Amos Mâh - L'orage

L'ORAGE, C'EST QUOI ? L’ORAGE L’album Le projet de l’Orage débute en 2015. En regardant la saison 2 de la série True Détective, je découvre Lera Lynn. Elle apparaît dans tous les épisodes, et chante des chansons ténébreuses, simplement accompagnée de sa guitare électrique dans un bar presque vide. J’ai été saisi par son esthétique, une folk dépouillée, emplie d’immobilité et de silence. C’est alors qu’après une période de sécheresse créative, j’écris des chansons qui forment une trilogie. Avant l’Orage, L’Orage et Après l’Orage. C’est à partir de ces trois chansons, et de la symbolique d’un orage, évènement annoncé, mais qui finit par passer, que les autres chansons ont été écrites. Dans la lignée de ce que j’avais déjà écrit avec Anouk Aïata, les chansons sont pour la plupart contemplatives et mélancoliques. Écrites dans une période semée d’embûches, elles racontent le deuil, la renaissance et la consolation, dans un monde vertigineux. Les textes sont d’un classicisme assumé dans la forme. Pour raconter de l’intime, je choisis un style plutôt métaphorique, pudique, où je préfère les ellipses et les images floues aux formules frontales. Dans la composition des chansons, j’ai recherché au départ la sobriété vintage que j’avais entendue chez Lera Lynn, à laquelle j’ai souhaité par la suite ajouter des violoncelles (mon instrument premier). Le résultat sera, grâce à la science de Katel qui saura l’ordonner une folk colorisée de pop nordique, un croisement entre Lera Lynn, Lana Del Rey, Feist et Agnès Obel. L’ORAGE, C’EST QUI ? AMOS MÂH Auteur, Compositeur, Interprète On me connaît d’abord comme musicien accompagnateur. Que ce soit avec François Morel, Anouk Aïata ou Francis Laffon, je me mets au service des chansons que chantent les autres, pour la scène ou le disque. J'écris des chansons depuis plus de 20 ans, mais j'avais toujours envisagé que d'autres les chantent, notamment Anouk Aïata qui fut ma complice d’écriture pendant quelques années. Je n’avais pas envisagé qu’elle ne chante pas mes chansons, aussi, quand nous avons décidé d’arrêter notre duo créatif, je me suis retrouvé « sans voix ». Un jour, j’ai fait écouter des chansons que j’avais écrites à mon éditeur de l’époque, pour qu’il puisse voir à qui il pourrait les proposer. Il n’avait pas tellement d’idées à ce sujet, et je ne sais pas si c’est par paresse ou parce qu’il le pensait vraiment, mais il m’a dit que, de toutes façons, on savait tous les deux que ces chansons, j’allais un jour les chanter moi-même. À partir de là, l’idée a fait son chemin, et même s’il a été long et semé de doutes, me voilà donc « songwriter » et interprète. Sur scène, je me présente seul, je m’accompagne à la guitare. Instagram : @amosmah KATEL Réalisation, prise de son et Mixage En écrivant ce petit texte, je réécoute ses albums. C’est magnifique. Katel est pour moi l’heureuse surprise de cet album. Si Antoine Sahler n’avait pas évoqué son nom un jour, je me souviens très bien, à Antibes, sur le balcon d’une chambre d’hôtel, je n’y aurais jamais pensé spontanément, alors que ça me paraît complètement évident maintenant. Cela fait une bonne quinzaine d’année que je la connais. D’abord, pour l’avoir fait venir en résidence dans la ville où je travaillais comme bibliothécaire, après un coup de coeur unanime de l’équipe pour son album Raides à la ville. C’était en 2008-2009. Elle ne le sait pas, mais elle a eu une influence sur mon impulsion de quitter le monde des bibliothèques dans les mois qui ont suivi pour jouer de la musique et écrire des chansons. Ensuite, j’ai suivi sa carrière avec attention, et admiré la manière qu’elle a de réinventer, rebattre les carte à chaque album