HappyDeal : le NOUVEAU Film des frères Lopez sur la déshumanisation au travail

Depuis plus de 7 ans maintenant, nous travaillons sans relâche pour faire exister un projet hors du commun, un moyen métrage de fiction qui propose pour la première fois au cinéma, de plonger dans les coulisses opaques du géant au large sourire. On y parle des dégâts du management positif, de transhumanisme, d’ubérisation du marché du travail, de la précarisation du logement, et de la modification et la privatisation des corps, problématiques qui émergent de plus en plus avec la progression fulgurante ces dernières années de l’IA. Dans un futur proche, HappyDeal, leader mondial de la vente en ligne, organise un concours permettant à des personnes en situation précaire d’obtenir un job dans leur entrepôt. C'est une aubaine pour Emma, qui vit dans sa voiture avec Rosa, sa fille de 8 ans. Malheureusement, Emma se foule la cheville lors des tests de présélection ce qui la disqualifie sur le champ. Ses espoirs s'effondrent. Retour au parking, là où est garée sa voiture. Mais quelques jours plus tard, HappyDeal la rappelle pour lui proposer un deal un peu spécial : se faire greffer des jambes bioniques pour améliorer ses performances au travail. Emma accepte. Mais jusqu'où cela va t-elle la conduire ? Nous sommes deux frères, Alexis, 29 ans et Jérémie, 34 ans. Autodidactes, nous nous sommes lancés dans le cinéma en 2016 en réalisant le court métrage “Inlove”. Conte sarcastique sur l’amour, avec ce court-métrage, nous avons abordé une thématique qui nous est chère : la violence sociale sous un format coup de poing (moins de 10 minutes). Ce film, totalement autoproduit, a reçu un très bel accueil en festival avec plus de 125 sélections et 35 prix à l’international. Il a été diffusé sur Canal +, TV5 Monde et même dans les avions AirFrance. C’est avec "Inlove" que nous avons esquissé le mélange des genres, entre fable western et film réaliste. Avec HappyDeal, nous avons voulu, avec l'aide de nos co-auteurs Philippe Barrière et Virginie Legeay, proposer quelque chose d'original en fusionnant la satire d'anticipation à l’héritage du film social français. Ce mélange de genres nous est cher car il permet à la fois d’éprouver frontalement l’expérience de notre personnage principal tout en mettant en exergue l’absurdité d’un système et de ses dérives. En 2022, les deux frères rencontrent Alexis Dovera, co-fondateur de Saint Gingembre et producteur du court métrage à succès "Auxiliaire" (réalisé par Lucas Bacle). Ensemble, ils décident de se lancer dans une aventure cinématographique plus ambitieuse et engagée et lancent la production d’HappyDeal. En 2016, nous recherchons un travail pour financer "Inlove", notre précédent court-métrage, entièrement autoproduit. (On vous invite à le regarder, il est en lien juste ci-dessous). C’est comme cela que nous nous retrouvons à passer des tests de présélection pour être embauchés comme Picker, c’est-à-dire préparateur de commande chez Amazon. Aussitôt engagés, nous sommes assommés par les algorithmes et les cadences infernales que nous devons respecter. "Vous croyez que Jeff ne travaille que 7h par jour ?" Nous nous transformons petit à petit en machine à produire mais cela ne nous frappe pas immédiatement puisque cette déshumanisation se passe dans une ambiance ‘’feelgood’’. On nous tutoie, on se check comme des potes, on nous appelle "les talents", notre santé semble être pour eux une préoccupation permanente. “600 checks de bonne humeur dans une journée, 30 squats d’échauffements sur du zouk mais 10,85 euros brut de l’heure…” Au fur et à mesure, on s'aperçoit que cette bienveillance apparente cache en réalité une hypocrisie violente, celle de la performance coûte que coûte. Les moments conviviaux prennent des allures d’obligation au bonheur. Les coups de mou ou les faiblesses ne sont pas tolérés et la moindre revendication peut entraîner un licenciement. Au début, nous voulions filmer l’entrepôt, notre travail (on a l’habitude de filmer pas mal de choses de notre vie) mais malheureusement on s’est très vite confrontés à l’impossibilité de faire pénétrer une caméra dans l’entrepôt. Amazon craint les vols d’articles par ses salariés et la fuite d’informations sur leurs méthodes logistique. Chacune de nos entrées et sorties étaient contrôlées par des portiques et des vigiles, ce qui rendait impossible l’intrusion d’une caméra ou d’un smartphone, même une ceinture en métal ne passait pas ! A cela s'ajoutent les incalculables caméras de surveillance qui guettent les allées et venues de chacun ainsi que la productivité des salariés. Et puis bien évidemment, il y a les managers et les ‘’collègues’’ (plutôt des concurrents en réalité…) qui contrôlent nos faits et gestes. Certains étaient prêts à dénoncer pour se faire bien voir ou obtenir une petite gratification. Donc impossibilité totale de filmer la moindre chose. On se sentait constamment surveillés. Le seul moyen de parler de ces entrepôts, de ce travail, de cet univers, était de faire une fiction. C’est comme ça qu’est née l’idée d’HappyDeal. “L’urgence de donner corps et de transmettre ce que nous avons vécu chez l’entreprise multinationale qui nous a inspiré HappyDeal est plus que jamais présente. Nous sommes convaincus du pouvoir d’immersion de la fiction pour espérer prendre à temps un virage collectif.” Pour ce film, nous avons la chance de tourner avec des acteurs confirmés qui ont cru en notre histoire, à l’engagement du film et surtout à son importance politique et citoyenne. Faire exister un tel projet est un énorme défi car il nécessite des effets spéciaux et de gros décors (l’entrepôt HappyDeal, entre autres). En France, ce genre de film n’existe pas ou peu, car cela coûte très cher à fabriquer… Pendant toutes ces années, nous avons dû relever de nombreux défis logistiques et techniques : Nous avons passé plus d’un an à storyboarder en 3D le film pour anticiper les moindres détails Nous avons créé des partenariats avec des dizaines d’interlocuteurs financiers et matériels Mais aussi fait beaucoup de récup pour créer les décors, particulièrement l’entrepôt. Malgré tous les obstacles que nous avons rencontré, nous avons tenu bon et aujourd’hui il ne reste plus qu’une étape pour qu’HappyDeal voit le jour : finir la post-production du film : les effets spéciaux, le montage, la composition musicale, le mixage, et l'étalonnage. Pour cela nous avons besoin de vous. Après 4 ans de développement, HappyDeal a réussi le tour de force de convaincre toutes les institutions de premier plan du milieu du cinéma : pré-achat France 2 aide sélective du CNC court-métrage aide effets spéciaux du CNC aide de la région Nouvelle-aquitaine aide département Lot-et-Garonne où s’est déroulé le tournage. Malgré leurs précieux soutiens, l’intégralité de ces financements sont des aides dévolues au court-métrage. Seulement, HappyDeal est un moyen-métrage…. Le film est à peine deux fois moins long (40 min) qu’un long-métrage et pourtant son budget est 5 fois moins élevé.