Soutien à la Création de la Tempête de William Shakespeare
<p><strong><em> LA TEMPÊTE de W. Shakespeare </em></strong></p><p><strong><em> Traduction et mise en scène Juliette Rizoud</em></strong></p><p> </p><p><img alt="" width="100%" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495466/Sans_titre.001-1520850379.jpeg" /></p><p> </p><p><strong>Équipe du spectacle : </strong></p><p> </p><p>Metteuse en scène et traductrice : Juliette Rizoud</p><p>Assistant à la mise en scène : Sidonie Fauquenoi</p><p>Comédiens : Claire Galopin, Jérôme Quintard, Damien Gouy, Clément Carabédian, Julien Gauthier, + 1 (distribution en cours)</p><p>Musicien : Thomas Puybasset</p><p>Chorégraphe : Aurélien Kairo</p><p>Créateur maquillages et coiffures : Gauthier Magnette</p><p>Régie maquillage : Lucie Pfeiffer'ova</p><p>Créatrice costumes : Adeline Isabel-Mignot</p><p>Créatrice lumières : Mathilde Foltier-Gueydan</p><p>Créateur graphique et visuel : Alchiméo</p><p>Créateur décor : Guillaume Ponroy</p><p>Créatrice audio description : Audrey Laforce de la compagnie Théâtre Oblique</p><p>Régisseur Son : Cédric Chaumeron</p><p>Administratrice de production : Evelyne Jacquier</p><p>Diffusion : Raphaëlle Diou Rimsky-Korsakoff </p><p>Coproducteurs et aides financières : La Machinerie – Théâtre de Vénissieux / Théâtre Théo Argence à Saint-Priest / Le conseil général de l’Isère</p><p>Résidence de création : La Machinerie – Théâtre de Vénissieux Théâtre national Populaire de Villeurbanne / Le Toboggan à Décines-Charpieu</p><p>Création de La Tempête : 9 novembre 2018 à La Machinerie – Théâtre de Vénissieux</p><p> </p><p><strong>L'HISTOIRE</strong></p><p> </p><p>Comme dans les rêves, tout est possible. Voici le point de départ pour cette mise en scène d’une pièce hors norme, susceptible de créer un moment théâtral fédérateur et populaire. L'envie première est là : raconter cette grande histoire avec un large public, l’emmener avec nous sur la falaise surplombant l’île mystérieuse sur laquelle Prospéro, ancien duc de Milan, a été exilé de force avec sa fille Miranda douze ans avant le début de la pièce. Grâce à ses pouvoirs surnaturels, il provoque le naufrage du vaisseau du roi et de tous ses ennemis réunis à bord. Il leur fera subir une série d’épreuves pour les punir de leur traîtrise…</p><p> </p><p><strong>L’ÎLE</strong></p><p> </p><p>« Le calme avant la tempête » dit-on, mais ici tout s’inverse. Le bruit précède le silence. Et le silence est parfois plus dévastateur qu’une tempête naturelle. L’île, loin d’être la destination d’une croisière de rêve, est une sorte de purgatoire où les personnages vont explorer leur monde intérieur, leurs peurs, leurs rêves et leurs désillusions. L’île : espace clôt dans l’immensité, lieu de tous les fantasmes, laboratoire imaginaire de la société qui, de Robinson Crusoé à Alcatraz, est un cadre parfait pour observer au microscope les relations entre les hommes. Cette île imaginaire, propre à créer de multiples illusions, est avant tout une « île de Théâtre ».</p><p> </p><p><img alt="" width="100%" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495468/Tempete_2-1520850858.jpg" /></p><p> </p><p><strong>LE DECOR</strong></p><p> </p><p>Cette île sera figurée par un tréteau circulaire en bois au centre du plateau. Plusieurs trappes sur ce tréteau pourront être ouvertes, soulevées, pour faire apparaître ou disparaître des éléments de décor, accessoires ou comédiens. Le tréteau sera entouré par un cercle d’eau. L’acteur sera littéralement contraint de se mouiller pour prendre l’espace de jeu. Un « arbre » sera présent sur le plateau, un arbre particulier, un arbre aux multiples facettes : à la fois arbre de la connaissance et lieu de torture et d’emprisonnant pour Ariel, il représentera également le mât du navire prit dans la tempête. Le musicien sera à la cime de cet arbre. Omniprésent et omniscient, il sera caché de tous mais connaîtra tout et tout le monde. Il sera la nature et les sonorités du monde. L’île sera la scène et la scène sera le monde, tout comme au temps du théâtre élisabéthain. Tout ce qui s’y déroulera sera orchestré par Prospéro, figure du metteur en scène. Les comédiens, quand ils ne seront pas en jeu, s’assiéront au fond de la scène, attendant l’ordre de venir jouer. Les changements se feront à vue. Ce dispositif me permet d’utiliser la machinerie du théâtre dans ce qu’elle a de plus pur afin de partager avec les spectateurs les plaisirs et pouvoirs de « l’illusion théâtrale ». Spectateurs, comédiens et personnages vivront ou revivront ensemble cette histoire de lutte pour le pouvoir et pour la liberté.