qu’elle fait. Je l’ai croisée aussi deux ou trois fois pendant ces années, un peu vue en concert lorsque je le pouvais. J’ai aussi écouté avec beaucoup d’attention quand elle réalisait ou participait à la réalisation des albums d’autres artistes (Maissiat, Angèle Osinski, Julie Gasnier par exemple). C’est d’ailleurs la lecture d’une interview de Maud Lübeck dans laquelle elle évoquait le travail de Katel sur la direction des voix qui a achevé de me convaincre de l’appeler. Autant dire que j’étais vraiment dans mes petits souliers quand je l’ai retrouvée, d’abord dans un café pour lui parler un peu de l’album, puis quand on est descendus dans son studio (Studio Mutterville) pour écouter mes maquettes, dans leurs 49èmes versions, après 4 ou 5 ans de questionnements et de doutes. Je guettais évidemment les signes disant : « oui, bon, j’écoute parce que je te connais, mais on sait bien tous les deux que ça va s’arrêter là. ». Ces signes ne sont pas venus, et je me souviens qu’elle a arrêté la musique après quelques instants, et qu’elle a dit : « J’en étais sûre, en t’écoutant parler tout à l’heure, je me suis dit que tu devais avoir une très belle voix. ». Et un peu plus tard : « Et je trouve que les chansons sont super ». Ça donne un peu de confiance. Par la suite, il semblerait qu’on se soit retrouvés sur la même longueur d’onde. Je lui ai envoyé une liste de références pour les sonorités ou l’ambiance de l’album (entre autres : Lera Lynn, Lana Del Rey, Lhasa ou Billie Eilish), tout en n’étant pas toujours capable d’expliquer pourquoi ceci ou cela, et elle a tout compris sans que j’aie besoin de détailler. Dans le travail en studio avec elle, j’ai été tout de suite en confiance, j’ai pu lâcher prise et lui laisser le contrôle sans aucune inquiétude. D’un point de vue technique et matériel, elle apporte une expertise que je n’ai pas, mais qu’elle prend le temps de m’expliquer. Du point de vue artistique, elle arrive à concrétiser et transfigurer les intuitions que j’avais, et tout ce qu’elle apporte par ailleurs est évident. C’est la bonne personne au bon endroit. La suivre sur Instagram : @katelmusic Le Studio Mutterville : @mutterville_studios ANTOINE SAHLER Producteur En plus d’être une sorte de génie de la musique, auteur, compositeur, interprète, pianiste, accordéoniste, trompettiste, chef d’orchestre, arrangeur, super partenaire de scène, drôle, intelligent, sociable, attentif aux autres, Antoine Sahler est un camarade de tournée hors pair. Je l’ai connu au moment de mon intégration dans la bande joyeuse de François Morel, dans laquelle il tient le rôle de directeur musical, rôle dont il s'acquitte avec toutes les qualités que j'ai énumérées plus haut. Il est de ceux qui ont vu éclore les chansons de l’album dans la foulée de leur écriture, dans la lueur des abats-jour de chambres d’hôtels, entre deux conversations à bâtons rompus sur la musique, le cerveau, un peu de politique parfois, que ce soit à Rennes, Bourges, Périgueux, Lyon ou Trebeurden. Vous aurez compris que c’est quelqu’un que j’admire beaucoup et dont la parole compte énormément pour moi. C’est lui qui m’a poussé dans mes retranchements pour que j’ose faire cet album, qui m’a soufflé l’idée de demander à Katel de le réaliser. C’est son label, Le Furieux, qui va produire l’album, et ça, c’est une sacrée marque de confiance. En plus, son regard artistique bienveillant, éclairé et éclairant est un cadeau sans équivalent. Il mérite des big up sans fin (comme Alain Souchon). Et il a sorti un album magnifique qui s'appelle Le Hasard. LE FURIEUX Le label Créé il y a presque dix ans par Antoine Sahler, Le Furieux est un label indépendant, s’attachant à accompagner sur la durée