Rendons au sandwich ses lettres de noblesse

Une sandwicherie gastronomique... Voilà qui sonne comme un oxymore digne d'une éclipse de soleil à minuit. Car le sandwich (la restauration rapide en général) a plutôt mauvaise presse et ne s'associe pas d'emblée à l'idée que l'on se fait de la gastronomie toute en élégance et raffinement.

Dans l'imagier d'Épinal et l'inconscient collectif, si l'on prononce le vocable, surgit aussitôt la vision du jambon-beurre roboratif ou le poulet-mayo bien gras. Et si l'on brûlait dans un gigantesque feu de joie tous nos aprioris? Et si on le revisitait parce que c'est possible et pas seulement qu'une fois l'an à la télé (parce qu'il est Top notre Chef à nous). Ce peut-être notre quotidien, l'occasion de changer nos habitudes et nos dubitatives certitudes. Nous l'allons démontrer.

Comment tout a commencé?

C'est une histoire de rencontre(s) et celle de toute une vie.

D'abord il y a lui, le Chef, qui avait été étudiant en philo à Paris, puis ingénieur-prophète pour la marque à la Pomme à New-York, avant de rentrer en France où il devint l'un des pionniers du streaming et enfin réalisateur audiovisuel. Mais en son for intérieur, depuis des années, il caressait un rêve car c'est d'avantage en cuisine qu'en régie qu'il se faisait plaisir... avant de ravir les papilles de son entourage. Îles flottantes de la mer, agneau à la cuillère, vols-au-vent de pigeon confit... la table était une fête de tous les jours. Tout partit de là, du goût pour la gastronomie. Mais alors comment en est-on arrivé au sandwich?

Selon la petite légende familiale, un jour, cet homme dont la cuisine était la passion (et qui était un fin cordon bleu) voulut régaler les siens. Dès le matin, il se rendit au marché et se mit à la tâche. Et ce fut l'heure de passer à table.

— C'est magnifique, s'exlama Madame avant d’appeler les enfants.

— Tu aimes vraiment? interrogea le poète des fourneaux le front soucieux.

Le fils aîné daigna alors faire son entrée:

— Wahouuuu, c'est quoi ce truc, Papa? J'ai grave la dalle moi!

...

— Bouge pas, fils, on va arranger ça, rebondit le chef. Et, en deux coups de cuillère à pot, tous les ingrédients de la version gastronomique se retrouvèrent dans un pain doré et croustillant qui devint la "version ado". Voilà comment cet homme dont la cuisine était la passion et qui était un "fin" (comprenez un sage) cordon bleu sauva la paix de son ménage.

... Quelque mois plus tard, il ouvrait une sandwicherie gastronomique sur l'enseigne de laquelle il inscrivit d'une main appliquée : "Le Ventre de Cherbourg".

Bienvenue au Ventre de Cherbourg

Vous êtes à Cherbourg-en-Cotentin, rue Emile Zola, face à l’Église Notre-Dame-du-Voeu... Vous cherchez un lieu pour vous sustenter, que dis-je, vous régaler, vous amuser et échanger. Vous y êtes!

Ici, vous pouvez imaginer, créer, composer votre sandwich ou votre salade à partir des ingrédients qui vous sont proposés - des ingrédients gastronomiques pour réaliser des mariages savoureux, des produits locaux et/ou bio pour respecter notre terroir, notre région et le cycle des saisons, des ingrédients faits maison (du magret séché, à la sauce au miel, en passant par le chèvre mariné et les aiguillettes de poulet panées).

En manque d’inspiration ou de temps pour jouer aux apprentis alchimistes? Le chef vous propose alliances et valeurs sûres: son 64 ou Horsain en hommage à un pays basque des origines (magret séché, fromage de brebis, confiture de cerises noires, sur lit de roquette et oignon rouge), son Jules aux aiguillettes de poulet, parmesan, croutons aillés, salade du moment dans un wrap et sa sauce Caesar, son BLT - souvenir de New-York - au Bacon, Laitue, Tomate & mayo, son Hemingway au pain polaire, salade, concombre, herbes fraîches, crème citronnée et... saumon de France® fumé maison (le fameux de Cherbourg), le Seguin au fromage de chèvre du bocage, roquette ou mesclun, tomates séchées et pesto et des variations à la sauce au miel ou la thaï au curry vert, aux amandes effilées ou fruits de saison... Sans oublier le 50 à l'andouille de Vire, camembert, pomme du verger, le tout dans une baguette bio garnie de salade.

Du goût, du goût et... du pain

C'est dans cet ordre que se conçoit l'expérience au "Ventre de Cherbourg" parce que ce que l'on vous souhaite c'est une explosion en bouche, de la fraîcheur, du croustillant, du fondant, du juteux, du hummm et du miammm. Le pain est l'humble et modeste serviteur du goût, ce d'ailleurs pourquoi il est de qualité: baguette bio, wrap (lavash), polaire (Tunnbröd) ou, pour ce qui n'en veulent pas du tout, une salade maraîchère.

