La citoyenneté confisquée - Nouvel essai de refondation du politique.

Posez les jalons théoriques d'une citoyenneté délibérative en participant à l'édition d'un essai philosophique écrit par Michel Dias.

Project visual La citoyenneté confisquée - Nouvel essai de refondation du politique.
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C’est en ces termes qu’un vieil ami exprime sur Facebook le scepticisme que lui inspire ma démarche. Puisqu'il m'invite ainsi à m'exposer, Je prendrai ses deux questions dans l’ordre inverse. * « Qui va comprendre ton discours ? » - il faut ici distinguer le « message politique » véhiculé par l’ouvrage « La citoyenneté confisquée – Nouvel essai de refondation du politique » et les arguments qui fondent et justifient ce message. - Le message, donc, est aisément compréhensible par tous : L’ère de la démocratie représentative s’achève dans tous les pays dits « industrialisés » qui l’ont mise en place sous sa forme historique. Il est inutile ici d’énumérer les mille et un symptômes de l’épuisement annoncé de ce régime politique : ils sont déclinés tous les jours dans les médias, et encore au cours de la période électorale qui vient de se terminer en France… L’heure est venue de la citoyenneté d’exercice : celle de la prise en charge directe des affaires humaines par les citoyens personnellement investis de la capacité délibérative. Le 21ème siècle sera celui de la citoyenneté délibérative ou il ne sera pas. - En l’état, et aussi limpide soit-elle, cette idée paraît cependant vaine, voire ridicule, si elle n’est pas patiemment rattachée à la série des arguments qui lui donnent sens, qui la justifient, qui la fondent et qui en éclairent les enjeux. Or ces arguments ne sont pas d’ordre économique, ils ne sont pas d’ordre sociologique, encore moins d'ordre historique : ils sont et ne peuvent être produits que par la philosophie (pour des raisons qui apparaissent dans mon livre). Il est vrai que cet argumentaire philosophique, déployé sur les 750 pages ou plus de l’essai, est inévitablement complexe et abstrait. Il doit se mesurer aux concepts de la philosophie politique, il doit rouvrir la querelle des Anciens et des Modernes, il doit puiser à une théorie de l’existence et à une métaphysique de l’homme. C’est pourquoi sa compréhension nécessitera un travail d’explication, voire de vulgarisation auquel je m’engage. Mais il lui faut impérativement d’abord s’enraciner dans le champ de la philosophie. « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » ; que les plus de 2000 pages du Capital soient comprises ou non, elles ont été nécessaires au succès historique de ce slogan du Manifeste du Parti communiste. Que l’on se rassure, je ne me prends pas pour Karl Marx. Mais l’analogie vaut la peine de prendre le risque de la pédanterie : « Citoyens de tous les pays, assemblez-vous ! », que vaudrait cet appel à l’exercice de la citoyenneté politique sans un sérieux effort pour lui trouver une assise philosophique dans l’histoire des idées ? C’est ce à quoi je m’emploie dans cet essai. Prétentieusement dira-t-on ? Mais que d’autres philosophes plus légitimes, plus compétents, plus reconnus que moi, prennent en charge la question de la citoyenneté délibérative – partout en germe, partout sous-jacente – avec plus de pertinence et d’autorité que je ne le fais, je ne demande pas mieux. Pour l’instant, aucun ne le propose, à ma connaissance, sans continuer obstinément de confisquer le moment de la décision délibérative aux citoyens, à l’instar de la théorie habermassienne de la « démocratie délibérative »… * « A qui t’adresses-tu ? » - Demander à qui s’adresse le message politique rappelé ci-dessus, c’est se demander quels citoyens il concernera un jour. Quels citoyens auront un jour l’opportunité de s’assembler pour délibérer ensemble à propos des affaires humaines. Une chose est certaine : plus vite les citoyens auront en charge les décisions politiques – à condition qu’ils soient dûment éduqués dés le plus jeune âge au dialogue délibératif – , plus vite eux seuls seront en mesure de prendre les