Un livre pour un roi : François Ier et les artistes italiens

Aidez à faire revivre la Renaissance des arts rêvée par François Ier avec Leonardo da Vinci et d’autres grands maîtres italiens.

Project visual Un livre pour un roi : François Ier et les artistes italiens
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05/02/2018
End date
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The publications

<p><img alt="Image1-1553082249" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/579910/Image1-1553082249.jpg"></p> <p> </p> <p>Chères et Chers mécènes,</p> <p>Avec Luisa Capodieci, nous avons le grand plaisir de vous annoncer que <em>Il Sogno d'arte di François Ier. L'Italie à la cour de France </em>arrive ENFIN en librairie. Oui... nous avons pris le temps de relire et peaufiner le manuscrit, puis l'éditeur a pris son temps pour respecter nos attentes en termes de mise en page. Le livre est imprimé et nous sommes heureux de vous en présenter la couverture sur laquelle resplendit notre roi François Ier. </p> <p>Vous reconnaîtrez une réplique du portrait peint par Tiziano en 1538. Elle est de la main de Nicaise de Keyser qui a représenté le roi dans l’atelier de Benvenuto Cellini, artiste dont il est question dans l'introduction de l'ouvrage écrite en duo avec Luisa. Le tableau date de 1854 et est conservé par le Amsterdam Museum. </p> <p>Nous espérons que cet ouvrage de 373 pages, avec 16 planches en couleurs vous plaira. Il sera en commande sur le site de notre éditeur, L'Erma di Bretschneider, dans les jours qui viennent.</p> <p>A très bientôt !</p> <p>Gaylord &amp; Luisa.</p> <p> </p> <p><img alt="Fran_ois_ier__1538__titien__louvre-1553082359" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/579911/Fran_ois_Ier__1538__Titien__Louvre-1553082359.jpg"></p>
<p><img alt="246x0w-1542304246" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/555443/246x0w-1542304246.png"></p> <p> </p> <p>Chers mécènes,</p> <p>Avec Luisa Capodieci, nous avons le grand plaisir de vous annoncer que <em>Il Sogno d'arte di François Ier. L'Italie à la cour de France </em>devrait être en librairie dans les semaines qui viennent. Nous n'avons pas encore la date exacte mais les dernières épreuves qui sont en cours de relecture finale seront envoyées dans 10 jours chez l'éditeur à Rome. L'impression devrait être assez rapide. Nous vous tiendrons informés de la date de parution dans les jours à venir...</p> <p>A très bientôt !</p> <p>Gaylord &amp; Luisa.</p>
<p>Nous vous remercions du fond du cœur pour votre participation !</p><p> </p><p>Grâce à vous, chères et chers mécènes, nous pouvons respecter l’engagement que nous avions pris auprès de tous les auteurs qui ont cru dans ce projet de livre. En devenant réalité, le rêve de François Ier (qui était un peu le nôtre aussi) fera rayonner leurs connaissances et leurs découvertes !</p><p>A notre reconnaissance s'ajoute la faveur du roi François Ier qui a évité, grâce à vous, une nouvelle défaite de Pavie en sortant victorieux et indemne de cette belle aventure, comme sa mythique salamandre.</p><p> </p><p><img alt="Remerciements_1-1525422915" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/512721/Remerciements_1-1525422915.jpg"></p><p> </p><p>Nous vous tiendrons au courant de l’avancement des travaux d’édition…</p><p> </p><p>Grazie, merci !</p><p>Luisa &amp; Gaylord</p><p> </p><p><img alt="Remerciements_2-1525422947" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/512722/Remerciements_2-1525422947.jpg"></p>
<p><img alt="Actu_finale-1525124439" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/511574/Actu_finale-1525124439.jpg"></p><p> </p><p>Encore 24 heures pour « graver » à jamais votre nom dans notre livre !</p><p>Avec Luisa, nous remercions chaleureusement tous nos généreux et enthousiastes donateurs, français et italiens, à l'image de notre future publication. Nous envoyons le manuscrit à l'éditeur la semaine prochaine et sommes bien heureux de pouvoir inscrire vos noms au début de l'ouvrage. Le voyage continue grâce à vous. Du fond du coeur : MERCI !!!</p>
