La Fugue au Festival Off d'Avignon
<p>LA FUGUE de Lolita Monga<br />Compagnie Lolita Monga</p><p>"Fuir, mais en fuyant chercher une arme" Gilles Deleuze</p><p> </p><p><strong><u>INTRODUCTION</u></strong></p><p> </p><p>La notion de « fuite » peut renvoyer à la notion de lâcheté, d'un refus de l'action, elle peut également renvoyer à l'instinct animal de survie vis à vis d'un danger ou d'une violence subie, mais elle peut être également être une arme de résistance, une désertion d'un système pour faire un pas de côté et reconstruire une autre forme d'habiter le territoire, de réhabiliter une identité incertaine et de vivre tout simplement l'utopie d'une liberté. (Dénétèm Touam Bona, Fugitif où cours-tu ?, PuF 2016)</p><p>Aujourd'hui, l'actualité et le quotidien regorgent de ces figures de maronaz, que ce soit ces jeunes qui reprennent la route d'oasis en oasis en quête de sens, ces autres qui se regroupent pour défendre un territoire devenu symbole politique et poétique, ou encore de ces multiples en « apnée sociale » qui se cherchent une identité dans une économie de survie précaire et fragile. Des croisements, des parallèles et des fuites individuelles, des apparitions et disparitions. Leurs mouvements perpétuels sont des armes à multiples tranchants. Leur quête : persister dans leur être en disparaissant.<br />selon Marcel Dupré « la fugue est une forme de composition musicale dont le thème ou sujet passant successivement dans toutes les voix et dans les diverses tonalités, semble sans cesse fuir ».</p><p><u><strong>PROPOS DE LA PIECE</strong></u></p><p> </p><p><img width="100%" alt="" src="https://djxmmoom3injc.cloudfront.net/uploads/project_image/image/479577/la_fugue_3_4286_-1516215833.jpg" /></p><p>Beaucoup de personnes cherchent à rompre, mais avec quoi ? Avec leur métier, avec leur environnement, avec leur passé ? Et pour aller vers où, vers quoi, pourquoi ? « J’ai 31 ans et j’ai le sentiment de ne pas être à ma place ici et maintenant dans ma vie. Tout va bien pourtant, mais je ressens le terrible besoin de voyager, tout quitter et changer de vie. » serait-ce une fuite que de vouloir partir, de l’immaturité, ou bien un appel de la petite voie intérieure ?<br />chaque année, en France, le ministère de l'Intérieur inscrit par rotation 35.000 à 38.000 noms sur son Fichier des personnes recherchées. A La réunion on voit des avis de recherche tous les jours dans les journaux. Mais ce chiffre englobe les gens traqués par la justice, les mineurs fugueurs, les adultes dépressifs ou suicidaires et, dernière catégorie qui nous intéresse aujourd'hui : les adultes partis de leur plein gré faisant l'objet de Recherches dans l'intérêt des Familles.<br />Beaucoup sont retrouvés, certains rentrent à la maison, d'autres, au moins la moitié, refusent même de communiquer leur adresse. ceux-là rompent définitivement les ponts avec parents et amis. Les autorités avisent la famille qu'ils sont en bonne santé, rien de plus. On enlève leur nom du fichier des RIF et l'action officielle s'arrête. Ce fichier vient d’être supprimé.<br />Rien n'oblige quiconque à rechercher une personne qui a choisi de ne plus communiquer avec les siens. L'idée que chacun est libre de refaire sa vie au loin est stipulée dans les articles 1 et 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Toute personne jugée capable — ce qui exclut les mineurs et les majeurs malades mentaux — a parfaitement le droit de disparaître.</p><p> </p><p><u><strong>L’HISTO</strong></u><u><strong>I</strong></u><u><strong>RE</strong></u> </p><p> </p><p><img width="100%" alt="" src="https://djxmmoom3injc.cloudfront.net/uploads/project_image/image/479420/18278957_1531766973514269_3010565867200275837_o-1516193509.jpg" /></p><p>La pièce parle de ces gens qui disparaissent volontairement. Ces « marons » d’aujourd’hui qui se « volatilisent », comme font les volatiles, justement, les oiseaux migrateurs. s'évaporer, se dissiper, s'éclipser, s’éloigner de la poussière, vol somin ! Bref, « voyager » au sens littéral du mot : « se mettre en voie... en route ou en chemin ». C’est peut être ça un départ : « rentrer chez soi » La pièce parle de ces « évaporés » au travers des recherches de leurs proches qui mettent tout en œuvre pour tenter de les retrouver. Réfugiés au sein d’une association de disparus, les restants expriment leur chagrin, leur peur, leur rage, leur combat acharné. Leur vie a basculé, et ce vide va les questionner.