Cohabiter avec les grands prédateurs : les Massaïs
<p>Je suis écrivain et bergère dans le sud de la France. J'ai 49 ans et m'intéresse depuis toujours à la protection de la biodiversité.</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/618441/ambiance_matinale_-_copie-1569229705.jpg" width="100%" /></p>
<h3><strong>Les prédateurs en France</strong></h3>
<p>En France, la plupart des éleveurs espèrent la disparition des grands prédateurs, ours et loups, car ils font des dégâts sur les troupeaux. Je suis éleveuse de brebis mais aussi écolo, et j'aimerais défendre les grands prédateurs comme une partie indispensable de la biodiversité. Je suis concernée par le sujet à petite échelle car un loup vit sur notre estive. Pour d'autres éleveurs les difficultés sont énormes, leurs troupeaux faisant l'objet de nombreuses attaques.</p>
<p>Mon projet est d'aller à la rencontre de pasteurs qui n'ont jamais perdu le contact avec la faune sauvage. Nous, Européens de l'Ouest, ne sommes plus en présence des grands prédateurs depuis des décennies. Toute la mémoire, tous les savoir-faire et savoir-être accumulés par nos ancêtres à ce sujet sont effacés. Mais sur la planète, de nombreuses populations n'ont jamais cessé de cohabiter avec les grands prédateurs.</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/618437/enfants_Massa_s-1569229434.jpg" width="100%" /></p>
<h3><strong>Les pasteurs Massaïs du Kenya</strong></h3>
<p>Je pars au Kenya du 1er au 15 décembre 2019 à la rencontre des pasteurs Massaïs, avec leurs troupeaux de vaches, moutons et chèvres, qui vivent depuis toujours avec les lions, les hyènes ou les panthères. La prédation sur leurs troupeaux existe aussi bien sûr. Mon hypothèse est que les Massaïs ont développé une somme de connaissances et de stratégies efficaces qui leur permettent de partager le même territoire que les fauves, en augmentant au maximum leur sécurité et celle de leurs troupeaux. Les Massaïs n'ont pas de chiens de conduite ou de protection comme nous. Les fauves peuvent s'attaquer aux humains, contrairement à nos ours et loups qui ne le font pas, ou extrêmement rarement. Ils n'ont pas de fusils pour se défendre. Pourtant, ils ne cherchent pas à faire disparaître les fauves à tout prix.</p>
<p>J'espère apprendre auprès d'eux les bases d'une cohabitation possible, à travers un travail d'enquête mené dans huit « villages » situés dans la vallée du Rift, dans la région moins touristique du Selankay, à l'écart des parcs nationaux et leurs hordes de touristes. Je serai accueillie par Léonard, formé à la sociologie, qui a décidé de revenir dans son village pour y développer un tourisme à taille humaine et bénéfique à sa communauté. Il sera mon lien avec les pasteurs. Les enquêtes prendront la forme d'entretiens dans les villages ou en journée lors du gardiennage des troupeaux. La langue Massaï m'étant étrangère, un traducteur anglophone m'accompagnera.</p>
<p><img alt="" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/618436/troupeau_kenya-1569229395.jpg" width="100%" /></p>
<p><strong>Un travail d'enquête</strong></p>
<p>Mes questions seront nombreuses :</p>
<p>Quels rapports entretiennent-ils avec les fauves : peur, respect, communication non-verbale ?</p>
<p>Quelle lecture ont-ils des mouvements des fauves dans la journée ? Que font-ils quand ils s'aperçoivent ?</p>
<p>Que se passe t'il la nuit ?</p>
<p>Quel pacte lie les Massaïs et les fauves ? Existe t'il ?</p>
<p>Comment réfléchissent-ils leur territoire pastoral : y a t'il des zones interdites à cause des fauves ? Ou simplement qui leur sont réservées ? Y a t'il des zones frontières ? Ou comment gèrent-ils la superposition des territoires ?</p>
<p>Comment analysent-ils les causes des attaques ? Des accidents ?</p>
<p>Que souhaitent-ils pour leur avenir ?</p>
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<p>Pour bien mener mes enquêtes, j'ai besoin d'un peu de matériel :</p>
<p>Quatre caméras infra-rouges. Elles permettront de filmer les prédateurs éventuels qui rôdent autour des différents villages que je vais visiter. Ces scènes pourront donner lieu à des commentaires intéressants de la part de la communauté en question. Les villages sont entourés de clôtures d'épineux. Les caméras y seront fixées la nuit. 100 € x 4 = 400 € (caméras, piles, cartes SD)</p>
<p>Un enregistreur. L'enregistrement permettra de garder une trace des témoignages recueillis, de revenir sur les paroles les plus intéressantes et faciliteront la prise de note. Appareil enregistreur, piles, cartes SD. Prix 200 €</p>
<p>Un album photo pour me présenter aux Massaïs. En effet, je partage leur métier. Moi aussi, j'ai un troupeau constitué de brebis et de chèvres qui pâturent en gardiennage dans des collines sauvages, dans une zone avec une saison sèche très marquée. Cette proximité de métier sera montrée par des photos de mon troupeau, de la bergerie, des chiens de conduite et de protection, des estives, ainsi que des photos de nos prédateurs. Auto-financé.</p>
<p>Un chargeur solaire pour recharger mes appareils. Auto-financé.</p>
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<p>La collecte est un succès ! et l'objectif est atteint ! Mais nous pouvons faire plus. Chez les Massaïs, les animaux fournissent l'essentiel de leurs moyens de subsistance. Pour les plus pauvres, la situation est vite tendue si un animal est tué par un prédateur. Léonard m'a donné le prix d'une vache : entre 40 et 80 dollars, et d'une chèvre : entre 15 et 30 dollars. L'argent supplémentaire collecté servira à constituer un petit troupeau de vaches et de chèvres qui seront offertes aux personnes les plus démunies en compensation de leurs animaux tués lors d'attaques. Ce troupeau sera confié à Léonard et le lait récolté sera attribué aux écoliers de la communauté.</p>