<p><img alt="Fig._1-1525123495" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/511563/Fig._1-1525123495.jpg"></p><p> </p><p>Et voilà que le peintre Lemonnier se montre très inventif dans ce tableau qu’il réalise en 1814 (Rouen, musée des Beaux-Arts).</p><p>François Ier s’entretient, non sans nonchalance, avec Leonardo devant la <em>Sainte Famille</em> de Raffaello (Paris, Louvre).</p><p> </p><p> </p><p><img alt="Fig._2-1525123543" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/511564/Fig._2-1525123543.jpg"></p><p> </p><p>C’est l’un des deux tableaux du maître d’Urbino (l’autre est le <em>Saint Michel </em>du Louvre) que le pape Léon X (un Medici) avait offert au roi en 1518 pour fêter la naissance du Dauphin et le mariage imminent entre Lorenzo II de’ Medici, duc d’Urbino, et Madeleine de la Tour d’Auvergne, cousine du roi, les futurs parents de notre reine française Catherine de Médicis.</p><p> </p><p><img alt="Fig._3-1525123974" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/511567/Fig._3-1525123974.jpg"></p><p> </p><p>Le tableau de Raffaello fut probablement envoyé à Amboise où furent célébrés le baptême du Dauphin et le mariage de Lorenzo et Madeleine ; puis à Fontainebleau où il fut placé dans la Chapelle Haute (la Chapelle de Saint-Saturnin). Cette dernière se trouve juste à côté de la salle peinte par Lemonnier. Toutefois, à l’époque de François Ier, cette salle n’existait pas telle que la montre notre peintre ! C’est la future Salle de Bal dont la construction, bien qu'entreprise sous François Ier, ne sera transformée, achevée et décorée par Nicolò dell’Abate que plusieurs années après la mort de notre roi…</p><p> </p><p><img alt="Fig._5-1525123790" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/511565/Fig._5-1525123790.jpg"></p>
<p>Nombreuses sont les représentations de François Ier aux côtés de Leonardo da Vinci sur son lit de mort. Si la rencontre n’a pas pu avoir lieu, c’est aussi le look de François qui relève de l’absurde tant il est anachronique. La plupart des artistes ont copié le portrait peint par Tiziano Vecellio en 1538, deux décennies après les faits !!!</p><p> </p><p><img alt="Menageot_francois_leonardo_1781_amboise_chateau-1524928662" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/510847/MENAGEOT_Francois_Leonardo_1781_Amboise_chateau-1524928662.jpg"></p><p><img alt="756px-ingresdeathofdavinci-1524762877" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/510365/756px-IngresDeathOfDaVinci-1524762877.jpg"></p><p> </p><p>Quant aux scénettes qui montrent le roi en visite dans l’atelier de l’artiste italien Benvenuto Cellini, arrivé en France en 1540, la copie du Tiziano est fondée. Mais son systématisme est étonnant : les artistes ont préféré répliquer un portrait italien plutôt que les portraits français plus nombreux… Comme si, trois siècles après le règne du roi de France, une image de courtisan italien était le meilleur reflet de son identité…</p><p> </p><p><img alt="De_keyser__karel_i_visiting_the_studio_of_cellini-1524928687" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/510848/De_Keyser__Karel_I_visiting_the_studio_of_Cellini-1524928687.jpg"></p><p><img alt="Bremon_jf_f1_duchesse_etampes_atelier_cellini_h_t_217x161_m_art_et_hist_narbonne-1524928725" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/510851/BREMON_JF_F1_duchesse_Etampes_atelier_Cellini_h_t_217x161_M_art_et_hist_NArbonne-1524928725.jpg"></p><p><img alt="Fran_ois_visiting_benvenuto_cellini_at_the_castle_of_nesle__louis-joseph_gris_e__1845__london-1524928732" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/510852/Fran_ois_Visiting_Benvenuto_Cellini_At_The_Castle_Of_Nesle__Louis-Joseph_Gris_e__1845__London-1524928732.jpg"></p><p><img alt="Francis_i_in_benvenuto_cellini_s_studio__1820-30__m_ba_montr_al-1524928741" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/510853/Francis_I_in_Benvenuto_Cellini_s_Studio__1820-30__M_BA_Montr_al-1524928741.jpg"></p><p><img alt="Francois1er2-1524928815" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/510854/francois1er2-1524928815.jpg"></p>
