Les Maasaï : Au-delà du mythe
<p>Je me suis dit qu'à l'automne de ma vie, il était temps de renvoyer aux Maasaï (peuple semi-nomade de l'Est Africain), ce bonheur qu'ils m'avaient offert au cours de mes nombreux et longs séjours chez eux, en les réhabilitant dans leur vérité.</p>
<p>En effet, engagée par une société de tourisme comme guide de safari dans les années 70, j'ai pu approcher, puis avec le temps, connaître bien ce peuple si particulier, jusqu'à établir une relation tout à fait exceptionnelle avec lui à une époque ou la brousse Africaine n'était pas encore envahie par les braconniers et autres prédateurs...</p>
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<p>C'est à cette période que j'ai décidé d'en savoir plus. Je suis donc rentrée à Paris pour faire des recherches et écrire une thèse sous la direction du professeur George Balandier, à l'EHESS, thèse soutenue en 1983. </p>
<h3><strong>Retour au Kenya</strong></h3>
<p>La vie a suivi son cours, je suis devenue professeur d'anglais,</p>
<p><strong>NOUVEAU</strong> : J'ajoute qu'entre temps, mon intérêt pour ce peuple n'a pas "flanché", j'ai donc fait une exposition de photos et objets maasaï, participé à des émissions radio, dont : "Les Orients de l'Afrique", sur France Culture, écrit un premier manuscrit (non publié car je ne sais hélas pas "gérer" l'aspect commercial, et plus récemment, fait un blog sur overblog http:peuple-de-maa.over-blog.com décrivant le processus actuel de confiscations des terres et d'expulsions des populations en Tanzanie voisine.</p>
<p>J'ai également fait un DESS de traduction littéraire dont le mémoire final était la traduction d'un très beau livre écrit en anglais, publié au Kenya et jamais traduit, Sunset on the Manyatta, de Kenneth WATENE - East African Publishing House - 1974. </p>
<p>Je vivais, je gagnais ma vie, j'ai élevé mes enfants mais le fil, aussi ténu soit-il, était toujours là. Et en 2015 je suis retournée au Kenya avec une petite association bretonne connue entre temps et qui déploie beaucoup d'énergie pour rendre l'eau plus accessible aux femmes qui vivent en brousse. Cela a été le point de départ d'un renouveau de ma passion et la certitude que ma tâche n'était pas terminée. Et voilà qu'en cet hiver 2018-2019, l'opportunité exceptionnelle m'est donnée de rencontrer celui qui les représente tous, leur grand "expert rituel" (Oloiboni en maa). Ce "medecine man", comme l'ont toujours qualifié les colonisateurs britanniques, est le garant de la tradition et des pratiques rituelles. Outre des capacités divinatoires, il soigne et conseille et aucune décision importante pour l'ensemble de la communauté maasaï ne saurait être prise sans sa recommandation. </p>
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<p>Cette fonction, très respectée, est patrilinéaire à l'intérieur d'un même clan. L'Oloiboni actuel est un homme âgé et nul ne sait si cette tradition perdurera, et avec elle, le savoir et le mode de vie propre aux sociétés pastorales si menacées actuellement dans un monde globalisé.</p>
<h3><strong>Les Maasaï en devenir</strong>.</h3>
<p>L'Afrique de l'Est (Kenya et Tanzanie) est depuis quelques siècles, la terre d'élection des Maasaï mais cette région du monde -La vallée du Rift- traverse de grands bouleversements et se mondialise avec tout ce que cela suppose d'industrialisation, d'urbanisation galopante et d'agriculture intensive, accompagnées des restrictions, notamment territoriales qui vont avec.</p>
<p>Qu'adviendra-t-il alors de ce peuple et de son identité véritable, tant de fois détournée au profit de personnes peu scrupuleuses qui l'ont transformé en marchandise qui se "vend bien", au nom d'un pseudo exotisme, ou plus pernicieux, d'une recherche de "spiritualité" très en vogue dans une Europe en quête de sens, et qui n'existait pas chez les Maasaï, au moins avant qu'ils soient massivement christianisés, ce qui reste très récent. </p>
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<p>Le battage médiatique qui se fait autour des Maasaï, depuis de nombreuses années déjà, ne s'embarrasse pas de précisions. Qu'il s'agisse de littérature, de récits d'aventures, de la presse ou de la télévision, nul ne se prive de donner des informations erronées, y compris de prêter leur nom même à d'autres ethnies plus "accessibles", notamment les Samburu, à des fins commerciales, touristiques ou documentaires.</p>
