Free Frags est une plate-forme d’expression pour plasticiens qui exercent aussi une pratique sonore. Ce projet prend la forme d’une association loi 1901 qui servira d’appui pour la production et diffusion des projets des artistes : musique, pièce sonore, poésie, recherches musicales parallèles sont accueillies et imprimées sur l’un des supports les plus aptes à résister au passage du temps : le vinyle.

Ce label d’édition artistique a pour objectif de collecter cette matière sonore et lui donner une existence physique concrète. Outre la réalisation d’un enregistrement, Free Frags permet aussi de mettre en oeuvre un travail graphique lié à la pratique de l’artiste : inserts, livrets, tirages photographiques, sérigraphies... qui feront corps avec l’objet musical. L’artiste peut par conséquent associer cette forme particulière à ses recherches plastiques.

Le principe de fabrication du vinyle, une gravure reproductible, confère à cet objet un statut de mémoire, compilable et archivable. Free Frags a pour objectif de rassembler ces artistes aux multiples facettes, témoins d’une génération charnière entre le développement des technologies et l’élargissement des pratiques artistiques vers des formes plus hybrides.

D’autre part, la pratique du son ouvre la voie vers l’expérience sonore que cela soit lors d’une séance d’écoute chez soi, dans une salle de concert ou bien encore dans une galerie d’art. Autant de conditions qui font varier la perception, de l'espace, du son et des objets.

Espèces animales avec leurs énergies,
leur identités propres, sans distinction,

seulement sauvages,
Indomptables.
Face à eux l’incertitude.

Un regard des profondeurs, marqué et marquant,
au bord du spasme.
Un cri, un chant, une pulsation
Prêts à frapper la membrane.

Le bestiaire de Free Frags

Chaque projet est accompagné de l’identité visuelle du label, constitué d’un animal sauvage choisi par l’artiste. Chaque entité rejoint les différents protagonistes pour constituer un bestiaire. Des individualités qui opèrent dans des milieux spécifiques.

L’iconographie choisie découle d’une esthétique underground des années 90 dans les milieux des musiques électroniques. Période où l’arrivée de l’échantillonnage a permis de multiples expérimentations et croisements des genres musicaux, une porte ouverte sur une création sans limites.

L’aspect équivoque qui découle de ces portraits travaille l’incertitude de notre regard face à ce que nous voyons : potentiellement dangereux, puissants, et libres de leurs actions, ces natures complexes mettent en route le mécanisme de nos fantasmes. Ce sont ces fantasmes aux origines instinctives qui poussent l’expérimentation dans d’autres domaines de création, un nouveau langage à explorer et à apprivoiser.

Support pour artistes

Chaque édition est éditée à 300 exemplaires, dont une partie est destinée à l’artiste. La couverture et le dos de la pochette sont occupées à l’imagerie du label. Free Frags opère aussi en autonomie sur sa propre capacité à créer du contenu visuel et sonore en dehors des projets édités sur vinyle.

Le format Gatefold de la pochette (pochette livre pour vinyle) permet à l’artiste d’occuper la double page intérieure comme il l’entend. Les glissières accueillent à la fois le disque ainsi que diverses productions graphiques. Livrets agraffés, photographies, impressions, écrits participent à la complexité du projet que souhaite mettre en place l’artiste. L’édition musicale se déploie avec sa propre singularité et en accentue la richesse. Plus que du son, chaque projet est porteur de sens.

D’autre part, une partie du label est consacrée à des projets collectifs, prenant la forme de compilation éditée sous le même protocole. Notamment les projets collaboratifs entre plasticiens et musiciens.

Les traitements audio, le pressage et la réalisation des impressions de la pochette sont réalisés par des entreprises françaises.

Fondations

Free Frags est né de l’initiative de François Bianco, artiste sculpteur né en 1985. Le passif dans la techno underground de François Bianco l’a conduit à développer un rapport de proximité avec le disque vinyle. Fervent partisan de ce support depuis son plus jeune âge au travers d’un genre musical relativement extrême, il développe aujourd’hui une pratique du son depuis plus de vingt ans. Ses débuts dans la sculpture interrogent les questions relatives aux matériaux, à leurs textures, aux rythmes établis par les formes ainsi que leur perception dans l’espace.