seules décisions qui soient justes (autre thèse longuement développée dans l’essai). Ils le feront d’autant plus aisément qu’affectés à la délibération publique, ils le seront moins à la productivité et à la consommation. - Soit, me dira mon vieil ami, mais ce ne sont pas mes oiseuses utopies philosophiques, renvoyant aux calendes grecques – puissent-elles être grecques d’ailleurs ! –, qui répondront aux urgences du dérèglement climatique. Sur ce point, osons cependant une hypothèse pragmatico-optimiste : c’est sur le mode oxymoral du « développement durable » que les pays industrialisés retarderont sans doute de quelques décennies encore l’échéance fatale pour notre planète. Juste le temps qu’il faudra peut-être aux citoyens pour s’émanciper de la société civile où ils sont confinés et s’emparer de la responsabilité du monde. Le développement durable ne durera pas éternellement, mais ses absurdités favoriseront peut-être l’émergence d’une citoyenneté politique capable d’en dénoncer le principe. Plus concrètement encore : mes élèves de terminale ont aujourd’hui 18 ans. Le message de cet essai s’adresse à eux, non pour qu’ils mettent eux-mêmes en place le "régime des citoyens", mais pour qu’ils mettent leurs enfants sur sa voie. Tu vois, mon vieil ami, qu’il est urgent de leur en souffler l’idée. En résumé : le cours de l’histoire apporte la faillite du système représentatif c’est un fait. Il n’apportera cependant pas l’idée d’une citoyenneté politique. Celle-ci ne peut naître que de la philosophie, mais elle ne peut être imposée au monde que par les citoyens eux-mêmes. Voilà une bonne raison, pour les citoyens, de se mettre à la Philosophie !
L’extrait se situe au milieu de l’essai, à l’entrée de la «partie prospective » dans laquelle je prends le risque de l'utopie politique pour mieux fonder mes propositions. Ce second temps de l’ouvrage a pour objet de caractériser philosophiquement les conditions et les enjeux d’une « citoyenneté d’exercice » alors conçue dans le cadre d’un hypothétique régime des citoyens. Arrive ici le moment de nommer ledit « régime des citoyens ». Après avoir expliqué les raisons pour lesquelles le vocable « démocratie directe » ne saurait convenir, ni même l’idée de « démocratie délibérative » pensée sous l’égide d’Habermas, je propose de forger le concept de « politécratie », auquel la totalité de la partie travaillera à donner sens. « Il n'y a en effet de citoyenneté d’exercice que par l'apparition effective, dans l'espace politique, du citoyen incarné et extirpé du demos, délibérant en personne dans le vis à vis de ses pairs. Le régime des citoyens est une "politécratie " – confiant le Kratos (pouvoir) aux politaï (citoyens) – si tant est qu'un néologisme littéral puisse rendre compte de ce pouvoir sans domination que conférera à la communauté de tous les citoyens le seul fait de s'assembler pour humaniser le monde. Le "pouvoir " de l'assemblée de tous les citoyens délibérants est un Kratos sans arkhê. Ou plutôt, "arkhein " désigne bien l'activité du régime politécratique si l'on ne retient de la polysémie du verbe que le sens de "commencer ". Car la politécratie est indéfiniment créatrice de commencements. En revanche, aucune arkhé, comprise comme principe de commandement, n'y surpasse l'autorité de l'espace de discussion  ; sauf l'autorité suprême des lois constitutionnelles instituant les citoyens dans la jouissance partagée de leur liberté politique. Cette an-arkhia répond à la définition arendtienne de la puissance reprise d'Aristote : "C'est la puissance qui assure l'existence du domaine public, de l'espace potentiel d'apparence entre les hommes agissant et parlant. Le mot lui même, son équivalent grec dynamis, comme le latin potentia et ses dérivés modernes, ou l'allemand Macht (qui vient de mögen, möglich, et non de machen), en indiquent le caractère "potentiel ". La puissance est toujours, dirions-nous, une puissance possible, et non une entité inchangeable, mesurable et sûre, comme l'énergie ou la force" *. De la force massive et aveugle éventuellement attribuée au "peuple " on