<p>A l'heure où l'intérêt pour les "peuples autochtones" s'étend, où de nombreuses personnes s'attachent à les aider à préserver ou à reconquérir leur identité, qu'il s'agisse de Maasaï ou d'Indiens d'Amazonie, tout peuple "indigène" est menacé dans son existence même. Ce projet de voyage et de <strong>livre</strong> qui en découlera arrive à point pour signifier que l'on ne peut pas se contenter d'une image approximative et le plus souvent falsifiée, pour leur apporter un soutien efficace.<img alt="" src="https://djxmmoom3injc.cloudfront.net/uploads/project_image/image/557773/IMG_20181128_202458154_2-1543434222.jpg" width="100%" /></p>
<h3><strong>SARBABI</strong></h3>
<h3>Celui sans doute, à qui je dois tout, car c'est lui qui m'a introduit dans sa famille, en pleine brousse, dans le district de Kajiado. Il m'a tout appris de la vie quotidienne et des traditions de son clan. Il vit peut-être toujours, sur la côte, à Mombasa, et si j'arrive à réunir la somme, j'essaierai de le retrouver, même si la chance est infime.</h3>
<h3><strong>Que faire ?</strong></h3>
<p>La question Maasaï se pose donc aujourd'hui plus que jamais puisque ce peuple continue à fasciner l'Occident malgré la désinformation qui circule à son sujet et si nous voulons le rendre à lui-même, il est nécessaire de reprendre son bâton et sa plume pour dénoncer cette falsification historique et ces détournements peu scrupuleux qui n'ont pour fin que le profit de celles et ceux qui en sont les auteur(e)s.</p>
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<h3><em>Meeta enkeraiolopeni</em> -L'enfant n'a pas de propriétaire...</h3>
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<h3><em>Metumo ildoinyio kake etumo iltung'anak.</em></h3>
<h3>Les montagnes ne se rencontrent pas, les gens, si.</h3>
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<h3><strong>A la rencontre de l'expert rituel.</strong></h3>
<p>La chance qui m'est offerte de rencontrer et d'échanger avec ce "chef spirituel" avant que tout moyen d'information directe disparaisse, est vraiment une occasion exceptionnelle et me permettrait de répondre aux questions qui se posent au sujet de ce peuple "pas comme les autres", car ma dette envers eux est immense et mon seul désir est de les rendre à eux-mêmes, et qu'enfin, si ils doivent disparaître "en tant que peuple", que ce soit dignement et dans leur vérité. </p>
<h3><strong>Si ce grand projet se réalise, ce sera grâce à vous.</strong></h3>
<h3><strong>Nouveaux éléments.</strong></h3>
<h3><strong>Mise à jour du 1er décembre 2018.</strong></h3>
<h3><strong>A l'écoute ou à la lecture de certain(e)s de mes contributeurs, je m'aperçois que j'ai omis quelques éléments qui pourraient être utiles à une meilleure compréhension de cette "folle entreprise" ! </strong></h3>
<h3><strong>1-/</strong> A propos du calendrier : La période de dix jours pour lesquels je sollicite votre contribution, concerne uniquement l'expédition en brousse profonde et pouvoir arriver jusqu'au lieu où vit l'expert rituel ou oloiboni, avec l'accompagnement et les précautions nécessaires. Pour le reste, un mécène généreux m'offre le billet AR et comme je travaille encore quand cela est possible, je financerai moi-même le reste de mon séjour. L'ensemble de l'aventure aura lieu pendant le mois de janvier 2019. Il serait difficilement envisageable d'aller aussi loin pour une période plus courte, sachant, en outre, que les déplacements sont toujours très compliqués sur place. J'arriverai notamment à Nairobi où je séjournerai quelques jours chez une jeune femme Kenyane qui s'occupe d'enfants du bidonville de Kibera, autre aventure passionnante, mais qui n'est pas le but de ce voyage.</h3>
<p><strong>2/- Sur mon passé au Kenya.</strong></p>
<h3>On me pose aussi des questions auxquelles il est difficile de répondre en détails dans ce dossier. Le livre apportera toutes les réponses. J'ai mentionné quelques éléments dans ma biographie. C'est par hasard que j'ai rencontré les Maasaï et il m'a fallu environ deux ans pour les "approcher" vraiment. En "tournant" sur les safaris, je revoyais souvent les mêmes personnes car tous les parcs sont situés dans des territoires qui appartenaient jadis aux Maasaï, et malgré toutes les restrictions qu'on leur impose, c'est encore là qu'ils vivent.C'est aussi cela qui,a fait leur renommée car nul ne peut parcourir la brousse est-africaine sans rencontrer des Maasaï ! Je suis tombée sous le charme et avec le temps, l'amitié s'est installée, j'apportais des cadeaux, nous nous sommes "apprivoisés". Dans mon livre, je raconterai ma première nuit dans un village maasaï, au fond du cratère du Ngorongoro, en Tanzanie, nuit magique s'il en fût, risquée aussi et départ d'une relation jamais démentie. Au cours de ces années, je passais mon temps libre dans les villages maasaï, dans les deux régions principales qu'ils occupent aujourd'hui au Kenya, le district de Narok et celui de Kajiado. Mon fidèle ami, Sarbabi, cité plus haut, m'a fait connaître sa famille, ma initié aux us et coutumes de ce peuple et c'est chez eux que j'ai le plus souvent séjourné. J'ai commencé à apprendre leur langue et pris des cahiers entiers de notes (le maa n'est pas au départ une langue écrite). Mais un jour, à l'aéroport de Nairobi, je me suis fait voler ma mallette avec toutes les notes. La journée n'a pas suffit à sécher mes larmes.</h3>
<h3> A l'époque, je m'intéressais surtout aux moranes (guerriers), classe d'âge pivotale de cette société très structurée et caricature emblématique de la beauté maasaï. Bien qu'ils fussent mes compagnons et protecteurs privilégiés, je ne me suis jamais autorisée la moindre intimité avec eux, au moins au sens où nous l'entendons généralement. Je voulais préserver ma liberté, notamment vis à vis des autorités qui n'attendaient qu'un faux pas de ma part pour me "sortir" de la brousse. Je savais par ailleurs que pour les connaître mieux et entrer plus profondément dans leur vie quotidienne, je ne devais pas mélanger vie privée et recherche.</h3>
<h3>Lorsque je suis retournée au Kenya, après une pause assez longue, c'est toujours dans les mêmes lieux et avec les mêmes familles que j'ai continué mon apprentissage.</h3>
<h3>Oui, j'ai bu le sang au cou même d'un taureau, la première photo exposée dans ce dossier correspond exactement à cette première expérience, faite en forêt au cours d'un "olpul" ou cérémonie qui consiste à faire un "festin de viande", réservée aux seuls guerriers et qui peut durer quelques jours, à l'écart des villages et des femmes, mais à laquelle on m'avait invitée à participer car mon statut d'étrangère me le permettait. Mes amis d'alors souhaitaient m'initier aux pratiques de leur classe d'âge. J'ai également assisté, voire participé à de nombreuses cérémonies initiatiques, tant chez les guerriers que chez les jeunes femmes et j'ai vécu le quotidien, en somme, assez banal d'une vie où la première exigence est la survie. je participais aux corvées domestiques destinées aux seules femmes, telles que la quête de l'eau, du bois, la traite des vaches... le reste du temps étant passé à débattre -les Maasaï sont de grands bavards- à tenter de danser et de chanter comme eux lors des longues soirées - à 18h00 il fait nuit, les troupeaux sont rentrés- et c'est à ce moment là que la vie sociale commence. Je provoquais toujours des éclats de rire et une sorte d'admiration tout de même, car ma présence restait malgré tout très insolite, rien ne me rebutais et j'osais tout. Et c'est cela, je pense, qui m'a permis de les connaître, de les aimer et de me faire apprécier d'eux. Mais qu'on ne se trompe pas, je ne me suis jamais prise pour une "Maasaï blanche", expression aussi vaniteuse que stupide et qui hélas se rencontre dans tant de textes ! Je ne confondrai jamais le bonheur d'avoir tant partagé avec ce peuple et une éventuelle appartenance à une culture si radicalement différente de la mienne. </h3>
<p>En ce qui concerne la communication, l'anglais, pourrait-on dire, est ma langue maternelle d'adoption : Je l'ai apprise en vivant sur place, puis l'ai étudiée à l'université jusqu'en 3e cycle et ensuite enseignée à tous les niveaux, ce que je continue de faire lorsqu'on m'en donne l'occasion. J'ai étudié le Swahili à l'INALCO, mais il y a bien longtemps... Je m'y remets actuellement, et en ce qui concerne le "maa", langue et origine du nom "maaaï", <em>I</em> <em>picked it up</em>, comme on dit si bien en anglais... Il n'existe pas d'apprentissage académique de cette langue orale, même si depuis quelque temps, on l'écrit... Je prends des notes, j'écoute, j'apprends... En tout cas, je communique facilement avec les maasaï, dont la plupart parlent le swahili et un grand nombre, l'anglais depuis que la scolarité s'est généralisée. </p>
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