ARMENIAN'S DIASPORA d'Armène à Rosa

Armenian’s diaspora: d’Armène à Rosa Avez vous déjà ressenti ce besoin viscéral d’être connecté.e à vos origines ? Ça a toujours été une motivation forte pour moi, l’arrivée de ma fille puis de la maladie ont exacerbé le désir de transmettre la singularité et la puissance de ma culture: l’Arménie. Je vous explique tout ça et aussi pourquoi j’ai besoin de vous. I-UN DOCUMENTAIRE SUR LES DIASPORAS ARMÉNIENNES DU MONDE Je suis arménienne de par mon père. J’avais 22 ans quand je suis partie en Arménie pour la première fois. C’était il y a 11 ans, c’était aussi mon premier voyage seule. J’y suis allée sans attentes, juste la curiosité, le besoin de me rapprocher de ma famille, de toucher du doigt et de comprendre l’engouement de certains pour cette mère patrie. Ce voyage a été au delà de mes attentes, il s’est avéré être une véritable initiation. J’ai compris que je n’avais pas besoin de courir après la reconnaissance de ma famille mais qu’il m’appartenait de me créer ma propre histoire avec le pays de mes origines. Il m'a fallu quelques années pour maturer ce projet: parcourir un morceau du monde à la découverte de diasporas arméniennes, pour découvrir les rites, les façons de vivre, les plats traditionnels, les héritages. Bref les cultures de la diaspora arménienne qui, se disséminant de par le monde ont évolué selon leur pays d’accueil. Une diaspora , qu'est-ce que c'est au juste ? C'est la dispersion d'une communauté à travers le monde. La diaspora s'extend donc au fil que les familles s'agrandissent dans le pays d'accueil en question. Je fais donc parti de la diaspora arménienne. Un autre objectif me tenait à coeur : laisser une autre trace que celle des massacres subi par le peuple de mes ancêtres. C’est un projet participatif, les arméniens sont très communautaires et ont cette soif de transmettre et porter cet héritage pour qu’il ne s’éteigne jamais. Forte de ce projet, je pars en 2016 et démarre ce reportage documentaire. Je suis partie sans sponsor ni financement, uniquement avec mes économies. J’ai alors parcouru le Liban, l’Égypte, la Grèce et la Georgie. Chaque communauté rencontrée m’a aidée et mise en relation avec un carnet d’adresses de la destination suivante. J’ai eu le grand bonheur d’être hébergée et accueillie dans des familles d’une générosité incroyable qui m’ont permis de découvrir traditions, cuisine, filiation. Et cadeau magnifique, chaque personne rencontrée a souscrit à ce projet… tous ces témoignages sont des moteurs puissants, c’est grâce à eux que j’ai la force de continuer cette aventure. II- DEVENIR MÈRE À la naissance de ma fille en 2019, j’ai mis ce projet entre parenthèses. Devenir mère m’a ancrée, amenée une version 3.0 de ma personnalité. Cette responsabilité a donné une nouvelle densité à ce projet, lui donnant plus de sens, plus de crédit. J’ai toujours voulu être mère pour partager toutes les expériences que le voyage peut apporter, pour lui permettre d’accéder à une infinité de possibilités. Continuer ce reportage avec ma fille, c’est lui donner la possibilité de s’imprégner de cet héritage. Ce voyage s'est également un moyen pour moi de maintenir le lien avec ma grand mère et de lui rendre grâce. C'est elle qui m'a donné le goût de la cuisine , du partage mais qui m'a également raconté au moins mille et une fois l'histoire de notre famille (par bribe malheureusement ) son amour et sa fierté pour son lien à son arménité. Elle qui rêvait tant que l'on parte ensemble en arménie, la vie en a décidé autrement. Je continuerai donc ce chemin avec elle présente tout le temps. Une sorte de continuité, d'héritage qu'elle m'a offert et que je transmet en retour à ma fille, Rosa. Elle a aussi sa part dans ce projet : elle apportera des dessins, des mémos vocaux ou vidéos, des photos, sa vision du voyage, de la différence et des rencontres. III- LES MALADIES Et puis fin des rêves, on me diagnostique 2 foutues maladies en février 2023 une fibromyalgie et une spondylarthrite. D’abord la douleur constante, violente, insupportable, les traitements , les effets des traitements,… J’ai du tout réapprendre: comment marcher, comment dormir, comment être au monde et face aux autres et surtout comment être là malgré tout, pour ma fille. Pour sortir de cette spirale fataliste, il fallait que je construise un projet professionnel qui me permette