distinguera donc la puissance de l'assemblée des citoyens, c'est-à-dire son pouvoir de produire du nouveau. Le régime politécratique donne au domaine politique sa puissance maximale, c'est-à-dire la plus haute capacité d'action dont l'humanité soit capable. Cette potentialité infinie, qui n'est pas soumise aux mêmes limites que celles des sciences et des techniques, procède de la liberté absolue dévolue, non à quelque potentat, ni aux masses, ni aux individus pris séparément, mais seulement aux hommes qui «s'assemblent dans le mode de la parole et de l'action" **. La liberté politécratique est inhérente à la configuration même de la discussion délibérative : tous les citoyens sans exception prennent directement part à la délibération ; tous transcendent les justifications idiosyncrasiques de leurs opinions ; la mise en dissonance des idées de tous favorise l'élargissement de la pensée de chacun vers le point de vue de l'universel. […] La puissance du régime des citoyens est telle qu'elle place l'assemblée dialoguante en surplomb de l'histoire, qu'elle lui permet de briser par ses décisions l'inertie des processus, de commencer du nouveau et de refonder imperturbablement le monde humain dans chaque commencement. "Il est dans la nature du commencement que débute quelque chose de neuf auquel on ne peut pas s'attendre d'après ce qui s'est passé auparavant" ***. Au régime politécratique, et sans doute à lui seulement, s'applique cette stimulante appréciation de Hannah Arendt quand à l'enjeu de la sphère politique : "Si le sens de la politique est la liberté, cela signifie que nous avons effectivement le droit d'attendre un miracle dans cet espace et dans nul autre" ****. La vocation du régime des citoyens est celle qu'Arendt assigne à la politique : accomplir des miracles. Cela veut dire générer des actes qui ne sont pas appelés par le cours des choses, qui ne s'inscrivent dans aucun processus, des actes affranchis de l'historicité par le jeu fondamentalement imprévisible de la libre discussion entre les citoyens. » * Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, chapitre V ; éd. Calmann-Lévy / Agora-pocket, p. 260. ** Hannah Arendt, ibid. p. 259. *** Hannah Arendt, Ibid. p. 234. **** H. Arendt, Qu'est-ce que la politique ? ; traduction S. Courtine-Denamy, Éd. du Seuil / Points-Essais, fragment 3a, P. 72. NB : Dans le second § de l’extrait, j’ai coupé deux phrases illisibles hors du contexte. Elles prolongent une critique des thèses d’Habermas développée juste avant l’extrait. Dans la partie de sa « théorie de l’agir communicationnel » consacrée à la démocratie délibérative, Habermas limite considérablement le rôle de la subjectivité des interlocuteurs dans la production d’énoncés susceptibles d’être validés universellement en vue d’une entente mutuelle. Il pense que seules les propriétés objectives du langage (et non la volonté des sujets parlants dûment éduqués) peuvent conduire les délibérants à créer une situation d’intercompréhension en produisant des énoncés universellement partageables. Il pense par ailleurs que de tels énoncés ne sont possibles que pour l’élaboration de « prescriptions normatives » communes, mais jamais pour l élaboration de « prescriptions éthico-politiques », ni pour l’élaboration de « prescriptions pragmatiques », ce qui limite cette fois le champ des énoncés susceptibles d’être validés universellement à des fins d’entente en matière de politique. Les deux phrases supprimées de l’extrait, qui font écho à une terminologie habermassienne toujours extrêmement technique, sont les suivantes : [La fondation " pragmatico-transcendantale " des argumentations dans le medium du langage ne dispense pas l’assemblée des citoyens de subordonner l’accord politique aux principes d’un transcendantalisme subjectif développé par l’éducation. C’est ainsi que tout citoyen peut prétendre à la validité de ses arguments et que des prescriptions éthico-politiques, voire même des prescriptions pragmatiques, deviennent, aussi bien que les prescriptions normatives, éligibles à l’intercompréhension à des fins d’entente.]