<p><img alt="756px-ingresdeathofdavinci-1524762877" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/510365/756px-IngresDeathOfDaVinci-1524762877.jpg"></p><p> </p><p>Dans ce célèbre petit tableau peint en 1818 (Paris, Petit Palais), Ingres a représenté François Ier recueillant les derniers soupirs de Leonardo da Vinci. Certes, il a lu Vasari qui raconte que l’artiste « spirò in braccio a quel re nella età sua d’anni LXXV »… et il l’a cru…</p><p>En réalité, le 2 mai 1519, jour de la mort de Leonardo, François Ier n’était pas là !  Il se trouvait dans son château de Saint-Germain-en-Laye et le trajet pour rejoindre la résidence du maître au Clos Lucé à Amboise nécessitait deux jours à cheval…</p>
<p>Trente-deux années de règne. On attendrait une kyrielle de portraits à la gloire de François Ier, roi féru de culture et de peinture. Pourtant, l’image publique qui fut inventée et exposée pour lui se limite à quelques effigies parmi lesquelles seulement quatre tableaux se démarquent. Les copies ne sont guère plus nombreuses et leur qualité approximative ne les rend pas particulièrement intéressantes.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_4-1-1524318799" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/508624/Actualite_4-1-1524318799.jpg"></p><p> </p><p>Le plus étonnant est d’avoir confié la réalisation de ces portraits à quatre artistes différents : un anonyme vers 1515 (l’attribution à Jean Clouet mérite vraiment d’être discutée), Jean Clouet vers 1525, Joos van Cleve vers 1532, Tiziano en 1538. Le premier est au Musée Condé à Chantilly, le Clouet et le Tiziano sont au Musée du Louvre à Paris, le van Cleve est au Museum of Art de Philadelphia.</p><p>Nous pourrions attendre des contrastes marqués entre ces différents portraits en raison de choix esthétiques variables selon chaque artiste et de choix stylistiques guidés par les vogues de chaque période de réalisation. Or, au-delà de l’esthétique propre à chaque main et à chaque époque, de nombreux éléments démontrent une stabilité de l’image publique inventée pour le roi de France.</p><p>Première remarque : on ne voit aucune allusion directe à son statut de roi de France. Aucun insigne du pouvoir, mis à part le motif de couronne tissé sur le velours du dais en arrière-plan du portrait par Clouet. Le pendentif de l’ordre de saint Michel ajouté sur les versions de Clouet et Tiziano, réduit à une chaîne qui disparait sous le pourpoint avec van Cleve, ne peut suffire à définir la <em>persona</em> royale. L’objectif commun est évident : il s’agit d’insister sur l’identité de François de Valois avant celle du roi de France.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_4-2-1524318819" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/508625/Actualite_4-2-1524318819.jpg"></p><p> </p><p>Cela est encore plus évident sur le Clouet avec la présence de la Cordelière de Savoie, un motif de nœud à double boucle dont les replis dessinent des huit, brodée sur le col de la saie. Cet emblème adopté par la maison de Savoie au XIVe siècle fut intégré à l’emblématique de la maison d’Angoulême en 1488, après les noces de Louise, mère de François. C’est donc un insigne familial avant tout.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_1-1-1520858814" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495527/Actualite_1-1-1520858814.jpg"></p><p> </p><p>Le cadrage à mi-corps commun aux 4 œuvres est aussi composé d’une manière équivalente. Le schéma compositionnel repose sur une géométrisation systématique du corps avec une ligne des épaules presque horizontale et une ouverture sur le buste en forme de triangle inversé. La première découle de l’accumulation de matières sur l’extrémité des épaules et l’emploi du revers du manteau, qu’il soit en satin, velours ou fourrure, pour élargir la carrure et isoler le visage sur la partie supérieure de la peinture. Sur le Tiziano, le profil du visage qui fait fi de l’orientation de trois-quarts du buste constitue une astuce supplémentaire pour garantir cette césure entre le visage et le buste, entre le corps charnel de l’homme et le corps d’apparat du roi.</p><p>Le portrait physionomique n’est toutefois pas dépourvu de référence princière. À chaque fois, François est coiffé d’un chapeau en feutre ou velours noir sur lequel est épinglée une enseigne en cornaline gravée, puis en or gravé et emmaillé, en or gravé cerclé de perles, et en or gravé. Mis à part le premier portrait, le bord de la coiffe est aussi doublé de plumes blanches, tel un pendant en contraste avec la barbe brune qui couvre le visage.