"J'espère que vous n'oublierez jamais", Documentaire-portrait de Ginette Kolinka

Nous l’avons rencontré un soir d’été, dans son petit appartement de l’est parisien. Nous, la vingtaine, enfants des années 90, qui ne connaissons la Shoah qu’à travers les livres d’Histoire. Nous l’avons rencontré elle : Ginette Kolinka. Cette « jeune fille de 96 ans », comme elle aime à se présenter, nous accueille avec un grand sourire et un pastis sur la table. Elle nous demande ce qu’on lui veut, on lui explique que nous connaissons son histoire et que nous aimerions réaliser un film sur elle. Elle nous écoute, nous regarde et nous répond. Nous regardons son tatouage sur le bras gauche, nous l’écoutons parler de tolérance, nous sommes surpris par sa bienveillance et par son humour aussi, il faut bien le reconnaitre. Elle accepte tout ce que nous lui demandons : qu’on l’interviewe, qu’on la suive avec une caméra discrète pendant plusieurs mois, qu’on partage avec elle une partie de son quotidien. Nous avons donc commencé le tournage de notre film au mois d’août et nous allons poursuivre cette aventure. Nous avons envie de voir plus grand, plus loin. Nous voulons réaliser un film de 52 minutes sur Ginette Kolinka, revenue du camp de Birkenau en 1945. Et nous avons besoin d’un soutien financier pour cela. Ce film est notre premier, il est donc difficile pour des sociétés de production de nous faire pleinement confiance. Nous souhaitons donc financer notre film nous-mêmes, parce que nous y croyons et nous le présenterons à des festivals de documentaire dans l’espoir qu’il soit diffusé un jour. Nous estimons que notre travail sera terminé au mois de septembre 2022. Cela dépend désormais des dons que nous recevrons. Vous trouverez, dans ce dossier, un descriptif de notre film détaillé. Une note d’intention, une présentation des membres de l'équipe, des photos du tournage et le listing des dépenses. Mille mercis, Caroline et Antoine, les réalisateurs. Note d’intention Ginette Kolinka est une dame de 96 ans, rescapée du camp de Birkenau. Après avoir été arrêtée à Avignon en mars 1944 et emprisonnée à Marseille, puis à Drancy, c’est depuis la gare de Bobigny, dans le convoie n°71, qu’elle rejoint la Pologne à 19 ans, accompagnée de son père, et de son petit-frère. Après 15 mois, elle est la seule à rentrer vivante à Paris, en 1945. « Dès que je suis rentrée, pour moi, c’était fini, je ne voulais plus en parler. » S’en suivent une cinquantaine d'années de silence durant lesquelles elle mène une vie simple, mais heureuse, à travailler sur les marchés d’Aubervilliers. Jusqu’en 1997. Quelques années plus tôt sort La Liste de Schindler de Steven Spielberg et le réalisateur américain crée une fondation pour la Mémoire, Survivors of the Shoah Visual History Foundation, pour laquelle des cinéastes sont envoyés aux quatre coins du monde afin de recueillir le témoignage des survivants de la Shoah. Raphaël Lewandowski, jeune réalisateur franco-polonais est envoyé chez Ginette Kolinka. Elle refuse de lui parler, il insiste, elle finit par lui répondre : « Si vous avez du temps à perdre, passez à la maison ». Elle se confie pourtant à lui durant trois heures dans une interview filmée. La première interview de Ginette Kolinka. Le tout début de la libération de sa parole. Depuis ce jour, elle ne s’est plus jamais arrêtée de témoigner. « Tant que je tiendrai, je continuerai à témoigner. » À 96 ans, Ginette Kolinka passe ses semaines sur les routes de France, à la rencontre des jeunes, dans les écoles, les collèges et les lycées. Le lundi à Marseille, le mardi à Lille, le vendredi à Lyon… elle raconte son histoire, celle d’une jeune parisienne qui ne s’inquiète ni de l’arrivée des Allemands dans la capitale, ni du départ précipité de sa famille en zone libre. Celle d'une jeune fille juive qui ne sait pas encore ce qu’il se joue alors dans les camps polonais où elle est déportée quelques mois plus tard. Devant les élèves, elle ferme les yeux pour se souvenir. Et elle raconte; ce qu’elle a vu, ce qu’elle a entendu, ce qu’elle a ressenti. « Ce soir, quand vous rentrerez chez vous, parlez de moi à vos parents, racontez-leur ce que vous avez entendu. » C’est cette phrase qui ponctue les témoignages de Ginette Kolinka et qui résume modestement son engagement depuis une vingtaine année : un combat contre la haine, et pour la tolérance. C’est ce qu’elle crie : "C’est la haine qui a mené à Hitler à la Shoah, c’est la haine qui nous a conduit dans les camps" . Elle témoigne pour la Mémoire, pour que le "plus jamais ça" des déportés devienne réalité. Aujourd’hui nous sommes nombreux à avoir pu entendre le témoignage de Ginette Kolinka, facilement accessible dans les médias ou encore dans un premier documentaire qui lui est dédié. Mais c’est une autre facette de Ginette que nous souhaitons proposer dans notre film. Celle d’une femme qui a pris la parole après 50 ans de silence. Celle aussi d’une Ginette joyeuse et souriante qui s’est reconstruit et a avancé coûte que coûte après avoir survécu à l’enfer. Celle d’une dame de 96 ans, à la fois pleine d’espoir et d’inquiétude, qui a son mot à dire, un message à faire entendre. À nous, mais aussi et surtout aux futures générations, pour que la Shoah ne devienne jamais juste une page dans un livre d’Histoire. C’est le portrait de cette Ginette Kolinka que nous avons commencé à réaliser. Depuis 6 mois, avec notre petite équipe, nous la suivons dans les événements auxquels elle est invitée, lors d’échanges avec les élèves, avec ses amis et sa famille. Nous la filmons chez elle, et dans ses déplacements partout en France. Ginette Kolinka porte un devoir de mémoire, et, dans sa lignée, nous portons le devoir de faire vivre cette mémoire. C’est pourquoi nous souhaitons raconter la vie de cette femme pour laisser une trace de son histoire, et nous espérons pouvoir transmettre fidèlement le message de tolérance qui lui tient tant à coeur. Présentation de l’équipe Caroline Protat, co-réalisatrice, assistante de production pour une émission de Arte, en charge de la documentation et des interviews pour ce film. Surnommée "la petite femme" par Ginette. Antoine Lifaut, co-réalisateur, attaché de production de la matinale de France Info radio, diplômé d’une école de journalisme en spécialisation documentaire, en charge d’une partie de la prise d’image, de la direction artistique et du montage pour ce film. Surnommé "le beau-gosse" par Ginette. Julien Berdah, chef opérateur, diplômé d’un BTS audiovisuel, en charge de la prise d’image sur les tournages. Surnommé "le blagueur" par Ginette. Léo Martin, ingénieur son, étudiant à l’école Louis Lumière, en charge de la prise de son, du montage son, et du mixage. Surnommé "l’homme à tout faire" par Ginette. Quelques photos du film Voici des captures d'écran de nos rushs, des images pas encore étalonnées :) Merci, et à très vite !