Vestiges du Groupe Décembre by TAPO

Les vagues du passé On entend Lena fredonner son chant…   Eugène : L'eau monte Au début on croit qu’elle va s’arrêter… on fait des marques… Là on dépasse 1900 Là on dépasse la crue du siècle Les anciens en rajoutent il n’y a plus de saisons… On croit qu’elle va s’arrêter là mais elle grimpe sur les murs… Gonfle enfle comme une rumeur Grimpe sur les toits et à force les toits ressemblent aux ilots des Cyclades Je n'ai jamais appris à nager un blocage d'enfance une peur bleue panique Elle monte encore ma mère m'avait dit un jour ça te jouera des tours si t'apprends pas faut se jeter à l'eau la vie c'est comme ça et elle m'avait poussé dans le dos j'ai suffoqué bu la tasse des mètres cube d'eau les poumons immergés dans l’eau turquoise cette nuit-là j'ai eu cette sensation revivre un mauvais rêve d'enfance les mêmes sons lointains les cris comme des échos de sonars comme étouffé la tête sous l'oreiller une réalité assourdissante amoindrie une trêve une nuit aquatique éternelle   On entend des sons qui se dispersent en écho aquatique…

Table rase   Yves : Que fais-tu toujours dans le garage ?   Anton : J’essaie de reconstituer une méthode de suicide avec le pot d’échappement.    Éliane : Il a un problème.    Yves : Oui il prend la voiture et je sais où il va.   Anton : Tous mes faits et gestes sont décortiqués par le grand tribunal familial !   Yves : Monsieur se rend à des réunions clandestines du groupe Table rase.   Éliane : C’est vrai ou non ?   Anton : vous vouliez que j’aie des activités… Vous vouliez m’orienter sur le poney, la planche à voile, les petites distractions inoffensives où votre fils continuerait à jouer son rôle de presse-livre !     Yves : C’est vrai ou non le groupuscule ?   Éliane : Ce serait grave tu sais   Yves : Incendie vandalisme   Éliane : Il n’y a pas un immigré ici   Anton : PAPA ! Papa mon petit papa et ses valeurs humanistes ! Éclaire-moi par ton amour de l’autre !   Éliane : As-tu songé un moment que tu pouvais faire du tort à ton père ?   Yves : Tout ce temps que j’ai perdu à ne pas m’occuper de toi.   Anton : J’ai été élevé pour obéir aux ordres ! Vous croyez avoir tout prévu ! Chers géniteurs, je ne savais comment précipiter ma fin, mais la voilà : je meurs de honte devant votre incapacité à prévoir pour moi un avenir digne de ce nom ! Alors, je vais me tailler les veines ! Non, mieux, me pendre. Non, plus définitif : me défenestrer. Non, surfait. Me noyer. Non, déjà vu, je vais m’immoler par le feu, ainsi que je l’ai vu faire par de grands révolutionnaires, et qui s’ignoraient… Vous ne m’en croyez pas capable ? La honte, et l’ennui, ce ne sont pas des motifs suffisants à vos yeux ? Mais que voient vos yeux exactement à part l’étendue du désastre ? Oh, laissez-moi me barrer ainsi : je crève et cela, heureusement, n’était pas inscrit dans l’initial scénar…   Il se place devant la caméra de Günther.   Anton : C’est ainsi qu’à la faveur de la tempête je suis devenu porté disparu. Déserteur en quelque sorte. Un bras m’a tiré au moment où je me noyais. C’était…   Eugène (d’un endroit éloigné) : Agrippe-toi mon garçon !   Anton : C’était le veilleur de nuit Valeria : Oui, la tempête ! Nous allons y venir, nous y sommes !     Anton : Alors un bras m’a tiré… Une simple planche te barre la route Ce n’est pas la 4ème du cercueil c’est celle du toit du garage à vélo  que tu as oublié de réparer et qui traîne dans le jardin Et te sauve C’est par cette planche que tu t’évades du jardin marécage C’est une planche de salut C’est ainsi que je me suis enfui   Qu’est-ce qu’on fait là ?   Valeria (soudain agitée, perdue, comme si elle ne maîtrisait plus rien) : La caméra est reine pour calmer tous les gouffres d’absence où nous nous replions. Vois-moi.  Action. Ça tourne et plutôt rond. Je me sens si seule au fond bon dieu.   <div>  </div>

Big Brother now   Lena (avec virulence, cherchant toujours des preuves, des noms, des coupables identifiables, de vrais responsables) :   Moi aussi madame je cherche ! Et des raisons j’en ai ! À qui dois-je ma perte ? Je cherche, je cherche (recherche frénétique) Curriculum vitae d’un ennemi du peuple ordinaire Nom : multiple. Société anonyme, visage impénétrable. Montages financiers, emprunts douteux, immobilier véreux, blanchiment, armement…Atouts multicartes, expertise caméléon. Nota bene Sens du calcul. Projet d’extension : international. Mentions du jury : guerres. Spécialités : propagande lobotomie de masse Complicités : plurielles. Excuses : pas, peu À vérifier.

<div> À tous ceux qui nous soutiennent,</div> <div> Un grand merci.</div> <div>  </div> <div> Le spectacle prend corps. </div> <div> Tenir le cap</div> <div> Ne pas se laisser submerger par l'échéance de la Première</div> <div> Demeurer inventif</div> <div> À tout prix.</div> <div> Créer, c'est douter</div> <div> mais c'est aussi chercher avec enthousiasme</div> <div> Faire confiance au matériau textuel</div> <div> Au sens</div> <div> Aux intentions</div> <div> Aux enjeux</div> <div> Aux sensations.</div> <div> L'image jamais ne doit être première </div> <div> C'est un dispositif de mise en conflit des corps dans l'espace qui avant tout la crée.</div> <div> Les interprètes sont le c&oelig;ur vibrant du théâtre.</div> <div> Les collaborateurs artistiques doivent être des accompagnateurs attentifs, travaillant en osmose, en empathie avec les acteurs.</div> <div> Le metteur en scène n'est somme toute qu'un passeur, pas un constructeur de formes.</div> <div> Le directeur d'acteur est celui qui aide à trouver le chemin, pas qui l'impose en l'entourant de barricades.</div> <div> Quelque chose de l'ordre de la Foi, au sens où Ödön von HORVATH l'entendait, se met alors en action.</div> <div> Et on sait bien qu'elle peut soulever des montagnes...</div> <div>  </div> <div> Bien à vous.</div> <div> Christian TAPONARD</div> <div>  </div> <div> « Le théâtre n’est utile que s‘il contient un explosif insondable. D’un ordre non clair. Le théâtre doit être le corps conducteur d’un acte de résistance concentré plus violent et plus calme que n’importe quelle déclaration ou n’importe quel discours rationalisé. »</div> <div>  </div> <div> Claude RÉGY - ”L’ordre des morts”, Les Solitaires Intempestifs, 1999 -</div>

Nous sommes depuis le lundi 9 février à Ramdam 16, chemin des Santons à Sainte Foy Les Lyon.   Ce lieu, initié par la grande chorégraphe Maguy MARIN, accueille des compagnies de toutes les disciplines artistiques pour des résidences de création, en jouant le jeu du partage et du soutien actif.   Il représente pour nous la dernière étape avant la création à Seynod.   C'est beaucoup de bonheur d'être ici puisque le grand studio est à notre entière disposition pendant deux semaines.   Pour que Vestiges naisse et connaisse une belle diffusion...   Bien à vous tous.   Christian TAPONARD et toute l'équipe du groupe décembre et de Vestiges

Vestiges du Groupe Décembre

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