</p><p>La Fugue représente après Notre Dame d’Haïti créé en 2016, le second « opus » de cette démarche artistique, une ode à la recherche de liberté, à la construction d’une résistance, à la reconstruction de soi par la disparition. Le dernier opus qui clôturera le cycle, « une odyssée », sera créé en 2019.</p><p> </p><p><u><strong>LE THEME DU TRAVAIL DE LA COMPAGNIE</strong></u></p><p> </p><p><img width="100%" alt="" src="https://djxmmoom3injc.cloudfront.net/uploads/project_image/image/479419/18209090_1531766983514268_8152801467988168346_o-1516193426.jpg" /></p><p>Pourquoi le mar(r)on(n)age ?<br />Au départ était une forte envie de comprendre les colères, de celles qui existent de plus en plus de par le monde, de celles qui m'entourent au plus intime et qui m'animent aussi, de ces mouvements individuels et collectifs qui amènent un individu puis une somme d'individus à faire un pas de côté, à refuser toutes formes d'oppression, à apprendre à dire non, et à devenir force de contre-proposition par l'action. Au départ il était question de révolutions, de révoltes, de résistances et de rebellions. Que celles-ci concernent la lente construction intellectuelle d'une personne qui se met en mouvement dans sa cellule familiale, jusqu'à l'élan radical et destructeur d'une foule qui décide de tout détruire puisqu'elle n'a plus rien à perdre.<br />Au fur et à mesure que j'avançais dans l'analyse de ce vaste sujet et dans le questionnement de mes obsessions, quelque chose me disait que ce que je recherchais était plus simple, plus évident. Qu'il existait forcement dans un coin de ma tête, sous mes yeux, autour de moi, dans les recherches que j'enchaînais, un fil conducteur, une « figure » de style qui ferait la synthèse de ce capharnaüm de pensées et d'urgences.<br />Je l’ai trouvé dans l’intimité de mon île au travers des figures de marons fuyant l’esclavage : Cimendef, Cilaos, Laverdure, Pitts, Faonce, Manzak, mais aussi la reine Fouche, Sarlave, Marianne, Simangavole car il n'y a pas que des figures masculines du mar(r)on(n)age, et encore Dugain, Mussard, Caron. car il n'y a de marrons sans chasseurs de marrons, et enfin Figaro, Samson, car il n'y a pas de chasseurs de marrons et de théorie du complot sans des trahisons de l'intérieur.<br />L'hypothèse de travail que je souhaite développer avec ma compagnie est que le maronaz se retrouve aujourd'hui sous différentes formes dans toutes les strates de la société, et dans de nombreux pays. Il est resté une attitude de sabordement, de résistance et de révolte de l'oppressé(e), et ce, quelque soit la forme d'oppression (domestique – politique – systémique -communautariste -...)</p><p>Pourquoi les formes contemporaines de maronaz ?<br />La violence sociale, politique et économique des territoires a généré dans le temps des formes multiples de maronaz. Cet élan de survie mélangé d'espoir renferme en lui toutes les propriétés de l'acte de résistance, de désertion ou de germe de révolution.<br />Ces formes de maronaz forcement cachées (« le rideau de canne » cher à Alain Loraine) deviennent à la fois une production littéraire fantasmée, un mythe fondateur, mais aussi un fait historique, donc culturel.<br />Celui-ci se transmet consciemment ou inconsciemment au sein des familles, dans l'entouraz proche des amis, par cooptation. Il développe ses codes, il construit son environnement, il marque un territoire îlet (qu'il soit quartier-famille, pied d'immeuble, rural, urbain) et participe d'une stratégie de fuite individuelle et collective.