des écritures neuves, des voix nouvelles, des démarches singulières, dans le domaine de la chanson francophone. Né autour d’artistes comme Wladimir Anselme, Armelle Dumoulin, Donia Berriri ou François Puyalto, Le Furieux aide à faire émerger des artistes exigeants, avec une ouverture d’esprit et une ligne esthétique délibérément éclectique. C’est surtout la démarche de l’artiste, son parcours et son exigence – plus qu’une certaine « chapelle esthétique » qui détermine l’appartenance de ces différents univers à ce label. En témoignent par exemple les parutions récentes (en licence avec le label Fraca) du dernier album Feux de Nuit de Julie Gasnier, cohabitant avec la pop ludique et drôle du  Vedette de Sophie Le Cam. Le site du Label : https://lefurieuxmusic.com Le Label sur Instagram : @lefurieuxmusic LES DUOS Pour les chansons qui constituent la trame narrative de l’album, autour de l'Orage, l’idée de duos avec des voix féminines s’est très vite imposée. Le nom de leurs interprètes aussi. ANOUK AÏATA Avant l’orage Pour celles et ceux qui me connaissent, il est complètement évident qu’Anouk vienne faire un petit coucou sur mon album. Du temps où on écrivait ensemble, on se disait qu’on était frère et soeur de son. Pour moi, cette relation existe toujours. Nous avons partagé un de ces moments de grâce dont on rêve souvent, de trouver un·e partenaire pour créer, avec qui tout est aligné. Nous avions la même envie de dire les mêmes choses de la même façon. Je me souviens de notre première rencontre pour partager nos chansons : une guitare, un canapé, l’hiver dehors, et l’émerveillement de se reconnaître. Je n’oublierai jamais quand elle a pris la guitare et commencé à chanter une chanson qui s’appelait « Tout est nouveau » . Je me suis demandé à ce moment : « Comment faire pour être sûr de continuer de travailler avec cette personne ? ». Nous avons écrit et enregistré un album ensemble : La Femme Mangeuse des Nuages du Ciel. Au delà de cet élan créatif, il y a l’amitié inébranlable, le rire, et le réconfort. J’ai voulu qu’elle chante avec moi Avant l’orage parce que je pensais que sa voix s’y reconnaîtrait. Je pense que je ne me suis pas trompé. La suivre sur Instragram : @anouk_aiata LUCRÈCE SASSELLA L’Orage Lucrèce Sassella, je l’ai rencontrée lors de ma première participation à un spectacle avec François Morel. Il y en a eu d’autres. C’est une super musicienne, une vraie « chambriste » selon moi, et c’est très agréable et enrichissant de jouer avec elle parce qu’elle est sérieuse et solide, tout en étant à l’écoute des autres. À mon humble avis, elle est aussi une chanteuse virtuose, capable de faire à peu près tout ce qu’elle veut avec sa voix. À peu près tout le contraire de moi. Ainsi, elle arrive à faire rire, à faire serrer le coeur, à avoir une voix très claire et très précise, ou bien un peu voilée et traînante. Moi, ça m’impressionne, ça me plaît et j’admire. J’écoute souvent son album 22 ans et j’ai quelques coups de coeur dessus, dont la magique Pourquoi nous deux. Au delà de la chanteuse, c’est une personne qui brille par son humour, sa gentillesse et sa franchise. Je lui ai demandé de chanter L’orage avec moi, car je pensais qu’elle arriverait avec finesse à faire sentir à la fois la détresse et l’espoir qu’il peut y avoir dans cette chanson. Quand elle a enregistré une voix sur ma maquette, ça s'est confirmé. KATEL Après l’Orage En plus de la réalisation et du mixage de l’album, je l’ai aussi invitée à chanter Après l’Orage. Pourquoi elle ? Je cherchais une voix qui se poserait sans difficultés sur un arrangement de violoncelles très dépouillé et assez immobile, et je n’arrivais pas à trouver de solution qui convienne. L’idée