Misses Jones
<p>Ces portraits de femmes en prison proposent une réflexion sur le paraître et sa relation à l’identité.</p>
<p>Grâce à notre éditeur André Frère Éditions et à votre aide précieuse le projet de publication « MISSES JONES » sortira en novembre 2019 !</p>
<h3><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/616345/Titre-Le-livre-misses-Jones-1568281923.jpg" width="100%" />Ouvrage 80 pages quadri, format 21 x 31,5 cm, relié couverture rigide</h3>
<p>Photographies : Malika Mihoubi et Loïc Xavier</p>
<p>Textes : Laurence Loutre Barbier, Claudia Stavisky, Malika Mihoubi et Loïc Xavier</p>
<p>Le lancement du livre aura lieu début novembre à Paris Photo Grand Palais, puis nous organiserons à Lyon, des rencontres / signatures à La Librairie du Musée des Confluences, et au Théâtre du Point du Jour où ces portraits seront exposés en novembre 2019.</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/614996/COUVERTURE_MISSES_JONES_A-1567855458.jpg" width="100%" /></p>
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<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/616346/Titre-Notre-demarche-1568281957.jpg" width="100%" />Les femmes en prison ?</p>
<p>N'a-t-on pas déjà suffisamment compris leurs peines ?</p>
<p>Comment nous y prendre et comment montrer d’autres représentations de personnes incarcérées ? Notre balise : donner à voir la seule humanité. Facile à dire, facile à vouloir, notre sincérité sera-t-elle suffisante ? </p>
<p>Et puis arrivent d’autres questions, sitôt avancée une réponse, il ne s’agit pas de fabriquer du «tout beau tout rose» et des «prisons dorées.»</p>
<p>Comment révéler l’envie, le désir, la lutte, pas pour «s’auto» survivre, mais vouloir vivre après. </p>
<p>La solidarité, l’entraide, l’envie d’après, qu’est-ce qui est bon ou mauvais ? Qu’est-ce que veut dire se laver, s’habiller (de passer du jogging au vêtement) de passer de l’enfermement mental et physique à l’après ? </p>
<p>De la dévalorisation à l’acceptation, retrouve- t-on la dignité ?</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/614998/Misses_Jones_2__Malika_Mihoubi___Loi_c_Xavier-1567855804.jpg-1567855804.jpg" width="100%" /></p>
<p>Durant quatre années nous sommes allés en centre de détention et maison d’arrêts de notre région, bien sûr, le résultat de nos rencontres, de nos rires, de nos conversations avec près de 90 femmes, ne change rien à leurs peines, ni à leurs conditions, mais le temps des prises de vues « on y croit ». </p>
<p><em><strong>Ensemble utopiste, on se fabrique des images d’ailleurs.</strong></em></p>
<p><em><strong>On ne révèle rien de leurs réalités sordides, de la taule, des barreaux, des cris, du sexe ou du manque de sexe, du manque tout court, de la violence, des toxs, de la solitude, du pouvoir de l'argent et de l'abus de pouvoir, de l'infantilisation, de l'injustice et de la pauvreté.</strong></em></p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/616014/Misses_Jones_1__Malika_Mihoubi___Loi_c_Xavier-1568143138.jpg" width="100%" /></p>
<p>Des 7 ou 9m² nous mettons en avant, le seul territoire qui soient à elles, leurs corps. Peut-être mutilés, sûrement cachetonnés, en dessous des dentelles et des bras scarifiés, cette fourrure blanche, de ces bijoux, ces robes et de ces falbalas, leurs corps parés révèlent plutôt qu'ils ne cachent, leur humanité.</p>
<p>En permutant les codes de la représentation du portrait, et à travers le livre, nous proposons de voir ces femmes autrement.</p>
<p>En centre de détention, lieu voué à l’enfermement et à l’exclusion il existe malgré tout des espaces de liberté relative pour l’expression des individualités. Il y a les espaces «soupapes» qui font partie du système carcéral qui en réglemente l’accès et l’usage, comme ce salon de coiffure, et ceux plus éphémères, comme celui fabriqué le temps des prises de vues et des portraits. <strong><em>Ces portraits, croulent sous l’artifice et la parure.</em></strong></p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/614999/Misses_Jones_4__Malika_Mihoubi___Loi_c_Xavier-1567855838.jpg-1567855838.jpg" width="100%" /></p>
<p>Au théâtre, le costume est, avec le décor, le premier signe visible pour le spectateur. Il relève à la fois du réel (volume, matière, couleur) et du fictif à travers les codes de représentation qu’il véhicule. Seconde peau du comédien, le costume caractérise le personnage, l’inscrit dans une référence historique, sociale, participe à sa gestuelle et, plus largement, à la dramaturgie.</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/615002/Misses_Jones_3__Malika_Mihoubi___Loi_c_Xavier-1567856017.jpg-1567856017.jpg" width="100%" /></p>
<p>En milieu carcéral, le costume de scène introduit tout un champ esthétique, poétique et symbolique qui rend possible une nouvelle apparence aux antipodes des stéréotypes de la femme détenue.</p>
