DÉFENDU : Court-métrage sur l'homosexualité dans le foot

Qui sommes-nous ? Fondée en 2019, 28m² est née d'une envie de création audiovisuelle. L'objectif de l'association est de défendre la mixité au cinéma en représentant les minorités, quelles qu'elles soient, au travers des ses projets réalisés et de ses actions menées. Le collectif interroge également la jeunesse, l'identité et les relations sociales, des thématiques qui se rejoignent naturellement au quotidien, qu'il s'agit dès lors de faire transparaître à l'écran. En 2020, l'association porte son premier projet de court-métrage, Échos, écrit et réalisé par Amaury Foucart. Nous y suivons les ragots d'une bande d'amis autour de deux d'entre eux, dont ils supposent que les sentiments dépassent ceux d'une simple amitié masculine. Tourné pendant l'été, le film sort en octobre 2020 et obtient une nomination au Festival Omovies. De quoi parle notre nouveau court-métrage ? Avec le soutien de Pictanovo et de la Région Hauts-de-France, 28m² accompagne désormais Amaury Foucart dans la réalisation de son nouveau court-métrage, Défendu. Celui-ci porte sur deux thématiques : L'homosexualité et le football. Bien que n'étant pas des termes opposés par essence, il est encore délicat de parler d'homosexualité dans le milieu sportif. Le sujet est tabou, tout particulièrement dans les sports connotés masculins comme le football. Il n'a pas fallu aller bien loin pour en faire l'amer constat. Pendant nos repérages, un coach, rencontré à la sortie d'un entraînement, nous a expliqué que l'orientation sexuelle était un sujet qui n'avait pas sa place dans un stade. Loin de nous décourager, cette rencontre nous a convaincus de l'essentialité de ce film, dont voici le synopsis : Raphaël, 19 ans, suit une formation de haut niveau dans un club de football. Toute sa vie est basée sur un mensonge : à part lui, personne ne sait qu’il est homosexuel. Aucun de ses proches ne se doute de quoi que ce soit. Pas même Naïma, sa petite amie avec qui il envisage de rompre. Et encore moins son équipe, qu’il côtoie quotidiennement. Tandis que ses désirs s’affirment de plus en plus, le jeune homme jongle entre le travail qu’exige son sport et les efforts qu’il déploie pour maintenir son secret. La question de l'homosexualité est ainsi traîtée à travers la relation sociale par le sport. De ce fait, Défendu s'inscrit dans le prolongement réflexif d'Échos (ci-dessus). La différence réside dans son expression : avec Échos, le sujet est explicitement évoqué, débattu, dans un milieu social se voulant ouvert. Dans Défendu, il n'est qu'implicitement suggéré, comme un spectre invisible qui ne doit pas être perçu mais que le personnage principal ne peut plus dissimuler. Il est ici question de morale : peut-on s'épanouir lorsque l'on ment pour taire un secret si intime ? C'est à cette question que Raphaël se retrouve confronté, et c'est également celle-ci qui a attiré notre attention sur le scénario. Avouons-le aussi : la complexité apparente du sujet a suscité notre curiosité. Dès lors, il nous est apparu évident que nous aurions à engager toutes nos forces pour aboutir à ce projet. Football et homosexualité : où en sommes-nous aujourd'hui ? Dans l'histoire du football, rares sont les exemples de coming-out masculins chez les joueurs professionnels. Si, entre autres, Thomas Hitzlsperger et Olivier Rouyer ont rendu publique leur homosexualité, nous devons prendre en compte que cela s’est fait bien après leur carrière. En réalité, jusqu’en 2021, l’anglais Justin Fashanu (ci-dessous) demeurait le seul footballeur à avoir réalisé un coming-out durant son activité (ce fut en 1990, puis il suicide huit ans plus tard). Les raisons qui expliquent ce tabou sont aussi multiples que complexes à dénouer. Elles peuvent découler de problématiques socio-culturelles (ordinarisation de l’homophobie dans les stades, masculinité toxique, etc.), mais aussi économiques, puisque chaque joueur possède (en plus son image auprès du public) une « valeur » aux yeux des investisseurs. Ces derniers mois néanmoins, alors que le scénario de Défendu commençait à se concrétiser, plusieurs jeunes hommes font bouger les lignes dans ce milieu. Tout d’abord, l’écrivain Ouissem Belgacem, ancien joueur pro qui évoque dans un livre (Adieu ma honte, publié en 2021 chez Fayard) son homosexualité et sa perception de l’homophobie dans le football. Ensuite, deux footballeurs, l’australien Josh Cavallo et l’anglais Jake Daniels, ont eu le courage d’effectuer leur coming-out tout en étant en pleine activité (en octobre 2021 pour le premier, et en ce mois de mai 2022 pour le second). Aujourd’hui, les propos tenus par ces trois personnalités et leur récente médiatisation nous confortent dans l’urgence de réaliser notre film. À quoi ressemblera le film ? Si, du début à la fin du récit, l’orientation sexuelle du personnage de Raphaël reste à l’état de tabou, l’idée est de capter un conflit interne chez lui, à des moments-clés de sa vie, qui amorcent finalement un chemin d'acceptation. D’un naturel taiseux, Raphaël exprime assez peu ses émotions par le biais des dialogues. Il a, en revanche, un