<br />• Quel est aujourd’hui ce sentiment d’esclavage amenant au marronnage ? • Qui sont aujourd'hui les nouveaux marons ? Y-a-t-il un lien entre les ancêtres marons et le comportement, la posture, l'organisation de la société d'aujourd'hui à La réunion ? une forme de déterminisme socio-historique perpétuée par certaines personnes, certaines communautés ? Quelles en seraient les formes adaptées au XXIème siècle ? • Le maronaz est-il individuel, collectif, spontané ou organisé ? • Celui ou celle qui se lève le matin pour nourrir sa famille ou celui qui décide de ne pas participer à la vie de la collectivité ? • Celle ou celui qui dit non pour la première fois ? • Ceux qui occupent une place publique pour refaire le monde ? • Le maronaz à La Réunion est-il différent de celui des Antilles, d'Haïti, de Madagascar, d'Inde ? Quelle forme prend t-il en métropole, en Europe ? • Peut-on décréter que tout est maronaz du moment qu'il y a résistance ou celui-ci répond-il à un legs de l'histoire, à une mémoire collective de la lutte, à une énergie intime liée à sa communauté ? • Le maronaz mène-t-il à la rébellion, à la révolte, à la révolution, ou à un simple pillage d'un système par utilisation de ses fissures, par immobilisme, par déviance ? • Comment on réinvente le monde ? • Qu’est ce qui nous donne envie d’agir ou de rester assit à coté du monde ? • Qu’est ce qu’espérer dans nos vies d’aujourd’hui ?<br />Transformer les « règles contre le pessimisme » de Cioran en questions à poser : pour vaincre le pessimisme</p><p> </p><p><u><strong>LE PROCESSUS DE CREATION DE LA COMPAGNIE</strong></u></p><p> </p><p><em>Un travail sur les langues</em><br />Les spectacles et les restitutions de fin de résidence, seront joués dans la langue maternelle des comédiens (français, créole réunionnais, malgache, haïtien) et surtitrés en français si besoin en tournée.</p><p> </p><p><em>Une création plurielle</em><br />un projet pluridisciplinaire avec le regard d’un vidéaste / photographe et d’artistes rencontrés au gré des voyages et des rencontres dans la ville (musiciens, plasticiens etc.)</p><p> </p><p><em>Le processus de création</em><br />Alternance entre phases de réflexion et de recherches, phases d’échanges et de collecte et phases de plateau. Nous avons donc besoin d’un processus long de fabrication, d’essais et de ratés. L’envie est de réunir des acteurs de différentes cultures, des amateurs (milieu scolaire et associations), des habitants de différentes régions du monde autour de l’idée du « maronaz contemporain » et de travailler sur cette idée avec eux. comme point de départ il y a ce maronaz contemporain et les matériaux que l'équipe va se charger de récolter : des articles de journaux, des bouts de textes, des poèmes, des photos, des interviews, des couleurs, des odeurs, les corps et engagements d’acteurs et la parole des gens, la récolte de récits de vie, des recherches universitaires pour éveiller nos imaginaires. une envie de raconter des histoires autrement et de façon moins tranquille, moins confortable avec l’envie très naïve d'influer sur la marche du monde. L’écriture qui se laisse écrire au fil des rencontres tout au long de l’aventure.</p><p> </p><p><strong>Les territoires d’exploration et de résidence : Haïti, Notre-Dame-des-Landes, La Réunion, Madagascar, le Maroc</strong></p><p> </p><p><em>Ecriture et mise en scène </em>Lolita Monga</p><p> </p><p><em>D</em><em>istribution</em> Judith Profil, Florient Jousse, Olivier Corista, Rachel Pothin, Lolita Monga, avec la voix de Sylvie Espérance</p><p> </p><p><em>Lumières </em>Valérie Foury</p><p> </p><p><em>Photographies</em> Laurent Zitte</p><p> </p><p><em>Citations extraits</em> Bernard Grondin, Eric Dumont, Alain Fleisher</p><p> </p><p>S<em>cénographie costumes</em> Cie Lolita Monga</p><p> </p><p><em>Confection costumes</em> Clémence Boissard</p><p> </p><p><em>Administration</em> Lionel Pannetier</p><p> </p><p><em>Remerciements </em>Christian Jalma, Arsène Mastane, Bernard Grondin, Willy Agen, Jean -Marc, Loran Hoarau, Pascal Knopfel, EMMAÜS Réunion, les membres bénévoles de la Cie Lolita Monga.</p><p> </p><p>Spectacle en français et en créole</p><p> </p><p> </p><p><u><strong>LA PRESSE EN PARLE</strong></u></p><p><img width="100%" alt="" src="https://djxmmoom3injc.cloudfront.net/uploads/project_image/image/479417/azenda-lafugue_-_copie-1516193154.jpg" /></p><p><img width="100%" alt="" src="https://djxmmoom3injc.cloudfront.net/uploads/project_image/image/479418/artile_LF_JIR-1516193176.png" /></p>