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_4-4-1524318857" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/508626/Actualite_4-4-1524318857.jpg"></p><p> </p><p>Sur la partie basse, le corps vêtu matérialise l’identité princière de François. L’usage systématique du noir pour souligner l’ouverture en V du manteau sur un pourpoint clair garanti l’effet visuel de surgissement d’un corps princier puissant (sur le Clouet, la surface du manteau est en velours noir tracé de cordonnet et de galons d’or, comme je l’ai déjà démontré dans l’actualité 1).</p><p>S’y associe une insistance constante sur la verticalité du pourpoint avec des ornements qui parcourent le pourpoint de la taille à la gorge : larges incisions parallèles, bandes verticales tracées d’argent ou brodées d’entrelacs d’or, tresses d’or et d’argent nouées tels les maillons de chaînes juxtaposées, des taillades à bords bruts incisées du col à la taille. La hauteur du buste étant plus grande que la normale (ce qui est logique puisque François mesurait 2 mètres), ces parallèles verticales qui se multiplient au fur et à mesure de l’ouverture du manteau servent l’effet de majesté de ce corps d’apparat renforcé d’or et d’argent tissé, brodé, tressé, noué, spiralé, ferré, épinglé et piqueté.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_4-5-1524318879" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/508627/Actualite_4-5-1524318879.jpg"></p><p> </p><p>Le dernier détail qui réunit les quatre tableaux est plus subtil. On peut remarquer un accent d’italianisme dans le choix de la tenue. Sur le portrait de 1515, si la tenue est de style Louis XII, la barrette noire est typique du vestiaire florentin ; sur celui de 1525, le velours rouge à motifs de couronne et de sarments végétaux qui tapisse le dais est typique des productions vénitiennes ; sur celui de 1532, c’est le choix des lacets ferrés préférés par les italiens aux boutons d’or et aux broches de joaillerie incrustés de gemmes précieuses plus habituels au vestiaire princier ; sur celui de 1538, Tiziano a habillé François d’un pourpoint entaillé d’incisions à bord franc, sans nouage ni bouton de fermeture, à la manière dont les vénitiens le portaient.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_4-6-1524318900" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/508629/Actualite_4-6-1524318900.jpg"></p><p> </p><p>D’ailleurs, à l’origine du remaniement par Jean Clouet de ce corps du pouvoir aux contours pérennes, se trouve peut-être une œuvre italienne. La carrure élargie en V, la ligne des épaules qui sépare le visage du buste, la coiffe et les ornements empruntés au vêtir italien, ce sont autant d’éléments qui font penser au portrait d’un courtisan de François Ier, un florentin venu à ses côtés en France et portraituré par Raffaello en 1518 sur une œuvre envoyée à Amboise en vue de son mariage avec Madeleine de la Tour d’Auvergne, une cousine du roi : Lorenzo de’ Medici. Mais ceci est une autre histoire...</p><p> </p><p><img alt="Actualite_4-7-1524318915" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/508630/Actualite_4-7-1524318915.jpg"></p>
<p><img alt="Fig.1-1523300860" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/505192/Fig.1-1523300860.jpg"></p><p> </p><p>La Bibliothèque nationale de France conserve le plus curieux des portraits de François Ier. Il s’agit d’une enluminure sur double feuille de parchemin collée sur un panneau de chêne mesurant 23,4 x 13,4 cm, qui faisait très probablement partie d’un manuscrit. Le fond noir que l’on voit aujourd’hui était bleu à l’origine.</p><p> </p><p><img alt="Fig.2-1523300989" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/505198/Fig.2-1523300989.jpg"></p><p> </p><p>On a beaucoup écrit sur cette image étrange en laissant très souvent libre cours à la fantaisie ! Voyons un peu de quoi il s’agit…</p><p> </p><p>Le visage du roi reprend un dessin des Clouet, les grands portraitistes de la cour de France (cf. notre actualité n° 1). Ce dessin est perdu, mais il nous reste une copie de moyenne qualité qui permet de constater qu’il avait été le modèle d’un bon nombre de portraits du roi dans sa maturité, tel le beau petit portrait équestre du Louvre.