Adaozañ, projet de valorisation des déchets du cidre

Le marc de pommes Chaque automne, 125 000 tonnes de pommes sont récoltées, broyées et pressées pour en extraire leurs jus afin de produire les millions de litres de cidre produits en France. De ce processus résulte d'un côté le moût, liquide destiné à la fermentation qui donnera le cidre, et de l'autre une masse compacte et humide composée de chair, peaux et pépins : le marc de pommes. Le problème, c'est qu’en grande quantité, ce déchet devient rapidement encombrant pour les petits producteurs du territoire. En effet, le marc de pommes est un produit acide et instable du fait de son caractère hautement fermentescible - c’est-à-dire qu’il commence à fermenter et produire du méthane très rapidement - ce qui le rend, en grande quantité, compliqué à stocker ou à mettre en décharge. Adaozañ Notre objectif avec Adaozañ (qui signifie recycler ou valoriser en Breton) est de transformer le déchet marc de pommes en co-produit, valorisant ainsi l’intégralité des éléments de la production de cidre. Après plusieurs mois de recherches, nous avons réussi à développer un nouvel éco-matériau grâce à ce déchet de pommes. Cette avancée démontre que le marc pourrait être valorisé dans sa totalité dans le but d'offrir une alternative aux produits d'ameublement issus d'industries petro-sourcées. Cet éco-matériau naturel ressemble à du liège mais se travaille comme du bois ; c'est à dire que l'on peut le percer, le visser, l'assembler avec les mêmes procédés qu'en menuiserie, ce qui le rend très facile et agréable à travailler et laisse donc à rêver de nombreux domaines d’application : objet, mobilier, revêtement ... La gamme de couleurs ocre provient de l'oxydation naturelle de la matière première. Les différentes granulométries du marc de pommes (finesse de ses fibres après broyage) permettent d'obtenir deux textures différentes. Le marc brut dévoile peaux et pépins, il peut rappeler un cuir végétal au toucher. Le marc broyé offre une texture plus uniforme, proche du liège ou du panneau de particules. L'équipe Nous sommes un duo artisan/designer breton aux profils complémentaires, nous nous sommes rencontrés lors de nos études – il y a 10 ans déjà - et avons entrepris depuis l’expérimentation de projets porteurs de sens, convaincus par la nécessité d’un retour au local et au soutenable. Guillaume Bournigal, 29 ans, est un artisan diplômé en menuiserie et en économie de la construction qui s’est formé à l’entreprenariat au sein de l’entreprise de métallerie familiale. Il constitue le profil technique du binôme et dispose d’une détermination hors du commun et d’un optimisme contagieux. Youenn Le Pocréau, 31 ans, est un designer diplômé en architecture d’intérieur et design mobilier qui s’est installé en Bretagne après des expériences professionnelles entre Paris et Londres. Il constitue le profil créatif du binôme et dispose d’une grande capacité d’adaptation et d’une curiosité insatiable. Valeurs Adaozañ est un projet ancré dans l’économie circulaire et porteur d’une démarche responsable et locale, que ce soit par sa recherche d’économie de moyens ou par sa volonté de recréer un écosystème sur le territoire où il s’inscrit. En effet, au-delà de lutter directement contre une source de pollution des sols, Adaozañ a pour double objectif de rendre désirable un déchet par la mise en valeur de ses caractéristiques esthétiques et sensorielles, mais aussi de faire éveiller une prise de conscience de l’impact direct des déchets sur nos territoire. Cette activité de transformation de déchets organique peut donc non seulement permettre de participer à l’essor de la bioéconomie locale, mais aussi apporter une alternative durable et globale aux matériaux issus de ressources fossiles et donc de lutter, à notre échelle, contre le changement climatique.