</p><p> </p><p><img alt="" width="100%" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495472/Tempete_3-1520851420.jpg" /></p><p> </p><p><strong>POUVOIR ET LIBERTE</strong></p><p> </p><p>Les deux ne vont pas sans heurts. Pourtant, tous les personnages s’y frotteront, qu’ils soient rois, amants ou pauvres, car la soif de pouvoir n’est pas réservée aux puissants, elle est la loi qui gouverne le monde. Si Prospéro a été victime de la suprématie de son frère, il n’a ensuite pas hésité à faire des deux habitants de l’île, Ariel et Caliban, ses esclaves. On dit que « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres », mais, dans La Tempête, Shakespeare montre que pour la liberté des uns, il faut souvent sacrifier celle des autres. Ariel, devenu le serviteur de Prospéro, ne sera pas libre tant qu’il n’aura pas exhaussé les voeux de son maître. Caliban, détrôné par Prospéro, est soudain dépossédé de sa terre natale. Dès sa première apparition, Prospéro plantera symboliquement un drapeau sur sa terre d’exil. Envahisseur, figure du colon moderne, il impose à l’île sa civilisation via le langage, les traditions ou même l’architecture. La Tempête porte le goût des grandes explorations, de la découverte du Nouveau Monde, du choc de l’ailleurs et de l’envahissement du monde sauvage par le monde moderne. J’imagine cette île mystérieuse au large de l’Océan Atlantique, où vivent des populations qui nouent tradition, magie et quotidien. Le monde invisible, le monde des rêves et le monde des morts cohabitent : le monde forme un tout.</p><p> </p><p><img alt="" width="100%" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495480/mural3-1520852094.jpg" /></p><p> </p><p><strong>LA CREATION MUSICALE</strong></p><p> </p><p>La présence en direct d’un musicien polyinstrumentiste sera essentielle pour plonger dans l’atmosphère si singulière d’une île tantôt remplie « de vacarmes à terroriser des monstres et à faire trembler la terre », tantôt parcourue « d’airs mélodieux qui enchantent et qui ne font pas de mal». Les partitions s’inspireront de la musique « native » préhispanique, une musique spirituelle qui exprime et relie les choses, elle-même étant reliée au monde, à la Terre Mère. Elle peut soigner, guérir, soulager, modifier et communiquer avec les esprits de la nature, le soleil, l'eau, les arbres, la forêt, le tonnerre, qui accompagnent ces peuples.</p><p> </p><p><img alt="" width="100%" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495520/6a00d8341ce44553ef0105371b1c19970b-1520857386.jpg" /></p><p> </p><p><strong>LA CREATION COSTUMES ET MAQUILLAGE</strong></p><p> </p><p>Enfin, les costumes et les maquillages seront essentiels pour faire naître notre l’île. Je souhaite travailler sur la nudité et la maigreur des corps insulaires. Prospéro et Miranda seront vêtus de tissus et de plantes, de filets de pêche et de voiles de bateaux. Pour habiller les corps des habitants de l’île, j’utiliserai de la peinture corporelle, avec des lignes et des dessins rappelant les peintures de tribus sudaméricaines. Je souhaite qu’il y ait une évolution dans les costumes, notamment pour Miranda et Caliban qui se font rattraper peu à peu par la modernité qu’apporte les protagonistes qui arrivent sur l’île.</p><p> </p><p><strong>L'EPILOGUE</strong></p><p> </p><p>Cette Tempête, inquiétante et sévère, poétique et grotesque, dépeint à merveille la grandeur de l’esprit et la cruauté humaine. Si cette antinomie était propre à la Renaissance, force est de constater que nous sommes encore pétris de ces contradictions. Cette pièce n’est qu’une éternelle répétition de ce qui se passe dans le monde depuis que l’homme est au centre de tout. Le monologue final de Prospéro prédit d’ailleurs que la puissance de l’esprit humain dépassera la puissance de la nature. Les quatre éléments, l’eau, la terre, le feu et l’air, sont libérés des dieux mais obéissent maintenant à l’homme qui à son tour bouleverse