Cheffe - Le documentaire
Qui sommes nous ? Quel est notre projet ? Nous sommes deux jeunes passionnés du monde de l’audiovisuel. Nous travaillons dans deux branches différentes : l’une en production et l’autre en montage et réalisation. Grâce à cela, nous pensons avoir les clefs pour nous aider à la compréhension des rouages de conception d’une œuvre audiovisuelle. Cheffe est un projet de documentaire né de nos passions communes : la gastronomie, la culture japonaise ainsi que notre engagement pour la cause féministe. Ce fut pour nous une évidence de vouloir créer une œuvre qui regroupe ces thématiques qui nous sont chères. Nos deux parcours dans l’audiovisuel sont liés par le documentaire, nous avons tous les deux travaillé sur diverses œuvres qu’elles soient historique, sociétal ou encore animalière. C’est fort de ces expériences que nous avons eu le désir de monter notre propre projet, un documentaire qui nous tient à cœur, reflétant nos passions, nos valeurs et notre sensibilité artistique. Cheffe a pour objectif de s’infiltrer dans la vie d’une cheffe sushi au Japon et plus précisément à Tokyo. Nous ferons découvrir son histoire, ses doutes ainsi que son engagement féministe dans un milieu très masculin. Elle sera le fil rouge du documentaire. D’autres intervenants nous aideront à comprendre la complexité et la situation paradoxale du Japon aujourd’hui. Ce documentaire permettra d’aborder des thématiques comme le féminisme, le sexisme et les inégalités professionnelles. Plus globalement, notre documentaire portera sur l’histoire des femmes au Japon, le savoir-faire du sushi et la transcendantalité des aliments dans la culture nippone. Depuis notre plus jeune âge nous avons été bercé par la culture japonaise. Des films du studio Ghibli, aux mangas en passant par la gastronomie et l’architecture traditionnelle, le soft power japonais nous fait rêver et nourrit en nous une soif d’en apprendre plus encore sur ce pays qui oscille entre modernité et tradition. Notre attrait pour la gastronomie nous pousse tous les jours à découvrir différents pans de la cuisine internationale. De cette curiosité partagée, c’est la gastronomie japonaise qui nous passionne le plus. En effet, les japonais ont une manière unique d’appréhender la gastronomie, ils ne consomment pas seulement pour se nourrir mais également pour s’élever spirituellement. A nos yeux, l’art culinaire relève du spirituel, du partage et des émotions. La gastronomie d’un pays reflète sa culture. Et si elle témoignait aussi de sa face obscure, tels que le sexisme et les inégalités ? Nous voulons porter un point de vue critique sur la situation des femmes dans le monde du travail au Japon. Les préjugés sexistes sont aussi prégnants que l’on imagine dans le monde du sushi. Véritable produit culturel, porte étendard de la gastronomie japonaise et considéré comme une forme d’art à part entière, le sushi est un miroir de la société nippone. Les traditions japonaises n’aiment pas être bousculées et le sushi ne fait pas exception. En effet, il est très mal vu d’être cheffe sushi à cause de certaines idées reçues. Le féminisme tel qu’on le connaît dans les pays occidentaux n’existe pas ou très peu au Japon. Il est plus diffus et moins virulent. Cependant, la situation évolue peu à peu, et les femmes japonaises font entendre leurs voix. C’est aussi le cas de certaines cheffes sushi qui luttent pour que la place des femmes soit respectée dans ce milieu. Leurs actions sont une véritable forme d’engagement dans une société encore très conservatrice. Les thématiques que nous aborderons sont l’art, la gastronomie, l’engagement feministe et l’Histoire. Celles-ci s’entremêlent pour dépeindre le tableau d’une société atypique et paradoxale. Ces sujets qui nous tiennent à cœur sont le ciment qui permet de raconter l’histoire de ces femmes cheffes sushi, de leurs rêves et de leurs combats permanents au sein d’une société aux règles profondément ancrées. Notre documentaire. Cheffe est un projet de film documentaire de 52’ qui raconte l’histoire de Yuki Chizui, une femme devenue maîtresse sushi dans la capitale Tokyoite. Aujourd’hui, la gastronomie japonaise est connue à l’international et notamment en France, mais nous n’en percevons qu’une infime partie de surcroît adaptée aux goûts occidentaux. Nous voulons montrer la spiritualité dans la nourriture japonaise et spécifiquement dans l’art du sushi. Parallèlement, à travers le portrait de Yuki, nous verrons les inégalités homme femme dans le monde du travail et notamment dans le milieu du sushi. Véritable forme d’art dans la culture nippone, il est très compliqué pour une femme de s’imposer dans le millieu de la gastronomie japonaise et encore plus dans celui du sushi. Depuis la fin de l’époque Edo (1603-1868) et au début de l’air Meji (1868-1912), la place des femmes dans la société japonaise s’amoindrit et marque le début d’une société de plus en plus patriarcale. Le monde du sushi ne fait pas exception, les femmes sont considérées comme incapables de réaliser de bons sushi. Certaines idées reçues comme: “Les femmes ont les mains trop chaudes”, “leur goût est altéré pendant les règles”, “elles ne peuvent pas travailler de longues heures”, persistent