En remontant le Mékong

Fidèle à l’argentique et au noir et blanc, depuis plus de quarante ans, Marc Mangin chemine pour la première fois, le long du Mékong, avec un outil adapté au voyage, tout en continuant d’interroger l’absence qui marquent son travail de photographe et d’écrivain : "l'absence" induite par celle du père qui, jusque-là, se traduisait par une absence de couleurs, de compagnon de voyage… Au temps de l’absence, balisé par les départs et les arrivées, Marc Mangin préfère un départ perpétuel exonéré de toute arrivée qui va résolument de l'avant. Il préfère le singulier au pluriel, la richesse de l’individu à la pauvreté de la masse. Ne dit-on pas : "Une chaîne n'est jamais plus forte que le plus faible de ses maillons." Il construit une œuvre sans un regard dans le rétroviseur ; façon de se rappeler que la vie est à sens unique, qu’il n’y a pas de marche arrière, que rien ne sert de remettre au lendemain, ce que l’on aurait pu faire hier. Il n’attend pas que la pluie cesse ou que la lumière soit au rendez-vous. Il part le matin, cherche un gîte le soir ; s’il croise une photo à midi, en plein cagnard, ou sous des trombes d’eau, il l’emporte. Il trouve ainsi le moyen de transformer « le temps de l’absence » en « absence de temps ». Rémy Charrey / Artgentique À partir de mai 2018, Marc Mangin s'est laissé porter à contre-courant du Mékong. Pendant plusieurs mois, en pleine mousson, il a remonté le fleuve avant de s'installer à Saïgon, puis à Bao Loc, sur les hauts plateaux du Lam Dong. En février 2020, il se rend en France pour participer à une série de manifestations littéraires. Il s'y fera piéger par la fermeture des frontières. L'exposition sera présentée, en 2022, à Lille, Béziers, Paris, Lyon, Brest… et partout où vous nous solliciterez : artgentique.lassos@gmail.com