En 2012, alors que rien ne m’y disposait, j’ai ressenti l’urgence de préparer une retraite en milieu naturel et de tenter d'aller observer des loups sauvages. Je me suis alors et pour un temps au moins, converti à la lecture d’ouvrages de philosophie, à la méditation et préparé physiquement, sans réellement savoir avec certitude ce qui allait me happer, ni à quoi j’allais devoir répondre. Ainsi, précisément pour répondre à cet appel, je me suis isolé pendant près de quatre semaines sur les hauts-plateaux du Vercors, un terrain de jeu qui ne m’était pas inconnu.

Enracinée dans les exigences et certitudes familiales et sociales, la culpabilité forge parfois des esprits fragiles, pétris de doutes et soumis au stress permanent du spectre de l'échec. De ces échecs tant redoutés naissent des êtres fondamentalement coupables de ne pas être à la hauteur et dotés d'une sensibilité exacerbée. La culpabilité refuse de nous lâcher et trimballe l’âme d'un extrême à l'autre sur l'échelle des sentiments. Comment peser alors dans cette balance constamment en mouvement ?

Ma vie ressemblant à toutes les autres, c'est sans doute pour tenter de solder un bilan fort en contrastes que je suis là, sur l'autoroute, tournant le dos à mon quotidien, mes habitudes et ma famille.

Ce bilan, en dépit de ma volonté affichée de l'affronter seul, je n'entends pas le solder à mains nues. Depuis quatre décennies, j'ai déjà choisi mon allié... Très tôt, London et Curwood ont discrètement instillé en moi un virus dont je n'ai jamais guéri. Le loup, à la faveur d'une trêve que lui a accordé l'espèce humaine, a entamé une recolonisation du territoire national.

Répondant à cet appel du sauvage, j’ai ainsi choisi d’entrer en lycothérapie…

Derrière ce barbarisme qu’est le mot lycothérapie, se cache en réalité le besoin impérieux de se réconcilier avec sa propre part de sauvage, pour son propre équilibre et son bien-être.

Après avoir donné quelques années de ma vie au monde de l’informatique, j’ai choisi de consacrer mes efforts à des causes plus proches de mes convictions humanistes. Je suis ainsi devenu enseignant il y a une quinzaine d’années.

Depuis quelques temps, je vis dans un petit hameau de Bourgogne, sur un terrain adossé à la forêt où je peux aller me perdre, ou plus exactement me retrouver, en conformité avec l’évolution relatée dans mon livre.

En dehors de mes contraintes professionnelles, je consacre l’essentiel de mon temps libre à des activités où l'échange avec les autres est primordial, comme la musique. Passionné de nature, je consacre aussi beaucoup de ce temps à la photographie et vidéographie animalières, participant ponctuellement à la réalisation de documentaires à visée pédagogique.

Ainsi, la nature qui m’entoure, ou le peu qui en reste, me sert de garde-fou contre les hauts et les bas inhérents à toute existence en rétablissant un solide équilibre intérieur.

Petit traité de lycothérapie

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