Sauvons P'tit Fort : donner une nouvelle vie à une baraque d'après-guerre
Elle s’appelle P’tit Fort car c’est à Petit Fort Philippe près de Dunkerque qu’elle a vécu depuis son arrivée en 1945. Née aux États-Unis, cette maison préfabriquée était destinée à loger des sinistrés de la Deuxième Guerre Mondiale. Plus de 8 000 modèles identiques répondant au nom d’UK 100 - UK pour United Kingdom car elles étaient initialement destinées au Royaume-Uni et 100 car elles étaient composées de 100 morceaux - débarquèrent sur nos côtes pour loger ceux qui avaient perdu leur logement pendant la guerre. Elles étaient censées durer une dizaine d’années, le temps de reconstruire « en dur ». Mais c’était faire abstraction de leur design moderne, de leur praticité et surtout de l’attachement que leurs habitants avaient développé pour ces « bungalows » de 70 m2 qui offraient un confort que beaucoup n’avaient jamais connu (salle de bains avec baignoire et toilettes, eau chaude, cuisine aménagée, placards…). Résultat : il en reste encore des centaines aujourd’hui de la Bretagne au Hauts de France en passant par les Pays de la Loire et le Grand Est. La plupart sont encore habitées et chéries. P’tit Fort en fait partie mais Céline, sa propriétaire, voudrait la remplacer par une maison en bois plus moderne pour pouvoir y passer plus de temps. Mais elle ne veut pas la démolir. Elle y est trop attachée. Début 2024, elle nous contacte Mickaël et moi (alias les Dupond & Dupont des baraques !) : « J’ai une baraque américaine sur mon terrain de Petit Fort Philippe dans le Nord qui a été installée là en 1960 comme maison de vacances. J’ai l’intention de construire une maison moderne à la place mais je ne veux pas la démolir. Seriez-vous intéressés pour la récupérer »? Nous le sommes ! Huit mois plus tard, début septembre 2024, nous allons enfin la voir, et c’est le coup de foudre ! Elle est encore pratiquement « dans son jus » et bien préservée. Pour sa nouvelle vie, nous lui avons trouvé un spot idéal dans la Sarthe, chez Étienne, l’un de nos adhérents, qui est aussi un mécène de l’opération sauvetage. Une fois remonté P’tit Fort - que nous avons déjà surnommé Jean-Paul puisqu'il va être reconstruit dans la Sarthe - servira de lieu de mémoire, de mise en valeur du patrimoine des baraques et de la reconstruction, de résidences artistiques et aussi de gite dans un mobilier et une déco d’après-guerre. L'opération de sauvetage se déroulera en trois étapes : - Démonter morceau par morceau la baraque - Stocker les morceaux dans deux containers - Transporter les containers de Petit-Fort-Philippe (59) à Sablé-sur-Sarthe (72) où elle sera remontée au printemps 2025
Créée en 2018, l’association Prefab! a pour objet :
La préservation et mise en valeur des maisons provisoires préfabriquées d'après-guerre, à travers les activités suivantes : Création, développement et accompagnement de projets culturels, artistiques, historiques, sociaux et éducatifs en adéquation avec l'objectif de l'association Prefab ! Exemples : expositions, conférences, débats, formations, résidences d'artistes et développement d'une archive consacrée aux préfabriqués d'après-guerre. Parmi ses membres fondateurs et adhérents, Prefab! compte notamment Mickaël Sendra, guide conférencier spécialisé dans l’histoire de la reconstruction d’après-guerre, responsable de musées associatifs et co-auteur du livre Baraques : Histoire des Maisons Préfabriquées d’Après-guerre (Éd Sutton, 2021), Xavier Argotti, historien de l’art et guide conférencier spécialisé dans la reconstruction et Élisabeth Blanchet Burgot, journaliste et photographe, co-auteure du livre Histoire des Maisons Préfabriquées d’Après-guerre et co-fondatrice du Prefab Museum au Royaume-Uni. Tous passionnés de baraques, ils travaillent à les mettre en valeur depuis plus de 20 ans, notamment en leur redonnant de nouvelles vies. Ainsi, l’association Mémoire de Soye à Ploemeur dont Mickaël Sendra est le président a remonté 3 maisons préfabriquées (une Américaine, une Française et une Canadienne) pour les transformer en micro-musées. Ces dernières sont protégées au titre des monuments historiques, ce qui est unique en France. De plus, nos trois protagonistes ont aussi suivi de près et documenté les opérations de démontage et de remontage des associations Les Collectionneurs Virois et Piacé le Radieux. Ces deux associations ayant chacune démonté et remonté des baraques identiques à P’tit Fort à Vire (14) et Piacé (72).
Le sauvetage d'un UK 100 âgé de 80 ans coûte cher... Nous avons évalué qu'à 6, il nous faudrait une semaine, du 11 au 18 novembre 2024 pour le démonter panneaux par panneaux. Au fur et à mesure que nous démonterons les morceaux de toit, les panneaux puis le plancher (tous d'origine), nous les rangerons dans deux containers garés en face de la maison et qui seront transportés ensuite par camion jusqu'à Sablé-sur-Sarthe. Notre collecte nous servira à payer : - l'achat et la livraison de deux containers sont offerts par notre adhérent Étienne - le transport des containers : 2 400 € - la location de grues au départ et à l'arrivée : 950 € x 2 = 1 900 € - le transport de l'équipe : 500 € - la nourriture pour l'équipe : 6 pers x 20 € / jour x 7 = 840 € - le logement de l'équipe est offert par Céline, la propriétaire de l'UK 100 - le matériel et les outils : 400 € TOTAL : 6 400 €