Quel modèle socio-économique serait écologiquement soutenable à long terme ? Et quel modèle socio-économique serait susceptible d’instituer politiquement un gouvernement des citoyens ? Ces deux problèmes me paraissent étroitement corrélés et convergent vers une seule et même piste de solution explorée dans le dernier chapitre de La citoyenneté confisquée  : il ne pourrait s’agir que d’un modèle issu d’une déconstruction des imaginaires de la croissance économique. Car, afin de libérer du temps de vie et, surtout, du « temps de cerveau disponible » (sic !) pour rendre les citoyens capables d’exercer leur jugement politique il faudrait, selon l’expression de Serge Latouche, « décoloniser l’imaginaire »*. On a dit du mot « décroissance » que c’est un « mot obus »**. C’est surtout un mot bafoué et incompris, prématurément rejeté dans les marges du débat politique. Une idée régulièrement dynamitée par la caricature qu’en font aussi bien certains de ses partisans que la totalité de ses détracteurs. Parmi ceux qui, dans le calme des passions, s’efforcent patiemment de donner droit de cité à une pensée de la décroissance, Michel Lepesant est l’un des plus actifs, des plus raisonnés et des plus soucieux de déminer, sans la trahir, cette perspective devenue une alternative aussi sérieuse qu’heureuse, de plus en plus soutenue par d’éminents économistes. - Celui pour qui la décroissance « n’est pas un projet mais un  trajet  » vers une société d’a-croissance réinventant la liberté, déploie inlassablement sur son blog un argumentaire instruit, rigoureux et pluriel en faveur de la cause : https://decroissances.ouvaton.org/ Au frontispice de ce Blog, Michel Lepesant écrit : "C’est de théorie et d'histoire, c'est-à-dire d’un corpus idéologique animé non pas par l'intransigeance mais par la cohérence conceptuelle, dont manque terriblement la politique. Dans une société dominée depuis longtemps par la résignation ou l'adaptation, avec quelques intermèdes de stupéfaction, où toutes les forces de la domination veulent la poursuite de la croissance et de son spectacle, il devrait être évident que ce que nous devons accomplir aujourd'hui est la critique radicale de tout ce qui existe, comme si tout était pour le pire dans le pire des mondes possibles." - De Michel Lepesant, on lira également : Inconditionnel - Anthologie du revenu universel co-écrit avec Baptiste Mylondo (Du Détour – 2018) et Politique(s) de la décroissance (Utopia – 2013). - Toujours aux éditions Utopia, et dans le cadre de la Maison Commune de la Décroissance, Michel Lepesant a fortement contribué à la rédaction de : La décroissance et ses déclinaisons. Précieux travail du collectif MCD à paraître dans quelques jours. Dans sa première partie, l’ouvrage répond aux idées reçues, clichés et malentendus sur la décroissance et, dans sa seconde partie, il explore des axes de mise en pratique montrant que croître moins c'est exister plus. *  Titre d’un ouvrage paru en 2003 aux éditions Parangon. L’oeuvre de Serge Latouche, économiste et penseur émérite de la décroissance, est considérable : Le pari de la décroissance (Fayard - 2006) ; Vers une société d’abondance frugale : contresens et controverses sur la décroissance (Mille et une nuits - 2011) ; L’Âge des limites ((Mille et une nuits - 2012) etc. Et bien sûr La décroissance, dans la fameuse collection encyclopédique « Que sais-je ? » (2019, réédité 2022). **  Paul Ariès : auteur, entre autres, de Décroissance ou barbarie (Golias – 2005) ; La décroissance, un nouveau projet politique (Golias – 2008) ; Désobéir et grandir - Vers une société de décroissance (Ecosociété - 2009)...