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_3-3-4-1523301205" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/505201/Actualite_3-3-4-1523301205.jpg"></p><p> </p><p>Toutefois, dans aucun de ces portraits, le roi n’est habillé de la sorte ! Certes, nous savons qu’il avait un goût tout à fait original pour les déguisements et, qu’à l’occasion des fêtes de cour, il n’avait pas hésité à se travestir en sphinge ou… en crevette… eh oui, géante, puisqu’il mesurait 1,92 m. !</p><p> </p><p><img alt="Fig.5-1523301241" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/505202/Fig.5-1523301241.jpg"></p><p> </p><p>Dans notre enluminure, ce n’est pas le péplum antiquisant qui est déconcertant, mais les attributs disparates, le bras nu et le déhanchement prononcé. Certains historiens de l’art on cru y reconnaître une preuve de la bisexualité de François Ier et du rapport fusionnel qu’il aurait entretenu avec sa sœur Marguerite…</p><p>Il est vrai qu’une certaine androgynie est évidente dans notre enluminure, mais elle ne doit pas être interprétée comme un reflet de la réalité, mais comme une expression symbolique en accord avec l’esprit énigmatique de ce petit portrait qui est, avant tout, un portrait du roi de France. En raison de son élection divine, ce dernier est le destinataire privilégié des bénéfices du ciel. Ce thème est récurrent dans les écrits encomiastiques dans lesquels on souligne que le roi de France est choisi par Dieu et possède par conséquent des qualités divines.</p><p>Et voilà que François Ier est représenté ici en tant que réceptacle de ces qualités. L’artiste anonyme, qui est probablement un français, les a symbolisées en combinant les attributs et les parties du corps de différents dieux de l’Olympe. Les vers calligraphiés sur la base du portrait nous aident à les identifier :</p><p> </p><p><img alt="Fig.6-1523301554" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/505205/Fig.6-1523301554.jpg"></p><p> </p><p>Ce François-Frankenstein a le bras armé de Mars, le casque et le Gorgoneion de Minerve, le cor de chasse et la tunique de Diane, le carquois et l’arc de Cupidon (et de Diane aussi), le caducée et les sandales ailés de Mercure. Ce dernier est le dieu français par excellence en raison du coq, l’oiseau qui lui est consacré. Au Château de Fontainebleau, par exemple, le caducée et le sceptre royal alternent tout au long de l’escalier en fer de cheval de la Cour du Cheval blanc.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_3-7-8-1523301759" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/505206/Actualite_3-7-8-1523301759.jpg"></p><p> </p><p>Si « Francoys était le roy des Francoys » en raison de son prénom, sa naissance confirmait son lien avec le royaume. On pouvait voir dans son horoscope que Mercure était le dieu planétaire qui avait présidé à sa naissance, le 12 septembre 1494 à 21h40. A ce moment-là, le signe zodiacal des Gémeaux (gouverné par Mercure) était à l’ascendant et, à la Renaissance, le signe ascendant était beaucoup plus important que le signe solaire (la Vierge dans le cas de François Ier).</p><p> </p><p><img alt="Fig.9-1523301781" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/505207/Fig.9-1523301781.jpg"></p><p> </p><p>Dans notre enluminure, l’aspect légèrement efféminé du roi convient parfaitement aux qualités astrologiques de Mercure : en tant que dieu planétaire celui-ci n’est ni mâle, ni femelle. Le petit portrait de François Ier en déité composite fait aussi allusion à la figure platonicienne de l’androgyne, symbole de perfection et de grâce divine.</p><p>Ainsi, cette page précieuse souligne le caractère surhumain du souverain, miracle vivant « qui surpasse nature » en raison de ses qualités divines. L’expression imagée de ces qualités prodigieuses passe par son aspect monstrueux dans le sens qu’on attribuait au mot <em>monstrum</em> à la Renaissance, à savoir, « prodige » !</p>