Ce parallèle entre la sculpture et le son l’a conduit à créer une sculpture sonore en 2018 : Carbonari Figli, hybridation de formes verticales en évents et d’une pièce sonore diffusée par celle-ci. Composée de divers instruments comme la zampogna (corne-muse), contrebasse, cymbale... cette pièce sonore est une traversée auditive des paysages de Calabre (Italie du sud) où les carbonari (charbonniers) perpétuent la survie d’un savoir-faire ancestral voué à disparaître.

Approchant ainsi les questions relatives à la mémoire et aux origines, François Bianco a produit ses propres oeuvres sonores sur vinyle pour archiver cette partie de son travail. Après s’être confronté à la complexité de réalisation que demande le passage par l’industrie, il décide de créer Free Frags, une plate-forme dédiée à la création sonore pour les artistes plasticiens.

--------------------

FREE FRAGS est honoré de vous présenter son premier projet mené par Steeve Bauras

OHNE TITEL - STEEVE BAURAS

Cliquez sur le lien ci-dessous pour écouter OHNE TITEL !

https://soundcloud.com/user-179657080-570712477

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Ubi Dies advenit / Quand le Jour fut venu

Quelque part dans Aristote (De Anima), l’écoute est formulée comme une invitation, « toujours recommencée », à l’événement de l’écoute : le bruit de la pluie, tel carillon de Charlemagne Palestine, ou simplement le la donné à l’orchestre par son premier violon. Chez Steeve Bauras, des gués et des sas dans la basse continue du monde. Les voiles harmoniques levés au clavier sont accompagnés par un schème percussif obsédant : tôle frappée, taiko souterrain, riffs appuyés – retentissements à vrai dire (soit une acoustique de la manifestation, incarnée par la voix et le clairon). Si chaque pièce établit soigneusement son lieu, chaque son suscite une réminiscence mentale et/ou purement auditive - de celles qui animent, par exemple, les Variations fantômes de Robert Schumann. Loin des images et toutes proches d’elles, les pièces sonores de Steeve Bauras travaillent en cangianti. Reflets dans le miroir, ondes oscillantes d’un mantra qui, de proche en proche et par amplification, excède à la fin le son et l’image : le « changeant » (cangiante) se résout en partie dans les délices de la saturation et de la stridence, à l’appui de la palette picturale-musicale. Tableaux d’une exposition.

Setting Up, avec le grondement de ses nues et ses trombes électriques, semble préparer l’auditeur à un Dunkel Kind sonnant un cor lointain et puissant. Dans le contexte visionnaire établi dès l’Intro (une sorte d’introït pour turbocompresseur confirmé par le sample angélique et démoniaque de What Are You ?), on pensera peut-être aux trompettes de l’Apocalypse - pour le caractère d’imminence soutenue de cette pièce : Puis les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner. Le premier sonna de la trompette, et de la grêle et du feu mêlés de sang s'abattirent sur la terre. Le tiers de la terre fut brûlé, le tiers des arbres fut brûlé et toute herbe verte fut brûlée. (Apocalypse 8 : 6-7). Cross, dans l’agencement subtil des climats, formerait un pont entre désolation et conspiration et/ou répression ; l’enregistrement sonore qui traverse J. Edgar Hoover est altéré, distordu, fondu dans un acide acoustique criblant progressivement le négatif américain représenté par le seul nom – et la voix – de Hoover. Sur une trame électronique martiale, un corrosif magnétophonique. Diving emprunte à un registre plus sensiblement proche des projets menés par Steeve Bauras dans la vidéo et le dispositif icono-acoustique (3K), n’était sa conclusion valsée, immédiatement prolongée par Wp, qui articule une rythmique de rotor avec les ricochets d’un accord simple et doucement mélancolique. Si Horn est, à proprement parler, le cor, il est ici tout entier dans le prêche et la prophétie. Ceux-ci signeraient le retour, par griffes et slogans mélodiques, d’une imminence catastrophique dans l’album : l’olifant, finalement laissé seul, en est la ponctuation et, à l’aune de l’ensemble des pièces, le sceau funèbre et solennel qui place la musique de Steeve Bauras dans l’advenue où le réel s’accouple au prémonitoire.

Jean-Baptiste Mognetti

Lancement de FREE FRAGS : OHNE TITEL - STEEVE BAURAS

Nos engagements