Natura Animata - Courts-métrages animés

Origine du Projet

Été 2015, en me promenant sur les plages désertes de Calabre, j'ai commencé à « voir » des formes, des visages, des animaux composites, dans de simples bouts de bois flottés, sculptés par le temps et les intempéries. Ces formes simplifiées, déformées, se trouvaient porteuses d’une forte expressivité et d’une grande puissance émotionnelle.

Plus mon regard s’ouvrait, retrouvait la fantaisie de son enfance et plus je pouvais voir dans ces bouts de bois incarnés, la présence d’une vie mystérieuse et lointaine faisant écho à mes visions oniriques infantiles. Comme si la nature fabriquait ces propres fétiches pour se raconter, conserver en elle-même les traces de son/notre Histoire.

C’est ainsi qu’est né mon envie de réaliser une série de films d’Animation en Stop Motion, Natura Animata. Plus je trouvais de « petits êtres » au grès de mes promenades et plus je voulais leur redonner vie en saisissant par le mouvement leur intériorité. J'ai alors commencé à mouvoir une tête, puis un corps, un cheval, à créer des scènes et des décors, tout cela à même le sable. C’était comme mettre en scène dans un théâtre miniature, végétal, l’à peine visible. La nature communiquait avec moi à partir d’images vivantes dont elle était la propre productrice.

En n’ayant pour matière que des éléments naturels, bois, pierres, coquillages, et en tournant en décors naturels, je recherche une expérience visuelle qui permet à la nature de subsister le plus possible dans son intégralité.

Ces films font ainsi écho à de nombreuses croyances pour qui les animaux, les plantes, les pierres, certains objets sont vus et traités comme des personnes qui ont une « âme ». Ils seront un hommage à une nature vivante, et s’adresseront tout autant aux enfants qu’aux adultes qui pourront tourner à nouveau leur regard vers le pays des rêves.

« Avant d’être un spectacle conscient tout paysage est une expérience onirique. On ne regarde avec une passion esthétique que les paysages qu’on a vu en rêve »

Aujourd’hui deux courts-métrages d’une quinzaine de minutes on été tournés et animés.

Deux films, deux univers

Ces deux films ont pour dénominateur commun d’être exempts de toute négativité, au contraire j’ai souhaité exalter les sentiments de joies et d’amour, la vie dans toute sa plénitude.

Ces films sont aussi fatalement emprunts d’une forte conscience écologique en tentant modestement de rapprocher l’homme à son environnement naturel. En montrant que la matière la plus insignifiante recèle en elle une beauté fascinante, j’espère mettre en valeur la connexion primordiale et vitale qui nous unie à la nature.

Locri

Au commencement, cela était non existant

Cela devient existant et grandit.

Cela devient un œuf.

L’œuf demeura ainsi le temps d’une année.

L’œuf s’ouvrit.

Des deux moitiés, l’une était d’argent, l’autre d’or.

Celle en argent devint cette terre.

Celle en or devint le ciel.

L’épaisse membrane (du blanc) les montagnes.

La fine membrane (du jaune), la brume et les nuages,

Les petites veines des rivières.

Et le liquide la mer.

Et le soleil naquit.

The Upanishads

Tout est né à Locri, petite ville de la côte Ionienne calabraise où j’ai vécu plusieurs mois. Chaque hiver les fleuves venus des montagnes voisines déposent sur les grandes plages désertes les restes d’un paysage en perpétuelle métamorphose. Une petite tête surgit sous nos yeux, l’histoire commence :

Fragments de météorites tombés dans un environnement désertique. Une tête doit retrouver son corps.

Avec lui, une princesse et des compagnons appartenant à sa communauté, doivent préserver la vie en protégeant un œuf.

Un long chemin, difficile, aride, va les unir pour porter l’oeuf à l’eau, terre d’origine.

Ils traverseront le désert. Et les intempéries animeront leur voyage jusqu’à l’épreuve du feu dont seul la traversée garantie l’arrivée à la mer.

