Les PUCIEs en Avignon !
Cher.e.s KissBankers, nous vous avions déjà sollicité il y a quelques années pour les débuts de la création PUCIE qui, aujourd’hui, et grâce à vous, se retrouve propulsée au Festival d’Avignon 2021, plateforme reconnue et efficace pour promouvoir et rendre visible les œuvres chorégraphiques. Une reprise culturelle fortement sucrée et juteuse se profile! Sauf qu’Avignon n’est pas une mince affaire, c’est une véritable petite fortune à débourser pour mener à bien nos envies de partager et diffuser ce projet, avorté et freiné dans sa course par ce fichu virus ! Et c’est là que vous intervenez, si vous voulez bien ! Of course ! ;) Chapitre I - Nos péripéties Nous sommes Julie Botet & Mel Favre et sommes les chorégraphes des Sapharides. Nous travaillons en binôme depuis 2016. C’est par hasard, que nos routes se recroisent au Portugal, à Porto alors que l’une vit alors à Berlin et l’autre à Bruxelles. C’est en ces terres vivifiantes que nous décidons de nous allier et de créer PUCIE, notre première co-création. Auto-produite et auto-financée pendant près de trois ans, PUCIE se fait d’abord connaître en Allemagne, en Suisse et en Tunisie à l’occasion de différents Festivals. En 2019, nous décidons de poser nos sacs à dos pour stabiliser la compagnie, l’implanter réellement quelque part et la faire grandir et mûrir aussi bien dans sa forme que dans son fond. C’est à Lille, ville de nos études en danse, ville de notre première rencontre que nous décidons de planter nos racines! Pour ce faire, nous rejoignons le collectif d’artiste L’iLiAQUE, bassin de création, composé des artistes : Kévin Lévêque, Léo Lequeuche et Eric Desport : rencontre d’une équipe énergisante et vivifiante qui signe le début d’un ancrage certain sur le territoire. Une année plus tard, Le Vivat d’Armentières, Scène Conventionnée d’intérêt national art et création se positionne auprès de nous en tant que co-producteur et premier acheteur de la pièce PUCIE pour la saison 2019-2020. C’est la joie ! Une bonne nouvelle en entraînant une autre, puis une autre : nous obtenons l’aide de la DRAC et de la Région Hauts-de-France dans le but de terminer la création de ce trio dans des conditions professionnelles. Ce qui nous rempli le cœur! MAIS, Mister Covid n’est plus très loin : notre première ne verra pas le jour en avril mais en septembre 2020! Nous jouons la première (au Vivat) et la deuxième date (au Théâtre Massenet) de PUCIE avec grande satisfaction! Le deuxième confinement arrive : herbe coupée sous pied... MAIS nous ne sommes pas de celles qui regardent leur navire couler ! Nous postulons dès octobre pour une subvention intitulée Hauts-de-France en Avignon 2021, attribuée par la Région. Ça nous a fait rêver et, devinez quoi ? Nous l’avons obtenu ! WOOP WOOP. Suite à cette énorme nouvelle, nous décidons de transmettre PUCIE à trois autres amazones-guerrières prêtes à souiller d’la pastèque pendant un mois au Festival d’Avignon ! Nous partons donc avec six interprètes (Laura Simonet, Marie Sinnaeve, Elodie Cottet, Lora Cabourg et nous-mêmes), l’éclairagiste (Adrien Hosdez), la chargée de production/ diffusion (Mathilde Blottière), quarante projecteurs, une table, des chaises et soixante-dix pastèques ! Une belle famille à nourrir en sommes ! Nous sommes aujourd’hui à un mois du Festival d’Avignon 2021 et comme vous pouvez l’imaginez, la subvention obtenue n’est pas suffisante pour assumer l’ensemble des dépenses que nous allons devoir faire. Bien que nous soyons plutôt roots, il nous manque encore un bon pécule pour partir sans angoisses ! a Sur la photo Daniel Woskresensky, étape de travail au Acud Theater (Berlin), Mel Favre, Lora Cabourg et Julie Botet. Chapitre II : Parlons peu, parlons fond ou c’est quoi PUCIE ? Un peu de sérieux. Quelques mots sur la proposition artistique, évidemment ! PUCIE, c’est la contraction de « pussy », qui, en anglais vulgaire désigne le sexe féminin, et Lucy, prénom donné à cette australopithèque femelle retrouvée en Ethiopie en 1974. Tandis que « pussy » relègue aussitôt la femme au rang d’objet sexuel, de butin et de trophée de chasse et systématise la réification du corps-femme, « Lucy », dans une perspective plus lumineuse et positive, vient évoquer la première des femmes, la première des mères et la doyenne de toutes. Cette création est une recherche sur les matières : matières des corps des danseuses, du mouvement en lui-même et celle du fruit. L’élément qui représente la part symbolique de notre recherche est celui de la pastèque : gorgée d’eau, il est le fruit de la vie. Rond, lisse, vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur, il est le sang et la chair. La chair en morceau, sucrée, solaire, la chair que l’on mange et que l’on boit pour s’auto régénérer. Le jus, les morceaux et l’odeur de la pastèque ajoute une dimension sensorielle toute particulière et suggère dès lors un érotisme véritable, brut, en accord avec notre nature profonde et notre état primitif. Nous l’appréhendons physiquement comme matière concrète et symbolique. La présence de celle-ci est à l’image des natures mortes, où ce qui est peint et dépeint relève d’un profond réalisme. Au-delà de son aspect matériel concret, elle détient un rôle sémantique et spirituel fort. Son usage nous est directement inspiré par Les Pastèques de Frida Kahlo, peint l’année de sa mort en 1954. Sur cette toile apparait très clairement « Viva la vida », soit « Vive la vie ». A travers cette œuvre et cette exclamation F. Kahlo célèbre la vie. Le symbole se met à l’œuvre, l’image figée des pastèques n’est plus. Elles sont avec nous vivantes, mouvantes, palpables et rendues visibles en trois dimensions par nos corps en mouvement. A la suite à cette œuvre, Kahlo écrira: « J’espère que la sortie sera joyeuse », mots qui témoignent de la force inextinguible de l’artiste à imaginer la mort comme un fruit de la vie qui se régénère. Il y a là aussi une symbolique poétique de la vie et de l’abondance dans une période de déchéance et de mort, d’un corps qui a enduré la vie, la vie de femme. La pastèque serait alors un cœur de vie, un cœur de femme, de joie et de force, commun à toutes. a Sur la photo la Répétition avril 2021 : Marie Sinnaeve, Laura Simonet et Elodie Cottet. La danse de PUCIE parle des femmes guidées par leur danse, leurs intuitions et veut pousser le spectateur dans des territoires inconnus et défendus. Née d’une prise de conscience féministe, Les Sapharides s’engagent avec PUCIE, dans un discours pour les femmes. Elles dénoncent le schéma cyclique, conditionné et bridé dans lequel évolue le combat féministe ; elles mettent en lumière la difficulté d’accès aux choses et à soi lorsqu’on naît femme dans un monde fait par et pour les hommes. Cette pièce propose un état des lieux sarcastique sur la problématique tumultueuse de l’égalité des genres et témoigne de cette constante et latente ambiguïté de notre considération au monde des hommes. Audre Lorde* dira « I am not free while any woman is unfree, even when her shackles are very different from my own », soit, « Je ne suis pas libre tant que toutes les femmes ne le sont pas, même si nous n’avons pas les mêmes chaînes».