d’allier mes maladies et ma vie de maman célibataire. Ma deuxième passion (après le voyage) c’est la cuisine, j’ai toujours aimé cuisiner pour de grandes tablées en mélangeant famille et ami.e.s. Lors de mes voyages, j’ai toujours saisi l’occasion de participer aux événements festifs et mettre la main à la pâte: mariage, Noêl, nouvel an, évenements et fêtes organisés par les clubs arméniens… J’ai alors appris à cuisiner avec toute la diversité possible, et me suis constituée un véritable carnet de recettes. Et c’est ainsi que j’ai crée il y a quelques mois BATCHIK SUPPER CLUB. Batchik signifie bisous en arménien. Je cuisine et accueille chez moi, autour de ma grande table. Un lieu de partage qui me permet de réaccéder à cette aisance et cette convivialité que j’ai tellement aimé dans mes voyages et qui me manquait beaucoup ici. Ce projet me permet de me remettre en mouvement à mon rythme et me redonne confiance en moi. Parceque je sais qu’avec de la persévérance et des projets qui me nourrissent je me sortirais des maladies. Mais ce qui me manque par dessus tout c’est le voyage , ce reportage, et mon métier de photographe. Me réveiller chaque matin à la découverte de quelque chose, de quelqu’un. Voyager pour écrire une nouvelle histoire . Alors je me suis fixée un nouveau challenge : partir un mois en août avec ma fille et Romain, mon compagnon de route de toujours. Partir où ? La Georgie puis l’Arménie. Pourquoi la Georgie ? Lors de mon dernier voyage, l'archevêque de la région de l'AKHLKALKHI ( ancienne région arménienne située en Georgie à 18 km de la frontière arménienne ) m'a invité à à découvrir différents villages, logée dans différentes familles . Cette région était particulièrement intéressante, riche de sens et d'histoires. La population est occupée principalement par des arméniens. Leur position est assez complexe. Après avoir échangé avec de nombreuses personnes vivants sur place. Ils sont à la fois rejetés des georgiens mais également des arméniens, ils vivent donc en autarcie et manque entre autre de denrées & de soins. Pour "survivre" ils ont une mécanique bien rodée dans laquelle chaque personne apporte sa contribution. Les hommes partent travailler en Russie la moitié de l'année pendant que les femmes prennent soin de la famille (enfants & anciens) ainsi que du bétail, des plantations. Les enfants sont impliqués très jeunes dans cette organisation et chacun a une tâche attribuée. Ils fonctionnent beaucoup au troc entre eux et leur système d'entraide est très ancré ce qui leur permet d'inclure tout le monde sans qu'il n'y ait de famille lésée. Accompagnée de mon ami Jiro pour la traduction, nous avions passé les fêtes de Noêl dans cet hameau. Ils les célébraient du 31 décembre au 6 janvier. Une farandole de fête sans fin où nous allions de maison en maison avec des plats qui défilaient à l’infini. Nous avons été hébergés dans cette famille vivant à Javakhk (un des villages de l'Akhlkalaki) . Lors d’une discussion où je leur expliquais pourquoi je faisais le choix de photographier exclusivement à la pellicule, je les sentais un peu réticents… et pour cause, ils me racontent avec un peu de tristesse qu’ils ont la bobine de leur film de mariage mais ils n’ont jamais pu la visionner car ils n’ont pas le bon matériel. Je leur avais fait une promesse : transformer la bobine en CD pour qu’ils puissent voir le film de leur mariage et leur amener à mon prochain voyage. Comme dans les histoires, les années ont passé, mais je n’ai pas oublié cette promesse que je suis heureuse de pouvoir honorer. Tous les jours, ma fille me demande de lui raconter mes aventures de voyage. Cette dernière année a été très difficile, en particulier pour elle. Ce voyage, c’est une parenthése dans l’année, un pied de nez à la douleur, c’est surtout la promesse dans le temps, au respect du passé et à la confiance de l’avenir. Batchik Batchik Presentations des aventurier.es: Indiana: Photographe documentaire & cheffe volante. Passionnée de voyages & de rencontres. Life goal : chérir l’histoire de mes ancêtres & la transmettre pour que jamais elle ne s’éteigne Rosa: Aventurière en herbe, passionée de dessins et d'histoires magiques. Romain: Baroudeur depuis toujours, artiste peintre en vadrouille, animé par la decouvertes des cultures du monde. Life goal: apprendre toujours plus de nouvelles techniques de peinture