On pourrait recommencer à aimer vraiment la vie

Pièce de théâtre d’Hélène Masurel Tout public à partir de 13 ans Trois comédiens en pleine répétition à l’occasion d’une réécriture contemporaine d’Antigone. La répétition va dérailler, ou plutôt, s’engager sur de nouveaux rails, ceux de l’improvisation pour tenter de proposer une autre fin que l’attendue tragique. Dès lors, la pièce bascule, mais on n’échappe pas si facilement à ce qui est écrit et/ou inscrit de toute éternité… Dans ce jeu aux règles nouvelles, l’autrice a choisi le moment de la répétition comme temps réel, pour une mise en abyme qui vient interroger des lieux communs du théâtre : L’être humain ne s’y révèle t’il pas à lui-même dans ses choix personnels, plutôt que dans un itinéraire dicté d’avance ? La tragédie est-elle la vie ? Il s’agit de nous ajuster à nous-mêmes, à autrui, de traverser plutôt que de fuir l’expérience de notre précarité humaine. Cette pièce est une nouvelle tentative de plongée dans l'épaisseur humaine. Le travail de création nous ramène à la faille, à la fragilité humaine : les êtres qui évoluent sur scène sont à la fois exceptionnels comme héros de tragédie et ordinaires dans leur appartenance au système humain. Cette mise en lumière agit comme un ressort pour « donner du sens et tenter de devenir plus humain ». Le sujet de la pièce C’est une écriture autour de la résilience, la capacité de chaque personne à surmonter les épreuves, à se relever des échecs, des coups reçus, à se remettre à rêver, à se réinventer. Ce sont les personnes résilientes et celles qui l’étaient moins ou peu que j’ai croisées, qui m’ont sensibilisées à cette question : « Qu’est-ce qui fait qu’un être est résilient ou non ? ». C’est cette question qui est à l’origine de mon écriture. Quoi de plus parlant qu’un mythe universel ? Un mythe s’adresse à chacun de nous en tant qu’être humain. Antigone, Créon, et Oedipe sont les héros de tragédie que j’ai choisi et qui parlent à chacun de nous. Ils symbolisent notre lien au passé qui nous construit. Réfléchir ensemble sur ce mythe met en lumière notre présent. Ces héros de tragédie sont résilients. C’est-à-dire capables d’inventer du nouveau Cette capacité à inventer du nouveau est suggérée au public, comme possible avenir, auquel j’ai voulu croire : « On pourrait recommencer à aimer vraiment la vie comme son propre enfant quand on se la donne à soi-même. » Georges Büchner. Œdipe, brûlé par la vérité, s’est crevé les yeux. Antigone, écartelée, tire le cadavre de son frère. Créon, lui, est dans la solitude du pouvoir. C’est une tragédie, c’est-à-dire que tout est joué depuis le début : Œdipe est déjà banni, Antigone, déjà presque enterrée, Créon, déjà impuissant. Chacun profondément lié aux autres. Les morts et les vivants coexistent. Tout est joué donc, mais rien n’est joué pourtant. Puisque tout va se jouer sur scène. Comme un grand échiquier, le jeu commencé ne s’arrêtera pas ; pas avant que le sphinx avec sa fameuse énigme ne les menace une nouvelles fois ; pas avant qu’ils ne cherchent, qu’ils ne trouvent ensemble la réponse à l’énigme, et qu’ils ne soient prêts à la crier ensemble…La seule réponse, dérisoire, pitoyable, presque risible : l’Homme. L’issue entrevue, croire encore en l’humanité, Antigone nous interroge face à l'existence de l'Homme, face à ses choix, face aux poids de notre passé. Elle nous lance un appel au secours : est-il possible de changer? En cela, un appel au monde d'aujourd'hui. Peut-être un appel à la solidarité, au pardon.