<p><img alt="Actualite_2-1-1521635636" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/498636/Actualite_2-1-1521635636.jpg"></p><p> </p><p>Au cours des années 1530, Rosso Fiorentino travaille pour François Ier dans le château de Fontainebleau. Le roi lui confie le décor de la galerie qui relie ses appartements privés à la chapelle. L’invention du Florentin est révolutionnaire, une première absolue sur la scène artistique européenne, qui restera inégalée en Europe.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_2-2-1521635673" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/498637/Actualite_2-2-1521635673.jpg"></p><p> </p><p>Aux deux extrémités de la galerie, Rosso place deux peintures ovales consacrées à la plus séduisante des déesses : Vénus. Si le tableau de l’extrémité occidentale est perdu, celui de la paroi opposée est identifié avec l’œuvre aujourd’hui conservée au Musée national d’Histoire de l’Art du Luxembourg. Contre toute attente, la déesse n’est pas avec Mars, mais avec Bacchus. Eros et un satyre espiègle les accompagnent.</p><p>Il est très rare de voir Vénus et Bacchus ensemble ! Certes, selon la tradition mythologique, ils sont les parents de Priape et d’Hymen, mais aucun mythe ne raconte l’histoire de leur amour…</p><p> </p><p><img alt="Actualite_2-3-1521635691" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/498638/Actualite_2-3-1521635691.jpg"></p><p> </p><p>Cette lacune a été comblée par un poète italien très proche de François Ier : le précepteur de ses enfants, Benedetto Tagliacarne <em>alias</em> Theocrenus (à savoir « source divine »). Il compose pour le roi des carmes en latin qui seront publiés en 1536 avec le titre de <em>Poëmata</em>. Trois de ces poèmes sont dédiés au tableau de Rosso Fiorentino autour duquel ils façonnent un mythe nouveau.</p><p>Il s’agit d’un jeu érudit qui est aussi le fruit d’une réflexion sur une image qui n’avait pas de précédents en France. Pour voir Bacchus et Vénus réunis en couple, il faut attendre la fin du XVIe siècle dans les œuvres de certains artistes du Nord comme Spranger ou Goltzius. Ce dernier associe Vénus et Bacchus à Cérès pour illustrer l’adage de Terence <em>Sine Cerere et Baccho friget Venus</em> (« Sans Cérès et Bacchus, Vénus a froid »).</p><p> </p><p><img alt="Actualite_2-4-1521635719" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/498639/Actualite_2-4-1521635719.jpg"></p><p> </p><p>Rosso propose un hymne à la fécondité avec une composition riche en allusions érotiques savamment suggérées par les poses, par les attributs et par une chorégraphie de la gestuelle et des regards. Nous sommes face à une image du plaisir des sens qui stimule l’imagination du spectateur avec les tissus chatoyants et les satyres en relief qui décorent le grand vase, tout en dévoilant des détails « croustillants » : au centre, Eros chevauche le fauve bachique en montrant avec impudence ses fesses et, sur le camée qui orne son carquois, des petits personnages stylisés se livrent à un jeu d’attouchements sexuels.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_2-5-1521635746" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/498640/Actualite_2-5-1521635746.jpg"></p><p> </p><p>Le carquois est proche de l’ouverture de la manche doublée de fourrure du pourpoint bleu sur lequel est assis Bacchus. La coiffure de Vénus est ornée d’un filet de perles qui rappelle les coiffures de l’époque de François Ier. La beauté et l’ivresse, le roi et ses amours, se reflètent dans un jeu raffiné de correspondances.</p><p>Placé tout près de la chambre de François Ier, le sujet érotique du tableau de Rosso Fiorentino convenait parfaitement à son emplacement dans la galerie bellifontaine. Il s’inscrivait dans le contexte terrestre et charnel de la première partie du parcours initiatique qui se dénouait tout au long de ce long couloir jusqu’à sa destination spirituelle, la chapelle.</p>
