LE LAC - ANTOINE PICARD

Vallée submergée et paysage idyllique : complexité d'un territoire En 1968, un barrage est construit dans le resserrement d'une vallée, noyant 700 hectares. De nombreux habitants doivent quitter la terre que leur famille travaille depuis plusieurs générations suite aux annonces d'ingénieurs prévoyant sa submersion. Mais la montée des eaux, qui devait se dérouler en deux étapes, n’a finalement jamais atteint le niveau escompté ni les villages évacués. Pendant trois années, Antoine Picard a enquêté auprès des spécialistes (géologue, botaniste, biologiste, pêcheur, plongeur, agriculteur...) et des habitants (nouveaux arrivants et autochtones) de la vallée du Salagou. Il a développé un récit documentaire fragmentaire où toutes ces paroles et empreintes visuelles cohabitent pour dessiner la complexité du territoire et de son histoire. Il s’est inspiré de faits réels et situés, pour atteindre une dimension universelle qui résonne en chacun de nous, faisant référence à nos histoires familiales, à leur enfouissement dans nos mémoires, et paradoxalement à leur présence toujours saillante. À titre d'étape, Antoine Picard a déjà publié chez nous un livre d'artiste, La Vallée pleine, en tirage limité (risographie). Ce livre, regroupant la série d'images subaquatiques, sera réédité à l'occasion de la sortie du livre Le Lac. L'HISTOIRE DU LAC Le ruisseau serpente au milieu de la ruffe, une roche sédimentaire rouge, au cœur d’un territoire très sec. La viticulture domine. Dans les années 1950, les pouvoirs publics préconisent d’arracher les vignes et de planter des vergers. Ils anticipent la nécessité de créer un réservoir d’eau pour l’irrigation des fruitiers prometteurs. En 1968, le barrage est construit et le site est mis en eau. De nombreux habitants quittent leur terre mais la montée des eaux n’atteindra finalement jamais le niveau prévu. Le village a été évacué pour rien. Dans les années qui suivent, les maisons sont pillées, tombent en ruine. Des grillages protecteurs assurent la sécurité du site. D’anciens habitants luttent. Ils veulent que leur village revive. Ils restent mobilisés durant cinquante ans. En 2019, trois nouvelles familles s'installent. Le hameau, proche du barrage, aurait lui aussi dû être inondé. Il n’a pas eu la même chance : il est rasé, à l’aube, un matin de 1986. LE LIVRE format du livre : 12 x 17 cm · 240 pages · 700 exemplaires environ 100 photographies en quadrichromie · prix de vente public : 27 € TTC livre avec coutures apparentes · papiers de création · jaquette imprimée en risographie Le projet d’édition est constitué des photographies de l’auteur, mises en regard de nombreux récits tirés de son journal d’enquête, ainsi que des séquences de prises de vues subaquatiques et des images d’archives. Cet ensemble prend vie dans un objet-livre à la fabrication soignée et dans une création graphique sobre, jouant sur la tension entre textes et images. Cet espace permet au lecteur d’être saisi par l'épopée de ce lac, qui relève autant de l’intime que de l’universel. Ce livre de photographie est aussi un livre d'histoires, de mémoire, et une rêverie des lieux disparus. Sa publication est prévue en juillet et accompagnera une première exposition au château de Montmaur, produite par le département des Hautes-Alpes. Ci-dessous, La Vallée pleine, publié en 2020 PORTEURS DU PROJET LES ÉDITIONS CRÉAPHIS sont spécialisées en photographie, en histoire et sciences sociales et en littérature de non-fiction autour du paysage, de l’habitat, des mobilités et migrations, du travail, des luttes et des violences, et des questions de mémoire, selon des approches autant documentaires et scientifiques que sensibles et poétiques. Fondées en 1982, elles sont diffusées et distribuées en librairie par Interforum et font partie de l'association France PhotoBook. Nous sommes attachés à l’œuvre d’Antoine Picard, avec qui nous avons déjà publié deux livres, Le Plateau (avec un texte de Marie-Hélène Lafon) et La Vallée pleine (livre d’artiste à tirage limité). Son approche concrète et sensible des lieux nous touche particulièrement. ANTOINE PICARD est artiste indépendant. Ses recherches photographiques s’ancrent dans le paysage naturel et humain, avec un intérêt particulier pour les formes d’adaptation à un monde en perpétuelle transformation. Il a réalisé sa série Les Énoncés (2011- 2014) dans le cadre de la mission photographique France(s) Territoire liquide dont le travail a été présenté à la Bibliothèque nationale de France à Paris en 2017, et publié aux éditions du Seuil. À l’issue d’une résidence de 2015 à 2018 dans un lieu de formation agricole en Drôme, il a produit la série Le Plateau en collaboration avec l’écrivaine Marie-Hélène Lafon. Ce projet a bénéficié d’un reportage de la chaîne Arte en 2018 et de la publication d’un livre éponyme en septembre 2020 aux éditions Créaphis. Depuis 2019, Antoine Picard se consacre à documenter par l’écrit et l’image les mutations paysagères, écologiques et humaines de paysages défigurés (Le Lac – 2019-2022, La Vieille Rivière – depuis 2022). Il a obtenu la bourse d’aide à la photographie documentaire du Cnap en 2020 pour son projet Le Lac, ainsi que, en 2023, les aides à la création de la Drac Auvergne-Rhône-Alpes et du département de la Drôme pour son projet La Vieille Rivière.