m’est venue au moment où je lui parlais de l’album pour la première fois. Un souvenir de concert, où elle avait chanté sa chanson Tombée dans l’escalier, m’est revenu, et j’ai réalisé que c’était ce genre d’ambiance vocale que je recherchais. LA MUSICIENNE MURIEL GASTEBOIS Percussions et batterie S’il y a un continent instrumental qui me reste complètement inconnu, c’est celui des percussions. Je suis incapable de coordonner les mains, les pieds et le cerveau, je ne comprends pas comment ça marche. Ça tombe bien, car j’ai la chance de connaître Muriel Gastebois. Elle, les percussions, c’est son domaine. Elle comprend comment ça marche, c’est une chose, et surtout elle sait faire de la musique avec. Nous jouons ensemble dans plusieurs contextes depuis quelques années maintenant, et dès la première fois où on s’est retrouvés sur scène, j’ai pu admirer sa précision, sa polyvalence d’instrumentiste, la finesse de son jeu. Donc, quand il s’est agi de poser de la batterie et du cajon sur les chansons de l’album, j’ai tout de suite pensé à elle. En plus, mais ça, vous ne le verrez pas sur le disque, elle sourit tout le temps quand elle joue. Et dans la vie aussi. Ici, elle joue du vibraphone : ILLUSTRATION ALFRED En 2021, le concert du centenaire Brassens sous l’égide de François Morel, a conduit notre joyeuse troupe à Montpellier. Au même moment se tenait une exposition, Gare au Brassens, préparée par Clémentine Deroudille, qui nous l’a faite visiter. Il y avait, entre autres objets, des dessins de dessinateurs de BD, montrant leur regard sur Brassens. Parmi ces dessins, il y en a un que j’ai trouvé magnifique : c’est celui d’Alfred. Il représente Brassens, assis avec sa guitare, au milieu de ce que j’imagine être un feuillage, aux couleurs d’automne. Comme je ne connaissais pas encore Alfred, ce dessin, qui me semble sorti d’un rêve, a été pour moi la porte d’entrée dans son univers. Le soir, au concert, parmi les spectateurs, il y avait Clémentine Deroudille accompagnée de Charles Berberian et d’Alfred. C’est là, au cours d’une superbe soirée que j’ai fait sa connaissance. Dès mon retour chez moi, je me suis précipité à la bibliothèque pour découvrir ses BD. J’ai lu d’abord Senso, puis Come Prima. Je trouve ça beau, sensible, onirique et plein de fantaisie. Ça ressemble au gars que j’ai rencontré. Quelques mois plus tard, je suis tombé en admiration sur les dessins qu’il publie sur Instagram, et je lui ai demandé si, le jour où je ferais un disque, il voudrait bien en dessiner la pochette. Je lui ai envoyé les maquettes de mes chansons. Je n’en attendais pas tant. Le suivre sur Instagram : @alfred_circus PHOTOGRAPHIES Emmanuelle Phelippeau-Vialard Encore une personne qui gravite au sein de la « galaxie Morel », qui décidément, a été pour moi un vivier de rencontres toutes plus riches les unes que les autres. « Manue » est une personne qui sait manier tout ce qui a trait à cette chose mystérieuse qu’on appelle la lumière. Je l’ai d’abord connue comme éclairagiste. Nous avons passé pas mal de temps ensemble en tournée, et la chance qu’on a, c’est que nous avons souvent le même humour, le même goût pour les bonbecs, et les mêmes irritations (très important !). Elle m’a permis de reprendre contact avec un ami d’il y a plus de 20 ans et elle a sauvé quelques concerts en me prêtant une guitare de dépannage. J’ai appris en même temps, qu’elle était également photographe. De ce que j’en ai vu, elle a un certain goût pour la sobriété et le clair-obscur, et… comment dire ? Moi aussi ! Je lui ai proposé de venir prendre quelques images en studio, et elle a, pour mon plus grand bonheur, accepté ! La suivre sur Instagram : @ephelippeauviallard