L’un des principaux partis pris de l’essai est d’inviter à une lecture littérale de la fameuse formule d’Aristote selon laquelle « L’homme est par nature un animal politique ». Il importera, à ce propos, d’examiner avec soin et en profondeur le fâcheux malentendu, si lourd de conséquences pour la pensée de la citoyenneté, consistant à traduire «zoïon politikon » par « animal social ». Ce sera fait tout au long de la première partie et notamment au chapitre trois («Le malentendu ») expressément consacré à cette méprise peu innocente. Erreur avérée et pourtant soutenue par certains traducteurs quasi- officiels, tels le vénérable Jules Barthélémy-de-Saint-Hilaire qui contribua à la faire entrer dans les mœurs... Le présent extrait, situé au tout début de l’introduction, avertit d’entrée le lecteur sur les implications et enjeux d’un tel retour à la lettre du texte d’Aristote : « Car la proposition d'Aristote ne traite pas d'une humanité générique et abstraite dont la nature politique s'accomplirait à l'insu de chacun. Elle dit que chaque être humain est, par essence, un être politique et que son humanité ne peut s'accomplir qu'à la faveur de l'existence politique. C'est bien la réalisation de l'humain en la personne de chacun qui est en jeu. De plus, la nature politique de la personne humaine ne saurait, selon le précepte aristotélicien, être automatiquement garantie par le simple jeu de l'appartenance à une communauté politiquement organisée. Elle n'est à l’œuvre que lorsqu'elle se manifeste – c'est-à-dire lorsqu'elle devient visible – dans l'exercice effectif d'une activité concrète qui est, précisément, l'activité politique. Par conséquent, la nature politique de l'homme rappelle chacun de nous à une citoyenneté réelle, elle-même comprise comme une praxis individuelle. Le citoyen, selon une distinction clairement établie par Rousseau, n'est pas simplement un sujet de droit – celui dont l'obéissance aux lois assure le règne de l'état de droit – , il est membre du souverain et, à ce titre, activement impliqué en personne dans l'élaboration des décisions publiques. « A l'égard des associés, écrit Rousseau en parlant de l'association qui résulte du contrat social, ils prennent collectivement le nom de peuple, et s'appellent en particulier citoyens comme participants à l'autorité souveraine, et sujets comme soumis aux lois de l'État »*. C'est donc la participation qui définit le citoyen et non l'obéissance. La nature politique de l'homme ne se satisfait pas d'une citoyenneté passive, elle exige au quotidien la participation active et concrète de la personne aux délibérations du souverain. L’œuvre d’Aristote mentionne bien l’existence d’une citoyenneté passive, mais c'est pour montrer que celle-ci ne mobilise pas pleinement la nature politique de l'homme ; elle est appelée « citoyenneté incomplète ». Avoir des droits et des devoirs est certes une condition indispensable à la jouissance de la citoyenneté. Mais cela ne fait pas le citoyen. La citoyenneté ne se confond pas avec le statut juridique qui la rend possible. Il n'y a de citoyen qu'en acte ; et donc il n'y a d'homme actualisant son humanité, que dans la participation personnelle et directe au traitement des affaires publiques. Cette interprétation brute de la fameuse tournure aristotélicienne contraste de façon alarmante avec la réalité des pratiques humaines. Si l'homme est « par nature un animal politique », l'histoire des mœurs politiques éclaire des millénaires de spoliation de la nature de l'homme. Si l'humain, en chaque homme, ne doit s'épanouir que dans l'exercice concret de la souveraineté politique, les faits révèlent en la matière des siècles de lèse-majesté. Toute anthropologie politique pourrait bien être le récit d'une interminable imposture qui, toujours et partout, prive le commun des mortels des moyens d'exprimer son essence politique au profit d'une classe d'hommes nantis du pouvoir politique.» * Du contrat social, Livre I, chapitre VI. Nous aurons évidemment à déterminer davantage le concept de «souverain » dont le citoyen est un membre actif.
Merci à Jean-Noël Leblanc, un éminent collègue Professeur de Français, d'avoir relayé sur son blog l'appel à participation et à diffusion en faveur de "La citoyenneté confisquée". Profitons-en pour découvrir ici http://jnleblanc.canalblog.com son blog d'une incroyable richesse, dédié à la présentation de ses livres et à bien d'autres trésors, foisonnant de trouvailles, débordant de vigueur avec ses coups de coeur, ses témoignages éclairants, ses chroniques culturelles avisées, ses questionnements pertinents, son humour en guise de signature. Comme il le dit lui même voici : "La petite vie et la grande œuvre de Jean-Noël Leblanc ! Avec des perles de lycéens, des vaches de profs, des chats peinards, des copains hilares, à boire, à manger, à chanter, à voir, à rêver, à lire, à rire, à sourire. A vivre mieux, peut-être !". De quoi ne pas vivre en rond, c'est sûr. Une passionnante découverte.
