Derniers remords avant l'oubli
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Quand Bernard Vercier, metteur en scène dont nous suivons le travail depuis longtemps, se propose d'<strong>être un pilier de la nouvelle création de la cie Accord Tacite</strong>, nous décidons d'accompagner cette aventure.</p>
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<img alt="_-1453839285" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/271181/_-1453839285.jpg"> Plusieurs étapes : une résidence à Equemauville pour explorer les différents enjeux de cette pièce énigmatique, suivie d'une <strong>restitution de résidence afin de partager avec le public du Festival Paroles Paroles le fruit d'une recherche qui s'annonce</strong><strong> passionnante : </strong></p>
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A l'issue de la résidence, Bernard Vercier nous livre ses premiers questionnements et réflexions :</p>
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"...soucieux d’offrir aux acteurs un lieu à la fois fictif et très concret, on module l'espace afin de dessiner cette maison de campagne achetée autrefois, qui a abrité <strong>les utopies de Pierre, Paul et Hélène.</strong></p>
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Où placer les spectateurs qui doivent à la fois être partie prenante dans cette histoire, sans toutefois y être inclus ? Ils seront les « murs » de cette maison, témoins muets de cette journée où se mêlent les souvenirs, les rancœurs, les regrets et les remords.</p>
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Se dégage alors un espace central et des accès latéraux comme une ossature au sol de cette maison, objet qui cristallise le « re-jeu » des passions passées.</p>
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Ce dispositif en quadri-frontal offrira l’opportunité aux personnages périphériques, Antoine, Anne et surtout Lise, d’être présents, dans l’ombre, à proximité afin d’être les témoins de la liquidation d’un passé qui encombre tous les protagonistes. Au cours de la résidence, cet espace évoluera..." </p>
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Le texte de Jean-Luc Lagarce offre une ouverture telle que tout est possible. Il l’a voulu ainsi.</p>
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Comment débusquer les non-dits sinon en construisant une histoire qui liera tous les protagonistes.</p>
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En jouer, au cours de la résidence, se révèle jubilatoire.</p>
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<strong>Une histoire à la « Jules et Jim » qui reviendraient sur les lieux de leurs amours passées, afin de se débarrasser de ces encombrants souvenirs, de ces remords, de ces non-dits jamais énoncés.</strong></p>
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<img alt="Fullsizerender-1452189508" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/265641/FullSizeRender-1452189508.jpg"> </p>
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<img alt="Img_0018-1453751761" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/270887/IMG_0018-1453751761.jpg"></p>
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<strong>Soutenir un tel projet s'inscrit dans les objectifs du Festival : défendre une langue qui a l'éclat du diamant brut et soutenir une équipe qui se charge de donner vie à un chef d’œuvre du théâtre contemporain.</strong></p>
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<strong>Un mois avant...</strong></p>
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<img alt="R_sidence_paris_f_vrier_2016_2-1456307785" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/281680/R_sidence_paris_f_vrier_2016_2-1456307785.jpg"></p>
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Nous venons de passer 15 jours enfermés au 100 rue de Charenton à Paris, pour donner vie à l'ensemble de la pièce.</p>
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Après un premier filage avec la <strong>nouvelle distribution</strong>, nous prenons conscience de l'ampleur de la tâche qui nous incombe : nous avons exploré les différentes scènes, fait des choix, tant dans l'histoire des protagonistes, que dans les règles de l'énonciation du texte. Il faut maintenant <strong>fouiller les enjeux de chaque scène, incarner cette parole qui nous paraît à priori très littéraire et orchestrer l'ensemble</strong>.</p>
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Avec passion, nous détaillons chaque scène, cherchant matière à jouer, les micro-évènements qui déclenchent la parole, l'impact de la parole sur les protagonistes, <strong>la mise en jeu du silence, moteur de la pièce.</strong></p>
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Et que faire de cette parole si subtilement écrite ? Comment l'incarner ? Il faut trouver la juste position : rendre cette parole très quotidienne et conserver son caractère très littéraire. Les comédiens s'en emparent, trouvent le juste chemin, le leur, celui qui donne vie à un texte. Et <strong>chaque spectateur y trouvera sa propre résonance.</strong></p>
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C'est difficile, les résistances se profilent, les interprétations divergent, les idées émergent, cherchent à se concrétiser et aboutissent à des choix qui fédèrent où divisent. Il faut alors convaincre, défendre, ne pas lâcher l'intuition. Etre attentif au moindre petit détail qui peut surgir d'une discussion, d'une boutade, d'une anecdote à priori sans importance, mais qui se révèle être utilisable comme squelette d'une scène : <strong>le processus de création en marche. C'est exaltant.</strong></p>
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et puis être attentif au cheminement des comédiens, les accompagner, les contrarier pour alimenter la construction de ces personnages si singuliers. Etre le garant de l'écriture de Jean-Luc Lagarce, pour que celle-ci soit la seule entrée possible pour construire l'identité des ces protagonistes. C'est passionnant, c'est émouvant de voir un acteur trouver le parcours de son personnage au travers de <strong>cette histoire qui débute comme de joyeuses retrouvailles et se terminent en miroir comme des funérailles</strong>.</p>
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au dernier filage,<strong> tout est fluide, la langue de Jean-Luc Lagarce s'est incarnée</strong>, le travail devient invisible, les comédiens se sont emparés de cette histoire et la font leur.</p>
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Mon regard se transforme, je deviens spectateur, je jubile devant cette théâtralité sur le fil, je suis boulversé par les confessions d'Hélène, de Pierre et de Paul.</p>
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<strong>Derniers remords avant l'oubli vient de naître</strong>. L'œuvre est fragile, il faut encore la nourrir, l'accompagner, pour qu'elle grandisse et s'épanouisse, qu'elle devienne cette pièce magnifique que Jean-Luc Lagarce a imaginé et écrite avec une finesse, un humour et un sens très aigu des liens subtils et indestructibles.</p>
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"Comment se débarasser</p>
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De la présence du passé</p>
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A la nostalgie comment mettre un terme</p>
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ça ne se jette pas comme du papier</p>
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comme une lettre qui peut brûler</p>
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quand c'est une question d'épiderme" <strong>Michel Jonasz </strong><em>Pierre Ponce</em></p>
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<strong>Nouvelle distribution</strong> :</p>
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Philippe Sivy : Paul</p>
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Anaïs Bossus : Lise</p>
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Nadia Khelef : Hélène</p>
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Christophe Jacquet : Pierre</p>
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<img alt="R_sidence_paris_fevrier_2016-1456307626" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/281679/r_sidence_paris_fevrier_2016-1456307626.jpg"></p>
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Denis Mathieu : Antoine</p>
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Olga Sokolow : Anne</p>
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Bernard Vercier</p>
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