Gavdos

Gavdos est une toute petite île au large de la Crètel. Point le plus au sud de l’Europe, elle est comme un trait d’union à peine visible, avec l’Afrique qui lui fait face. Encore très sauvage, des vents venus des quatre points cardinaux sculptent à longueur d’année des cèdres centenaires. Cette nature enchantée m’a offert à nouveau ses âmes animées.

Les premiers chrétiens posaient des coquilles d’escargots dans les sarcophages comme symbole de la résurrection et de l’immortalité de l’âme.

Un être longiforme descend du ciel et s’approche d’un monolithe mystérieux.

Des totems font l’objet d’incantations, un homme puis une femme apparaissent.

Chacun, accompagné de ses amis, entame un long voyage qui les conduira dans la demeure d’une tortue-fétiche devant laquelle ils célébreront leur union, leur amour.

Note de réalisation

J’ai investi pour chaque film un lieu de nature, au bord de la mer pour faciliter les mouvements des personnages.

Durant plusieurs jours, je suis parti, au hasard de mes marches, à la recherche de mes personnages et de décors.

Une fois, les personnages principaux trouvés et suffisamment de matière accumulée pour les décors, le tournage a pu commencer. Celui-ci s’est effectué en Stop Motion, in situ et en lumière naturelle. je n’ai envisagé à aucun moment de tourner en Studio, les éléments qui ont sculpté jours après jours les personnages et les décors font eux-mêmes partie intégrante du processus de création. Je me suis donc confronté au monde sensible, au vent, au feu, à l’eau, à la terre. Le cycle éternel de la vie m’a dicté son rythme, à été ma source d’inspiration.

Chaque enfant ou adulte peut voir dans ces personnages un être différent laissant libre cours à sa propre imagination, chaque forme peut être source d’interprétation. En cela, je souhaite intégrer le plus possible l’inconscient au processus de création, une réalisation spontanée permettant à l’histoire d’être suffisamment « élastique » pour que chacun y plonge comme dans un rêve.

La plupart des personnages sont à une échelle miniature, on peut les retourner dans la main comme on retourne une image dans sa tête. Et leurs mouvements suivent la mobilité de mes émotions.Il est pour moi inimaginable de tourner en Studio, ce projet en perdrait tout son sens au propre comme au figuré. Je mets donc volontairement de côté une animation fluide, que l’on pourrait obtenir dans un espace adapté à l’animation, pour des mouvements plus « bruts ». Je souhaite que la maladresse, la beauté, la sincérité de l’instant présent soient les moteurs de mes films.

Qui suis-je

Ancien de louis lumière, j'ai travaillé au cours des quinze dernières années sur une quarantaine de documentaires

Univers sonore

Je suis en train de récolter dans le monde entier des sons de nature singuliers auprès de nombreux passionnés, audionaturalistes, artistes contemporains, musiciens, simples amateurs ou ingénieurs du son. Cela afin de me constituer une banque qui me permettra de créer une bande sonore à la frontière du bruitage et de la musicalité.

Ces sons viendront, par leur univers propre, renforcer le caractère poétique de mes films. Ils seront peu réalistes et identifiables. Ce seront principalement des sons que nous n’avons pas forcement l’habitude d’entendre, comme ceux de certains insectes, des chauves-souris, de geysers, du craquement de lacs gelés, de l’espace (Nasa) etc...

Création Sonore Sylvain Dalido

Sylvain Dalido né en Bretagne a longtemps développé son propre univers sonore à Paris.

Il a travaillé avec des élèves de l'école des Gobelins ainsi que de l'ENSAD.

Depuis 2004 il se cache derrière Popular Computer. Un groupe virtuel proposant de la musique électronique dématérialisée et sans réel chanteur.

https://open.spotify.com/artist/4zIXr0Sgc9ukndtiLVLHC6?si=9IR6Li5fQiWibthbsum2Fg

Dans les films NATURA ANIMATA son obsession du détail peut enfin s’exprimer, sans trop de technique et dans le respect des prises de son originales.