Bonjour à tous !

Je vous ai traduit ici un article tiré d'un blog anglophone très renseigné, http://www.gotellitonthemountain.net

Enjoy !

Le verger évoque une nature apprivoisée et ordonnée, une terre fertile et une production luxuriante.

Ici, il n’en est rien. Les vergers du Sinaï sont rocheux, escarpés, bruns et informes ; un ensemble de jardins sauvages abandonnés sur des terres stériles.

Par ailleurs, le Sinaï est un monde éloigné de la zone de guerre, modelée par les zones tampons aux maisons rasées, de son ballet d’hélicoptères et de ses attaques suicide à la bombe.

Parvenu en haut du Mont Sinaï, vous surplomberez un immense désert rocheux qui s'étire de tous côtés, un horizon lointain bordé de hauts sommets escarpés et une terre balayée par les vents où le vert semble interdit et où les signes de vie sont rares. Descendez de la montagne, éloignez-vous des chemins touristiques et cherchez ses parties cachées, vous découvrirez un monde secret, celui où le cyprès, l'amande et les aubépines prospèrent auprès de frais bassins ombragés et où, dans de beaux vergers verts, les bosquets luxuriants sont arrosés de puits profonds. Aventurez-vous profondément dans la montagne sauvage et rude et vous trouverez encore plus de vergers, comme de vives îles vertes sur une mer de roches rouges ajoutant une touche mystique au paysage du Sinaï.

Les racines de ces vergers remontent à 2000 ans environ lorsque l'Égypte était alors une province de l'Empire romain. Beaucoup de Chrétiens se sont enfuis dans les hautes montagnes, se dispersant dans le désert pour échapper aux carnages. Mais ces montagnes n'étaient pas un refuge facile, c’était un terrain dur, peu familier aux premiers colons dont la survie devint alors une lutte constante contre les privations. Néanmoins, ils ont persévéré et commencé à cultiver la terre sur de grossiers terrains de blé et d'orge, comme ils l’avaient fait chez eux. A travers les siècles, ils en sont venus à mieux comprendre l'environnement, comment irriguer de petites parcelles, ce qui peut se cultiver ou pas. Ils ont construit de plus grands vergers, les protégeant avec des murs en pierre, creusant des puits profonds et expérimentant de nouvelles essences. Beaucoup d'entre elles mourraient dans les plaines du Sinaï mais elles prospéraient dans les parties hautes et fraîches des montagnes où l'eau était abondante. La Providence avait souri et tout, de la mûre à la figue, l'abricot, la grenade et le raisin a été cultivé. C'était un vrai changement. Une tradition agricole aux origines humbles - pour la plupart des produits de première nécessité - était devenue beaucoup plus sophistiquée et ambitieuse, apportant une meilleure qualité de vie au peuple de ces déserts.

Au cours des siècles, les tribus Bédouines du Sinaï ont aussi appris les techniques de jardinage et lorsque le Christianisme est entré en déclin, les Bédouins sont devenus les gardiens de la tradition. Ils ont repris des terrains abandonnés et en ont construit beaucoup de nouveaux. Des centaines de vergers sont apparus en haute montagne dont la majorité sur les terres d'une tribu Bédouine appelée les Jebeleya. Tandis que d'autres tribus Bédouines ont vécu un mode de vie plus traditionnel, migrant dans le désert avec chèvres et moutons, les Jebeleya sont devenus de célèbres horticulteurs. Ils n'ont pas abandonné les façons traditionnelles de vie Bédouine, ils les ont juste reformées autour des vergers, menant leurs troupeaux jusqu'aux hauts vergers au printemps et en été avant le retour des climats plus froids de l’hiver.

La riche générosité des vergers de montagne les a aidés à vivre. Ils pouvaient garder ce que leurs familles ne consommaient pas. Ces produits alimentaires leur ont procuré par ailleurs une marchandise de valeur pour négocier avec d'autres tribus ou marchands de la côte.

Pendant des siècles ces vergers étaient vitaux mais ils sont aujourd'hui en déclin.

Les temps changent et - comme beaucoup de communautés Bédouines - on a tiré les Jebeleya vers un mode de vie plus moderne, sédentaire. Aujourd’hui, beaucoup vivent dans la ville de Ste. Katherine et leurs objectifs sont passés de celui de subsistance simple à la survie dans l'économie moderne des villes. Ici, ils ont besoin de choses matérielles, surtout d’argent et les vergers n’en produisent pas… Les vergers de montagne sont chers, leur entretien prend du temps et, sachant que le prix de leurs produits sera déprécié par les importations de la Vallée du Nil (ou tout simplement parce qu’ils n’ont pas l'argent ou le temps de continuer), beaucoup de propriétaires ont renoncé.

Il y a eu ici plus de 400 vergers en activité. Il n’y en a plus que 30, surtout ceux qui sont accessibles à pied depuis la ville et que des individus ou de petits groupes de personnes peuvent mener de front avec un travail régulier. La tradition s'éteint doucement. Mais ce n'est pas fini - pas encore… Quelques propriétaires continuent à cultiver les fruits pour leurs familles vendant le reste à quelques magasins locaux. Ils diversifient également pour répondre à la demande d'autres produits comme le « khudaree » - le tabac organique que fument les Bédouins - et le miel de montagne. Quelques jardins se développent même comme des endroits pour des excursions pour dormir lors de longues randonnées de plusieurs jours. Aujourd'hui, plutôt qu'essayer de ranimer des usages qui ne peuvent pas être transportés dans une économie moderne, les gens essayent de ré-imaginer ce que sont les jardins et d’en réformer les usages. Un peu de charité locale aide; ils creusent des puits, construisent des barrages et achètent l'équipement pour les jardins ou les rénovent comme logement. Tout ce qui convient mais à long terme, les jardins doivent survivre seuls.

Ils doivent créer une nouvelle économie et en faire partie.

Si vous voulez vraiment aider ces vergers, utilisez-les. Demandez leurs produits dans st. Katherine - fruit, tabac, miel et herbes - si vous pouvez toujours en trouver. Cela met de l'argent dans les poches des propriétaires de verger et les aide à continuer. ET, si vous allez faire un périple dans les montagnes, essayez de dormir une nuit ou deux dans l’un d’eux. Ce sont de beaux endroits où aller; vous pouvez tirer l'eau d’anciens puits, cueillir les fruits frais aux arbres et goûter à l'hospitalité pour laquelle, à juste titre, le Bédouin est si célèbre. Dans ce séjour aux jardins, vous participerez à la création d’une nouvelle économie qui peut garder ce petit morceau du passé du Sinaï en vie.

Jardin bédouin