
les indispensables et coûteuses boites Cauchard,
qui vont permettre de conserver des collections textiles très fragiles...
7000€ nous permettront de mettre un toit et des murs autour de ces
trésors de dentelle et de coutil mêlés, le temps de l'inventaire...
"Triumph" 1960 et "Scandale" 1930 et 1960 coll APMSV
sur les mannequins d'origine. Photo: C. Mathieu
Quand au futur Musée, objectif de l'APMSV
c'est une autre histoire, et un autre budget
nous reviendrons vers vous bientôt à ce propos
mais on peut en parler !
sur la forme, pour faire simple:
je participe à tout ce qui passe à ma portée en terme de rencontres "musées"
et j' écoute les responsables musées, à la faveur
de ces colloques, de ces rencontres
Conclusion, un musée, ça peut-être une grande salle polyvalente
où les chargés-chargées des collections, des publics, des archives,
de l'administration sont toujours au contact du public...
...et où les expos changent tous les 6 mois,
parcourir, bien sûr, l'extraordinaire aventure industrielle
de l'objet-dessous, raconter la création, l'artisanat...
et puis, quelle plus belle manière de sauvegarder
ces techniques, ces savoir-faire:
la bonneterie, la corsèterie, la lingerie
que de les mettre en oeuvre, un musée qui crée !
un musée qui dessine de la lingerie
un musée qui tricote des collants, des chaussettes,
un musée qui découpe et coud
et qui lance une, voire deux collections par an...
En définitive, un musée qui soit aussi un théâtre,
un atelier, un lieu de fabrication, d'expérimentation
et une ressource incontournable pour la création !
en même temps qu'un territoire d'anthropologie contemporaine,
qui réfléchisse à l'évolution du "corps naturel" vers le "corps culturel",
que nous raconte ces petits trésors de coutil et de dentelle mêlés
sur le fond, pour faire simple:
dans des dessous, qu'est ce qu'on met habituellement ?
des filles et des garçons....
pour les garçons,
ça peut être bref : une grenouillère "Rasurel" 1900,
pour La Petite Maison dans la Prairie et Charles Ingals.
un "Kangourou" 1960 et un "Eminence" 1970 et c'est presque tout...
à droite, grenouillère "Rasurel" 1900 coll APMSV
défilé Musée du Jacquard 2003, photo C. Mathieu
pour les filles....
une réponse parmi d'autres
dans les dessous, on met les femmes,
c'est plutôt elles qui s'y mettent, d'ailleurs
donc, si on met les dessous dans ce musée,
on va forcément y mettre les femmes....
"nous parcourons le monde avec nos pouvoirs qui peuvent l'impossible"
"Nous Les Femmes" Chantal Balez photo: Y Jeanmougin Contrejour 1980
et c'est là que ça devient vraiment culturel,
on réalise qu'on ne les voyait presque jamais
dans les musées, les femmes,
pas comme public mais comme thème
que les musées ont un genre,
et que ce genre est masculin
et que les femmes sont toujours
communiquées comme objet
et n'ont toujours pas, ou si peu,
acquis le statut de sujet , de thème
dans les musées ...et ailleurs...
donc un musée qui réfléchit, comme un miroir,
un miroir tendu aux femmes
et qui leur parle de leur histoire,
passionnante autant qu'ignorée
et la partage avec les hommes,
qui en ont bien besoin...
Je conclus sur une modération.
Homme de théâtre, je m'emporte,
sans doute est-ce le côté "cycliste"
de la plupart des porteurs de projet,
toujours le nez dans le guidon...
...donc, une conclusion qui n'en est pas une,
mais plutôt le début d'une histoire...
une histoire d'équipe, surtout, et de femmes...
rejoignez-nous et faites comme nous,
...lâchez-vous...
Pour Star, Ambre, Attrait, Barbara, Boléro, Charmereine,
Getien, La Sirène, Gandukor, Claverie, Déwé, Peter-Pan,
Cambrelle, Jesoss, Jip, Égé, Orfalis, Valisère, Le Chat
pour les dessous de confort du docteur Rasurel,
Pour les quelques 300 entreprises qui ont écrit l'histoire
de la lingerie et disparu dans silence assourdissant...
Et pour les commerçantes indépendantes grâce
auxquelles ce patrimoine a été sauvegardé,
notamment :
Julia, Madeleine, Irène, Françoise, Claude, Jean et Gisèle,
Josette et André, Aline, Irénée, Adeline, Marie-Paule,
Simone, la famille Verissel à Paris, Claudine, Dany
Marie-Thérèse, Delphine, Michelle, Christienne, Mireille,
Bernard du Moulin d'Or, Patricia, Martine, Paulette, Sylvie,
Francine, Mme Navez, Mme Fonteyne, Mme Cattiaux,
Mme Tremel à Chaumont, Mme Midroit à Thonon
et Jacques, Laure et Anne-Cécile...
remerciements à Valérie, Amélie, Jean-Philippe, José,
Simon, François, Angelo...
et à madame Béatrice Fontanel,
qui écrivait, déjà, l'essentiel en 1992...
Jean-Pierre Rigaut,
APMSV