LES ORPHELINS DU DONBASS
Des centaines de milliers d'enfants déplacés vers l'Est, comme engloutis dans un brouillard épais, happés par le sourire de la nébuleuse russe... Des milliers d'autres, secourus par des adultes ukrainiens et en route vers l'Ouest. « Les Orphelins du Donbass" est d'abord un film qui s'inscrit dans une action de témoignage et d'écoute des enfants dans ce temps cruel de guerre: nous avons commencé à filmer dès la mi-mars 2022 dans le sud de la Roumanie, et jusqu'en Ukraine en passant par le Delta du Danube. Des familles et de nombreux enfants fatigués, pâles, sonnés, arrivant dans des bus embarqués sur des ferry dans les méandres du Danube. Dans ce moment terrible de la guerre en Ukraine, monsieur Iulian Furtuna, artiste visuel, metteur en scène, réalisateur d'origine roumaine et moi-même, Fabienne Foignet-Pohren, directrice et consultante en Protection de l'Enfance, auteure et comité de rédaction Revue des Cahiers de l'Enfance et de l'Adolescence, nous portons témoins actifs des questions de la place des enfants pris en otages dans des conflits armés subits et ravageurs. Nous nous sommes d'abord rendu en Ukraine pour ouvrir un nouveau corridor humanitaire vers Odessa/ Mykolaiv Monsieur Furtuna a voulu d'abord participer au soutien de ces populations menacées de mort, sans distinction de sexe, d'âge ni de statut. Il a ainsi organisé un maillage logistique incroyable dès l'île de France en direction de l'Ukraine via Tulcea, soutenu en cela par de nombreux acteurs : associatifs, bénévoles, collectivités et mairies, artistes, et a pu concevoir et contrôler un corridor humanitaire hors radars des organisations habituelles et en toute discrétion. https://www.facebook.com/1421606652/videos/pcb.10222986733203076/744475529968129 Ici, ce nouveau corridor humanitaire par train dans le journal France2: https://twitter.com/proteccivilefr/status/1507038163855945740?lang=bg Les marchandises acheminées par camions, par voie routière, train, bateau ont été déversées à bon port et des dizaines de personnes, hommes, femmes, enfants, ont pu reprendre des buses d’affrètement dans le sens Ukraine/Tulcea/Paris. Monsieur Furtuna a mené dans le même temps la continuité d'une démarche artistique et cinématographique, touchant de très près au genre documentaire par le tournage quotidien de scènes de vie très intenses, des interviews des enfants, de leurs mamans et des ces familles des russes lipovennes, des roumains, des allemands et des français qui les ont accueillis dans leurs maisons et, souvent, dans leurs cœurs aussi. "Les Orphelins du Donbass" c'est bien la guerre qui continue, plus de 200000 enfants déplacés de force, de l'ouest vers l'est, du Donbass vers la Russie, sans compter les premiers déplacements à l'œuvre depuis 2014: le tournage en immersion doit continuer à l'ouest de l'Ukraine pour montrer et entendre les enfants orphelins, familles, associations, qui auront pu revenir saufs jusque dans ces zones porteuses d'espoir, mais également pour les suivre et les soutenir dans leurs parcours d'exil, ce nouvel exode des enfants, vers l'Europe. Ce film présentera sans doute l'intérêt de mettre en perspective ce continuum mortifère prolifique qui impacte violemment l'enfance (dans nos sociétés européennes ou péri européennes aujourd'hui aussi), en opposition complète à toutes les résolutions de droit qui ont vocation à protéger la personne de l'enfant. Il devra s'appuyer sur leurs mots pour nous éclairer collectivement quant à l'urgence d'une promesse de lendemains réparateurs. Le film agira comme la trace en mémoire de ces traumatismes violents que ces milliers d'enfants auront subis. Telle une boîte noire aux révélations différées. Quel épais brouillard, hélas, quel épais brouillard…Nous ne connaissons plus le chemin du retour. Nous sommes légers et le brouillard est comme de la fumée. Hélas, où est-elle, où se cache la route ? Quel épais brouillard, hélas, quel profond brouillard ! Où est le sentier, maîtresse ? Aucun chemin sous nos pieds ... nous flottons ...Hélas ! Où est la maison ? comment rentrer chez nous? Et nous sommes nus, la peur nous envahit. Où est mon père? Où est ma mère? On ne voit plus du tout les autres. Ce jeu ne nous plait pas, ce n'est pas un jeu. Quel épais brouillard, hélas, quel profond brouillard Oh, jettez-nous, vous, un chemin ! On ne connait plus le chemin du retour Et le brouillard est épais... épais... épais... Eugen Jebeleanu, "Le Sourire d'Hiroshima" Parce qu'il faut savoir regarder, entendre et témoigner , mais aussi aider, secourir, et rassurer, parce qu'il faut savoir sauver et aider des enfants, des familles et des gens en général, parce qu'ils sont nous et que nous sommes eux, parce que l'image est un art et l'art un thérapeute, aidez nous à terminer ce film.