encore de nos jours. Ces propos sont partagés par certains clients, mais aussi par des chefs comme Sukiyabashi Jiro, jadis triplement étoilé au guide Michelin de Tokyo. Le milieu de la gastronomie illustre parfaitement le monde du travail au Japon. Il est très courant d’entendre encore aujourd’hui : “la place de la femme est au sein du foyer, son rôle est de s’occuper du domicile familial ainsi que des enfants”. Une fois devenue cheffe, Yuki nourrit des ambitions plus grandes, créer un restaurant composé uniquement de femmes. Véritable forme d’engagement féministe dans l’une des société les plus patriarcale du monde. En effet, selon le classement du forum économique mondial de l’égalité des sexes 2022, le Japon était classé 116e sur 146 pays. C’est en 2010, à l’âge de 29 ans et après 10 ans d’expérience dans le milieu, que le projet de Yuki Chizui se concrétise. La cheffe ouvre son premier restaurant dans le quartier d’Akihabara. Cette ouverture divise et le concept du restaurant fait rire certains clients qui viennent simplement pour se moquer. D’autres viennent car le restaurant casse les codes du vieux chef japonais en tablier blanc. C’est dans un univers manga et kimono fleuri que Yuki accueille ses clients. L’histoire de Yuki Chizui nous plonge dans une analyse sociétale de la culture nippone par son histoire, ses mœurs et son évolution. Avec Cheffe, par le biais de la gastronomie japonaise, nous voulons envoyer un message fort au spectateur avec des thématiques engagées tels que le féminisme et la place de la femme dans la société moderne. Il est nécessaire à nos yeux de partager ces idées et ces valeurs avec le grand public. Notre objectif est d’inspirer et de faire rêver avec une histoire pleine d’engagement comme celle de Yuki Chizui. L’histoire joue un rôle primordial dans notre documentaire, il nous aidera à mieux comprendre les différents enjeux du présent. De par sa position géographique et son histoire, le Japon hérite d’une culture forte aux mœurs singulières. Connaître son passé et comprendre son présent nous aidera à formuler des hypothèses sur le futur. Pour raconter cette histoire, nous adopterons le point de vue de différentes femmes. Il est très important que ce soit elles qui nous racontent leurs vérités pour être au plus proche de la réalité. Yuki Chuzui sera notre personnage principal mais d’autres personnages tels que Mizuho Iwai et Fuka Sano, apprenties chez Onodera, restaurant de sushi haut de gamme du quartier de Ginza, donneront leurs points de vue sur la situation actuelle. Mizuho nous racontera son témoignage en tant que jeune femme apprentie dans un millieu majoritairement masculin. Fuka nous fera part d’une vision différente. En effet, cette dernière veut exercer ce métier à l’étranger afin de promouvoir la gastronomie japonaise dans le monde. Comme beaucoup de femmes avant elle, Fuka ne pense pas pouvoir trouver sa place au Japon. C’est un phénomène que l’on observe beaucoup de nos jours, de plus en plus de cheffes quittent le Japon pour ouvrir leurs propres restaurants dans des pays où elles seront plus facilement acceptées. D’un point de vue plus global, Fumimask Murakami, professeur à la Tokyo Sushi Academy, nous parlera de l’évolution de la place des jeunes femmes dans la formation de cheffe sushi. Il nous aidera à décrypter certains chiffres pour mieux comprendre l’évolution du milieu au fur et à mesure des années. Shutô Wakana, professeure d’économie à l’Université Rikkyô de Tokyo et spécialiste des relations au travail et du travail des femmes, nous accompagnera tout au long de ce documentaire pour mettre en exergue le parallèle entre la situation de cheffe sushi avec le monde professionnel au Japon. Cela nous permettra de mieux comprendre les enjeux de ce métier face à la vision conservatrice de la culture nippone. Développement du projet. À travers le projet documentaire Cheffe, notre ambition est d’explorer trois grands axes d’écriture : le féminisme, la gastronomie, ainsi que la société japonaise. Ces trois axes constitueront l’ossature de notre récit. Grâce à eux, nous pourrons obtenir une vision globale de la situation particulière de notre protagoniste. Individuellement, chacun de ces axes révèle un aspect spécifique de notre histoire. Ensemble, ils s’entremêlent pour peindre un tableau plus complexe de la situation. Comme nous l’avons évoqué plus tôt, le féminisme au Japon est différent de celui que nous connaissons en Occident. Nous avons pu voir que les femmes au Japon, tout comme chez nous en France, ont beaucoup moins de chances d’accéder à des postes à hautes responsabilités du fait du patriarcat. Mieko Kawakami, célèbre autrice féministe au Japon aborde entre autres ces sujets dans son livre Seins et oeufs (2009). Nous aimerions pouvoir apporter des détails conséquents grâce aux dires de l’autrice dans son œuvre. De plus, il nous faut développer cet axe à l’aide de multiples témoignages dans un premier temps puis de spécialistes du sujet dans un second temps. Une de nos protagonistes, Shuto Wakana, est spécialiste de la relation entre les hommes et les femmes au travail. Nous voulons que cette dernière nous éclaire sur la situation afin de développer nos propos à ce sujet. Lors de notre future rencontre avec elle, nous aimerions qu’elle nous conseille différentes documentations afin de nous renseigner sur le sujet en profondeur. Il nous faut capter l’essence du fonctionnement de la société japonaise afin d’en comprendre les enjeux féministes. Il nous faut apporter plusieurs degrés de lecture. Par ses origines remontant au Ve siècle avant J.