Et comme nos ingrédients on les aime, on en parle. On sait ainsi d'où ils nous viennent, qui les produit. Bien entendu, ce sont des producteurs locaux (Chèvre du bocage, Saumon de Cherbourg, Magret séché maison...). On mise sur le circuit-court et la transparence, pas parce que c'est tendance mais, parce que c'est un engagement, une responsabilité voire, de nos jours, un devoir.

Toutes ces informations sont disponibles sur la page FB "Le Ventre de Cherbourg". Vous pouvez d'ores et déjà y suivre la Saga du pain, y découvrir prochainement la série de Portraits de Producteurs ou notre Florilège culinaire...

Fast food Vs Fast art

On ne va pas polémiquer sur les scandales alimentaires qui jalonnent nos fils d'actualité et qui éclaboussent certaines enseignes qui proposent à notre instar de composer son sandwich à partir d'ingrédients proposés derrière un bar-vitrine. C'est de la grande distribution, tout est dit! Notre état d'esprit est autre: proposer une alternative plutôt que s'égosiller à fustiger dans le vide sans se retrousser les manches.

Notre concept, en vérité, est inspiré des sandwicheries belges qui offrent une grande variété et liberté d'associations audacieuses, osées ou plus classiques. C'est un souvenir resté impérissable d'un séjour à Bruxelles, celui d'un sandwich dont on a gardé le goût au palais longtemps... en fait, jusqu'à présent; au point de vouloir y retourner rien que pour mordre à nouveau dedans et à pleines dents. Ce goût qu'on appelle de "reviens-y".

C'est pourquoi le soin est porté à chaque composant, chaque étape de la préparation de votre encas, du pain (baguette bio, wrap, polaire) ou salade aux sauces (toutes) faites maison, en passant par les garnitures principales et les extra.

Imaginer, créer, composer son sandwich redevient alors un geste de cuisinier qui rêve, pense, (d)ose son plat et l'on peut dès lors se permettre le terme "gastronomie" qui, étymologiquement, est "l'art de régler l'estomac", à savoir rendre à l'appétit ou l'avant, à l'instant présent qui est celui de la dégustation comme à l'après d'une madeleine de Proust, cette délicieuse légèreté de l'être.

Cette démarche devenue créative et inspirée confère une dimension artistique à l'acte ce pourquoi aux nourritures du corps s’ajoutent, au bon plaisir de chacun, celles de l’esprit car, au "Ventre de Cherbourg", l’on peut découvrir un livre, un artiste exposant ses oeuvres ou s’embarquer dans une épopée du pain et tribuler aux côtés de ce roi arménien qui consacra le lavash plus connu sous le nom de wrap...

Rendez-vous & reviens-y

"Le Ventre de Cherbourg" est donc un lieu de vie et d'échange, de toutes ces rencontre(s) évoquées plus haut... Un rendez-vous et l'espoir d'un reviens-y, où se croisent auteurs d'hier et d'aujourd'hui qui ont loué notamment l'art de faire bonne chère, des artistes d'ici et d'ailleurs, ces autres créateurs qui savent tirer merveilles et délices de la terre et de la mer.

Il fallait donc un cadre digne d'un tel accueil. "Le Ventre de Cherbourg, une sandwicherie pas comme les autres" titrait la presse locale annonçant son ouverture prochaine, pas de celles auxquelles nous sommes habitués, pas de celles où, hier encore, on ne faisait que passer en coup de vent. Ici, on vous invite à vous poser, prendre un livre, un café comme le temps. Déguster, apprécier, savourer en contemplant les oeuvres accrochées aux murs.

C'est bien beau mais quand est-ce qu'on mange?

Alors quand pourra-t-on pousser la porte? Byitôt, promis! Très-très prochainement grâce à vous! En fait ça dépend de vous!

Tout peut aller très vite, tout a déjà été très vite. Gardons le rythme!

Un jour nous prîmes la décision de tout quitter ou plus exactement de tout trouver, "vivre la vie que nous nous étions imaginée" et, voilà que face à l'Eglise Notre-Dame-du-Voeu, rue Emile Zola à Cherbourg en son Cotentin, ce voeu s'exauçait et, s'offrait cette charmante échoppe où jusque là l'on torréfiait du café. Le bail fut signé et tout se précipita car les riverains se montrèrent d'abord curieux de l'activité qui allait redonner vie au quartier puis enchantés de l'ouverture prochaine d'une sandwicherie gastronomique.

Ici, tout se sait et très vite. Nous avions commencé une page FB (histoire de ne jamais chômer) mais sans la rendre publique de façon officielle. Néanmoins, les gens la trouvaient, la cherchaient. Ainsi, un vendredi soir, nous fûmes contactés par la presse locale en vue d'un article! Quelle ne fut notre stupeur!!! L'article paraissait le mercredi suivant! Sur Cherbourg, pas un nuage, un ciel d'un bleu éclatant (si-si) mais il se mit à pleuvoir... des likes! En quelques jours nous étions suivis par plus de 200 abonnés et soutenus par les commerçants du quartier. Certains parlent déjà de leur future cantine...

Voilà on en est là, alors on leur répond quoi? On se donne 40 jours? On ouvre et on fête ça?