Synopsis

La Protagoniste, de son prénom, nous est présentée dans son milieu naturel, une jungle dépourvue bien souvent, hélas, de densité. Mais aujourd’hui, c’en est assez! Être l’amie, la mère, la secrétaire, l’amante, la tata, la nounou, le biberon, le bout de gras, le gaga du personnage masculin principal ne suffisent plus à notre chère Protagoniste. Dès qu’elle est mise sur « mute » après les 24 % de temps de parole alloués aux personnages féminins d’un film, elle se tire avec sa pote Voix Off pour un nouveau périple non dénué d’humour...

Un road movie sur les routes des laissé·e·s pour compte du cinéma introduit par La Protagoniste, interprétée par Salomé Richard, qui rencontre, dans une voiture de tournage abandonnée, une femme noire et une femme âgée qui lui rétorquent qu'elles n'y étaient même pas, elles, dans le film.

C'est ainsi que les trois femmes nous invitent à embarquer, à bord d’une voiture bleue, sur les routes verdoyantes d’une campagne belge, à la rencontre des personnages dont la simple présence manque à l’écran.

Nous croisons alors, au hasard des routes des personnages de femme noires, «racisées», de mamans, de putains, de voilées, de lesbiennes, de princesses... Les héroïnes passent par le carrefour de l’intersectionnalité, le tunnel de la femme de cinquante ans et assistent à quelques scènes stéréotypées qu’elles déconstruisent avec Voix Off.

Voix Off, est un personnage à part entière. Non sans humour, elle nous donne des indications, nous apporte des précisions. Parfois, elle interagi avec les protagonistes, se dispute avec elles. Il lui arrive même de parler toute seule, d'être ignorée. Mais quand on l’a fait taire, elle trouve toujours un moyen pour revenir. Par la radio, et si on l’éteint, par le GPS ou le téléphone. Mais au final, elle est bienveillante. Juste parfois rabat-joie, comme elles le lui disent...

La Protagoniste est un film drôle, burlesque et teinté d’une dimension jubilatoire. C’est un film qui parle de plafond de verre mais chez des personnages! C’est une aventure au format CinémaScope, un Western féministe qui se joue des codes et qui frise avec l’absurde...

N’est-ce pas, après tout, l’occasion de nous réapproprier le genre?

La Protagoniste s'inscrit dans une Collection de cinq court-métrages sur les Femmes et le Cinéma. Un film, une réalisatrice. Un projet qui parle donc de Femmes et de Cinéma sur deux niveau : d'abord par son contenu mais aussi par la diversité des regards de ses créatrices.

Vous pouvez découvrir ici le travail de Sarah Carlot Jaber, la réalisatrice de La Protagoniste : https://vimeo.com/user9020380

Routes wallones, été, luminosité, contraste, et Violet, Rouge, Vert, Bleu. Pas plus. Les champs sont jaunes (colza, blé, tournesol), le ciel est bleu, comme la voiture et quelques touches de rouge agrémentent les costumes. Nous avons l’intentions de privilégier des décors en lumière naturelle. Et nous travaillerons l’aspect pictural de ces décors. Comme une toile de peinture qui traverse le temps, nous avons envie de faire s’effriter les représentations actuelles. Dans le coeur et à l’esprit, nous avons les toiles lumineuses de Vincent Van Gogh.

Nastasja Saerens est à la direction photo. Avec des cadrages fluides, larges, composés et symétriques. Quelques plans serrés sur les personnages et sur les regards. Il faut servir l’humour complice des héroïnes. Servir celles qui sont au commandes du genre, de l’univers absurde, de l’étrange jubilation.

Vous pouvez découvrir ici le travail de Nastasja Saerens, la cheffe opératrice : https://www.nastasjasaerens.com

Dans un effet de panneaux routier, le film est entre-coupé de cartons sur lesquels des dessins au trait blanc sur fond noir apportent quelques informations concernant le trajet. Les dessins sont fixe, parfois très légèrement animés comme des « gifs ».

« Attention, travaux ! Ici déconstruction du mythe du prince charmant. Dormir n’est pas consentir ! ».

La toile de cinéma, comme une fenêtre ouverte sur le monde. La beauté d’une évasion, un instant, volée, aux quotidiens de nos vies. Un paysage, tel un vent de fraîcheur mais aussi comme un terrain d’influence. Le cinéma est une machine à construire et à pérenniser des images ; que nous constatons genrées et stéréotypées. Des personnages féminins souvent « token » (alibis), au service du protagoniste masculin principal. En inscrivant le film dans des données chiffrées précise, l’idée sera de questionner la représentations des femmes ("des Autres") à l’écran.

C’est un fait, plus de parité et de diversité élargirait les imaginaires, sources de créativité. Par exemple, grâce au personnage de Katniss dans Hunger Games, nous avons assisté à une augmentation de plus de 60% des femmes dans les clubs de tirs-à-l’arc, et ce, à un niveau mondial. Une preuve indéniable que le cinéma influence nos vies et qu’il est plus qu’urgent de s’atteler aux représentations qu’il véhicule.

Nous voulons d'autres modèles,

Nous voulons d'autres personnages.

Ici et maintenant !

Screen Shot de Thelma et Louise de Ridley Scott.

Quelques chiffres :

Derrière l’écran... où sont les femmes ?,

http://ellestournent.be/wp-content/uploads/Derriere.ecranweb22616.pdf

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