l’ordre de la nature. A nos yeux, ces mots sentent le nucléaire et la déforestation, la prise de pouvoir des machines et le transhumanisme. L’épilogue a plus un gout d’apocalypse et de troisième guerre mondiale que de réconciliation et de pardon, comme on l’imagine parfois. Je souhaite parler, au travers de cette Tempête, des dérives d’une course au progrès qui se jouent désormais à l'échelle planétaire, dont aucune règle du jeu n'a été fixée. Ce qui fait rêver les uns fait trembler les autres. Car aucune technologie constructive ne peut se départir d'une technologie destructive. Tout ce qui sera donné à l'homme de faire, il le fera. L'histoire nous a par trop de fois montré combien l'homme ivre de liberté en oublie sa conscience. Mais j’ose croire que dans son dernier monologue Prospéro/Shakespeare parle non d’un désespoir de résignation mais d’un désespoir agissant, qui engendrera une vie meilleure.</p><p> </p><p><strong>LA TRADUCTION</strong></p><p> </p><p>Je traduirai La Tempête avec la volonté de retrouver l'impact de la langue de Shakespeare en son temps mais pour les spectateurs d'aujourd'hui. C'est une langue à la fois crue, vive, puissante, poétique, colorée, érotique, avec des envolées lyriques ponctuées de grossièreté. Une langue percutante, urgente, qui appelle le corps et interroge notre rapport au réel, d’où la nécessité de cette oeuvre dans l’époque où nous vivons – envahie d’écrans et d’images. Ma traduction visera à retenir l’essentiel de l’oeuvre tout en respectant sa puissance poétique et sa forme, fondée sur la versification libre et rimée ou la prose. Dans cette nouvelle traduction et mise en scène, je mettrai en lumière l’éventail de registres proposés par cette étonnante tragi-comédie. Je pousserai dans leur plus vives et franches couleurs les personnages et les situations. Quand c’est drôle, c’est drôle, quand c’est grivois, c’est grivois, quand c’est philosophique, c’est philosophique. Il ne faut pas prendre de pincettes avec Shakespeare, il faut le prendre à pleine main.</p><p>« Maintenant j’ai renoncé à tous mes charmes.</p><p>Et je n’ai pour seule arme</p><p>Que ma fragile humanité.</p><p>Et aujourd’hui c’est vrai</p><p>Vous seuls pouvez ou me tenir ici prisonnier </p><p>Ou m’envoyer chez moi.</p><p>Puisque j’ai repris possession de mes terres</p><p>Et pardonné aux traîtres,</p><p>Laissez-moi quitter ce banc de sable.</p><p>Que vos mains secourables</p><p>Affranchissent mes liens,</p><p>Que vos soupirs favorables</p><p>Fassent gonfler mes voiles</p><p>Mon projet se meurt,</p><p>Il n’était que de vous plaire.</p><p>Maintenant, je n’ai plus d’esprit pour dominer,</p><p>Plus d’art pour envoûter.</p><p>Ma fin sera le désespoir.</p><p>À moins que la pensée me sauve.</p><p>Une pensée si puissante qu’elle assiègera Dieu lui-même,</p><p>Et rachètera toutes les offenses.</p><p>Vous-même, rêvez de ce pouvoir pour effacer vos crimes,</p><p>Soit, alors délivrez-moi. » (Épilogue Prospéro)</p><p> </p><p><strong>LE TRIPTYQUE</strong></p><p> </p><p><img alt="" width="100%" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495499/Songe_Les_Dieux-1520853449.jpg" /></p><p> </p><p>Le Songe d’une nuit d’été – mis en scène Juliette Rizoud</p><p> </p><p><img alt="" width="100%" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495503/16265943_1762732637386824_8949006147952606565_n-1520854426.jpg" /></p><p> </p><p>La très excellente et lamentable tragédie de Roméo et Juliette – mis en scène Juliette Rizoud</p><p> </p><p>Après deux plongées dans l'océan shakespearien avec le Songe d'une nuit d'été et La très excellente et lamentable tragédie de Roméo et Juliette, l’envie d'immerger La Bande à Mandrin dans La Tempête s’est imposée à moi, avec une ambition : jouer le triptyque dans une même soirée ou dans un même théâtre pour montrer les liens qui se tissent entre ces trois écrits. Avec la même bande de comédiens et de techniciens, en conservant ce ton très coloré, la joyeuse troupe, après vous avoir fait rêver le temps d'une nuit d'été, après avoir pimenté les rues de Vérone, vous fera voyager dans cette Tempête, où le réel et le fantastique se confondent, vous laissant partagé entre le visible et le caché, ne sachant plus ce qui est illusion et ce qui est vérité…</p><p> -Juliette Rizoud-</p>