<p>François Ier. Il existe plusieurs portraits du roi de France. Le plus connu est sans doute celui peint sur bois de chêne par Jean Clouet, exposé au Musée du Louvre à Paris. Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur cette œuvre. Pourtant, il reste des détails de son splendide habit d’apparat qui ont été passés sous silence ou simplement évoqués sans qu’une analyse correcte n’ait été proposée.</p><p>Engageons une petite incursion visuelle sur la surface de ce costume royal…</p><p> </p><p><img alt="Actualite_1-1-1520858814" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495527/Actualite_1-1-1520858814.jpg"></p><p> </p><p>Comment se compose la tenue ?</p><p>La chemise blanche liserée de fil noir bouffe à travers un pourpoint structuré en bandes verticales non cousues, juste attachées par des aiguillettes ferrées d’or et d’argent. Par-dessus, les manches retroussées de l’ample chamarre dévoilent les manches du pourpoint. À y regarder de près, au niveau des épaules, on aperçoit une étoffe tracée de cordonnet d’or intercalée entre le pourpoint et la chamarre. Elle occupe peu de place car il s’agit d’un vêtement échancré sur la poitrine, attaché au niveau de la taille et plissé sur les hanches, telle une petite jupe. Une saie, voici le quatrième vêtement qui s’ajoute à une panoplie vestimentaire dont chaque pièce déborde sur celle du dessus ou s’ouvre sur celle du dessous.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_1-2-1520858838" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495528/Actualite_1-2-1520858838.jpg"></p><p> </p><p>Un autre détail : la structure du pourpoint.</p><p>Les ouvertures qui permettent de faire bouffer la chemise ne sont pas des « crevés », comme cela est souvent écrit. Aucune incision n’est effectuée sur la surface du vêtement. Nous parlerons de taillades de confection, à savoir des ouvertures laissées volontairement lors de la couture des bandes de velours noir tracé de fil d’argent avec le velours argent brodé de cordonnet d’or. Ces taillades présentent des bords parfaitement finis, à l’inverse d’une étoffe simplement entaillée où les incisions ont des bords effilochés.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_1-3-1520858852" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495529/Actualite_1-3-1520858852.jpg"></p><p> </p><p>La chamarre est aussi entourée de mystère car on voit surtout l’intérieur des manches, ce qui a fait penser que sa surface était la même sur l’endroit que sur l’envers. Or, deux détails prouvent que la surface extérieure n’est pas dorée mais noire tracée de cordonnet d’or qui dessine des lignes parallèles comme sur le pourpoint et, sur les extrémités, des motifs floraux. Au-dessus de la main gauche, sous le pli de l’aisselle, apparaît distinctement le velours noir rayé d’or. On le retrouve sur l’épaule droite, indice que l’empiècement dos est taillé dans cette même étoffe noire.</p><p>L’aura dorée qui enveloppe le roi tient uniquement à la mise en scène de sa tenue sur la surface peinte, avec un dispositif qui minimise les parties en velours noir au profit du satin chatoyant d’or et de la chemise d’un blanc impeccable.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_1-4-1520858868" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495530/Actualite_1-4-1520858868.jpg"></p><p> </p><p>Un dernier détail n’a pas retenu l’attention des chercheurs. Pourtant, il y a de quoi être étonné !</p><p>Sous la chevelure brune parfaitement lissée et roulée sur l’oreille droite, au-dessus de la barbe touffue aux reflets cuivrés, on aperçoit le pendant de perle d’une boucle d’oreille. Il est difficile de croire que ce puisse être l’extrémité du lobe de l’oreille en raison, tant de sa forme, que de son emplacement au niveau du maxillaire droit. À cette époque, ce sont surtout les italiens qui portent une boucle d’oreille avec pendant de perle à une oreille. Des capitaines de marine et des militaires en premier lieu.</p><p>Amateur d’art et de mode italiens, François semble avoir adopté cette vogue et transmis son engouement à ses héritiers puisque l’accessoire se retrouve de manière plus ostensible sur des portraits de son fils Henri II et de ses petits-fils Charles IX et Henri III.</p><p>Ce détail est un indice parmi de nombreux autres de l’héritage d’un goût pour les arts italiens qui participa à définir l’image du premier roi de France de la famille Valois-Angoulême, François Ier.</p><p> </p><p><img alt="Actualite_1-5-1520858883" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/495531/Actualite_1-5-1520858883.jpg"></p>