Merci à Bernard Langlois d'avoir tweeté en direction de ses 16000 "followers" ce lien vers La citoyenneté confisquée dans un style taquin auquel on reconnaît sa liberté d'esprit : "Un lien, pour qui ne serait pas rebuté par une plongée philosophique autour de l'homo politicus d'Aristote; ou comment repenser de la cave au grenier une démocratie digne de ce nom. Présentation de et par l'auteur: https://kisskissbankbank.com/fr/projects/la-citoyennete-confisquee-nouvel-essai-de-refondation-du-politique/preview?draft_page_token=9a5003a42c58f04d941c9fab2b089454" "Journaliste retraité", comme il se définit lui-même, Bernard Langlois fut un éminent praticien de la presse libre à une époque où la presse ne l'était pas. Dans les années 1980, "Résistances", le magazine hebdomadaire de télévision qu'il animait, nous proposait d'indexer le jugement citoyen sur le critère des droits de l'homme. Je crois bien qu'un peu tardivement mais sûrement, j'y ai puisé quelques précieuses notions de désobéissance civile. Puis ce héros du journalisme d'opinion et "insoumis" avant l'heure, plusieurs fois blackboulé des Institutions audiovisuelles dont il secouait les orthodoxies, fut l'un des créateurs de l'irrévérencieux mais roboratif journal "Politis", toujours vivant. A son amical soutien je répondrai que, même rebuté par la théorisation philosophique que je propose - car il n'est pas faux qu'elle demande patience et concentration au long cours - on peut, sans souhaiter s'y plonger, soutenir sa publication pour que vivent les idées à l'heure où, comme dirait Arendt, il est urgent de penser.
PROJET DE L’OUVRAGE : Dans chacune de ses deux parties, l’ouvrage poursuit, sous deux angles différents (un angle critique, un angle prospectif) les trois objectifs suivants : a / à partir de l’exhumation des fondements de la citoyenneté politique dans la philosophie d’Aristote (et non dans l’expérience grecque réelle), penser l’activité politique comme une pratique de la discussion délibérative ontologiquement dévolue aux citoyens eux-mêmes ; b / montrer que le recours des Modernes au modèle représentatif, ne pouvant qu’entraîner la ruine du politique en même temps que celle de la citoyenneté d’exercice, laisse en suspens la question du devenir humain de l’être humain ; c / explorer, dans la modernité, les raisons de l’abandon total du paradigme aristotélicien, mais aussi y prospecter les possibles opportunités et les profonds enjeux de son indispensable résurgence. DESCRIPTION GÉNÉRALE DE L’OUVRAGE (Parties et chapitres) : Partie critique : Fondements de la citoyenneté politique Archéologie de la citoyenneté politique dans ses fondements grecs. Chronique de son reniement, de sa disparition et de sa confiscation par le système représentatif. Introduction Pour une lecture littérale de la maxime aristotélicienne : « l’homme est, par nature, un animal politique ». Justification et parti-pris d’une telle lecture. Chapitre 1 / Le système représentatif en question Intentions du chapitre : Dresser l’inventaire des carences et apories du système représentatif au regard des exigences de la citoyenneté politique, au moyen d’un examen critique des argumentaires développés en faveur de la démocratie représentative. Chapitre 2 / L’invention grecque du politique Intentions du chapitre : Développer, à travers une archéologie de l’invention du politique, la proposition centrale de l’ouvrage,  : la fondation du politique n’est pas à rechercher dans l’expérience grecque mais du côté d’une idéalisation poético-philosophique de l’expérience grecque dont la philosophie d’Aristote opère la synthèse. Le chapitre présente une analyse approfondie du geste inaugural trouvé chez Aristote. Chapitre 3 / Le malentendu Intentions du chapitre : Analyser les raisons et les conséquences de la disgrâce qui frappe la philosophie politique grecque et en particulier celle d’Aristote. Il s’agit de comprendre les formes et les conséquences d’un double délaissement : délaissement du politique au profit de l’administration de la société et délaissement de la citoyenneté politique au profit de la citoyenneté civile. Conclusion Sous l’égide de Pierre Aubenque, commentateur d’Aristote, invitation à rechercher le geste fondateur du politique dans l’onto-théologie