rapport extrêmement contemplatif et sensoriel au monde. Le but est de focaliser cette histoire à hauteur de son regard, qui balaie sans cesse le mouvement des corps. C’est ainsi que nous comprenons son désir pour les garçons. Dans la mise en scène, cette focalisation sur Raphaël s’exprimera, d'une part, à travers l’emploi quasi-systématique de gros plans, nous montrant à la fois son regard, et ce qu’il est en train de regarder. D’autre part, l'ambition esthétique du projet est également de filmer un corps jeune, à l’épreuve du désir et du dépassement sportif. En plans donc très serrés et organiques, il s'agira de capter ce que l’épuisement physique représente pour le personnage, de montrer la décompression qu’il ressent. En outre, les partis pris évoqués plus haut permettront de filmer le football à l’échelle d’un seul individu, comme pour métaphoriser le bouillonnement mental du personnage, qui a de plus en plus de mal à réprimer qui il est vraiment. Il s’agira donc de capturer la cinégénie du football d’une manière novatrice, expérimentale… Bref, d’une toute autre manière qu’à la télévision. En immersion sur le terrain, la caméra s’attardera davantage sur les sensations que sur la technicité du jeu. Enfin, étant donné le caractère très quotidien du scénario et de ses dialogues, un style naturaliste et proche du réel s’appliquera à l’ensemble des séquences (cadrage à l’épaule, lumière naturelle, absence de maquillage...). En ce sens d'ailleurs, les intentions de mise en scène sont comparables au travail d'Adellatif Kechiche, dont le cinéma s'attarde aussi sur les rapports sociaux entre les jeunes, sur leur sexualité, ainsi que sur les non-dits et le langage du corps, à travers de saisissants gros plans braqués sur les visages des interprètes. Une dinstinction avec ce réalisateur s'illustrera néanmoins dans nos choix de représentation. Là où, dans des films comme La Vie d'Adèle (ci-dessus) ou Mektoub My Love, ce sont avant tout les corps féminins que l'on exalte sous le prisme du « male gaze », notre court-métrage prônera une vision différente du corps masculin, voire de la masculinité en elle-même. Décors Une grande partie du court-métrage sera tournée à Annœullin, en région lilloise, où notre notre équipe a été accueillie avec beaucoup d'enthousiasme et de bienveillance. Nous avons reçu le soutien de l'Adjoint au Maire en charge des sports, ainsi que du président du Football Club de la commune, afin d'effucter des prises de vue au Stade Léo Lagrange. Une séquence de match, qui consitue un nœud dramatique important dans le film, y sera notamment tournée. Pour des scènes plus intimistes, en particulier celles qui se déroulent chez la mère et chez la petite amie du personnage principal, nous nous installerons ensuite dans un appartement à Lambersart. Enfin, quelques plans nécéssiteront notre passage dans un café Lillois, ainsi que dans une rue aux alentours. Casting Présentation des chef·fe·s de poste (Liste non exhaustive) Directrice de production · Monteuse : Mélody Duriez D’abord régisseuse et scripte, Mélody Duriez évolue ensuite en tant que directrice de production sur Échos, l’un des précédents projets d’Amaury Foucart. C’est donc tout naturellement que le duo rempile pour Défendu ! Également monteuse freelance pour des fictions et des documentaires, elle signera le montage du court-métrage. 1ère assistante réalisation : Alice Rogeaux Maintes fois nommée 1ère assistante réalisation sur des courts-métrages, Alice Rogeaux est une habituée des tournages soutenus par le Fonds Émergence, durant lesquels elle a pu démontrer son sens de l'organisation. Elle sera assistée par Thomas Barbenson, qui fut déjà assistant-réalisateur sur les projets d’Amaury Foucart. Scripte : Lidwine Verbrugge Formée à l’École de Cinéma et Télévision de Québec, Lidwine Verbrugge a suivi de nombreux ateliers pratiques, au cours desquels elle s’est illustrée en tant que scripte. Sa connaissance du langage cinématographique fait d’elle une chasseuse de faux raccords hors pair, comme elle nous l’a prouvé sur le tournage d’Échos. Chef opérateur : Maxime Guérin En tant que chef opérateur, Maxime Guérin possède une soixantaine de tournages à son actif. Par ailleurs, il a déjà endossé la casquette de réalisateur, dans le cadre d’un court-métrage portant sur le football. Passionné par ce sport, il s’est donc montré très inspiré et enthousiaste en ce qui concerne la thématique de notre film. Chef électricien : Nino Vincent Nino Vincent est titulaire d’un BTS Audiovisuel, option métiers de l’image. Ses expériences au sein de projets produits par Le Fresnoy, In Your Eyes ou encore Le Collectif des Routes ont fait de lui un technicien polyvalent spécialisé dans l’électricité. Il a fait ses preuves tant dans la publicité que dans la fiction. Régisseuse générale : Fantine Dufour Assistante de production et assistante réalisation sur des films d'animation, Fantine Dufour a souhaité apporter son soutien au projet en se proposant au poste de régisseuse générale. Ses connaissances dans la production des œuvres audiovisuelles signifient pour nous la garantie d’une régie bien organisée !