LIBRUL D'FAMIL
<p><strong>Extrait du chapitre 1 "la source guérit les maux de l'âme"</strong></p>
<p>Je suis née le 28 mars 1936 à Amouche, un petit village rattaché à la commune de Timezrit en Algérie. Ma maman Loundja était potière et tisseuse.</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/615686/Loundja-1568061573.png" width="100%" /></p>
<p>La France déclare la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939 et c’est à ce moment-là que mon papa Badissen, comme beaucoup d’autres hommes du village, a été mobilisé par l’armée française pour être intégré dans la 3ème division d'infanterie algérienne<strong>. </strong>Cette division s’est s'illustrée particulièrement en Italie en 1944 au sein du corps expéditionnaire français du général Juin, en Provence, lors des libérations de Toulon et Marseille, dans les Vosges, lors des combats pour la libération de Basse-sur-le-Rupt et Cornimont, et en Alsace au sein de la 1ère armée française du général de Lattre de Tassigny. </p>
<p>En l’attendant, ma maman me conduisait de temps en temps à cheval jusqu’au village de Tamokra. Elle m’emmenait me baigner au Hammam Sidi Yahia Al Aïdli pour me distraire lorsque je lui posais trop de questions au sujet de papa.</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/615688/eaux_chaudes_de_Tamokra-1568062247.jpg" width="100%" /></p>
<p><strong>Extrait du chapitre 2 "les mains sales dans la source"</strong></p>
<p>C’était la saison de la récolte des haricots. Uliw était revenu de France pour passer du temps auprès de moi. Nous étions partis du village de Tala n’bela pour nous rendre à Bouizerman, sur notre champ situé à moins d’un kilomètre de notre maison.</p>
<p>Alors que nous récoltions nos légumes, mon mari fut alerté par un bruit. Uliw leva la tête en l’air et aperçut des avions de guerre et des hélicoptères de transport qui arrivaient au loin.</p>
<p>Ayant fait la guerre de 39-45 dans les rangs des tirailleurs algériens, il reconnut tout de suite ces avions jaunes (T-6 G) qui avaient pour mission de réaliser des attaques au sol, protéger les troupes de l’armée française avec qui ils étaient en contact permanent, surveiller des secteurs suspects. </p>
<p>A ce moment-là, il m’a confié le sac rempli de haricots et m’a ordonné de me mettre en sécurité chez ma tante Zana, me promettant de m’y retrouver le soir venu. </p>
<p><strong>Extrait du chapitre 3 "la source de l'exil"</strong></p>
<p>Au petit matin du 10 septembre 1962, Uliw m’a annoncé qu’il partait pour la France parce qu’il n’était plus en sécurité à Tala n’ bela. Les innocents paient pour les coupables. Il m’avait assuré, avant de me quitter, qu’il m’expédierait un télégramme s’il réussissait à passer la frontière. Il m’affirmait également qu’il m’enverrait quelqu’un nous chercher, le plus tôt possible, pour nous mettre à l’abri à ses côtés.</p>
<p>C’est ainsi qu’il a quitté notre village en direction d’Alger où il a embarqué dans un bateau en partance pour Marseille, muni de sa carte d’identité française. Pour moi a commencé l’attente. 8 mois d’attente avec la peur pour compagne.</p>
<p><strong>Extrait du chapitre 4 "le retour à la source"</strong></p>
<p>A notre arrivée, nous avons pris un taxi clandestin qui n’a roulé que sur des routes défoncées. 7 heures après, il nous a enfin déposé à Amouche. J’étais fatiguée mais les retrouvailles avec ma maman, mon frère Silas, mes belles-sœurs Yelena et Malika et le fait de retrouver mon pays perdu m’ont procuré du bien-être et de la légèreté.</p>
<p>Rien n’avait changé depuis mon départ en avril 1963. J’avais l’impression que le temps s’était arrêté car une grande partie des habitations qui avaient été touchées par le bombardement de l’armée française n’avaient pas été reconstruites. Ma maison familiale me paraissait toute petite comparée à mon grand appartement tout confort mais, elle était chaleureuse et remplie de beaux souvenirs de jeunesse.</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/614933/la_source-1567800234.png" width="100%" /></p>
<p>Le 28 mars 2018, le jour de l’anniversaire de Tassa, je suis allé lui rendre visite pour partager avec elle son péché mignon : le choux à la crème. </p>
<p>Après avoir dévoré son délice, elle me raconta sa semaine, me questionna sur ma femme et mes enfants. Puis, avant de la quitter, elle m’a dit : « tu sais, je suis heureuse d’avoir mis au monde une petite tribu car elle m’a permis de traverser toutes les épreuves de ma vie ».</p>
<p>Le soir même, cette phrase tourna en boucle dans ma tête et je décidai d’en savoir un peu plus sur ces épreuves en passant du temps avec elle tous les mercredis pendant ma pause déjeuner.</p>
<p>A chacune de mes visites, j’ai l’ai enregistrée pour ne pas perdre une seule miette de ces témoignages. Je la questionnais en français, elle me répondait en Kabyle. </p>
<p>Chaque soir, je traduisais en français ses souvenirs et les confrontais ensuite aux écrits d’historiens, de sociologues et d’ethnologues. Tous coïncidaient.</p>
<p>De ces précieux témoignages, il fallait que j'en fasse quelque chose et pourquoi pas un livre?</p>
<p><strong>Chaque </strong><strong>donatrice (teur) aura un exemplaire en version deluxe avec </strong><strong>une spéciale dédicace. </strong></p>
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