aristotélicienne. Partie prospective : Avenir de la citoyenneté politique Sur la base des fondements aristotéliciens posés en première partie, théorisation, sous la forme d’une utopie philosophique, du régime des citoyens, de ses conditions de possibilité comme des causes de son inexistence historique ; anticipation des raisons, modalités et enjeux de son hypothétique réalisation. Prologue Pourquoi les concepts de « démocratie directe », « démocratie participative » et « démocratie délibérative » ne sauraient rendre compte d’une réelle citoyenneté d’exercice. Proposition du néologisme « Politécratie » pour nommer le régime des citoyens comme règne de la liberté. Chapitre 1 / Esquisse d’une utopie politécratique. A / Le sujet politique Intentions du chapitre : La récusation postmoderne des philosophies du sujet dénonce, à juste titre, un mésusage des catégories de la subjectivité rationnelle et transcendantale, qui n’ont été convoquées jusqu’ici que pour penser la moralité individuelle et l’intégration sociale. Il convient néanmoins de les exhumer au service d’une pensée du politique et de les transposer dans une réflexion sur la citoyenneté d’exercice. Car, éclairées par leurs critiques, elle deviennent heuristiques et fécondes pour rendre compte des modalités et des enjeux de la pratique délibérative sous un régime des citoyens. Chapitre 2 / Esquisse d’une utopie politécratique. B / L’arrachement au social Intentions du chapitre : Élaborer la thèse centrale de cette partie : l’accès à la citoyenneté politique suppose que les citoyens puissent transcender la sphère de la société pour exercer le jugement politique. En cela, le traitement « social » de la question de l’injustice fait fausse route, ainsi que la conception d’une école à fonction « intégratrice ». La « question sociale » est en réalité une « question politique » et la fonction de l’école n’est pas de former la future employabilité de l’enfant pour l’insérer dans la société telle qu’elle est, mais d’éduquer à la citoyenneté délibérative pour que les générations futures décident collectivement de la société telle qu’elle doit être. Chapitre 3 / Esquisse d’une utopie politécratique. C / Un cheval Intentions du chapitre : En exploitant les fondements aristotéliciens posés en première partie, établir le diagnostic d’une humanité occidentale moderne et postmoderne qui ne se libère du travail que pour mieux s’aliéner aux impératifs de la croissance. Proposer une étiologie des pathologies du désir dans les sociétés dites « développées » et explorer les voies d’une rémission possible par une refondation du politique sur des bases d’ordre aristotélicien. De là, fonder la citoyenneté d’exercice sur des idéalités désirables. Chapitre 4 / La « décroissance » et le politique Intentions du chapitre : Réinterpréter les théories de la « décroissance » sous l’angle d’une hypothétique refondation du politique par des voies inspirées de l’utopie d’Aristote. Face aux menaces que le développement illimité fait peser sur l’humanité et sur la planète, il s’agit de comprendre en quoi la restauration de la citoyenneté d’exercice, comme alternative au système représentatif, trouve une « opportunité » dans l’urgence écologique tout en constituant l’unique perspective de remédiation à la catastrophe annoncée. Épilogue 1 : D’une irruption inattendue dans le cercle des « représentés » Petite fiction politique, prétexte à établir philosophiquement la représentabilité de l’individu animal et l’irreprésentabilité de la personne humaine. Ou comment la défense de la cause animale jette de nouvelles lumières sur les questions de la représentation politique et de la citoyenneté d’exercice. Épilogue 2 : Que l’émancipation des êtres humains ne saurait être « sociale » Discussion de la thèse d’une actualisation possible de l’humanité des êtres humains dans le cadre de la sphère sociale. Le pouvoir instituant des individus dans le « social-historique » s’étiole dans la solidification de leurs institutions. Nouvelle dénonciation des leurres que constituent à cet égard les idées de figuration politique du social et de délibération spontanée de la société civile, et dernière apologie de l’agentivité citoyenne dans l’exercice partagé de la délibération décisionnaire.