-C. et son évolution jusqu’à nos jours, le sushi a atteint le rang de véritable forme d’art dans la société japonaise, rayonnant à l’échelle internationale. Dans la plupart des pays, il est le plat de la gastronomie japonaise le plus répandu dans le monde. Au Japon, le sushi fait partie intégrante de la culture, son savoir-faire est soumis à des codes et implique des préjugés envers les femmes. Pour mieux comprendre cette situation, il est nécessaire de plonger dans l’histoire de ce plat emblématique, en comprenant ses origines, sa relation avec la société japonaise et son évolution dans le temps en corrélation avec le féminisme. Pour explorer cet axe d’écriture, nous devons tout d’abord nous référer aux sources écrites. Le livre The Story of Sushi de Trevor Corson nous fournira nos premiers éléments. Il nous permettra d’acquérir une connaissance globale de son histoire avec un aspect très factuel. Le livre retrace l’histoire du sushi depuis ses débuts dans le sud de la Chine jusqu’à sa démocratisation au Japon en 1400 et son expansion à travers le monde. Une fois ces connaissances acquises, nous serons mieux à même d’approfondir le sujet avec différents intervenants, notamment notre cheffe, Yuki Chizui. Pendant la rédaction du projet, nous cherchons à obtenir sa vision personnelle de la gastronomie. Sa perspective différente de celle de ses pairs nous conduira à une réflexion sur la place de la femme dans la société japonaise et dans le milieu de la gastronomie. Après avoir fait face à la réticence et aux moqueries de certains Japonais, Yuki a recréé une culture du sushi qui lui est propre et qui est en accord avec son identité. Après avoir exploré le passé et le présent, nous nous tournons vers l’avenir que nous souhaitons développer. Grâce au professeur Fumimasa Murakami de la Tokyo School Academy, nous analyserons l’évolution des chiffres de la plus prestigieuse des écoles de sushi. Nous examinerons si le pourcentage de femmes augmente ou non. Cette analyse nous permettra de formuler des hypothèses sur l’avenir des cheffes sushi au Japon, mais aussi dans le monde. Nous rencontrerons également deux étudiantes en école de sushi qui nous apporteront leur aide afin d’obtenir deux perspectives différentes sur leur avenir en tant que cheffes sushi. Notre troisième axe nous aide à mieux comprendre et interpréter les deux premiers. La société japonaise constitue un modèle unique au sein de nos sociétés modernes. En raison de sa position géographique et de sa politique isolationniste du XVIIe au XVIIIe siècle, le Japon a longtemps été en marge de ses voisins asiatiques. La culture japonaise, singulière dans le monde entier, joue un rôle très important dans le développement de la société nippone. Pour approfondir notre compréhension de l’histoire et de la culture japonaises, nous nous pencherons sur deux ouvrages. Le premier est Introduction à la culture japonaise de Hisayasu Nakagawa, qui explore différents aspects de la culture. Il nous aidera à nous mettre à la place des Japonais, à mieux comprendre leurs modes de vie, leurs mentalités ainsi que leur histoire. Le deuxième livre est Moderne sans être occidental: Aux origines du Japon aujourd’hui de Pierre-François Souyri. Cette œuvre aborde divers sujets tels que l’histoire politique, la modernisation de la société, l’influence et le soft power japonais. Ces deux livres seront nos références pour mieux appréhender la culture et pour poser les bonnes questions à nos intervenants afin de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de notre sujet. Pour obtenir des réponses à nos questions, nous prendrons contact avec Shuto Wakana, professeure d’économie à l’Université Rikkyô de Tokyo et spécialiste des relations du travail et du travail des femmes. Elle nous guidera dans la compréhension de la société japonaise du point de vue du travail et de la situation homme/femme. Elle sera notre principale interlocutrice pour aborder et approfondir les sujets sociétaux liés à notre thème. Grâce à elle, nous pourrons observer l’évolution au fil du temps de la situation des femmes au Japon et de leur place dans la société. En conclusion, le projet documentaire «Cheffe» vise à une exploration approfondie de trois axes majeurs. Chacun de ces éléments contribue de manière significative à la complexité de notre récit. Nous allons plonger dans l’histoire du sushi, le considérant comme une forme d’art au Japon, tout en analysant ses liens avec la société et son évolution à travers le temps. Nous espérons éclairer davantage les enjeux sociaux et culturels actuels au Japon. À travers cette démarche multidimensionnelle, nous aspirons à offrir une perspective complète sur la vie de Yuki Chizui, tout en suscitant une réflexion approfondie sur les dynamiques culturelles qui influent sur sa trajectoire professionnelle et personnelle.