<p>Dans une perspective critique de l’ordre et des codes établis par les schémas de mise à l’écart, la parure permet de créer une position d’émancipation et de subversion.</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/615000/Misses_Jones_5__Malika_Mihoubi___Loi_c_Xavier-1567855898.jpg-1567855898.jpg" width="100%" /></p>
<p>La mise en scène volontairement valorisante crée des images avatars qui interrogent la représentation et sa relation à l’identité. Elles déçoivent les attentes de l’imagerie collective des femmes détenues. En jouant avec l’apparence, s’installe une tension entre l’exigence de la reconnaissance et la nécessité du paraître. Il s’agit de brosser un portrait codifié selon des normes historiques et sociales considérées comme inaccessibles. La magnificence du costume permet cette transformation et désigne, à proprement parler, le personnage dont la fausse identité sociale est reconnue au premier coup d’œil. </p>
<p><strong><em>Elles quittent leurs habits de non-personnes, de non vie sociale, elles brouillent les cartes et révèlent un autre possible.</em></strong></p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/615003/Misses_Jones_6__Malika_Mihoubi___Loi_c_Xavier-1567856031.jpg-1567856031.jpg" width="100%" /></p>
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<p><strong>La lettre de Claudia Stavisky</strong></p>
<p>C’est en prison que j’ai découvert chacune de ces trois séries de photographies. Dans deux prisons différentes, mais à chaque fois dans des espaces étrangement similaires, des salles communes et neutres, transformées le temps d’une exposition éphémère.</p>
<p>À chaque fois, j’y ai rencontré les femmes qui avaient participé aux séances de prises de vues.</p>
<p>Et à chaque fois, dans la confrontation directe de ces images et de leur «modèle», ce qui m’a frappée était que ces femmes n’étaient justement pas des modèles. Elles n’étaient pas simplement des corps qui s’étaient prêtés aux consignes de photographes, mais des femmes qui avaient réappris à se regarder, des sujets qui avaient imaginé et fabriqué leur propre image. Une reine, une danseuse de cabaret, une figure mythologique, un personnage de western… de toutes les époques et de tous les continents, chacune a façonné l’image d’un autre possible, d’une autre version d’elle-même.</p>
<p>J’ai été saisie par cette évidence que je connais pourtant bien en tant que metteure en scène de théâtre mais que je ne m’attendais pas à éprouver au cœur de l’univers carcéral : l’artifice du costume révèle la vérité du personnage.</p>
<p><strong><em>Ne nous y trompons pas : cette expérience, si ludique soit-elle, de jouer avec son apparence et de transformer les regards, n’est pas un simple et fugace divertissement pour échapper à la réalité. C’est avant tout une conquête de soi car notre corps est notre premier pays.</em></strong></p>
<p>Ces femmes, apatrides d’elles-mêmes dans l’univers dépersonnalisé de la prison, ont ainsi retrouvé grâce à cette pause photographique, un passeport pour enfin rentrer chez elles.</p>
<p><strong>Claudia Stavisky</strong>, Metteure en scène et directrice des Célestins, Théâtre de Lyon</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/615001/Misses_Jones_7__Malika_Mihoubi___Loi_c_Xavier-1567855949.jpg-1567855949.jpg" width="100%" /></p>
<p>Un très grand Merci à toutes les femmes rencontrées, qui se sont prêtées au jeu, données à la mise en œuvre, serait plus juste, et à la fabrication de ces images. Depuis la première rencontre et prise de vue avec elles, toutes, savent et attendent la réalisation de ce livre.</p>
<p>Merci à, Morgan - Jennifer - Virginie - Aline - Prescilia - Diane - Andrée - Nath’ - Babouchka - Cécile - Samah Tolérance - Pricillia - Casa Negra - Samy - Cindy - Deborah Kenza - Bagdad - Monique Marseillaise - Lidia - Fabienne - Kyra - Ytimed - Coco - Tian Ying - Ma P’tite - Gisela - Elin - Youssra - Patricia - Mini Kardashian.</p>
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<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/616347/Titre-expo-1568281984.jpg" width="100%" />La série MISSES JONES (36 images) a été exposée au <strong>Palais Épiscopale - bibliothèque</strong> du 5ème à Lyon. Elle a été projetée en juillet 2019 pour <strong><em>La nuit de l’année</em>, aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles</strong>. MISSES JONES sera présentée et exposée en novembre 2019 au <strong>Théâtre du Point du Jour</strong> - Lyon, dans le cadre de l’évènement "Libre de corps et d’esprit", organisé par la mairie du 5ème - Lyon. Simultanément les auteurs sont invités au colloque "les arts visuels en prison", dans le cadre de l’exposition temporaire "Prison, au delà des murs" au <strong>Musée des Confluences</strong> - Lyon.</p>