Lettres Baladeuses

Lettres baladeuses, c'est quoi? Le livre Lettres baladeuses répertorie plus de 700 photographies de lettres et symboles dans l’espace public du Sud-Ouest. Enseignes, publicités murales, linteaux, pierres tombales, etc. Ce patrimoine crée un panorama unique d’une région en pleine évolution. Ces lettres parlent toutes, à leur manière, de leur géographie et de sa population. Elles dépeignent des villes, des gens, des aspirations. Elles sont, pour qui prend le temps de les déchiffrer, le témoin silencieux de leur époque. Qui sommes-nous? Clément & Malou se sont rencontrés au lycée. Depuis ils ont collaboré sur de nombreux projets : un fanzine sur le graffiti (L’échelle, auto-publié), un livre sur le tag à Paris, New-York et Sao Paulo (Tag, ed. Alternatives) ainsi qu’un livre sur les enseignes peintes à la main en Afrique de l’Ouest (Ici c’est bon, ed. Alternatives). Clément Criseo est un photographe indépendant. Dès le lycée, il commence à prendre des photos pour archiver les tags de son quartier avant que ceux-ci ne soient effacés ou repeints. Il conjugue depuis son amour pour le cyclisme à celui du voyage pour photographier les murs de Paris et d'ailleurs. Malou Verlomme est un typographe indépendant. Il développe ses propres caractères, dont plusieurs ont été récompensés. Après avoir créé la fonderie LongType, et travaillé pendant 5 ans chez Monotype, il travaille désormais sous son propre nom. Ses polices de caractères incluent: le Camille (intégré aux collections du CNAP), le Johnston100 pour TfL (métro de Londres), Boucan, Ionic N°5, Macklin, Madera ainsi que Ecam et Totem. Sauvegarde d’un patrimoine Lettres baladeuses donc, mais quelles lettres? Qu’est-ce qui guide le choix des lettres dignes d’intérêt? Ce sont des lettres faites à la main. Ou plutôt des lettres produites de manière artisanale, et non le fruit d’une police de caractère existante. Qu’il s’agisse d’une enseigne peinte à la main, d’un néon produit par un artisan, d’une pierre taillée à la main, c’est à chaque fois la lettre qui part en balade au gré du savoir-faire et de l’inspiration de son créateur. Les linteaux, pierre angulaire de l’Etxe, la maison en basque. Gravées du sceau du bâtisseur, des propriétaires, datées, rarement signées, ces lettres d’une grande richesse sont la signature indissociable de leur région. La maison, le foyer, jouent un rôle sociologique prépondérant dans la société basque. Le linteau en est le fier étendard. On peut y déceler des styles spécifiques à chaque époque, et à chaque province. Les anciennes publicités murales, celles qui persistent, qui résistent au temps sur des murs décrépits. Elles nous rappellent une époque ou les apéros commençaient tôt (Suze, St Raphaël, Cinzano, Dubonnet) et cela ne nous empêchait pas de conduire (Huiles Renault, Mobil). On les voit disparaître au fil des ans, pour ne parfois plus laisser apercevoir qu'un spectre du passé. Il arrive qu’une publicité “moderne” vienne les recouvrir sans ménagement, pour le plus grand désespoir des esthètes en lettres. Les lettres en fer forgé des splendides villas Basco-Landaises veulent aussi nous raconter leur histoire. Assemblage bancal de prénoms (Analberca, Fransyljack), programme fantasmé des nouveaux arrivants (Notre désir, Horizon, Clair Logis) ou encore mot de bienvenue (ongi etorri), elles donnent à chaque fois un mot, une sonorité, et un style typographique au foyer. Les lettres gravées des pierres tombales, nous emmènent dans un voyage historique et familial. On y voit la trace du temps, les lettres disparaissant progressivement pour ne laisser qu'un fantôme typographique. Les stèles discoïdales au Pays basque révèlent une tradition ancestrale et toujours vivante. Les petits messages personnels, parfois drôles, souvent maladroits, sont une résurgence de l'humain, de l'individu dans une société toujours plus industrialisée. scotchés à même un poteau, coincés sous un essuie-glace, ou accrochés derrière une porte, ils sont manuscrits et croustillants. Panneau signalétique, plaque de rue, réglementation en vigueur, la ville produit tout un attirail de lettres et de symboles. Ceux-ci sont la face visible de l'État souverain, ils nous ordonnent plus qu'ils nous parlent. Les enseignes de magasins, étaient jusque dans les années 80 généralement l'œuvre d'un artisan : le peintre en lettres. Avec l'arrivée massive du numérique et du vinyl autocollant, la qualité de ces enseignes a chuté drastiquement. La trace de l'humain a disparu au profit de l'économie et du commerce à tout va. Nous cherchons ici et là les rares vestiges de cette époque révolue, tout en observant avec joie un retour des lettres peintes à la main. Faire vivre ce patrimoine En parallèle du livre, nous avons entrepris une démarche active avec la création d'une série d'affiches inspirées du patrimoine photographique du livre. En effet, pour tout amateur de lettres, ce livre représente une formidable collection d'éléments graphiques. Par ces affiches, nous montrons qu'il est possible de se les approprier et de les faire vivre. Ces affiches seront imprimées par nos soins, en sérigraphie, à l'atelier Zuzulu à Bayonne. Nous prévoyons également une exposition itinérante regroupant des tirages photographiques ainsi que les affiches en question. Fiche technique Le format du livre et sa composition (photos carrées, format polaroid) rendent hommage au livre mythique de la typographie vernaculaire par le grand Edward Fella: Letters on America, (Princeton Architectural Press, 2000). Format 245 × 245 128 pages Quadrichromie Typographie 00 Gros Serif Couverture rigide Dos carré cousu collé Imprimé chez tamère, Enslip