Le projet en 2 mots

Boobster, contraction de boobs et de sister, est une réflexion intime, politique et artistique sur ce que disent nos seins de la société patriarcale. La présente campagne de financement est lancée pour soutenir une partie spécifique de ce projet : ma décision d’avoir recours à la chirurgie pour que mon torse devienne masculin.

Le projet en détails

En tant que garçon trans non binaire, je me questionne depuis longtemps sur mes seins et notamment une éventuelle chirurgie du torse (torsoplastie). C’est un sujet qui m'interroge énormément car, contrairement à d’autres garçons trans, je ne déteste pas mes seins. Ils sont tout petits, et ne me gênent pas la majeure partie du temps. La genèse de ma réflexion a résidé dans l’interdiction de me mettre torse nu, alors que j’adore ça. Pour moi, cela a toujours été associé à une liberté immense qui m’est extrêmement chère. A contrario, il m’est insupportable de devoir mettre une brassière aujourd’hui quand je vais à la piscine, ou encore de devoir me priver ou réfléchir à deux fois si je veux me mettre torse nu dans un parc par exemple, alors que les hommes cisgenres y sont tacitement autorisés. Je vis cela comme une injustice, qui me frustre et me met en colère.

J’ai alors compris qu’il ne s’agissait pas que de mes seins, mais plus largement de la place des seins dans notre société, des seins des femmes et personnes assignées femmes. Le sein revêt de multiples symboles. Il est à la fois sacré, domestique, érotisé, sexualisé, politique, objet d’assignations permanentes, pesantes et contradictoires faites par la société patriarcale. Tout comme leurs corps, les seins des femmes ne leur appartiennent pas.

Ma posture de garçon trans non binaire ET féministe me pousse à réfléchir en permanence, et à choisir un par un les comportements qui sont aujourd’hui accordés aux hommes et que je m’autorise, ou pas, à adopter. Il s’agit donc ici de m’accorder un privilège, en lien avec mon processus de transition de genre : le privilège de pouvoir me mettre torse nu. Et c’est compliqué de s’accorder un nouveau privilège quand on est partie prenante de la révolution féministe.

Aujourd’hui, j’ai pourtant décidé de m’autoriser cette transformation, arrivant à la conclusion que je me sentirai plus en adéquation avec moi-même avec un torse plus masculin.

Sur le plan politique, et pour reprendre l’expression de Preciado, je considère que « mon corps est une archive politique et culturelle vivante ». Je souhaite donc donner un écho à ma démarche, en faire un signal militant fort face au régime de la différence sexuelle, à travers la réalisation d’un travail artistique et documentaire.

Alors j’ai besoin de vous, amiEs, famille, militantEs, pas seulement pour m’aider à financer ce projet mais aussi pour m’entourer, m’entourer littéralement de votre soutien et de votre compréhension.

Je souhaite en effet réaliser une performance photographique qui consiste à écrire sur mon nouveau torse des prénoms, des mots, des symboles que chaque contributeurice aura choisi et d’en faire un ensemble de photos, témoignages d’une force créative, combattive et collective.

Pour moi, ce sera comme m’habiller de vos plus beaux atours, être orné de l’adelphité, la rage, l’humour, l’inventivité qui caractérisent si bien nos communautés féministes et LGBTQI+.

A propos du porteur de projet

Artiste autodidacte

Photographe, réalisateur, performer, auteur.

Je concentre mon travail sur les femmes, personnes assignées femmes et identités hors-normes, en proposant une analyse sociologique et politique autour de ces sujets, en explorant des représentations différentes de celles produites par notre société, et en nourrissant ainsi une esthétique de la marge.

En art visuel, j’ai réalisé le court-métrage expérimental « Thérèse(s) et Simone(s) », ode aux femmes qui vieillissent, à leurs corps et leurs désirs, situés quelque part entre fantasme et réalité. Le film a été sélectionné dans plus d’une vingtaine de festivals en France et à l’international.

Je mène également depuis plusieurs années les projets photographiques « 107 Lesbiennes », série de portraits sur la visibilité lesbienne, et « ECCE HOMO, autoportraits de pratiques transgenres ».

En tant que performer, j’ai participé au festival IN d’Avignon 2018 dans le feuilleton « Mesdames, messieurs et le reste du monde », mis en scène par David Bobée, et à la création théâtrale 2018 de Rébecca Chaillon « Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute » diffusée en 2018 à la Ferme du Buisson (Noisiel), au CDN de Rouen, au Carreau du Temple (Paris), et en 2019 au festival Théâtre en mai (Dijon), au CDN de Montreuil et à la Scène Nationale d’Orléans.

Depuis 2019, je suis interprète, auteur et co-créateur avec le collectif NU.E.S (Montréal) de « Quand la neige fond entre mes cuisses », spectacle sur les érotismes queer et féministes.

Activiste

Écoféministe, transgouine non binaire.

Je suis un apprenti-penseur-activiste révolutionnaire, je me nourris chaque jour des écrits et discours de mes sœurs et adelphes militantEs, chercheurEs, auteurices. Ces réflexions sont le point de départ de mes créations artistiques.

Paysan

Co-fondateur de la Ferme du Camino, ferme urbaine en permaculture et agroécologie.

La création de cette ferme est un projet de vie qui s’articule avec mes convictions politiques et mon désir d’être en connexion avec la nature.

BOOBSTER